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Macron meilleur président que Hollande et Le Pen, mais moins bon que Juppé

Alors qu’il existe de moins en moins de doutes sur ses intentions pour 2017, Emmanuel Macron continue d’engranger les bons sondages. Près de 6 Français sur 10 (59 %) estiment qu’Emmanuel Macron ferait un meilleur président de la République que François Hollande, mais jugent que l’ancien ministre de l’Économie serait moins bon que Manuel Valls ou Alain Juppé, selon un sondage Elabe pour L’Express publié mardi.

Outre François Hollande, Emmanuel Macron devance dans ce sondage Marine Le Pen (56 %), Jean-Luc Mélenchon (54 %), mais aussi Nicolas Sarkozy (52 %). En revanche, face à Manuel Valls, le leader du mouvement En marche ! ne recueille que 47 % d’opinions favorables et surtout seuls 36 % des sondés estiment qu’il ferait un meilleur président qu’Alain Juppé.

Du sang neuf

« Signe du trouble qui saisit les sympathisants du Parti socialiste en cette fin de mandat pour François Hollande, 50 % estiment qu’Emmanuel Macron ferait un meilleur président de la République que l’actuel chef de l’État », note Elabe. Sans surprise, Emmanuel Macron séduit par le « sang neuf » qu’il apporte en politique, sa « volonté réformatrice » et sa volonté de « dépasser les clivages gauche-droite ». Ainsi, 38 % des personnes interrogées ne le situent « ni à gauche, ni au centre, ni à droite », 31 % « au centre », 19 % « plutôt à droite » et 12 % « plutôt à gauche ». Mais l’ancien ministre de l’Économie pèche par l’absence de programme connu des Français et par son manque d’expérience politique.

Sondage réalisé en ligne du 21 au 23 octobre auprès d’un échantillon de 990 personnes de 18 ans et plus représentatif de la population française, selon la méthode des quotas.

À Tours, Manuel Valls veut rassembler une gauche presque « pulvérisée »

Dans un contexte d’incertitude autour de la candidature de François Hollande à l’élection présidentielle, Manuel Valls a livré samedi devant un parterre d’environ 200 militants à Tours un message de main tendue à toute sa « famille politique ». Brandissant la menace d’une gauche « pulvérisée » à la présidentielle, le Premier ministre a repris sa posture de chef de file, se disant « fier » du bilan gouvernemental, avec un appel au rassemblement lancé à Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron. Pourtant, il y a huit mois, Manuel Valls avait fait le constat froid de « positions irréconciliables à gauche », enterrant alors une grande primaire de rassemblement de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron.

Samedi, en clôture d’un déplacement en Indre-et-Loire, le Premier ministre a encore reconnu « des frondes, des refus ». « Je sais que les socialistes sont toujours là pour le rappeler, qu’il y a eu des échecs », a-t-il aussi lancé. Mais il a aussi prononcé un vibrant plaidoyer pour l’unité au sein de « la gauche qui assume les responsabilités au pouvoir », sous peine d' »être pulvérisée, emportée par l’ambiance actuelle, faite de divisions, de luttes d’égos, de règlements de compte ».

« Rien n’est acquis »

« Aujourd’hui, mon rôle c’est de rassembler », a martelé le Premier ministre, en s’adressant directement à quatre anciens ministres démissionnaires qui portent depuis plusieurs mois une voix discordante et savent se montrer virulents, à différents degrés, envers Manuel Valls. « Je demande à Arnaud (Montebourg), Emmanuel (Macron), Benoît (Hamon), Aurélie (Filippetti): qu’est-ce qui nous sépare ? », s’est interrogé Manuel Valls, tout en disant « assumer » les « débats » et les « désaccords ». Il a préféré insister sur le positif. « Qu’est ce qui nous rapproche d’abord? D’avoir gouverné ensemble dans l’intérêt du pays et de partager des combats pour l’égalité (…) et des valeurs, celles de la République », a-t-il énuméré, traçant ainsi une voie pour le rapprochement.

