Mois : mai 2016

Loi travail – La CGT en un combat douteux ?

Le porte-parole du groupe PS à l’Assemblée, Hugues Fourage, a apporté un soutien sans faille au gouvernement sur le dos de la CGT accusée d’avoir choisi une « stratégie de tension (…) vouée à l’échec ». « La stratégie de tension qu’a choisie la CGT est, à notre avis, vouée à l’échec. Elle pénalise les Français qui ne peuvent pas se déplacer, elle freine la reprise et elle donne de la France, au moment même où nous allons accueillir des millions de visiteurs, l’image d’un pays paralysé conforme aux pires clichés du french bashing, a déploré Hugues Fourage lors d’un point de presse.

Et enfonçant le clou, il a ajouté que le groupe socialiste était « pleinement solidaire du gouvernement contre ceux qui tentent de bloquer le pays ». Il a également exclu l’idée d’un référendum sur le projet de loi de travail, piste avancée par certains au PS, comme Arnaud Montebourg, pour sortir du conflit. « Il est hors de question de mettre le débat parlementaire entre parenthèses, a-t-il expliqué, sans faire référence à l’utilisation du 49.3 pour faire passer le texte en première lecture. On ne peut pas vouloir réhabiliter le Parlement et l’exclure au premier conflit », a-t-il ajouté.

Le groupe souhaite que « le travail continue après le Sénat » et qu’« on puisse comparer les différences entre les uns et les autres ». « Le débat au Sénat va rendre justice à notre texte équilibré », veut croire M. Fourage.

»Une grande victoire pour la CGT » (Chassaigne)

Autre son de cloche du Front de gauche, cette fois, qui a rendu hommage à l’action de la CGT. Le chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne, a réaffirmé son hostilité au texte et a souhaité que « le mouvement social continue et puisse s’amplifier, c’est très, très important pour faire bouger le gouvernement ». « En aucun cas », a ajouté ce député communiste, son groupe « ne peut envisager de faire entrer dans la loi le renversement de la hiérarchie des normes » induit par l’article 2 du texte, « avec la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche ». Sur une éventuelle réécriture de cet article-clé, le député du Puy-de-Dôme a refusé par avance ce qui ne serait que de « l’habillage » et a considéré « quasiment impossible » un avis a priori des branches professionnelles, notamment « car il y a environ 35 000-36 000 accords par an ».

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Sur la reprise du dialogue entre la CGT et le Premier ministre, le chef de file des députés Front de gauche a répondu : « Si le dialogue peut reprendre, tant mieux », car « il est indispensable d’écouter toutes les organisations syndicales, et pas seulement l’une d’entre elles », allusion à la CFDT. Il a rappelé que, « dans de grandes périodes de l’histoire où il y a eu des luttes, comme en 1936 et en 1968, cela s’est terminé par les organisations syndicales autour de la table avec le gouvernement ».

« S’il y a une négociation, ce sera une grande victoire, notamment pour la CGT et pour Philippe Martinez, que la mobilisation sociale contre la loi travail » ait abouti à cela, a estimé l’élu PCF. Le député a aussi souhaité que « la CGT continue dans la voie prise depuis plusieurs semaines », qualifiant d’« aide importante dans (leur) combat politique » qu’« une organisation syndicale mobilise le plus grand nombre dans des luttes sociales ».

