Mois : juillet 2016

Nicolas Sarkozy a déjà loué son Q.G. de campagne pour 2017

Certains appelleraient ça un excès de confiance en soi. Nicolas Sarkozy a déjà trouvé ses futurs locaux de campagne, situés à deux pas de la tour Eiffel au 209, rue de l’Université, dans le 7e arrondissement de Paris. D’après les informations de l’Opinion, le bail a été signé pour une période de 9 mois, soit jusqu’en… mai 2017.

Après le très populaire 10e arrondissement pour la campagne de 2007, puis la rue de la Convention dans le plus aisé 15e en 2012, le président des Républicains s’embourgeoise, voire s’aristocratise ! Il se rapproche également de Jacques Chirac puisque le bâtiment se trouve tout près du musée du quai Branly désormais rebaptisé « musée du quai Branly-Jacques Chirac ».

Sarkozy voisin de Hollande ?

Réactivée en 2014 pour la course à la présidence du parti puis réorganisée en organe de financement d’une probable campagne présidentielle en février dernier, c’est l’Association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy (ASANS) qui s’est occupée de toute la paperasse et a signé le bail. Selon le quotidien, le préfet Michel Gaudin, également directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, les services de sécurité ainsi que les communicants du futur candidat ont également visité les locaux.

Quid de ses probables adversaires ? Pas encore déclaré candidat, François Hollande – président de la République sortant – retournera-t-il dans son hôtel particulier de 1 000 mètres carrés de la rue de Ségur dans le 7e arrondissement ? Quant à Marine Le Pen, elle prépare la bataille dans le très chic 16e. Loin du siège officiel du FN à Nanterre.

Impôts : le prélèvement à la source aura lieu quelle que soit l’issue de 2017

La révolution aura lieu. Quoi qu’il arrive, quelle que soit la majorité en 2017. Le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2018, ne sera pas remis en cause après la présidentielle 2017, a assuré le secrétaire d’État au Budget Christian Eckert dans un entretien à paraître dimanche.

« Nous prenons les dispositions nécessaires pour que cette réforme entre en vigueur en 2018 », a-t-il déclaré dans les quotidiens régionaux du groupe Ebra. « Je suis persuadé que personne ne reviendra sur cette réforme, parce qu’elle est souhaitée par les Français, et qu’elle est souhaitable, juste et moderne », a-t-il ajouté.

Une grande majorité de Français favorable

Une présentation par Eckert du projet de prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, prévue mercredi en conseil des ministres, a dû être reportée en raison de l’attentat dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray. Ce projet consiste à ce que l’impôt sur le revenu soit prélevé dès 2018 par l’employeur, sur la base d’un taux d’imposition calculé et transmis par l’administration fiscale. Selon un sondage réalisé par Odoxa pour FTI Consulting, Les Échos et Radio Classique publié en juin, les deux tiers des Français (65 %) sont favorables au prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.

Le texte devrait être soumis aux parlementaires « dans la deuxième quinzaine du mois d’août », selon Bercy.

Nice : le rapport de l’IGPN « flou » sur le dispositif de sécurité

Le rapport de la « police des polices » sur le dispositif de sécurité à Nice le soir de l’attaque de la Promenade des Anglais « reste flou » sur son évolution dans la soirée et ne répond pas à toutes les questions, estime ce jeudi Les Républicains. Le rapport de l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) « reste flou sur l’évolution du dispositif heure par heure » et « ne répond pas à la question: quel était l’état exact du dispositif au moment de l’attaque meurtrière ? », asure un communiqué de LR.

Un rapport demandé par l’Intérieur

Compte-tenu du risque d’attentat élevé et de l’état d’urgence, « pourquoi n’a-t-il pas été fait droit à la demande du préfet de mise à disposition d’une unité de force mobile comme cela avait été le cas l’année précédente, ainsi que le mentionne le rapport ? », écrit par ailleurs le secrétaire général adjoint de LR Sébastien Huyghe, en demandant : « l’absence de telles unités opérationnelles a-t-elle un lien avec leur surmobilisation pour sécuriser les fan-zones de l’Euro ? ».