Pour donner du poids à son message, Manuel Valls, chaleureusement applaudi, a souligné le risque d’une absence de la gauche au deuxième tour de l’élection présidentielle. « Rien n’est acquis. C’est même le contraire, soyons lucides, qui nous est promis », a-t-il jugé, appelant à « réagir maintenant pour ne pas mourir demain », « pour ne pas vivre avec la honte de la défaite et de l’humilitation ». Surtout, lui qui souffre d’une image clivante, a soigné son profil d’homme de gauche, en décrétant « l’offensive » pour « garantir » le modèle social et en envoyant un signal à « ceux qui souffrent de ne pas avoir le bon profil, les bons codes, les bons réseaux ».

Soutien aux policiers

Il s’est aussi fendu d’un hommage appuyé aux « policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers », dans un geste marqué d’apaisement après cinq jours de manifestations des policiers. Plus généralement, Manuel Valls a loué les mérites de « la colonne vertébrale » de la France, à savoir « la fonction publique » qui sera « le grand chantier du prochain quinquennat ». Il a salué « en particulier les syndicats qui ne choisissent jamais la facilité (…) et oeuvrent sans relâche pour des compromis intelligents ». Il a promis en outre de « nouvelles protections », comme sa proposition de « revenu universel »: « une aide unique, fusionnant les minima, et garantie à tous les Français qui en ont besoin », a-t-il expliqué.

Le Premier ministre s’est enfin évertué à défendre le bilan du quinquennat, évoquant tour à tour le « rétablissement de l’autorité de l’État », la création de « 60 000 postes d’enseignants », mais aussi la « baisse » revendiquée du chômage ou la hausse du pouvoir d’achat pour « près de 500 000 retraités ». Sans négliger de reconnaître à plusieurs reprises des « erreurs », comme dans la présentation de la loi Travail. Un vaste exercice consensuel qui dessine plus nettement son profil de recours à gauche alors que François Hollande traverse une difficile zone de turbulences depuis la publication du livre « Un président ne devrait pas dire ça ». « Vous me connaissez, avec mon caractère, mes qualités, mes défauts, ma liberté de ton », a souligné, sourire aux lèvres, Manuel Valls. « J’ai été parfois lanceur d’alerte (…). Mais j’ai toujours respecté ma famille politique, je ne l’ai jamais reniée », a-t-il tenu à rappeler, solennel.

À la une ce jeudi 20 octobre…

International – Ouverture par François Hollande de la réunion de haut niveau pour la stabilisation de Mossoul, suivie à 12 h30 par une conférence de presse de Jean-Marc Ayrault. La situation se complique à Mossoul. Des chefs djihadistes ont quitté la ville de Mossoul ciblée par une offensive des forces irakiennes, et ce sont surtout des djihadistes étrangers de l’Etat islamique qui défendront la place, affirme un général américain de la coalition internationale. Près de Mossoul, les forces gouvernementales irakiennes tentent de reprendre la plus grande ville chrétienne d’Irak, Qaraqosh.

Politique – Déplacement de Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, pour rencontrer des étudiants qui ont quitté le campement de la Lande à Calais, le mardi 18 octobre, pour rejoindre le campus universitaire scientifique de Villeneuve-d’Ascq.

Etats-Unis – Lendemain de débat entre Hillary Clinton et Donald Trump abordé par la première encouragée par les sondages, par le second en position de faiblesse. Hillary Clinton prend de l’avance dans les sondages à moins d’un mois de l’élection.

Brexit – Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, qui doivent notamment discuter des relations avec la Russie et du conflit syrien. La nouvelle Première ministre britannique Theresa May doit également s’exprimer pour la première fois devant ses collègues depuis le vote pour le Brexit.

Justice – Procès de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, poursuivi pour injures raciales, messages malveillants et harcèlement sur un mannequin.

Hollande, Macron, Fillon, Sarkozy… Le show Luchini

Recevoir Fabrice Luchini, c’est être assuré d’un spectacle. Et d’un carton d’audience. Venu promouvoir son spectacle Poésie ? dans l’émission de Laurent RuquierOn n’est pas couché, le comédien a de nouveau été incontrôlable, multipliant les digressions, fustigeant l’époque et évoquant ses relations avec les politiques.