André Rousselet : mort de l’homme aux mille vies

Par quels jeux du hasard et de l’ambition le sous-préfet de Condom dans le Gers, fils d’un haut magistrat catholique, a-t-il réussi dans les affaires tout en restant au cœur de la nébuleuse mitterrandienne ? Ce joueur d’échec pour qui « la politique était aux antipodes des affaires » a su pourtant surfer pour rester longtemps à la confluence des deux. Dans les nombreuses interviews qu’il accordait dans sa période de gloire à Canal+(1986-1994), celle où il collectionnait les distinctions (manager de l’année, des médias, Emmy Award…), il a reconnu que s’il n’avait pas été dans les bagages de Mitterrand, il n’aurait pas été bombardé en 1982 patron d’Havas, alors entre les mains de l’État. Et il n’aurait pas trouvé dans les cartons de la grande agence de communication le projet de chaîne cryptée, le futur Canal+, concocté par un certain Leo Scheer passé depuis dans le monde de l’édition. Il n’empêche, sans la poigne de fer et le flair inouï d’André Rousselet, Canal+ n’existerait pas. Homme rigoureux et inflexible, il n’a pas hésité à s’entourer d’une bande de joyaux lurons qui allait réinventer la télé (les Farrugia, De Caunes, Gildas, De Greef, Denisot, sans oublier le premier d’entre eux, son fils spirituel, Pierre Lescure). Le mélange des genres, entre politique et affaires, est résumé tout entier dans la formule « Édouard m’a tuer » parue à la une du Monde, où Rousselet s’en prenait au Premier ministre d’alors, Édouard Balladur, qui avait manigancé son éviction, en 1994, de la présidence de Canal+.

« Je ne suis pas socialiste »

« Je ne suis pas socialiste », aimait à dire celui qui n’a jamais pris sa carte du PS. S’il n’était pas socialiste, il était à fond mitterrandien. La première rencontre entre les deux hommes se serait produite en 1950, à la Guadeloupe. François Mitterrand, ministre de la France d’outre-mer, découvre alors le jeune sous-préfet de Pointe-à-Pitre, André Rousselet, qui avait échoué là après l’Ariège, l’Aube et le Gers. Quand François Mitterrand devient ministre de l’Intérieur, en 1954, il se rappellera de ce fonctionnaire qui s’était illustré en Guadeloupe en s’opposant à des bourrages d’urnes, ce qui lui avait valu des remontrances de sa tutelle. Mitterrand en fait son chef de cabinet.

À partir de là, les deux hommes ne se quitteront plus. Rousselet ira à la Justice (1956-1957) et, comme trésorier et organisateur, sera de toutes les campagnes présidentielles en 1965, 1974 et bien sûr 1981. Mitterrandien, il n’appartenait pas au premier cercle de l’ancien président, comme les Georges Dayan ou Patrice Pelat. Il était un fidèle, quelqu’un qui comptait, c’était tout et c’était déjà beaucoup. Le président était invité quand il le voulait dans la villa de Rousselet sur la Côte d’Azur, les deux hommes se voyaient souvent, tous les lundis, ils faisaient un parcours au golf de Saint-Cloud. Sur le tard, c’est Rousselet que François Mitterrand désignera, peu avant sa disparition, comme exécuteur testamentaire. Une marque extrême de confiance.

« Vous n’êtes pas fait pour la politique », aurait dit un jour François Mitterrand à Rousselet. Sans jamais s’en détacher, ce dernier n’en a jamais fait non plus son activité principale. Une seule fois, il a franchi le pas, par fidélité, en se faisant élire, en 1967, député de Haute-Garonne, avec l’étiquette FGDS, siège qu’il perdra un an plus tard avec la vague bleue de juin 1968. L’opération ne sera pas renouvelée. Pour Rousselet, la politique, c’était d’abord l’ombre de Mitterrand. C’était assurer la dimension matérielle et tirer les ficelles. Le lendemain de l’élection gagnée du 10 mai, il confie au nouveau président qu’il ne vise aucun ministère, qu’il veut rester à ses côtés, à l’Élysée. Un poste est inventé pour lui, directeur de cabinet, poste qu’il occupera seulement quinze mois avant d’aller chez Havas (1982). « La politique, disait Rousselet, cela ne peut réussir que dans le flou artistique. » En fait, la décision politique la plus marquante de Rousselet, la seule peut-être, ce n’est pas de s’être placé dans le sillage de Mitterrand, c’est d’avoir quitté la préfectorale quand de Gaulle est revenu au pouvoir en 1958. Il faut dire qu’alors il n’était guère en odeur de sainteté chez les gaullistes. Il aurait dû être nommé directeur des abattoirs de La Villette et, au dernier moment, Michel Debré, alors Premier ministre, avait annulé le décret.

