Mois : février 2016

DiCaprio gagne (enfin), le PSG perd (enfin) : le point sur l’actu ce matin

Oscars. Spotlight, récit d’une vaste enquête journalistique à Boston sur des prêtres pédophiles, a été sacré meilleur film aux Oscars dimanche tandis que le western sombre The Revenant a notamment remporté le prix du meilleur réalisateur et offert à Leonardo DiCaprio sa première statuette. Brie Larson a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Room. (photo AFP)

Premier meuh-nistre. Manuel Valls est arrivé lundi peu avant 07H00 au Salon de l’agriculture, où il a été accueilli dans le calme par des éleveurs soucieux de le sensibiliser à la grave crise du secteur, deux jours après une visite tendue et ponctuée d’insultes du président François Hollande.

Disparition. L’architecte français Claude Parent, le père de «la fonction oblique», théorisée dans les années 60 avec Paul Virilio, est mort samedi à l’âge de 93 ans.

Loi travail. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a souhaité dimanche que le projet de réforme du travail soit «rééquilibré», plaidant pour que ces modifications interviennent avant le passage du texte en Conseil des ministres, le 9 mars.

Racket. Arnaud Clément, limogé de son poste de capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis en septembre, a engagé une procédure pour obtenir 1,5 million d’euros d’indemnités de la Fédération française de tennis, d’après une source de l’AFP proche du dossier.

AH AH. Lyon a signé l’exploit d’infliger hier soir au Paris Saint-Germin sa première défaite (2-1) dans le championnat de France depuis le 15 mars 2015, pour le compte de la 28e journée de L1.

Zika : le gouvernement annonce des mesures supplémentaires pour les femmes enceintes

«Les femmes enceintes qui se voient détecter le virus du Zika, – elles sont très peu nombreuses en Guadeloupe, elles le sont plus en Martinique par exemple -, bénéficient et bénéficieront d’un suivi renforcé avec une échographie chaque mois pour suivre l’évolution de la grossesse», a annoncé la ministre de la Santé, en déplacement en Guadeloupe jeudi. Marisol Touraine a commencé à Pointe-à-Pitre un déplacement de cinq jours aux Antilles et Guyane, où le virus est présent. «Ces échographies sont prises en charge à 100% par la sécurité sociale et la femme concernée n’aura même pas besoin d’avancer le prix de l’échographie», a-t-elle précisé.

La Guadeloupe se trouve «en phase pré-épidémique», a rappelé la ministre. Au total, le territoire compte 35 cas confirmés et 389 cas cliniquement évocateurs, dont deux femmes enceintes (l’une d’elles a accouché), a précisé à l’AFP le directeur de l’Agence régionale de santé Patrice Richard.

Transmis par le moustique, le virus Zika est soupçonné d’être responsable de cas de malformations congénitales chez les nourrissons, notamment la microcéphalie (malformation de la boîte crânienne). «Il n’y a pas de cas de microcéphalie en France aujourd’hui», a souligné la ministre.

Porte à porte

Dans la matinée, elle a assisté sur le terrain à une opération de démoustication à Baie-Mahault, au centre de l’île. «Chaque semaine, nous allons chez l’habitant. Nous vérifions autour et à l’intérieur des maisons après autorisation des administrés», a expliqué Mauricia Bargas, de l’équipe de veille de la ville. Baie-Mahault, première commune du département touchée par le chikungunya il y a deux ans, a maintenu les actions de prévention mises alors en place. «Les actions en porte à porte sont les plus efficaces», a confirmé la maire, Hélène Polifonte. «Le moustique aedes aegypti, comme on dit chez nous, est aristocrate car il aime les eaux claires», a souligné avec sourire l’élue.

Sur le terrain, des brigades anti-moustiques composées d’agents de la ville, en complémentarité avec celles de l’Agence régionale de santé, renforcées par des pompiers, vérifient tout endroit où les moustiques peuvent se reproduire : fûts, pots et bacs à fleurs, soucoupes, regards mais aussi gouttières grâce à l’aide d’une perche équipée d’un miroir. En 2015, 40 000 maisons ont été visitées et 6 000 gites larvaires détruits dans toute la Guadeloupe.