Hollande ? « Craquant »

Dans son spectacle, Fabrice Luchini évoque à plusieurs reprises ses rencontres avec François Hollande. Alors que Gérard Davet et Fabrice Lhomme venaient présenter leur ouvrage sur le président, l’acteur s’est confié. « Le souci qu’on a, c’est que c’est un homme charmantisssime, physiquement. Je ne sais pas si c’est ton style ? demande-t-il à Laurent Ruquier. Mais il est irrésistible. » « Vous craqueriez pour lui si vous aviez ces goûts ? » questionne l’animateur. « Pas au point d’une pelle brutale, mais (…) ce qui est étonnant c’est que nous avons affaire à un homme plus qu’attachant : il est craquant ! J’exagère, ce n’est pas non plus une bombe atomique sexuelle, le mot c’est attachant ! » répond l’acteur sous l’hilarité générale.

Macron ? « Mignon »

« Je lui ai prêté ma baraque gratuitement, révèle Fabrice Luchini. C’est une preuve d’amour. » Avant de poursuivre. « Je suis quelqu’un de très inquiet financièrement. Et un moment je me suis dit : est-ce que je lui prête l’île de Ré avec un peu de “kebla” (argent au noir, NDLR) […] Ta race y en a au moins pour 7 000. Mais je peux me refaire repérer par Sapin », ajoute Luchini en roue libre, jugeant Macron « mignon ». Toujours sur un jugement esthétique, le lecteur de Philippe Muray ou de Céline trouve François Fillon « physiquement très agréable ».

Sarkozy ? « Il m’a épaté »

Luchini, qui aime rencontrer les politiques (et vice versa), raconte une anecdote sur Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République était venu voir L’Arrivée à New York, lecture par le comédien du roman Céline « Voyage au bout de la nuit ». Après la représentation, un homme, « genre Nuit debout, genre On the road » est venu voir l’acteur. « Moi je vous aime, mais pas à côté de ça ! » dit l’énergumène évoquant Nicolas Sarkozy. Le candidat à la primaire ne se démonte pas et va voir l’agitateur. « Vous sortez du spectacle de Luchini ? C’est à désespérer, parce que deux heures de grand talent d’un écrivain immense font que vous êtes toujours aussi con », signale-t-il.

La droite ? « Programme austère »

Il analyse également la stratégie de François Hollande. Le président se dit : « Je les laisse gratter leur programme austère. » « C’est vrai, ajoute-t-il. Ils n’ont jamais de programme sexy. La droite vend la nature humaine est médiocre, elle est pessimiste. La droite n’a pas de programme excitant », explique Fabrice Luchini. Pas de doute, l’acteur assure le show. Et l’audience, puisque l’émission de Laurent Ruquier a signé l’une de ses meilleures audiences depuis la rentrée : 1,43 million de téléspectateurs pour une part de 21,6 %, soit 300 000 de plus qu’une semaine auparavant. Et si Fabrice Luchini animait le prochain débat de la primaire de la droite et du centre ?

Chartres, le laboratoire de Gorges pour la France

«  Hé Jean-Pierre, ça va ? » À pied, à vélo, en voiture, les habitants du quartier de Beaulieu, à Chartres, interpellent le maire de la ville, Jean-Pierre Gorges. Dans cette cité sensible, l’édile a fait sauter les immeubles hauts et gris pour les remplacer par de petits bâtiments colorés, lumineux, végétalisés. Une femme, d’origine camerounaise, se plante devant l’édile. « J’ai lu que vous vous présentiez à l’élection présidentielle. Mais qu’allez-vous apporter de nouveau ? », lui demande-t-elle. Réponse de l’intéressé : « Je propose une manière différente de gérer la France en décentralisant au maximum, afin que les décideurs se rapprochent de la population. »

Maire et député de Chartres depuis quinze ans – réélu au premier tour des dernières municipales avec près de 54 % des voix, membre de l’austère commission des Finances de l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Gorges s’est lancé dans un pari audacieux : conquérir l’Élysée. « Beaucoup pensent que sa candidature à l’élection présidentelle est un poisson d’avril. Mais il a fait tellement de choses ici : Chartres en lumières, ChartrEstivales, l’Odyssée… », résume Yves, qui tend sa sébile (une coquille Saint-Jacques) devant la cathédrale. « J.-P. » ne sort pas du bois au hasard. L’affaire mijotait depuis longtemps, assurent tous ceux qui le connaissent. « On le sentait venir, souligne Joël Alexandre, le président de la CCI d’Eure-et-Loire. J’ai su tout de suite que ce n’était pas un coup de bluff. Il n’est pas homme à ça. Il n’a pas pris cette décision en trois mois. C’est le produit d’un cheminement… » « Cette candidature le titille depuis un an, poursuit un chef d’entreprise ami. Il suit sa logique : « J’ai des idées, je veux les exprimer. » Et Gorges, c’est un rouleau compresseur : quand il a pris une décision, quoi qu’il arrive, il la met en application. »