LR note également que « ce type d’enquête, quelle que soit la grande qualité des inspecteurs chargés de la mener, ne peut pas être qualifiée d’+indépendante+ car l’IGPN dépend directement du directeur général de la Police nationale, lui-même placé directement sous l’autorité du ministre de l’Intérieur ». Face aux polémiques, Bernard Cazeneuve avait demandé le 21 juillet un rapport à l’IGPN sur ce dispositif de sécurité, qui n’avait pu empêcher Mohamed Lahouaiej Bouhlel de foncer avec un camion dans la foule, tuant 84 personnes.

À la une ce jeudi 28 juillet…

Sécurité – Le président s’entretient avec les parlementaires ayant travaillé sur les possibilités de constitution d’une Garde nationale en France.

En parallèle, l’enquête se poursuit après l’assassinat d’un prêtre dans une église par deux djihadistes dont l’un n’a pas encore été identifié, un nouvel attentat qui pèse sur la cohésion du pays. La marche blanche en hommage au prêtre décédé prévue ce jeudi a été annulée à Saint-Etie

nne-du-Rouvray pour des raisons de sécurité.

Brexit – Déclaration commune de Jean-Marc Ayrault, ministre des Affaires étrangères et du développement international, et de son homologue britannique, Boris Johnson, au Quai d’Orsay.

Social – Les syndicats SNPNC-FO et Unsa-PNC appellent les hôtesses et stewards d’Air France à la grève du 27 juillet au 2 août inclus pour « peser sur les négociations en cours concernant leurs rémunérations et règles de travail ». Pour le deuxième jour de ce mouvement de protestation, la compagnie prévoit d’assurer près de 80 % de ses vols en moyenne, un peu moins qu’au premier jour,

Justice – Salah Abdeslam, seul survivant du commando des attentats du 13 novembre, demande au Conseil d’Etat la suspension de sa mise sous vidéosurveillance en invoquant une atteinte illégale à sa vie privée. En première instance il avait été débouté de sa demande par le tribunal administratif de Versailles. L’Assemblée nationale a depuis voté le 20 juillet une base légale à la vidéosurveillance de détenus comme Abdeslam qui était juridiquement contestée par ses avocats.

Zapping du « Point » – « Je suis Uber » : la campagne qui tombe très mal

À 9 h 45 ce matin, deux terroristes d’une vingtaine d’années, en possession d’armes blanches et d’une ceinture d’explosifs factice, sont entrés dans l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray et ont retenu en otage cinq personnes. Avant d’être abattus par la police, les assaillants ont égorgé Jacques Hamel, un prêtre âgé de 84 ans, alors qu’un autre otage est encore entre la vie et la mort. L’attaque a été revendiquée par l’Amaq, l’agence de presse officielle du groupe État Islamique. Dépêché sur place, François Hollande a déclaré devant la presse : « Nous sommes face à un groupe, Daech, qui nous a déclaré la guerre. Nous devons mener cette guerre, par tous les moyens, dans le respect du droit, ce qui fait que nous sommes une démocratie », en demandant parallèlement « la cohésion de tout le pays ». À moins de 24 heures de l’ouverture des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) à Cracovie, Monseigneur Georges Pontier a demandé aux catholiques de ne céder ni à la violence, ni à la haine, ni à la vengeance.

Dans le reste de l’actualité, nouveau coup dur pour l’entreprise de transport Uber, qui est désormais interdite en Hongrie. Pour dénoncer cette mesure gouvernementale, le géant américain a répliqué en créant un spot publicitaire qui a pour slogan : « Je suis Uber. » Une stratégie marketing critiquable au vu du contexte actuel.