«Alerter sans alarmer»

«Je pense qu’il y a l’art et la manière de faire passer les messages […] Nous comptons énormément sur le tourisme pour développer notre territoire», a insisté la maire, revenant sur les propos que la ministre avait tenus, déconseillant aux femmes enceintes de se rendre aux Antilles. «Moi je suis ministre de la Santé et ma responsabilité est de ne rien cacher. Ma responsabilité est d’alerter sans alarmer», a répondu Marisol Touraine.

Un peu plus tôt, elle s’était rendue dans une école des Abymes où lui a été présenté «Sapik», un DVD interactif destiné à éduquer les élèves à la prévention. Sur le mur de la salle de classe de CM1, un dessin de l’aedes aegypti, où sont présentés les stades de développement du moustique et les différentes façons de lutter contre.

DVD projeté

Sous l’œil de la ministre, un jeu de questions-réponses s’engage entre l’instituteur et les élèves : «quels sont les signes qui nous montrent que l’on a le Zika ?» Les réponses fusent : «vomissement», «fièvre», «douleurs articulaires» ou encore «fatigue». Grâce au DVD projeté sur le tableau numérique, l’enfant vient, avec un stylet, écrire la réponse. «C’est décidément bien fait, ce tableau numérique est très spectaculaire», a salué la ministre.

Marisol Touraine s’est ensuite rendue dans l’après-midi au CHU de Pointe-à-Pitre, pour visiter le dispensaire de la Protection maternelle et infantile (PMI) et la maternité, afin de faire le point sur le suivi des grossesses. Elle était attendue dans la soirée en Martinique.

AFP

«Jungle» de Calais : la Belgique rétablit des contrôles à sa frontière avec la France

La Belgique a annoncé aujourd’hui le rétablissement temporaire de contrôles à sa frontière avec la France, pour faire face à un éventuel afflux de migrants quittant la «jungle» de Calais, vaste camp situé près de l’entrée française du Tunnel sous la Manche. «On a informé la Commission européenne qu’on va temporairement déroger à Schengen», a indiqué lors d’une conférence de presse le ministre belge de l’Intérieur, Jan Jambon, en référence aux règles de l’espace Schengen de libre-circulation.

Le ministre a annoncé une intensification des contrôles à la frontière avec 250 à 290 policiers par jour, dès mercredi, et pour «aussi longtemps que nécessaire». D’après lui, 32 personnes ont été interceptées lundi, «mais le nombre de migrants potentiel est estimé à des milliers». La presse belge (dont le quotidien Le Soir en une de son édition du jour) avait déjà mentionné qu’une présence policière pourrait être renforcée à la frontière avec la France pour éviter la création de camps sur le territoire belge.

Jude Law à Calais pour soutenir les enfants de la «Jungle»

«Il faut trouver une solution, en particulier pour ces enfants. C’est choquant de se dire que si près de Londres et de Paris des gens, et surtout des centaines d’enfants non accompagnés, vivent dans une situation aussi épouvantable. Les deux tiers de ce lieu doivent être évacués, et on ne sait pas ce qu’ils vont devenir.» L’acteur Jude Law, tout simple, et presque méconnaissable avec son bonnet gris-bleu sur la tête, était dans la «jungle» de Calais dimanche après-midi pour soutenir les associations de soutien aux migrants qui se battent pour que le bidonville ne soit pas évacué comme prévu mercredi matin par les autorités préfectorales. La jungle compte quelque 4500 migrants, dont environ 400 enfants et adolescents, pour la plupart sans leurs parents selon les ONG présentes sur place. Huit d’entre elles ont assigné l’État en référé mardi pour tenter d’éviter l’expulsion.

À lire aussiLa «Jungle» à moitié vidée, le problème resterait entier

Sous le dôme plein à craquer du Good Chance Theater, un lieu culturel installé dans la jungle depuis octobre, Jude Law a lu une lettre à David Cameron d’associations britanniques (Help Refugees, Citizen UK) qui demandent au Premier ministre britannique d’accueillir sur son sol les mineurs isolés qui ont de la famille au Royaume Uni, comme la loi le permet, et de s’assurer que les autres mineurs soient protégés par la France, et enfin de faire en sorte que la zone sud de la jungle ne soit pas détruite avant ces deux «urgentes tâches».

«La mort me suit comme une ombre»

À ses côtés, l’humoriste Shappi Khorsandi, l’acteur de sitcom Matt Berry, Toby Jones – le Claudius de Hunger Games, le chanteur Tom Odell -qui a chanté du Nina Simone, Tom Stoppard – le réalisateur de Rosencrantz et Guildenstern sont morts -, et les comédiennes Harriet Walter et Juliet Stevenson.

