Mois : février 2016

Sondages de l’Elysée sous Sarkozy : le publicitaire Jean-Michel Goudard mis en examen

Le publicitaire Jean-Michel Goudard, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen ce mercredi pour favoritisme dans l’affaire des sondages et dépenses de communication de l’Elysée lors du dernier quinquennat. Sollicité, son avocat, Me Mario Pierre Stasi n’a pas souhaité faire de commentaires.

L’enquête sur les études d’opinion commanditées par la présidence Sarkozy s’est accélérée depuis la semaine dernière avec la mise en examen de plusieurs ex-collaborateurs de l’ancien chef de l’Etat : celle de sa directrice de cabinet, Emmanuelle Mignon et de son conseiller «opinion», Julien Vaulpré, poursuivis également pour favoritisme dans ce dossier.

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Jean-Michel Goudard, 76 ans, conseiller en stratégie de Nicolas Sarkozy, avait signé en avril 2009 la reconduction de la convention passée en 2007 entre l’Elysée et le cabinet Publifact de Patrick Buisson.

Quelques mois plus tard, un rapport de la Cour des comptes avait épinglé sévèrement ce contrat «très succinct», qui n’avait pas été soumis aux dispositions du code des marchés publics. La Cour relevait que ce document donnait à Patrick Buisson, l’un des conseillers les plus proches de Nicolas Sarkozy à l’époque, «une totale liberté d’appréciation» sur les dépenses à engager. L’association de lutte contre la corruption Anticor avait porté plainte en 2010.

Par la suite, les investigations avaient été étendues à l’ensemble des contrats de conseil ou de sondages commandés durant le précédent quinquennat, chiffrés à plus de 9 millions d’euros par Anticor.

L’enquête a fait apparaître qu’à lui seul Patrick Buisson, via ses cabinets Publifact et Publiopinion, avait gagné plus d’1,4 million d’euros en seulement deux ans, selon une source proche du dossier. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics par un particulier. Pierre Giacometti, dont la société Giacometti-Peron a signé pour 2 à 2,5 millions d’euros de contrats avec l’Elysée entre 2007 et 2012, est également poursuivi pour recel de favoritisme.

Toute la question dans cette affaire est de savoir si le code des marchés publics devait s’appliquer à l’époque aux conventions passées par la présidence de la République.

AFP

Manif de chauffeurs : «Laissez-nous bosser, on ne veut pas retourner au RSA»

Les organisateurs souhaitaient une marche «silencieuse». C’est raté. Ils la voulaient aussi «pacifique et non violente». Un mot d’ordre pas toujours respecté. Quelques centaines de chauffeurs spécialisés dans le transport collectif se sont rassemblés à 11 heures, ce mercredi, sur le boulevard du Montparnasse, avant de s’ébrouer vers les Invalides, à 12h30, dans un cortège de klaxons. Cet appel à la mobilisation a fait suite aux mesures annoncées par le Premier Minisitre, confronté à la colère des taxis la semaine passée. Des mesures destinées notamment à lutter contre l’utilisation détournée des licences de chauffeurs Loti (transports collectifs à la demande, appelés aussi «capacitaires») par les plateformes de réservation.

Le secrétaire d’Etat aux Transports a envoyé vendredi des mises en demeure à une vingtaine de ces plateformes (Uber, SnapCar, Chauffeur-Privé, etc.) pour leur rappeler que les licences Loti, plus rapides à obtenir que les cartes de chauffeur VTC, s’appliquent au transport collectif, c’est-à-dire pour deux passagers minimum, et non au transport particulier. Or, une très grande part – difficile à chiffrer – des chauffeurs présents sur les applications sont titulaires de licences Loti et chargent régulièrement des clients seuls. Les sociétés de réservation sont désormais poussées à faire respecter la loi et veiller à ce que ces chauffeurs transportent deux passagers minimum. Ce qui semble difficile à appliquer rapidement, d’où la crainte de cette profession de se voir écarter des plateformes d’ici la fin du mois. A partir du 28 février, les plateformes ont l’obligation de se mettre en conformité avec la loi. 