Changer de vie

Que faire quand on renonce à l’administration ? Rousselet n’a fréquenté ni Polytechnique, ni l’ENA et possédait pour tout viatique une licence en droit. Comme son mentor a été, un temps, déconsidéré par l’affaire de l’Observatoire (1959), il lui fallait changer de vie. Grâce à une petite annonce, il décroche un job aux relations extérieures de Simca, tout occupé alors à faire décoller son Ariane. C’est là que l’ancien préfet repère une affaire. Simca possède une flotte de taxis (150) qui ne cesse de perdre de l’argent. Rousselet persuade la direction qu’il peut rétablir les comptes. « Si c’est cela, lui dit-on en substance, on te passe l’entreprise ». En 1963, Rousselet qui n’avait pas un sou vaillant, va voir les banques et, habile négociateur, monte des tours de table à son avantage. On connaît la suite. La petite entreprise deviendra la G7 qui, aujourd’hui encore, fait tourner la moitié des taxis parisiens. Elle est gérée par l’un de ses fils, Nicolas, un HEC de 52 ans qui dirige aussi le loueur de voitures Ada (Son autre fils Philippe est producteur de cinéma). En position de monopole, la G7 est aujourd’hui en pointe contre l’arrivée de nouveaux venus sur le marché, les VTC et autres Uber. C’est un exemple caricatural de mélange des genres entre politique et affaires : la réussite de la G7 a toujours été tributaire d’excellentes relations avec le ministère de l’Intérieur – c’est là que sont fixées les règles gouvernant les taxis. La société, qui jouit d’une incomparable rentabilité, permet à la famille Rousselet, avec 200 millions d’euros, de figurer au 273e rang des fortunes professionnelles du magazine Challenges. L’argent gagné avec les taxis a permis à Rousselet de se lancer dans d’autres aventures sans grands lendemains : les chaussures, la distribution, la sécurité, sans oublier une galerie d’art (il était féru de peinture contemporaine). Et que dire des journaux ? Une obsession pour Rousselet, qui n’a cessé de collectionner les bides (Sports magazine, Infomatin, Télévision, Le mensuel…). Mais qui a eu la sagesse, à chaque fois, de s’arrêter à temps pour limiter la casse.

Un nom dans les affaires

Aucun doute, si Rousselet a laissé un nom dans les affaires, c’est bien sûr grâce à Canal+, une spectaculaire réussite. Peut-être parce que c’est là, bien plus qu’à la G7, que Rousselet a donné toute sa mesure. Rusé et brutal (« je tue uniquement si je suis attaqué »), charmeur mais doué d’un humour caustique (« J’ai été plus longtemps garagiste qu’homme politique »), négociateur patient mais parfois emporté (Berlusconi s’en souvient), l’homme agaçait et dérangeait. C’est sûrement grâce à cette personnalité qu’il a réussi à créer Canal+ de toutes pièces.