Matt Berry a lu la lettre d’un Iranien de 38 ans, Ebrahim : «Je suis dans la jungle depuis 7 mois. J’ai quitté mon pays, il y a 16 ans, et je n’ai pas revu ma famille depuis. En 16 ans, je n’ai pas été traité en humain.» Une militante britannique a lu celle d’un autre Iranien, arrivé désormais à Croydon, dans la banlieue de Londres : «Je ne veux que vivre. La mort me suit comme une ombre dans cette infernale jungle d’espoirs.» Un musicien afghan, Esmaïl Nazari, 29 ans, qui a «fui les Taliban» et vit dans la jungle avec sa femme et ses trois enfants, a mis le feu au public avec «Madar, Madar», une chanson sur sa mère. Des exilés ont mimé des moments de leur vie. «Ah, ils passent dans le tunnel sous la manche, s’écrie un Afghan dans le public, que Dieu les protège!»

Haydée Sabéran (à Calais)

Etat d’urgence : pourquoi les saisies informatiques ont été jugées contraires à la Constitution

C’est l’un des rituels auxquels se livrent les policiers lors des perquisitions administratives depuis l’instauration de l’état d’urgence : outre les fouilles minutieuses, ou brutales, les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur copient les données trouvées sur les tablettes, smartphones et ordinateurs (sauf quand ça ne fonctionne pas). Ils vont devoir arrêter. Saisi par la ligue des droits de l’homme, le Conseil constitutionnel a censuré la disposition de la loi qui l’autorisait.

Pourquoi cette censure ?

Le défenseur des droits avait averti en janvier : «Le recueil des données personnelles lors des saisies informatiques dématérialisées doit être entouré de garanties quant à l’usage desdites données.» Les «sages» partagent cette recommandation et vont plus loin. Pour le Conseil constitutionnel, l’équilibre entre la sauvegarde de l’ordre public et le respect de la vie privé est rompu lorsque la police aspire toutes les données d’un particulier, sans contrôle d’un juge.

Dans le commentaire de sa décision, le Conseil constitutionnel cite par exemple les «éléments « intimes » dépourvus de tout lien avec la menace que représenterait l’intéressé», qui sont néanmoins copiés. Trop de données, un lien trop lointain avec une éventuelle infraction et un encadrement insuffisant ont convaincu les membres du Conseil Constitutionnel de déclarer non conforme à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, et donc à la loi fondamentale.

A quoi servaient les données saisies ?

C’est le grand flou et l’une des raisons qui a poussé la Ligue des droits de l’homme à déposer une question prioritaire de constitutionnalité sur ce point. L’avocat de l’ONG, Patrice Spinosi, expliquait ainsi que «la loi sur l’état d’urgence ne prévoit pas plus de quelconque encadrement des données copiées». Le ministère de l’Intérieur n’a jamais été très prolixe sur ce point.

A l’Assemblée, lors du débat en commission sur la prolongation de l’état d’urgence, Bernard Cazeneuve réfutait l’utilité très marginale de l’état d’urgence dans la lutte contre le terrorisme. Un constat qu’avait pourtant dressé Jean-Jacques Urvoas – devenu depuis garde des Sceaux – lorsqu’il présidait la commission de contrôle parlementaire.

Le 11 février, le ministre de l’Intérieur disait attendre beaucoup des données saisies : «On ne peut pas savoir aujourd’hui combien de personnes seront, in fine, mises en cause pour des infractions terroristes : une grande partie des éléments récupérés lors des perquisitions n’ont pas encore été exploités, notamment les données informatiques. C’est au terme des investigations que nous pourrons connaître le nombre de réseaux démantelés, le nombre de personnes concernées, et les résultats pour la lutte antiterroriste des perquisitions menées.»

Que vont-elles devenir ?

Les données copiées lors des perquisitions doivent être détruites, comme l’a indiqué sur Twitter le juriste Nicolas Hervieu. La Cnil, gendarme de la vie privée, n’a pas été consultée par le gouvernement sur la loi sur l’état d’urgence. Elle ne devrait donc pas superviser la suppression des données abusivement récoltées.