Enfin, l’avion solaire Solar Impulse 2 a bouclé le premier tour du monde – soit près de 40 000 kilomètres – sans la moindre goutte de carburant. Une prouesse technologique, mais qui met aussi en lumière les limites de cette énergie renouvelable.

Le gouvernement en séminaire pour préparer la rentrée

Un séminaire gouvernemental s’est ouvert samedi à l’Élysée vers 10 heures sous la présidence de François Hollande pour définir les « priorités de la rentrée », a indiqué l’Élysée à l’AFP. « L’ordre du jour, c’est de définir les priorités de la rentrée. En matière de sécurité, de défense, de justice, avec le contexte d’aujourd’hui », celui de l’attentat du 14 juillet à Nice, qui a fait 84 morts, a indiqué l’entourage de François Hollande. Trois autres domaines seront étudiés : « l’Europe, dans le contexte du Brexit ; la consolidation économique ; et l’engagement, la participation, autour de la réserve citoyenne », a-t-on indiqué de même source.

« Il n’y a pas d’ordre du jour formel, c’est un moment d’échange, de réflexion, pour définir les priorités de la rentrée », mais ce n’est pas « décisionnel », a-t-on indiqué de même source, rappelant qu’il y a encore « deux conseils des ministres » à l’agenda avant la pause estivale.

Lors du compte-rendu du Conseil des ministres, mercredi, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll avait indiqué que « l’ordre du jour de ce séminaire, c’est ce qui s’est passé la semaine dernière, l’état d’urgence, mais aussi la préparation de l’ensemble du travail parlementaire et gouvernemental sur la fin de l’année, avec une loi de finances, et la préparation de la position française sur la question européenne » après le Brexit. Le dernier séminaire de ce type s’était tenu le 19 décembre 2015, un mois après les attentats de novembre, une semaine après le second tour des régionales. Trois autres séminaires gouvernementaux s’étaient tenus en 2015.

Turquie : Erdogan dit à Ayrault de « se mêler de ses affaires »

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a demandé mercredi au ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault de « se mêler de ses affaires », dans une interview à Al-Jazeera. Le chef de la diplomatie française avait réclamé dimanche le respect de l’État de droit en Turquie, refusant tout « chèque en blanc » au président Erdogan, qui a lancé une vaste purge au lendemain d’un coup d’État raté. « Il devrait se mêler de ses affaires », a déclaré Recep Tayyip Erdogan dans une interview à Al-Jazeera.

Vaste purge

« Est-ce qu’il a l’autorité pour faire ces déclarations à mon propos ? Non, il ne l’a pas. S’il veut une leçon de démocratie, nous pouvons aisément la lui donner », a-t-il poursuivi. Jean-Marc Ayrault avait estimé qu’il « fallait condamner le coup d’État en Turquie, c’est la moindre des choses ». Mais « nous voulons que l’État de droit fonctionne pleinement, ce n’est pas un chèque en blanc pour Recep Tayyip Erdogan », avait-il ajouté. « Il ne faut pas faire de purges. Ceux qui ont porté atteinte à la démocratie doivent pouvoir être poursuivis dans le cadre de l’État de droit », a répété Jean-Marc Ayrault.

La vaste purge engagée en Turquie a suscité de nouvelles critiques mercredi du porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, selon qui « presque quotidiennement, de nouvelles mesures sont prises, qui sont contraires à un mode d’action respectant l’État de droit ». Le secrétaire d’État américain John Kerry a toutefois apporté le soutien américain à Recep Tayyip Erdogan, refusant de « commenter » les purges opérées par Ankara.

Mais où est donc passé le (vrai) maire de Nice ?

Qu’est devenu le maire de Nice Philippe Pradal ? Notre journaliste Emmanuel Berretta s’en inquiétait le 16 juillet en postant un message en forme d’avis de recherche sur Twitter.