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Ailleurs qu’à Chartres, les ambitions présidentielles de Jean-Pierre Gorges suscitent l’indifférence. Pour cause : personne ne le connaît. Mais l’obstiné n’en démord pas. Il annonce qu’il « déroule (son) plan, tout est prévu », qu’obtenir les 500 signatures « sera le plus facile », qu’il n’a pas besoin des partis « puisque l’objectif est de rallier des soutiens sur son projet* ».

Chantier titanesque

Mégalo, Jean-Pierre Gorges ? Ses chantiers XXL alimentent la chronique chartraine depuis toujours. Ils lui valent le courroux des automobilistes, l’ire des commerçants et le surnom de « Ramsès** ». L’actuelle construction titanesque (40 millions d’euros) du pôle administratif – signé de l’architecte-star Jean-Michel Wilmotte – destiné à regrouper tous les services de la ville et de la métropole au nom de la rationalité, autour de l’Hôtel Montescot (XVIIe siècle), ne dément pas cette réputation. « Ici, on l’appelle le Palais du maire », raille son opposant virulent, le socialiste David Lebon. « On m’accuse souvent de mégalomanie, dit Jean-Pierre Gorges. Mais tout ce que je fais se révèle trop petit. Quand j’ai annoncé que l’on allait bâtir le plus grand complexe aquatique d’Europe, j’en ai entendu des vertes et des pas mûres. Et maintenant, on refuse du monde ; des gens font 250 kilomètres pour venir : nous avons une fosse et un bassin de plongée de 25 mètres. »

En creusant des parkings, en briquant le centre historique, en rénovant les quartiers via des partenariats publics-privés, le maire s’enorgueillit d’avoir transformé sa ville. Cela se voit d’ailleurs à l’œil nu. Rien d’original là-dedans, grince l’opposant MoDem Éric Chevée : « N’importe quel autre maire n’aurait-il pas agi de la même façon ? Toutes les villes de France se sont lancées dans la rénovation urbaine. Ce n’est pas extraordinaire en soi. »

« Gorges, il réveillerait un mort !, s’exclame pour sa part le biologiste du feu Muséum (que le maire a pourtant fait fermer), François Colin. Avant lui, Chartres, c’était une petite ville de Province qui roupillait. On avait surnommé Gilbert Bécaud « Monsieur 100 000 volts » ; Jean-Pierre, c’est « Monsieur 1 million de volts ». »

Trésor de guerre

L’ancien premier adjoint dans l’équipe précédente, qui fut maire par intérim Jean-Louis Guillain, homme de gauche convaincu et réputé pour son intégrité, adhère. « L’homme est très volontaire, très créatif, et il a transformé la ville de façon très importante, constate-t-il. C’est un bâtisseur qui a toujours le souci d’entreprendre pour rénover et innover. C’est aussi un visionnaire qui raisonne pour les vingt ans à venir. Je n’ai pas ses idées mais j’ai de l’estime pour l’homme et de l’admiration pour le travail réalisé. »

Les « forces vives » suivent. « Je n’aime pas fayoter mais avec un maire plus patapouf, nous n’aurions pas pu surfer sur la même dynamique. C’est une locomotive », dit l’agent et promoteur immobilier Marc Aviron. Dans le domaine du sport, Chartres a également progressé. « Nous étions une simple association sportive, notre club compte aujourd’hui 1 300 licenciés et 33 salariés dont 17 joueurs pros, témoigne Philippe Besson, le président du club de handball. Nous avons bénéficié d’un soutien constant de la ville, sans nous bousculer. Quand le maire dit quelque chose, cela aboutit. Il ne change pas d’avis tous les quatre matins. » Pour le patron de la CCI, le bilan est net : « Il y a eu une révolution à Chartres. » Et Joël Alexandre n’est pas un béni-oui-oui. « L’action de Jean-Pierre Gorges, grâce à une politique d’aménagements, a contribué au développement et à l’implantation d’entreprises, relève-t-il. Mais sur le plan commercial, je suis plus mesuré. » En cause, les grands travaux dans la ville, l’incitation à l’installation de pôles commerciaux en périphérie. Mais pas seulement. Les tarifs de parkings aussi. Car, pour le libéral Gorges, une règle prévaut : c’est l’usager qui paie, y compris les entreprises, qui ont vu leurs « versements transports » majorés. « Pourquoi voulez-vous que la petite mémé qui n’a pas de voiture paie pour les autres par les impôts ?, argumente le maire. Je fais payer les visiteurs. Mais, a contrario, le transport est gratuit pour les 14 000 enfants et, à la demande, pour les personnes âgées. »