@combatsdh Mais cela signifie que toute conservation des données ainsi collectées doit cesser immédiatement. @LDH_Fr@Conseil_constit

— Nicolas Hervieu (@N_Hervieu) February 19, 2016

La censure du Conseil constitutionnel n’invalide pas automatiquement les procédures ouvertes après la saisie de données lors de perquisitions, mais ouvre la porte à des recours. Les 3 397 perquisitions administratives conduites depuis le 13 novembre ont entraîné l’ouverture de 23 enquêtes pour apologie du terrorisme et cinq pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste.

LIBERATION

Pascal Nègre quitte le navire amiral Universal

Après Canal+, Vincent Bolloré fait valser les têtes chez Universal. Pascal Nègre, 54 ans, son emblématique patron au vestes impayables (et membre du board mondial du numéro un mondial de la musique) vient d’en faire les frais. Son contrat, qui avait pris fin le 31 décembre, n’a pas été renouvelé bien que ce dernier n’avait pas caché son intention de rempiler pour une ou deux années supplémentaires. A la tête de la branche française depuis 21 ans, cet ancien animateur radio puis attaché de presse est remplacé par la figure montante d’Universal Music, Olivier Nusse, directeur général des labels Mercury et Decca Records France qui comptent parmi les principales marques de cette major propriété à 100% de Vivendi. Les rumeurs de son remplacement s’étaient accentuées ces dernières semaines tandis que l’intéressé déclarait au Figaro fin janvier qu’il faudrait attendre le 1er février pour connaître son avenir au sein de la maison de la rue des Fossés Saint-Jacques, dans le Vème arrondissement parisien.

Très proche des artistes et de ses confrères producteurs, président de longue date de la SCPP, la principale société de gestion collective des producteurs phonographiques, Pascal Nègre était en conflit larvé depuis le début de l’automne avec le principal actionnaire et homme fort de Vivendi Vincent Bolloré. Ce dernier voulait lui adjoindre Olivier Nusse au poste de numéro deux afin de mieux le contrôler et de le faire rentrer dans une logique de groupe plus «corporate», en travaillant activement de concert avec les autres filiales du groupe Vivendi. Pas vraiment du goût du très indépendant et longtemps tout-puissant PDG d’Universal France qui au fil des années avait étendu son territoire en élargissant ses activités au Moyen-Orient et Maghreb, à la Méditerranée (Italie, Espagne, Portugal) et surtout aux «nouveaux business» d’Universal Music dont il avait pris la responsabilité mondiale en 2013. Fin décembre, Pascal Nègre avait fini par rencontrer longuement et en tête à tête le milliardaire breton afin de s’expliquer avec lui. Mais entre le producteur bateleur extraverti, aussi saltimbanque en apparence que redoutable businessman et le big boss Bolloré qui entend voir Universal Music jouer un rôle actif en Afrique, le courant passait mal. Question de culture, de style, de parcours.

Inlassable militant des modèles payants pour la diffusion de la musique sur Internet, artisan et partisan de l’Hadopi et de sa «riposte graduée», Pascal Nègre s’était un peu grillé à l’époque à force d’en rajouter dans la pédagogie du radar et de l’amende pour les récalcitrants. Au point de devenir la tête de turcs des anti-Hadopi qui voyaient en lui une caricature du producteur à l’ancienne. Il s’était alors fait plus discret avant de se faire le chantre du streaming dont il assure qu’il permettra «un jour» à la musique de retrouver son âge d’or du début 2000, juste avant l’irruption de Napster et du peer-to-peer. «Le nombre de Français abonnés aux offres payantes de musique à la demande par abonnement a dépassé les 3 millions, soit 5% de la population française», expliquait-il récemment à Libération. Le streaming devient un produit de grande consommation, ajoutait-il, en prenant l’exemple de la Suède et de Spotify et on peut très bien à terme arriver à 10 à 12 millions d’abonnés payants dans l’hexagone et retrouver le chiffre d’affaires des années 2000. Ce serait le rêve mais c’est possible, concluait cet éternel optimiste qui pronostique un retour à la croissance du secteur de la musique à l’horizon 2018.