On est toujours sans nouvelle du maire de #Nice, Philippe Pradal. Disparu du paysage sous le phénomène « éclipse Estrosi » #avisderecherche

— emmanuel berretta (@Eberretta) 16 juillet 2016

Christian Estrosi a été maire de Nice de 2008 à 2016, année où il est élu président de la région Paca et est donc rattrapé par la loi sur le cumul des mandats. Il démissionne et laisse son fauteuil de maire à son premier adjoint, Philippe Pradal. Ce Niçois pur jus est entré en politique sur la liste de Christian Estrosi et a été au conseil municipal. Il est également devenu, par la même occasion, secrétaire général de l’association des amis du maire. Un fidèle donc, qualifié par Nice-Matin, au moment de son intronisation à la mairie, d’« homme de l’ombre, discret, besogneux. Un calme pendant la tempête ».

FRANCE-ATTACKS-NICE © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT FRANCE-ATTACKS-NICE © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT
French Interior Minister Bernard Cazeneuve (C) arrives to speak to the media next to Mayor of Nice Philippe Pradal (L) in Nice early on July 15, 2016 as he visits the area where a truck ploughed into a crowd of people during Bastille Day celebrations. / AFP PHOTO / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

La tempête c’était le 14 Juillet sur la promenade des Anglais. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’« homme calme » est en effet très « discret ». Il apparaît en première ligne aux côtés de Bernard Cazeneuve et d’Adolphe Colrat, le préfet des Alpes-Maritimes. Mais cette nuit tragique et les jours suivants, le maire ne pipe mot. Silence médiatique. C’est son premier adjoint et mentor Christian Estrosi qui occupera la scène médiatique et alimentera la polémique sur les défaillances de l’État, selon lui, dans le dispositif de sécurité du feu d’artifice.

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Il faut dire que l’ancien maire a fait de la sécurité la priorité de ses mandats, que sa ville est la plus vidéosurveillée de France. Mais les 1 250 caméras disséminées dans la ville devaient permettre à Estrosi d’affirmer au Point que les soixante-quatre policiers annoncés par l’État pour sécuriser la promenade n’étaient pas au rendez-vous. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve lui répondait ce mercredi matin dans une interview au Monde. « Nous avons reconstitué la liste de tous les policiers nationaux qui étaient sur le terrain à partir des mains courantes attestant de leur engagement. Ils étaient quatre-vingt-cinq à 19 heures, quatre-vingt-neuf à 20 heures, quatre-vingt-douze à 21 heures et soixante-quatre entre 22 heures et 23 heures. Je tiens ce tableau récapitulatif des présences à la disposition de la justice. »

Bon, mais Philippe Pradal ? N’a-t-il rien à dire ? La réponse est dans Le Canard enchaîné, repérée par Le Lab d’Europe 1. Pradal n’a rien à dire, car, selon des propos qu’il a tenus à un de ses administrés, « c’est simple, je fais ce qu’Estrosi me demande. Et il ne me demande rien ». Il suffisait de demander.

Attentat de Nice : Estrosi en fait-il trop ?

Quelle mouche a donc piqué Christian Estrosi pour attaquer ainsi bille en tête les carences du gouvernement sur la sécurité, quelques heures seulement après l’attentat qui a frappé Nice ? Y voir une réaction émotionnelle du patron de la métropole azuréenne au drame qui a touché sa ville chérie, une défausse de responsabilité, une polémique politicienne, voire un positionnement tactique en vue de l’élection présidentielle, est un peu court.

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Car le contentieux est bien antérieur à ce tragique 14 juillet. Il y a un an, presque jour pour jour, l’édile, dans ces colonnes, se plaignait déjà que l’État rogne des effectifs en matière de police et menaçait de faire appel à des vigiles privés. Ce qu’il a fait pour protéger la fan-zone de l’Euro, la ville de Nice ayant recouru à 124 agents de sécurité privée, installé à ses frais des portiques et dix caméras supplémentaires, bref, investi au total 1,2 million d’euros – près de la moitié du budget qu’elle allouait à la compétition – sur ce poste.