Gorges a eu de la chance : il a bénéficié d’un trésor de guerre à son arrivée. « Son prédécesseur Georges Lemoine, souligne l’opposant MoDem Éric Chevée, avait augmenté les impôts sans investir durant des années. Dès 2001, le maire actuel avait donc un tas d’or entre les mains, et personne ne le savait. » Sous son égide, les investissements s’enchaînent et les impôts n’augmentent pas. « Mais la dette a doublé ! », répondent en chœur les opposants. « Voire plus encore, précise David Lebon, car on a externalisé la dette dans de nombreuses structures annexes – des sociétés d’économie mixte (SEM), essentiellement – dont les comptes ne sont pas agglomérés dans le budget de la ville ». Mauvais procès, se défend l’édile : « Les dettes, vous ne pouvez pas les consolider, c’est la loi ! affirme Jean-Pierre Gorges. Il y a une dette pour l’eau, une dette pour les transports, une autre pour les ordures. On ne va pas additionner les choux et les carottes. Et c’est l’usager qui paie. Ce qui est important dans une dette, ce n’est pas son montant, mais la capacité à rembourser.  Dans une commune, pour que les banquiers continuent de vous recevoir, il faut que la dette soit contenue au-dessous de huit années d’autofinancement. Le système ici est vertueux car j’arrive à investir en maîtrisant la dette et en baissant la fiscalité. Le rêve de la France. » L’ancien maire Jean-Louis Guillain, lui, n’est « pas inquiet pour les finances de la ville et de l’agglomération. Le maire a une formation financière, il sait compter et il a un excellent adjoint aux finances. »

Avant de se lancer en politique, l’homme a passé 25 ans comme manager. « Jean-Pierre Gorges est un homme d’entreprise, et il gère sa municipalité ainsi, souligne Joël Alexandre. Très cartésien, informaticien et joueur d’échecs. Il a toujours un coup d’avance. Il n’est pas consensuel, pas dans la flatterie, mais toujours dans l’action, ce qui peut perturber certains. Il peut vous dire « non » en cinq minutes sur un dossier épais tout comme « oui » aussi vite sur un projet exposé sur deux pages. Il ne va pas à la négociation indéfiniment, il n’est jamais en rondeurs. Mais ici, il y a un patron. »

Éruptif

La chronique chartraine est emplie des frictions que l’éruptif Jean-Pierre Gorges peut avoir avec des journalistes, des commerçants, des chefs d’entreprises, des maires de la métropole (comme un temps Jean-Jacques Chatel à Mainvilliers ou Alain Toutay à Barjouville, tel que le relate Michel Brice dans sa biographie). Malheur à qui le contredit ! Le maire a son caractère, ou du tempérament, préfèrent dire ses partisans. « Il ne pratique pas la langue de bois, dit François Colin. Quand il veut traiter quelqu’un de corniaud, il le fait. Il n’a pas de porte de derrière, il n’est pas hypocrite. C’est un type brut de décoffrage qui déteste le lèche-botting. » Brutal, voire autoritaire ? « Je suis déterminé, pugnace, passionné, je me bagarre sur les idées, rétorque l’intéressé. Mais brutal, non ! Et autoritaire, certainement pas. J’emmène les gens par le projet, pas par l’autorité. »

