Mais où est donc passé le (vrai) maire de Nice ?

Qu’est devenu le maire de Nice Philippe Pradal ? Notre journaliste Emmanuel Berretta s’en inquiétait le 16 juillet en postant un message en forme d’avis de recherche sur Twitter.

On est toujours sans nouvelle du maire de #Nice, Philippe Pradal. Disparu du paysage sous le phénomène « éclipse Estrosi » #avisderecherche

— emmanuel berretta (@Eberretta) 16 juillet 2016

Christian Estrosi a été maire de Nice de 2008 à 2016, année où il est élu président de la région Paca et est donc rattrapé par la loi sur le cumul des mandats. Il démissionne et laisse son fauteuil de maire à son premier adjoint, Philippe Pradal. Ce Niçois pur jus est entré en politique sur la liste de Christian Estrosi et a été au conseil municipal. Il est également devenu, par la même occasion, secrétaire général de l’association des amis du maire. Un fidèle donc, qualifié par Nice-Matin, au moment de son intronisation à la mairie, d’« homme de l’ombre, discret, besogneux. Un calme pendant la tempête ».

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French Interior Minister Bernard Cazeneuve (C) arrives to speak to the media next to Mayor of Nice Philippe Pradal (L) in Nice early on July 15, 2016 as he visits the area where a truck ploughed into a crowd of people during Bastille Day celebrations. / AFP PHOTO / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

La tempête c’était le 14 Juillet sur la promenade des Anglais. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’« homme calme » est en effet très « discret ». Il apparaît en première ligne aux côtés de Bernard Cazeneuve et d’Adolphe Colrat, le préfet des Alpes-Maritimes. Mais cette nuit tragique et les jours suivants, le maire ne pipe mot. Silence médiatique. C’est son premier adjoint et mentor Christian Estrosi qui occupera la scène médiatique et alimentera la polémique sur les défaillances de l’État, selon lui, dans le dispositif de sécurité du feu d’artifice.

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Il faut dire que l’ancien maire a fait de la sécurité la priorité de ses mandats, que sa ville est la plus vidéosurveillée de France. Mais les 1 250 caméras disséminées dans la ville devaient permettre à Estrosi d’affirmer au Point que les soixante-quatre policiers annoncés par l’État pour sécuriser la promenade n’étaient pas au rendez-vous. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve lui répondait ce mercredi matin dans une interview au Monde. « Nous avons reconstitué la liste de tous les policiers nationaux qui étaient sur le terrain à partir des mains courantes attestant de leur engagement. Ils étaient quatre-vingt-cinq à 19 heures, quatre-vingt-neuf à 20 heures, quatre-vingt-douze à 21 heures et soixante-quatre entre 22 heures et 23 heures. Je tiens ce tableau récapitulatif des présences à la disposition de la justice. »

Bon, mais Philippe Pradal ? N’a-t-il rien à dire ? La réponse est dans Le Canard enchaîné, repérée par Le Lab d’Europe 1. Pradal n’a rien à dire, car, selon des propos qu’il a tenus à un de ses administrés, « c’est simple, je fais ce qu’Estrosi me demande. Et il ne me demande rien ». Il suffisait de demander.