Avec lui, Universal se maintient en tête des ventes

Cette figure du monde de la musique aura contribué à faire d’Universal Music la major archi-dominatrice du marché de la musique hexagonale avec une part de marché de 45%. Une situation quasi-unique au monde pour cette maison de disque qui n’a cessé de grossir dans le paysage français au fur et à mesure que le secteur s’enfonçait dans la crise et que ses concurrents, privés de la puissance de feu marketing d’un Universal, décrochaient. Très à l’aise avec les médias, Pascal Nègre est même devenu de manière éphémère un personnage grand public en participant comme jury à l’émission de télé-réalité Star Academy, co-produite par Universal entre 2001 et 2008 sur TF1. Dans son communiqué, Universal précise que son successeur Olivier Nusse a lui participé comme membre du jury à l’émission Popstars sur M6 en 2003.

Pascal Nègre qui avait pris la tête de Polygram en 1994 avant celle d’Universal Music France en 1998 a notamment participé activement au lancement d’artistes comme Khaled, Zebda, faudel ou encore Rachid Taha. A la tête d’un groupe qui a multiplié les restructurations ces dernières années en raison de la crise du disque, Pascal Nègre a permis à Universal de se maintenir en tête des ventes en combinant l’exploitation des grandes licences internationales du catalogue (U2, Eminem, Lady Gaga, Black Eyed Peas) avec les artistes signés et développés en France : Zazie, Florent Pagny, Calogero, Bénabar, Mika. Ces dernières années, il avait beaucoup misé, avec succès, sur les musiques urbaines avec des nouveaux artistes sortis de l’écurie Universal comme Nekfeu.

Universal Music compte encore aujourd’hui 650 salariés pour 300 millions d’euros de chiffre d’affaires en France, soit la moitié environ de l’ensemble des emplois fixes du secteur. Son successeur, qui a réussi à attirer chez Mercury quelques très gros vendeurs de disque comme Stromae devenue une star internationale ou Louane, meilleure vente en française en 2015, devra prouver et notamment en interne qu’il est capable de succéder à Pascal Nègre et de faire aussi bien avec une notoriété bien moindre. Il devra également batailler ferme pour garder les têtes d’affiche d’Universal, de plus en plus tentés par des carrières autonomes en se contentant de signer de simples accords de distribution avec celles que l’on appelait autrefois des «maisons de disques». 

Christophe Alix

La réforme du travail, futur sujet de polémique au Parti socialiste

Les 35 heures, «c’était un projet de société ; on le défendait avec beaucoup d’ardeur, avec beaucoup de conviction». Pour Benoît Hamon, invité de Public Sénat ce jeudi, la réforme du travail annoncée par Myriam El Khomri, et qui induit notamment davantage de flexibilité du temps de travail, n’est pas conforme aux valeurs qu’il a portées au sein du Parti socialiste : «Je m’inquiète aujourd’hui. Dans les mots, dans les concepts, j’ai l’impression que d’autres parlent à la place de nos ministres parfois.»

D’emblée, l’éphémère ministre de l’Education prend donc ses distances avec le gouvernement, dont Ségolène Royal s’est improvisée porte-parole au micro de France Info : «Pourquoi des polémiques sur ce sujet-là ? On voit bien qu’il faut relancer la croissance économique et le dynamisme des entreprises. […] Ce qu’il faut rechercher, c’est à la fois la sécurité des salariés, la protection des droits acquis et des acquis sociaux, et en même temps la souplesse des entreprises. Il n’y a pas de tabou.»

(A partir de 6’35 »)


Pour appuyer son propos, la ministre de l’Environnement prend l’exemple de la «Green Tech» et des start-up : «Ces entreprises, qui sont des jeunes pousses, ont besoin par exemple de beaucoup de souplesse. Il y a une intensité du travail à certains endroits, à certains moments du lancement d’une entreprise.»

Selon la dernière version du projet de loi, la durée maximale d’une journée de travail pourrait passer de dix à douze heures, et les heures supplémentaires n’être rémunérées qu’à hauteur de 10% – contre 25% actuellement, hors cas particulier. Les employeurs pourraient également avoir la possibilité d’imposer des «forfaits jour» aux entreprises de moins de 50 salariés.

Autant d’outils qui, selon Ségolène Royal, devraient rendre la France plus compétitive sur un marché du travail mondialisé : «Avec Emmanuel Macron et Myriam El Khomri, nous travaillons en équipe pour que, justement, on puisse inventer le futur avec des règles contemporaines qui prennent en compte la réalité de la situation économique et des mouvements économiques de la société, et en même temps avec la protection du modèle français et des acquis sociaux.»