Aujourd’hui « sa » télé prospère encore (avec plus de 15 millions d’abonnés dans le monde), malgré les attaques du Qatar avec BeIn. On en oublierait presque que l’affaire a failli couler dès les premières années. Car une fois obtenu le feu vert de l’Élysée pour lancer la chaîne cryptée, l’univers télévisuel (les trois chaînes publiques) est complétement dynamité par… l’Élysée en une manœuvre typiquement mitterrandienne. Le président, en autorisant le lancement de chaînes privées (la 5 et la 6), a désarçonné son ami Rousselet au moment où il commençait d’installer Canal+ dans le PAF. Le nombre d’abonnés s’est mis à baisser. La situation était à ce point critique que des proches du président se sont ligués pour couler le projet Canal. En 1984, l’homme d’affaires Jean Riboud, ancien PDG de Schlumberger, devenu conseiller occulte de François Mitterrand et Laurent Fabius, le tout jeune Premier ministre, suggéraient d’abandonner le cryptage et de passer Canal en clair, comme les autres télés. Rousselet s’est accroché comme un fou, obtenant au final de l’Élysée un arbitrage en sa faveur. De cet affrontement, Rousselet avait gardé une rancune tenace contre Fabius (« un incompétent »). En lançant le porno du samedi et le foot à tout crin, en renforçant la couleur anar de sa chaîne (qu’il ne prisait pas toujours à titre personnel) avec les Guignols, les Nuls, sans oublier un pétomane, il a fait de Canal+ un succès international. Et avec sa programmation de films à haute dose, il a placé la chaîne au cœur de l’industrie cinématographique française. Courtisée et abhorrée, la chaîne a affronté de sérieux différends avec les professionnels, avec un Rousselet qui ne refusait jamais la bagarre. Mais ce n’est pas ça qui le fera tomber, il maîtrisait. Non, il tombera par où il était arrivé : la politique.

En 1994, un putsch ourdi par le Premier ministre Édouard Balladur l’évince brutalement de la présidence de Canal+. C’est là qu’il lance son fameux « Édouard m’a tuer ». Après cela, Rousselet, au moindre mouvement de capital autour de « sa » chaîne, ne cessera de sortir de sa boîte en lançant des anathèmes contre les big boss de Vivendi, Jean-Marie Messier, et plus tard Jean-René Fourtou. Rousselet ne pardonnait rien, il avait la rancune tenace. Même Pierre Lescure, son fils spirituel qui lui a succédé en 1994, avait baissé dans son estime pour avoir trop concédé à ses actionnaires. Quand il a été évincé de Canal+, Rousselet avait 72 ans. Trop tard pour prendre une revanche en créant une autre télé. C’est sûrement pour cela que jusqu’au bout, il se souciera du sort de « sa » chaîne, comme s’il ne l’avait jamais quittée.

En marche ! : Emmanuel Macron lance sa campagne de porte-à-porte

En marche !, le mouvement lancé le 6 avril par Emmanuel Macron, débute samedi sa campagne de porte-à-porte, dont l’objectif est de consulter 100 000 personnes d’ici juillet et de livrer un « diagnostic » après l’été. « On est toutes et tous convaincus que le pays est face à des défis qui sont nouveaux et que les partis classiques ne permettent pas totalement de résoudre », explique le ministre de l’Économie dans une vidéo postée samedi sur le compte Facebook de son mouvement.

Selon lui, son mouvement et sa démarche de porte-à-porte doivent contribuer à « construire le camp du progrès ». Il veut mettre l’accent sur le « travail » et les inégalités. « On doit traquer les rentes et recréer une égalité des chances », préconise le populaire ministre de l’Économie. « Cette grande marche, son objectif, c’est d’aller à la rencontre des Français, de faire ce diagnostic du pays en ouvrant une porte, en allant au-devant des autres », explique Emmanuel Macron, qui s’est fixé comme objectif de collecter 100 000 témoignages.

« Plus de 50 000 adhérents »

Ils permettront de nourrir le « diagnostic du pays » que Emmanuel Macron veut présenter « à la fin de l’été », en s’appuyant également sur le travail d’experts. Les « marcheurs » encadrés par des coordinateurs soumettront à leurs interlocuteurs un questionnaire comportant huit questions ouvertes, du type « Qu’est-ce qui marche en France ? ». En marche ! est assisté dans sa démarche par la start-up Liegey Muller Pons, qui se présente comme « la première start-up de stratégie électorale en Europe ». Ses membres fondateurs avaient participé à titre individuel à la campagne de François Hollande pour laquelle cinq millions de portes avaient été frappées.