Pommes de discorde

Christian Estrosi et le préfet des Alpes-Maritimes, Adolphe Colrat, sont engagés dans un bras de fer qui dure. Il y a un mois et demi, dans un entretien qu’il nous avait accordé pour un numéro spécial Nice du Point, le premier ne mâchait pas ses mots contre le second, coupable à ses yeux d’être « favorable à l’ouverture d’un lieu de culte au bénéfice d’une mouvance salafiste [la mosquée En-Nour, NDLR]. Soit M. Valls accepte que son préfet ne respecte pas ce qu’il a affirmé, qui plus est en état d’urgence, précisait Christian Estrosi, soit le préfet exécute les instructions du gouvernement à l’encontre de l’intégrité du territoire national et de notre région. »

Objet du litige : l’installation de la mosquée En-Nour, contre laquelle bataille la municipalité, arguant du fait que ce bâtiment – que la ville veut transformer en crèche – est propriété du ministre saoudien des Affaires islamiques. Le président de la métropole niçoise a proposé l’ouverture d’un autre lieu de culte, mais le préfet a autorisé la mosquée En-Nour, et le Conseil d’État a tranché en sa faveur.

Ce n’est pas le seul litige qui oppose les deux hommes. Le baron niçois avait même demandé en octobre, lors des Rencontres de la sécurité sur la promenade des Anglais – propos rapportés par Nice-Matin – et sur Twitter, la tête du préfet, parce que celui-ci avait vertement critiqué sa gestion des rythmes scolaires. « Je ne suis pas en guerre contre le préfet, nous précisait Christian Estrosi en juin dernier. Je suis dans un rapport de force avec un gouvernement qui fait le contraire de ce qu’il dit. »

L’enjeu de la sécurité pour contrer le FN

Une opposition musclée qui s’est exprimée récemment aussi avec le logiciel de reconnaissance faciale mis au point par la métropole niçoise, et garantissant, selon son patron, qu’« aucune personne fichée S ne pourra circuler dans Nice sans être identifiée et neutralisée ». Le gouvernement n’a pas donné suite. « Je suis déçu par cette attitude peu responsable », lâchait Christian Estrosi au Point en juin.

L’homme, qui a fait de la sécurité un axe fort de sa politique, a toujours été un ardent promoteur des polices municipales. Celui qui est, par ailleurs, président de la commission consultative des polices municipales – auprès du ministre de l’Intérieur – se démène depuis longtemps pour accroître les moyens d’action de ces agents, notamment l’autorisation de leur armement. Il a fait de Nice une ville en pointe en la matière, ne cessant d’augmenter les effectifs des policiers et les dotant des équipements les plus modernes, en premier lieu un « centre de supervision urbaine » ultramoderne, pilotant 24 heures sur 24 les 1 250 caméras qui font de Nice la ville la plus vidéosurveillée de France. Et le politique n’a jamais hésité à faire des déclarations musclées sur le sujet.

Sur un territoire où le FN – dont des responsables ex-Identitaires – est en progression constante, les élections les unes après les autres se jouent sur cet enjeu. Et celui-ci, évidemment, après l’attentat du 14 juillet, structurera plus que jamais la vie locale et les scrutins, dans les prochaines semaines. Avec, au coeur du débat, des communautarismes exacerbés. En toile de fond, la bataille politique, à la lisibilité simple, entre un territoire de droite et un gouvernement de gauche, sans oublier le match picrocholin entre une grande métropole régionale – rattachée récemment (1860) à la France – et la capitale jacobine du pays. Et en ligne de mire, l’élection présidentielle de 2017.

Fenech : « Sous prétexte d’unité nationale, on esquive les vraies questions »

Le Point.fr : Considérez-vous qu’il y a eu un véritable manque de sécurité lors du feu d’artifice de Nice ?