«On ne veut pas gratter l’Etat»

«Cela fait quatre ans que je travaille sur les plateformes avec cette licence et, depuis la semaine dernière, tout d’un coup, on nous dit qu’on est dans l’illégalité», s’emporte Redouane Kharej, chauffeur Loti, qui avoue ne pas pouvoir s’en sortir sans les applications. «On a fait confiance à un système, on s’est lancé sans se poser de questions. Si on avait su que c’était illégal, vous pensez vraiment qu’on se serait endetté pour monter notre affaire ?» Les manifestants réclament le droit de rester sur les applications et de pouvoir transporter un seul client. Ils demandent au gouvernement de modifier cette loi qui impose les deux passagers minimum, soit de leur accorder automatiquement et à tous la licence VTC. Hachani Bassem revendique le «droit de travailler». «On n’est pas des victimes, on ne veut pas gratter l’Etat. Mais on ne veut pas retourner au RSA, on ne veut pas revenir à la maison.» Derrière les pare-brise ou sur la plage arrière de leurs voitures, les manifestants affichent leur slogan : «Valls m’a tuer», «Manu fait Vallser mon emploi» ou encore «Déconne pas Manu, ça sert à rien la haine. Un taxi de perdu, c’est dix chauffeurs qui reviennent.» Le communiqué de presse du Premier ministre publié jeudi dernier leur reste en travers de la gorge. «Valls, il ne veut pas appliquer la loi, il veut juste calmer les taxis, poursuit Redouane Kharej. Mais on ne peut pas déshabiller les capacitaires pour rhabiller les taxis.»

Reste à savoir si leurs revendications seront entendues. La manifestation est organisée par l’association Alternative mobilité transport (AMT), qui regroupe une dizaine de sociétés Loti. «On a informé nos chauffeurs [de la mobilisation] et on leur a dit que ce serait très bien s’ils pouvaient y participer», a indiqué Yves Weisselberger, PDG de SnapCar. Mais de nombreuses organisations de VTC n’ont pas appelé à manifester. Soit parce que l’AMT, créée en janvier, les rend soupçonneux – c’est une «association fantôme», dénonce Helmi Mamlouk, président de l’Union des chauffeurs capacitaires et VTC. Soit parce que cette mobilisation est soutenue par l’ensemble des plateformes de réservation, alors qu’un mouvement de gronde grimpe au sein des VTC contre les conditions imposées par ces applications, Uber en tête. Dernière raison : plusieurs chauffeurs VTC ne sont pas contre un respect strict de la loi, ce qui leur permettrait de récupérer une bonne part des clients captés par les chauffeurs Loti. Au final, environ 550 voitures, selon la préfecture de police, étaient présentes dans le cortège. Alors qu’il y a, selon différentes sources, environ 70 000 chauffeurs Loti en France et environ 10 000 d’entre eux sur les plateformes à Paris et en région parisienne. L’un des chauffeurs présents est perplexe. «On n’est pas assez solidaires, on n’y arrivera pas.»

Pluie d’œufs

C’est peut-être la raison pour laquelle une poignée de manifestants s’enflamme après une demi-heure de mobilisation, trop calme à son goût. Alors que les organisateurs leur ont demandé de venir avec une bouteille d’eau, symbole du service rendu aux clients, des chauffeurs ont préféré amener des œufs qui, immanquablement, finissent sur les vitres des quelques taxis venus s’aventurer à Montparnasse. «C’est que comme ça qu’on nous entendra», hurle un chauffeur. Un jeune se met en travers de la route d’un taxi et lui lance un «nique ta mère». Les «fils de pute» volent au rythme des lancers d’œufs. La violence de quelques taxis lors des précédentes manifs fait grimper le son. «Ils m’ont niqué trois bagnoles, tu crois que je vais fermer ma gueule ? se justifie un chauffeur. C’est comme dans les cités, lâche un autre. Si tu les écrases pas, c’est eux qui t’écrasent !» La grande majorité des manifestants multiplient les appels au calme. «Pas de violence», «on n’est pas comme eux», «ne donnons pas une mauvaise image de nous», lancent-ils en boucle. «Faut les comprendre, explique Mohamed Aoun, chauffeur capacitaire. Ceux qui lancent des oeufs, ils se sont fait agresser à Orly, Roissy et dans les manifs. Les oeufs, ça fait pas de mal par rapport à ce qu’ils nous ont fait.»