Le ministre de l’Économie a affirmé mercredi aux Échos que son mouvement comptait d’ores et déjà « plus de 50 000 adhérents », « 12 000 personnes » ayant par ailleurs décidé de participer à l’opération de porte-à-porte. Disant ne pas être « obsédé » par l’élection présidentielle, Emmanuel Macron entend dévoiler « entre l’automne et l’hiver (…) un plan d’action progressiste pour transformer le pays ».

 

Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon : le Conseil d’État annule l’élection de Dominique Reynié

Le Conseil d’État a annulé vendredi pour des raisons d’éligibilité l’élection comme conseiller régional de Dominique Reynié (Les Républicains), chef de file de la droite et du centre en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, un peu plus de 6 mois après le scrutin. La plus haute juridiction administrative a estimé que Dominique Reynié, qui a mené la liste LR-UDI-MoDem aux régionales de décembre 2015, « ne pouvait être regardé comme ayant son établissement principal dans la région » lorsqu’il était candidat, le rendant ainsi inéligible.

Le Conseil d’État « a jugé que Dominique Reynié ne remplissait pas les conditions prévues par le Code électoral pour être éligible comme conseiller régional », notamment celle « d’être domicilié dans la région », ce qui « implique d’avoir son principal établissement » sur place. « Pour justifier de sa domiciliation, le candidat présentait notamment une déclaration de bail portant sur une chambre et ses annexes dans la maison de sa mère à Onet-le-Château » (Aveyron) ainsi que des courriers, contrats et factures correspondant à ce logement, rappelle la juridiction.

Or, selon elle, son installation à Onet-le-Château « était récente et dans des conditions relativement sommaires », son activité professionnelle tout comme ses attaches et logement familiaux étaient toujours en région parisienne. « Je prends acte de la décision du Conseil d’État », a réagi Dominique Reynié auprès de l’Agence France-Presse vendredi. « Je suis très étonné, mais je prends acte, et je suis triste aussi parce que c’est ma région, c’est mon département, j’y suis né, toute ma famille est là », a-t-il ajouté.

« Coup bas »

« C’est un coup bas comme la politique en a le secret, qui vient d’un sénateur républicain », a-t-il poursuivi. « C’est quand même une façon de repousser brutalement depuis l’intérieur celles et ceux qui, depuis la société civile, veulent entrer dans la politique. » La décision fait suite à un recours déposé le 21 décembre 2015 par le sénateur-maire de Castelnau-le-Lez (Hérault) Jean-Pierre Grand, également élu du parti Les Républicains sur la liste rivale conduite par le maire DVG de Montpellier Philippe Saurel.

« Dominique Reynié ne pouvait ignorer les règles de droit que la démocratie impose à tout candidat aux élections. Il a grossièrement tenté de les contourner », a affirmé vendredi dans un communiqué Jean-Pierre Grand. « Sénateur de la République, mon devoir est de les faire respecter. Le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative, a constaté son inéligibilité et invalidé son élection », a-t-il ajouté.

« C’est risible »

Le 18 mai, le rapporteur du Conseil d’État avait demandé l’annulation de l’élection. Dominique Reynié, président du groupe LR-UDI-MoDem au conseil régional, avait alors décidé de « suspendre » jusqu’à la décision sa « participation » aux séances du conseil régional. Cette décision entraîne l’élection de Christophe Saint-Pierre, maire de Millau, « premier candidat non élu de la liste à relever de la même section départementale », c’est-à-dire l’Aveyron, indique le Conseil d’État.

Aujourd’hui, « cela ne change pas grand-chose, un élu de l’Aveyron de droite remplace un élu de l’Aveyron de droite », a estimé Gérard Onesta, tête de liste EELV-FG, allié au second tour avec celle qui est devenue la présidente de région, la socialiste Carole Delga. Mais « cela a faussé la campagne », affirme-t-il, jugeant qu’un autre candidat « aurait pu changer le rapport de force entre droite et extrême droite, et entre droite et centre gauche ». Il s’est dit « extrêmement surpris » que la préfecture et le ministère de l’Intérieur n’aient pas relevé d’incohérences au moment du dépôt des listes de Dominique Reynié. « J’avais demandé et alerté le préfet, comme d’autres, sur le fait que son dossier était très litigieux, pour ne pas dire hors norme », a aussi estimé Louis Aliot, ex-candidat FN aux régionales, qui n’y siège cependant pas. « Un professeur de Sciences Po qui se fait retoquer pour une histoire de domiciliation, c’est risible », a-t-il ajouté.