Georges Fenech : Pour l’instant, il serait prématuré de se faire une idée précise. Concernant l’individu, on ne pourra jamais anticiper un acte isolé et spontané. Mais la question que je me pose, comme tout le monde d’ailleurs, c’est comment ce semi-remorque a pu pénétrer dans cette zone piétonne. C’est invraisemblable. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas eu plus de protection, car les barrières ne suffisent pas, on le sait très bien. Christian Estrosi a également pointé du doigt la faiblesse du système policier.

Si Christian Estrosi avait des doutes sur la sécurité mise en place, aurait-il mieux valu annuler l’événement ?

Non, je ne pense pas qu’il fallait annuler. Malgré les menaces, on n’a pas annulé les fan-zones ou le feu d’artifice à Paris du 14 Juillet.

En période d’état d’urgence, les grands événements comme ceux-là sont-ils souhaitables ?

Moi, j’étais plutôt pour l’interdiction de grandes fan-zones comme celles de Paris. On a pris beaucoup de risques. Heureusement, tout s’est bien passé. Mais nous savons très bien que les menaces sont toujours là. Il ne faut malheureusement pas croire que Nice sonne la fin des attentats. Il y en aura d’autres. Il faut véritablement prévoir des protections plus efficaces que celles qui ont été utilisées à Nice, c’est certain.

L’état d’urgence n’a plus d’intérêt, il ne nous protège plus

Vendredi soir, Manuel Valls et Bernard Cazeneuve se sont contredits à propos de l’assaillant…

(Il coupe.) C’est pour cela qu’il faut être prudent quand on parle sur ce sujet. Tant que l’on n’a pas les résultats de l’exploitation de tout ce qui a été saisi à son domicile, il faut rester prudent. Je ne veux pas enfoncer le clou, la situation est difficile. Bernard Cazeneuve doit avoir moins d’informations, ou plus de prudence, que Manuel Valls. Évidemment, il vaut mieux parler d’une seule voix au sein du gouvernement, mais il ne faut pas en faire un plat.

Vous paraissez plus tempéré que certains de vos collègues de droite qui n’ont pas attendu bien longtemps après le drame pour s’en prendre au gouvernement… N’y avait-il pas là un manque de décence ?

Écoutez… Tout le monde a été extrêmement choqué par cet attentat d’un nouveau genre, qui est un carnage innommable. Les responsables politiques sont des hommes, et il y a un moment où l’on peut sortir un peu de ses gonds. Mais, oui, évidemment, ils doivent mesurer leur parole.

Cela dit, le gouvernement ne peut pas échapper à une critique. Ils sont dans le « bis repetita ». Le pouvoir nous sort exactement les mêmes réponses que le 16 novembre devant le Congrès : « état d’urgence », « force Sentinelle » et « accélération des frappes ». C’est bien la preuve que l’on est au bout du bout, qu’il n’y a plus aucune offre politique pour lutter contre le terrorisme. Par exemple, même si je le revoterai, l’état d’urgence n’a plus d’intérêt, il ne nous protège plus. Les perquisitions ne donneront pas plus que ce qu’elles ont donné jusqu’à maintenant… On ne lutte pas contre le terrorisme en faisant du flagrant délit, ce n’est pas vrai. Le travail doit se faire en profondeur.

Certains, comme Frédéric Lefebvre, préconisent même l’état de siège…

Non, non, mais après, on peut se lancer dans toutes les surenchères que l’on voudra, ça ne fera jamais avancer les solutions. Il vaut mieux en appeler au courage politique d’imposer des réformes absolument souhaitables. Non, il faut arrêter l’état d’urgence. Même la force Sentinelle n’a pas vocation à durer dans le temps.

Nos dispositifs doivent changer de nature, car nous ne sommes plus dans les schémas des années 80 où le terrorisme était localisé, identifié, revendiqué.

Vous avez déclaré qu’il fallait « tout revoir dans la lutte contre le terrorisme ». Qu’entendez-vous par là ?