Un angle d’attaque, en tout cas, pour l’opposition. « Humainement parlant, Jean-Pierre Gorges peut être un mec sympa, dit David Lebon. Il a plutôt le sens de l’humour. Mais dès qu’on touche à l’essentiel pour lui, à savoir sa réélection, il devient très agressif, voire violent. Il y a trop d’intérêts personnels dans sa façon de faire de la politique. » Cible : son entourage, qui compte parmi ses plus proches collaboratrices sa femme et sa fille – sans compter son autre fille, salariée de ChartrExpo, l’une des SEM de la ville. De fait, quand on aborde le sujet, Jean-Pierre Gorges s’échauffe. « Je m’appuie sur des personnes qui peuvent travailler 24 heures sur 24 avec moi, argumente-t-il. Mon père était boulanger, et sa femme tenait la caisse. » Puis, l’humour – et l’ambition nationale – reprend le dessus. « Que ma fille soit à mes côtés, c’est plutôt bon signe : Chirac est devenu président grâce à Claude ! »

* « La France, c’est vous », 337 pages, Cherche-Midi éditeur.**Voir la bio fouillée publiée en 2009 par les historiens locaux Michel Brice et Philippe Régnier, « Jean-Pierre Gorges, un homme de pouvoir », Centrelivres.

Béglé – Il ne faut pas sauver le soldat Hollande !

La semaine dernière, le cosmodrome de la Rue de Solférino était en pleine activité. Ses experts, ses petites mains et ses spécialistes s’affairaient autour du pas de tir. La fusée Hollande était en approche, on s’apprêtait à faire le plein d’hydrogène, on affinait son plan de vol et on déclenchait déjà le compte à rebours. Les plus éminents savants rivalisaient de phrases ambitieuses pour décrire le cahier des charges de cette mission spatiale : placer une seconde fois François Hollande sur une orbite présidentielle. L’optimisme de l’équipe était tel que certains sceptiques d’hier commençai…

Primaire de la droite : Copé « bien incapable » d’imposer « quoi que ce soit », raille Sarkozy

Nicolas Sarkozy a recadré Jean-François Copé pendant le débat de la primaire jeudi soir en affirmant qu’il aurait été « bien incapable » d’imposer « quoi que ce soit » au duo exécutif qu’il formait, quand il était président, avec François Fillon. Après que François Fillon a rendu « justice » à Nicolas Sarkozy, qui avait demandé « devant le Congrès à Versailles », alors qu’il était président, une loi pour interdire le port de la burqa, Jean-François Copé a accusé l’ancien Premier ministre d’avoir « la mémoire qui flanche ». « Je voudrais dire à François Fillon qu’il a un tout petit peu la mémoire qui flanche, l’un et l’autre étaient défavorables à une loi d’interdiction de la burqa », a-t-il affirmé.

Une loi votée en 2010

La loi dont « personne ne voulait » en 2010, selon M. Copé, avait été portée par les députés. « Je me souviens il y a quelques années quand je portais la loi sur la burqa dont personne ne voulait, il fallait qu’on y aille vraiment très fortement pour convaincre à l’époque. » Nicolas Sarkozy lui a répondu sèchement : « La loi sur la burqa, pardon, Jean-François, ce n’est pas toi qui nous l’as imposée, et tu étais bien incapable d’imposer ni au Premier ministre ni au président de la République quoi que ce soit, pas plus hier qu’aujourd’hui. »

La loi visant à interdire le port du voile intégral dans l’espace public avait été votée en 2010. Après plusieurs mois de débat, le tandem exécutif d’alors, Nicolas Sarkozy et François Fillon, s’était résolu à légiférer sur ce sujet, sous l’impulsion du groupe UMP de l’Assemblée nationale présidé par Jean-François Copé.

Alain Juppé : « Plus il y aura de votants et plus j’ai de chance! »

Alain Juppé, candidat à la primaire de la droite, a mis en garde samedi contre « les manoeuvres de ceux qui veulent fermer les portes de la primaire » des 20 et 27 novembre prochains, lors d’un meeting organisé par les jeunes à Malakoff (Hauts-de-Seine). « Plus il y aura de votants et plus j’ai de chance! », a martelé le maire de Bordeaux, favori des sondages. « Ne vous laissez donc pas impressionner par les manoeuvres de ceux qui veulent refermer les portes des bureaux de vote », a lancé l’ancien Premier ministre devant ses jeunes partisans, dans une ambiance plus animée que celle de ses meetings habituels.