Le Conseil d’État a en revanche rejeté une autre contestation visant l’ensemble des opérations électorales. La socialiste Carole Delga avait remporté la région au second tour le 13 décembre avec 44,81 %, devant le vice-président du FN (33,87 %) et Dominique Reynié (21,32 %).

Présidentielle 2017 : les délirantes propositions de Robert Ménard

« Oz ta droite » n’est « pas un parti politique » mais un « mouvement de citoyens » assénait en milieu de semaine Robert Ménard. Il avait alors promis de livrer « des propositions, une cinquantaine environ, aux candidats ». Voilà qui est chose faite. Comme révèle le blog Droite(s) extrême(s) du Monde, qui s’est procuré la liste des propositions rédigées par le maire de Béziers, Robert Ménard a établi une liste qui correspond aux tables rondes qui se tiendront dès demain lors des « Rendez-vous de Béziers ». Parmi les propositions, toutes très polémiques, on découvre le « non-renouvellement des titres de séjour tant que le chômage ne sera pas descendu en-dessous de 5% » ou bien encore la réforme de l’Etat civil « pour obliger à la francisation des prénoms ». Le maire de Béziers est également en faveur de la « répression effective du racisme antiblancs » ou bien encore « l’instauration d’une responsabilité personnelle des juges, lorsque la personne qu’ils ont libérée commet un nouveau crime dans un délai de cinq ans après son élargissement », explique Le Monde.

Des tests ADN pour lutter contre les déjections canines

Habitué des propositions farfelues, le maire de Béziers a souhaité, en avril dernier, lancer des tests ADN pour lutter contre les déjections canines dans sa ville. Les chiens de sa commune seront ainsi fichés et leurs maîtres verbalisés. Plus polémique, Robert Ménard avait décidé en décembre dernier de créer une « garde bitteroise », sorte de milice qui lui avait valu un bras de fer avec le préfet de l’Hérault. Elle avait été suspendue quelques semaines plus tard.

Pour lutter contre les crottes de chien, Robert Ménard lance les tests ADN pour ficher les chiens. #Bezierspic.twitter.com/e1zOcUjWmh

— Midi Libre Béziers (@MLBeziers) 22 avril 2016

S’il y a peu de chances que le Front national ou Les Républicains ne s’inspirent de ces propositions radicales en l’état, le maire de Béziers assure qu’elles pourraient évoluer au fil du temps : « il y a des choses qui sont ajoutées, d’autres enlevées », a-t-il expliqué au Monde. Les rendez-vous de Béziers se tiendront du 27 au 29 mai. 1 800 personnes inscrites y discuteront de propositions pour l’avenir de la droite. « Dimanche, à l’issue de ces trois jours de rencontres, une ou plusieurs personnes seront désignées pour porter ces propositions et en faire la promotion », a assuré Robert Ménard en conférence de presse, ce mercredi.

Présidentielle 2017 : FN cherche banque désespérément

À moins d’un an de la présidentielle, le parti d’extrême droite peine à convaincre des banques françaises de le financer. D’après les informations d’Europe 1 dévoilées ce mardi 24 mai, le Front national se tourne donc vers l’étranger pour trouver des banques susceptibles de lui prêter de l’argent. Quarante-cinq auraient été contactées en Chine, en Inde et en Russie notamment, en vue de la présidentielle de 2017. Marine Le Pen, très contrariée de voir que « des partis politiques à des niveaux d’endettement inouïs ont le soutien des banques et pas le FN », compte même s’entretenir avec Frédéric Oudéa, le président de la Fédération des banques françaises et patron de la Société générale (banque historique du FN), pour comprendre les raisons qui poussent les banques françaises à ne pas leur prêter d’argent.