Quand je dis cela, certains, comme Cambadélis, m’accusent de faire de la récupération sur le dos des victimes. Moi, j’ai plutôt le sentiment qu’on essaye d’esquiver de vraies questions, aussi sur le dos des victimes, sous prétexte d’unité nationale. J’ai l’impression qu’on veut bâillonner tous ceux qui ont des idées, et notamment ceux qui ont travaillé dans cette commission d’enquête pendant cinq mois. Il n’y a plus de débat. C’est la raison pour laquelle je dis qu’on est dans une forme de chute des responsabilités alors que l’on va aller vers plus d’attentats et plus de victimes.

Pendant cinq mois, nous avons réalisé une enquête très approfondie, avec l’audition des responsables de tous les services français et aussi européens. Nous avons rencontré nos homologues du renseignement à Ankara, à Athènes, à Bruxelles, à Tel-Aviv, à Washington… Nous sommes désormais convaincus que nos dispositifs doivent changer de nature, car nous ne sommes plus dans les schémas des années 80 où le terrorisme était localisé, identifié, revendiqué.

LIRE aussi Attentats : renseignement, terrorisme… Ce qu’il faut retenir du rapport de la commission Fenech

Vous semblez préconiser un véritable changement de paradigme ?

C’est évident. Il faut voir la réalité en face : nous avons des services qui ont des cultures remontant aux brigades du Tigre ! Nous ne sommes pas encore entrés dans le XXIe siècle. On n’ose pas toucher à l’existant, parce que cela heurte des prés carrés, cela heurte des cultures bien ancrées depuis toujours. C’est ce que nous dit Bernard Cazeneuve : il faudrait stabiliser l’état des réformes parce que nos services ne supporteraient pas un grand soir. Je suis désolé, mais ce sont quand même les représentants légitimement élus qui doivent impulser des réformes et qui doivent les imposer aux administrations. Voire changer les hommes à leur tête si ça ne suit pas derrière. Pendant ce temps-là, on a en face de nous des terroristes, des mafieux, des organisations du crime organisé qui se jouent totalement de nos faiblesses.

Quelles propositions faites-vous alors pour moderniser le logiciel ?

Nous avons mis la barre haut dans nos 40 propositions, car, avec Sébastien Pietrasanta, nous avons vite compris qu’il n’y avait plus d’autres alternatives. Nous devrions, par exemple, nous inspirer de ce qu’ont fait les États-Unis après le 11 septembre 2001 et commencer une restructuration en profondeur des services de renseignements. En France, ils détiennent chacun une partie des informations. Il y a, certes, des partages, mais ce que l’on demande, c’est une coordination au niveau du chef de l’État. Le ministre de l’Intérieur n’a pas autorité sur ses collègues les ministres de la Défense et du Budget… Nous demandons donc un véritable directeur national du renseignement avec une triple mission : le partage des informations, être capable d’analyser le niveau de la menace et être en capacité de mener une véritable stratégie de contre-terrorisme. Et, bien sûr, il faut aussi une base commune européenne : il est absolument nécessaire qu’Europol monte en puissance.

L’enquête de la commission n’a, semble-t-il, pas convaincu le ministre de l’Intérieur…

Nous avons l’impression que le pouvoir s’en contrefiche. Dès la publication de nos propositions, Bernard Cazeneuve nous a envoyés dans les cordes à l’Assemblée en parlant de nos mesures comme étant du « plum pudding », alors qu’il n’avait pas parcouru le dossier. Sébastien Pietrasanta, qui l’avait interrogé, s’est pris cela en pleine figure et l’a très mal pris. Le lendemain, Bernard Cazeneuve nous a reçus au petit déjeuner dans un souci d’apaisement, mais il a rejeté toute idée de réforme un tant soit peu profonde du système de renseignement. Il nous a même dit, avec une pointe d’humour, ou plutôt d’ironie : « Je souhaite bien du plaisir à mon successeur s’il veut se lancer dans cette aventure. » À partir de là, il n’y a plus de dialogue possible puisqu’on nous fait comprendre que c’est irréaliste et infaisable.