Alstom : des élus de Belfort rappellent à l’ordre la direction

Moins d’un mois après l’accord trouvé entre la direction d’Alstom et l’État pour sauver le site de Belfort, des voix s’élèvent déjà pour pointer des failles. Des élus belfortains reprochent ce samedi à la direction d’Alstom de « dénaturer » les engagements pris début octobre et demandent au gouvernement de les faire respecter. « Le 4 octobre dernier, dans le cadre d’une déclaration commune avec l’État, l’engagement avait été pris par Alstom d’investir 30 millions d’euros dans le programme de développement des locomotives de manœuvre de la gamme H4 à motorisation diesel », expliquent le maire de Belfort, Damien Meslot, le président du Conseil départemental, Florian Bouquet, et le sénateur Cédric Perrin, tous les trois du parti Les Républicains, dans un communiqué.

« Or, aujourd’hui Monsieur Eyméoud (Jean-Baptiste Eyméoud, directeur général France d’Alstom, NDLR) dénature cet engagement en affirmant que cet investissement est en fait déjà inclus dans un programme destiné aux chemins de fer suisses », poursuivent-ils, demandant au secrétaire d’État à l’Industrie de s’assurer que « les obligations auxquelles les parties se sont astreintes soient respectées ».

Les syndicats « floués »

Vendredi, André Fages, délégué syndical CFE-CGC d’Alstom Belfort, avait également indiqué à l’Agence France-Presse que les syndicats se sentaient « floués » par la manière dont la direction entendait appliquer l’accord annoncé début octobre, après la tenue jeudi d’un comité central d’établissement à Paris. Une porte-parole d’Alstom a assuré samedi que ces 30 millions d’euros serviraient « comme prévu à développer la plateforme de locomotives hybrides Prima H4 ». « Dans le plan de l’État, il y a un contrat pour les locomotives de manœuvre et de fret de ce type », a-t-elle ajouté. « L’objectif est le développement de différentes versions de la Prima H4 pour les chemins de fer suisses et les futurs clients », a-t-elle encore dit.

Invoquant un calendrier de commandes insuffisant, la direction du groupe ferroviaire français avait annoncé en septembre son intention de transférer la production de Belfort sur un autre site, provoquant une levée de boucliers chez les salariés comme des élus locaux et du gouvernement, qui détient 20% des voix au conseil d’administration d’Alstom. Le 4 octobre, le gouvernement avait annoncé plusieurs centaines de millions d’euros de commandes de trains et de locomotives pour Alstom. De son côté, le groupe s’était engagé à investir à moyen terme dans son usine de Belfort et à diversifier ses activités, avec notamment des bus électriques.