La galère du financement

Le désamour des banques françaises pour le parti d’extrême droite dure depuis plusieurs années. Nombre d’entre elles rechignent à financer le FN, obligeant le parti à se tourner vers des financements étrangers. La présidente frontiste l’utilise même comme argument principal pour expliquer des prêts effectués à l’étranger. En 2014, par exemple, Marine Le Pen justifiait ainsi un prêt russe de 9 millions d’euros : « Avec les départementales dans quatre mois, il y a urgence ! En tout, avec les régionales, c’est 30 millions. Nous disposons de 5 millions d’euros de subventions par an. Nous n’avons plus de biens immeubles. On est obligés de souscrire des prêts, dans des établissements français ou étrangers », avait-elle déclaré. « On a lancé des hameçons partout : en Espagne, en Italie, aux États-Unis, en Asie et en Russie. Et le premier qu’on a attrapé, on a signé et on est très contents », avait lancé la présidente du FN. À l’époque, la présidente du Front national soulignait le caractère légal de ces transactions.

Selon une enquête de Mediapart publiée en novembre 2015, le Front national a obtenu au fil des années plusieurs prêts russes « et a transmis à Moscou une demande portant sur des besoins financiers estimés à 40 millions d’euros, d’ici à 2017 ». Proche de la Russie, idéologiquement, le Front national compte pourtant cette année sur le soutien d’autres pays pour sa campagne présidentielle. D’autant que le parti d’extrême droite devra montrer patte blanche, déjà visé par une affaire sur des soupçons surfacturation dans le financement de sa campagne en 2012. Selon Europe 1, cependant, aucune banque n’a pour l’instant répondu à son appel.

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Sarkozy ressuscite le clivage droite-gauche

Est-ce pour tenter de chambouler les sondages qui le maltraitent depuis trop longtemps maintenant ou parce qu’il lui manque un stratège capable d’une véritable réflexion historico-politique ? Quelle que soit la raison, Nicolas Sarkozy a effectué hier sur TF1 une petite révolution discursive, une sorte de retournement de veste l’air de rien.

Alors qu’on l’interroge sur la situation politique en Autriche où le candidat d’extrême droite et le candidat écologiste se talonnent au second tour de l’élection présidentielle, le patron des Républicains formule cette réponse inattendue. « Cela fait, je crois, dix ans qu’en Autriche comme en Allemagne, il y a une grande coalition au pouvoir, c’est-à-dire un mélange entre la droite et la gauche. Quand il n’y a plus de droite et quand il n’y a plus de gauche, les extrêmes en profitent. »

On se pince ! Entendre Sarkozy fustiger l’absence de clivage, le même Sarkozy qui, hier encore, sous l’influence du gaulliste Henri Guaino et de l’idéologue Patrick Buisson clamait la fin du clivage droite-gauche, voilà qui ne manque pas de piquant. Dès la fin de la campagne présidentielle 2012, le dépassement des clivages partisans trottait dans la tête du président déchu. Plus précisément, une question le taraudait : comment additionner les contraires ? L’ancien sondeur Pierre Giacometti ne cachait pas à l’époque son souhait de voir le clivant Nicolas Sarkozy se transformer en candidat « souple, élastique » disait-il, suffisamment universel pour séduire la plus large partie du spectre électoral.

Le signe de son pragmatisme ?

Au moment de revenir dans l’arène politique, à l’orée de la campagne pour la présidence de l’ancienne UMP en 2014, dans sa tête et dans ses mots, le clivage peuple/élites semblait avoir remplacé la séparation parlementaire droite/gauche. D’ailleurs, le terme « droite » n’était jamais prononcé, et le candidat à la tête du parti se gardait bien d’évoquer son appartenance à une famille politique. En privé, il refusait même de se définir comme « un homme de droite ». Bref, le locataire de la rue de Miromesnil tentait de réaliser une drôle de synthèse tout en rejetant le MoDem de Bayrou, coupable de ne pas pencher assez… à droite – en politique personne n’est à une contradiction près !