Depuis la semaine dernière, Nicolas Sarkozy attaque Alain Juppé, l’accusant de « compromis avec la gauche pour gagner » la primaire et de « déloyauté ». Et le patron du PSJean-Christophe Cambadélis a sonné aussi la charge contre Alain Juppé pour dissuader des électeurs de gauche de voter en sa faveur à la primaire de la droite, jugeant que sa victoire en novembre favoriserait celle du FN aux législatives, dans une interview au Figaro de samedi. Les primaires, « nous, nous allons les maintenir largement ouvertes, ouvertes à tous ceux qui veulent l’alternance » en 2017, a riposté M. Juppé à Malakoff, évoquant « l’échec désastreux de François Hollande » mais aussi « ceux qui ne veulent pas » du FN. « J’ai besoin de votre jeunesse, de votre joie de vivre, de votre appétit », a encore lancé à ses jeunes partisans l’ancien Premier ministre, 71 ans, proposant de leur apporter son « expérience », en tirant les « leçons de ses réussites -il y en a-, de ses erreurs ou de ses échecs -il y en a eu aussi ».

Les jeunes, une des priorités

Le maire de Bordeaux a développé son programme pour la jeunesse: dynamiser l’apprentissage – un artisan chocolatier strasbourgeois est venu parler de son expérience – , donner « un statut pour la colocation », « faciliter les formes de logement intergénérationnel » ou encore créer « un budget participatif sur la jeunesse ». Autre proposition pour la jeunesse, qui fut un grand thème de la campagne de François Hollande en 2012: « la suppression de la cotisation de Sécurité sociale pour les étudiants ». Il a aussi instamment demandé aux jeunes de « s’engager », notamment pour « la paix » pour laquelle il s’est dit « très inquiet » en raison « de la montée du populisme ». « Le nationalisme, c’est la guerre », a-t-il lancé citant, inhabituellement comme il l’a reconnu, l’ancien président socialiste François Mitterrand.

« Nous sommes confrontés à un risque de dislocation de l’Europe », a ajouté M. Juppé. « Engagez-vous dans la lutte contre la radicalisation des esprits », a-t-il encore exhorté. Le député-maire LR du Havre, Edouard Philippe, a raconté à la tribune comment Alain Juppé lui avait fait confiance alors qu’il avait « 31 ans ». « C’est un bon patron » et il sera « un grand président », a-t-il vanté. « Les petites phrases n’ont jamais réformé la France », a lancé en introduction Matthieu Ellerbach, président des Jeunes avec Juppé, pour lequel « on a envie de parler de l’avenir de la France, pas forcément des Gaulois », en allusion à Nicolas Sarkozy. Récemment rallié, le sénateur LR Jean-Baptiste Lemoyne, ex-copéiste de 39 ans, était présent.

Procès FN : « Jean-Marie Le Pen est un détail de l’histoire du FN »

Pressé d’en découdre, il frappe le sol avec sa canne. Assis entre son avocat Frédéric Joachim et son conseiller Lorrain de Saint-Affrique sur les bancs de la salle d’audience du tribunal de Nanterre, Jean-Marie Le Pen, 88 ans, est impatient de continuer la guerre qu’il mène depuis plusieurs mois contre sa fille. Ce mercredi après-midi, il réclame une nouvelle fois l’annulation de son exclusion du parti et son indemnisation à hauteur de 2 millions d’euros pour le préjudice subi à la suite de son exclusion.

Le « Menhir » avait été suspendu du FN en mai 2015, puis exclu en août de la même année, en raison notamment de ses propos réitérés sur les chambres à gaz, « détail » de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, qui lui ont valu en avril une condamnation à 30 000 euros d’amende, ou de sa défense du maréchal Pétain. Des provocations jugées nuisibles à la stratégie de « dédiabolisation » menée par sa fille à la tête du parti. Et comme toujours quand il s’agit d’un procès entre personnalités politiques, les argumentaires des deux parties étaient plus destinés aux journalistes qu’aux magistrats chargés de juger l’affaire.