Si le projet semble soutenu au sein du gouvernement, il l’est en revanche beaucoup moins au niveau du Parti socialiste. Pour Jean-Christophe Cambadélis, «ce texte n’est pas définitif, et il doit évoluer», le chef de la majorité estimant que le projet rendu public manque d’équilibre : «Ce qui m’importe, c’est l’efficacité pour l’emploi. Et, entre ceux qui ne veulent rien faire et ceux qui veulent tout défaire, il faut la flexisécurité à la française. Et ce texte-là, pour l’instant, ne montre pas son équilibre entre une flexibilité et une sécurité. […] Donc, moi, bien avant de discuter de tel ou tel aspect – dont certains me semblent justes, d’autres discutables – je veux cet équilibre dans le texte.»

(à partir de 6’25 »)

Dubitatif, Jean-Christophe Cambadélis critique notamment un point du projet de loi : «Tout ce qui est dans ce texte sur le licenciement économique est discutable.» De son côté, Benoît Hamon fustige «un mauvais calcul économique». Le député frondeur des Yvelines s’affirme d’accord pour «travailler plus, au sens où on met davantage de gens dans l’emploi», il pointe du doigt les mesures envisagées : «Baisser le tarif des heures supplémentaires, ça fera travailler plus ceux qui sont dans l’entreprise – en étant payé moins qu’avant – mais ça ne fera surtout pas rentrer ceux qui sont à l’extérieur.»

Et de dénoncer l’attitude du chef de l’Etat : «Je rappelle que François Hollande avait dit lui-même que l’impact de la défiscalisation des heures supplémentaires, qui relevait de la même logique, avait coûté 100 000 emplois à la France. […] Demain, les salariés travailleront plus en étant moins bien payés qu’ils ne l’étaient auparavant, mais, pour autant, celui qui était à Pôle Emploi ne les rejoindra pas dans l’entreprise.»

(à partir de 2’30 »)

Avant même de séduire l’opposition, Myriam El Khomri – qui n’exclut pas un recours à l’article 49.3 pour faire passer la réforme – devra donc d’abord savoir se montrer convaincante dans son propre camp.

Sylvain Moreau

Sarkozy dans la fosse Bygmalion

Son audition aura duré près de douze heures. Nicolas Sarkozy est sorti mardi soir du pôle financier auréolé d’une mise en examen pour «financement illégal de campagne». Un coup terrible pour le patron du parti Les Républicains (LR), candidat probable à la primaire qui tente depuis des mois de rassembler les militants derrière son nom. Une semaine plus tôt, Jean-François Copé était sorti du même pôle financier avec le statut de simple «témoin assisté».

Entre les deux hommes, qui s’affrontent depuis des mois, les juges d’instruction parisiens semblent donc avoir tranché. Au départ, pourtant, Bygmalion avait été présentée comme une «affaire Copé». En février 2014, le Point lance l’offensive en accusant celui qui est encore patron de l’UMP d’avoir utilisé l’argent du parti pour sponsoriser la société de conseil en communication Bygmalion, sans doute dans le but de constituer une caisse noire. «Sarkozy a-t-il été volé ?» s’interroge même l’hebdo en une. Mais le scandale naissant rebondit trois mois plus tard, quand Libération révèle l’existence d’un système de fausses factures mis en place pour imputer à l’UMP les dépenses de la campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012 (une ci-contre). L’affaire «Bygmalion» devient celle des comptes de campagne.

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Une autre lecture Une information judiciaire est alors ouverte pour «faux et usage de faux», «abus de confiance» et «tentative d’escroquerie», confiée aux juges Serge Tournaire, Renaud Van Ruymbeke et Roger le Loire. Après un an et demi d’enquête, les magistrats ont désormais une idée assez précise du fonctionnement de cette vaste fraude destinée à dissimuler le dépassement du plafond légal des dépenses de campagne de 22,5 millions d’euros. Des centaines de factures, vraies et fausses, ont été passées au crible. Treize personnes ont depuis été mises en examen, outre Sarkozy, dont les anciens cadres de Bygmalion, des responsables du parti et des membres de l’équipe de campagne. Plusieurs d’entre eux ont reconnu l’existence de la fraude, sans pour autant mouiller directement l’ancien candidat.