Après leur arrivée aux Invalides, Matignon devait recevoir une délégation de chauffeurs. Mais sans attendre, plusieurs dizaines de manifestants se dirigent à pied vers l’Assemblée nationale en début d’après-midi. Gendarmes et policiers interviennent vite. Ils encerclent le groupe sur le pont séparant la place de la Concorde de l’Assemblée nationale. Mohamed Aoun est parmi eux : «On est venu faire un coup de poing, devant l’Assemblée, pour montrer que nous aussi, on pouvait faire comme les taxis. Mais sans violence.» Une cinquantaine d’entre eux sont embarqués dans les fourgons. Les autres sont relâchés. En début de soirée, les chauffeurs qui étaient restés place des Invalides attendent encore le retour de la délégation, sous la pluie. Ils se racontent leur quotidien, leur confrontation avec les taxis, se demandent quelle suite donner au mouvement. «Les taxis, ils se font entendre, nous on dort !»s’énerve l’un d’eux. Ils parlent de poursuivre la mobilisation jeudi matin à Roissy. Sans un geste du gouvernement, assurent certains, le mouvement pourrait vite se durcir. «S’il y a pas d’accord, demain on va revenir, promet Mohamed Aoun. Et après-demain on va revenir. Parce qu’à la fin du mois on va nous retirer notre boulot, alors on n’a plus rien à perdre.» 

Aoun Mohammed

Richard Poirot

Amélioration de la durée de vie pour les trois cancers les plus fréquents

La durée de vie à moyen terme des patients adultes atteints des trois cancers les plus fréquents en France – prostate, sein, côlon-rectum,- a sensiblement augmenté ces dernières années, selon un rapport rendu public mardi. Disponible en ligne, le rapport intitulé Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2013 est divisé en deux parties : la première consacrée aux tumeurs solides, la seconde aux hémopathies malignes.

«Les tendances observées sont encourageantes» ont estimé les auteurs de ce rapport réalisé par quatre institutions, tout en déplorant que le cancer du poumon, le quatrième cancer le plus fréquent, reste la première cause de mortalité par cancer chez l’homme et la deuxième chez la femme.

Selon le rapport, la survie à cinq ans est passé de 72% pour les cancers de la prostate diagnostiqués au cours de la période 1989-1993 à 94% pour ceux diagnostiqués entre 2005 et 2010, soit une hausse de 22 points. La survie à cinq ans du cancer du colon-rectum a pour sa part augmenté de 9 points, passant de 54% à 63% au cours de la même période. L’augmentation de la survie du cancer du sein, qui passe de 80% à 87% (+7 points), est attribuée aux progrès thérapeutiques majeurs réalisés au début des années 2000 et à une plus grande proportion des cancers découverts à un stade précoce en lien avec le développement des pratiques de dépistage, d’après l’étude.

Toutefois, si le cancer du sein fait partie des cancers de bon pronostic, il reste, du fait de sa fréquence, la première cause de décès par cancer chez la femme. En 2012, la France comptait près de 57 000 nouveaux cas de cancers de la prostate, plus de 48 000 cancers du sein et environ 42 000 cancers colorectaux, d’après l’Institut national du cancer (INCa). L’amélioration du pronostic du cancer colorectal s’explique essentiellement par la réduction de la mortalité lors de l’opération chirurgicale et les progrès des prises en charges, selon les responsables de l’étude.

En revanche, le pronostic du cancer du poumon, le 4e cancer le plus fréquent en France (plus de 39 000 nouveaux cas par an) reste parmi les plus sombres, avec une augmentation de survie faible sur la période observée (17% contre 13%). Ce troisième rapport sur la survie des adultes atteints de cancer en France métropolitaine a été publié conjointement par l’Institut de veille sanitaire (InVS), le réseau Francim des registres des cancers, l’Institut national du cancer (INCa) et les Hôpitaux de Lyon.

LIBERATION avec AFP