« Et ça veut gouverner la France, ça ? »

Côté Jean-Marie Le Pen, on a cogné là où ça fait le plus mal. Joachim a notamment pointé les « couacs » de procédure du bureau exécutif « irresponsable et incompétent », ce « bureau exécuteur », auteur, selon lui, d’une « purge stalinienne ». « Et ça veut gouverner la France, ça ? », a-t-il répété à plusieurs reprises. Une attaque qui fait mouche puisque l’inexpérience et l’amateurisme des cadres du FN est un des arguments les plus récurrents contre son arrivée au pouvoir. Il s’en est également pris au nouveau FN, cette « coterie d’ambitieux » qui a remplacé l’esprit de franche camaraderie de naguère. Joachim n’a pas oublié d’accuser Marine Le Pen de « parricide », considérant que le livre Pourquoi j’ai mangé mon père était « prophétique ».

De son côté, Me Georges Sauveur, l’avocat du Front national, a déplacé le débat sur le fond, pour montrer à quel point le parti désapprouve les dérapages révisionnistes de son fondateur. Homophobie, révisionnisme, antisémitisme, il a égrainé les multiples sorties médiatiques qui ont nui au parti. « Oui, ces propos constituent des motifs graves qui justifient une exclusion. Il a été condamné ! » L’avocat a également cité de nombreuses déclarations critiques de Jean-Marie Le Pen envers la direction du FN et sa ligne politique. « Aujourd’hui, c’est M. Le Pen qui est devenu un détail de l’histoire du Front national », a-t-il conclu.

J’ai « cru entendre l’avocat du Mrap »

« Détail »? « Nous sommes tous destinés à ça, quand nous partirons dans une caisse en bois », a ironisé Jean-Marie Le Pen à la sortie de l’audience, en faisant remarquer qu’en écoutant la défense du FN, il avait « cru entendre l’avocat du Mrap », association antiraciste et l’un de ses principaux adversaires devant les tribunaux depuis des décennies.

C’était la quatrième fois que Jean-Marie Le Pen affrontait au tribunal le parti qu’il a longtemps incarné. À trois reprises l’an dernier, la justice lui a donné raison. D’abord en annulant sa suspension puis en suspendant, par deux fois, le congrès par correspondance censé supprimer son statut de président d’honneur. Le tribunal de grande instance de Nanterre rendra sa décision le 17 novembre. Quel que soit le verdict, Jean-Marie Le Pen sait qu’il ne sera politiquement jamais réintégré. Mais il continuera, tant qu’il le peut, à essayer de détruire la créature qui lui a échappé.

Primaire : Solère invite les bras droits des candidats à un déjeuner

L’invitation a été envoyée par SMS lundi 3 octobre et elle est signée Thierry Solère. Le grand organisateur de la primaire de la droite et député des Hauts-de-Seine veut convier à sa table dans un restaurant de Boulogne les directeurs de campagne des sept candidats. « Ce serait l’occasion de se réunir et d’aborder les différents sujets liés à l’élection », s’enthousiasme-t-il. Date choisie pour ces agapes républicaines ? Le mercredi 12 octobre, veille du premier débat télévisé diffusé sur TF1 et RTL.

Tandis que leurs candidats échangent douceurs et amabilités – « nullité du débat ! » crie Juppé ; « Où est la loyauté quand on appelle les électeurs de gauche à venir voter ? » s’interroge Sarkozy –, les membres des équipes de campagne, eux, continuent à échanger claques dans le dos, bonnes blagues et vannes par textos ou carrément de vive voix, attablés dans des cafés en périphérie de l’Assemblée. Ainsi, il y a quelques jours, c’est le sarkozyste Éric Ciotti qui a été aperçu en compagnie du maire du Havre, le juppéiste Édouard Philippe, en train de siroter un café.

Bref, les entourages préparent la suite. Pour preuve, parmi les sept invités de Solère, Gilles Boyer pour Alain Juppé, Gérald Darmanin pour Nicolas Sarkozy, Sébastien Lecornu pour Bruno Le Maire, et Patrick Stefanini pour François Fillon ont déjà répondu présents. Grégoire de Lasteyrie, directeur de campagne de NKM, semble, quant à lui, encore hésiter en raison de l’emploi du temps chargé de sa candidate à la veille de ce premier débat télévisé. Aux yeux de tous, le grand rassemblement qui doit avoir lieu le 28 novembre au matin représente l’enjeu majeur de cette fin d’année. « Si on se divise, on est mort », résume un député lemairiste. Espérons que l’unité, comme l’appétit, viendra en mangeant.