Ce dernier a toujours démenti un quelconque rôle dans l’affaire Bygmalion, jurant avoir découvert le nom de la société après l’élection. «L’argument d’une campagne qui dérape est une farce», a même lâché Nicolas Sarkozy en septembre 2015, devant les policiers. Puis à nouveau, le 4 février, sur France 2 : «Jamais je n’ai trahi la confiance des Français, si j’avais eu le moindre doute, je ne serai pas revenu», assure-t-il, renvoyant la responsabilité aux dirigeants de Bygmalion et, de façon plus sournoise, à Jean-François Copé lui-même.

Les juges auront donc fait une autre lecture du dossier. Sarkozy ayant paraphé lui-même ses comptes de campagne, il se porte garant de la sincérité et de la régularité de ses dépenses. L’article 113-1 du code électoral punit en effet d’un an de prison et de 3 750 euros d’amende tout candidat ayant déclaré des «éléments comptables sciemment minorés».

Détail embarrassant Jusqu’où Nicolas Sarkozy savait-il ? L’ancien président a été personnellement informé par son directeur de campagne, Guillaume Lambert, de la dérive financière de ses premiers meetings. Une dérive consignée dans une note datée du 7 mars 2012, qui pointe clairement un risque de dépassement du plafond et interdit toute dépense supplémentaire. Sarkozy a d’abord nié farouchement avoir eu connaissance de cette note. Mais lors de son audition, Guillaume Lambert a confirmé l’en avoir bien informé. «Je ne m’en souviens pas mais c’est possible», a fini par reconnaître Sarkozy devant les policiers.

En fouillant dans les comptes de l’UMP, les enquêteurs sont également tombés sur un détail embarrassant. Une ligne «présidentielle» dans le budget 2012 du parti, qui indique 13,5 millions d’euros de dépenses engagées, alors que seuls 3 millions ont été répercutés dans les comptes de campagne. Un trou de plus de 10 millions d’euros correspondant à des factures de trains, de cars, de meetings et de tracts, qui porterait le coût total de la campagne à plus de 50 millions d’euros. Plus de deux fois le montant légal autorisé.

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Emmanuel Fansten

Laurent Fabius renonce à la présidence de la COP21

Laurent Fabius a écrit lundi à François Hollande pour lui remettre son mandat de président de la COP21, après la polémique sur la compatibilité de ce titre avec sa fonction prochaine de président du Conseil constitutionnel, selon une lettre dont l’AFP a obtenu copie.

«Vous m’avez fait l’honneur de me pressentir pour présider le Conseil constitutionnel et je vous en remercie vivement. A mon sens, il n’existe pas d’incompatibilité avec la présidence de la dernière phase de la COP21. Pour autant, compte tenu du début de polémique interne sur ce sujet, je juge préférable de vous remettre mon mandat de président de la COP», écrit-il dans cette lettre.

Depuis plusieurs jours, la polémique enflait sur le cumul de fonction de l’ex-Premier ministre et ex-chef de la diplomatiqe française récemment nommé par François Hollande à la présidence du Conseil constitutionnel pour succéder à Jean-Louis Debré.

Ce matin sur iTélé, Thierry Mandon, secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche, qualifiait de cumul d’«inimaginable», déclarant : «lui-même peut le souhaiter mais c’est inimaginable. Le suivi d’un engagement international de la France, ça relève de l’exécutif, donc du gouvernement. J’imagine bien naturellement que quelqu’un du gouvernement sera chargé de ce travail». Jean-Louis Debré s’était lui aussi exprimé contre ce cumul dans la presse, évoquant les risques de conflits d’intérêts «dans le domaine de l’environnement»

Laurent Fabius «a considéré que ni la présidence de la COP ni la présidence du Conseil constitutionnel ne méritaient ce degré de polémique», explique-t-on dans l’entourage de l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui a pris sa décision dans la journée de lundi. «Profondément attaché à cette grande cause (du climat, NDLR), j’espère que la mise en oeuvre de l’accord historique de Paris connaîtra le même succès que son adoption», conclut dans sa lettre Fabius. Celui-ci avait été élu le 30 novembre 2015 à la conférence climat du Bourget, par acclamation des délégués de 195 pays. Le mandat de président de la COP21 devait courir jusqu’à l’ouverture de la COP22, prévue à Marrakech en novembre.

LIBERATION avec AFP