Et soudain, le voici qui affirme que « ce qui se passe en Autriche, si le débat politique français ne réagit pas, si l’alternance ne se fait pas autour d’idées fortes où chacun défend ses convictions sans l’obsession de ressembler à tous, eh bien, c’est ce qui peut arriver ». Ses contempteurs verront dans ce changement de pied la preuve de son angoisse face à un Juppé toujours au firmament sondagier. Ses soutiens préféreront y déceler le signe de son incroyable pragmatisme, teinté d’une grande adaptabilité. Et s’il fallait y voir plutôt la conviction très sarkozyenne de la radicalisation de la société française ?

Depuis qu’il a repris son tour de France, le patron des Républicains voit croître le besoin de radicalité. Les manifestations, le succès ou l’émergence de penseurs tels que Finkielkraut ou Bellamy, nettement moins onctueux que Stéphane Hessel, le confortent dans cette idée. Alors quand Alain Juppé discourt sur « l’identité heureuse », Sarkozy ricane, sûr que son rival commet là une faute électorale. Son nouveau pari, sa dernière tentative pour remonter la pente, tient donc en trois mots : ressusciter les clivages. Organiser le débat, faire vivre la confrontation. Et au jeu du plus clivant, Sarkozy excelle. Reste à savoir si les électeurs de la primaire ont envie de faire gagner le plus clivant ou le plus apaisant.

Loi travail : une nouvelle semaine mouvementée s’annonce

Les partisans d’un retrait de la loi travail promettent de durcir une nouvelle fois leur mouvement la semaine prochaine pour tenter de faire plier le gouvernement. Blocage de raffineries et de ports, huitième journée nationale d’action, tentative de « généraliser la grève »… Les actions se multiplient.

Une huitième journée nationale jeudi

Ce jeudi, les opposants au projet de loi battront le pavé, lors d’une huitième journée nationale de grèves et de manifestations à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl, UNL). Une neuvième journée est déjà programmée le 14 juin, avec ce jour-là, un rassemblement uniquement à Paris. Alors que le mouvement semblait s’essouffler depuis le 31 mars (entre 390 000 et 1,2 million de manifestants), il a repris de l’ampleur jeudi, avec entre 128 000 et 400 000 manifestants. Mais l’enjeu, pour les syndicats, est désormais de propager la mobilisation de la rue aux entreprises, en multipliant les arrêts de travail. Le leader cégétiste Philippe Martinez a appelé mardi à « généraliser les grèves ». Jeudi, l’objectif sera de « s’appuyer sur les secteurs en grève reconductible – raffineries, cheminots – pour faire la jonction avec ceux qui vont entrer dans le mouvement », expliquait vendredi Fabrice Angéi, membre de la direction de la CGT.

Le blocage des raffineries se poursuit

C’est désormais l’épicentre de la contestation. Quatre des huit raffineries de pétrole implantées dans l’Hexagone, qui représentent près de 50 % de la capacité de raffinage française, sont affectées par la grève : Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime), Donges (Loire-Atlantique) et Feyzin (Lyon) sont à l’arrêt, tandis que Grandpuits (Seine-et-Marne) tourne au ralenti. Tout le week-end, par crainte de pénurie, les automobilistes ont pris d’assaut les pompes à essence du Nord-Ouest. Résultat : 1 500 stations en rupture partielle ou totale, sur 12 000 en France, selon les chiffres du secrétaire d’État aux Transports Alain Vidalies. Plusieurs départements ont pris des arrêtés limitant la distribution de carburant. « Nous sommes très déterminés à ce qu’il n’y ait aucune pénurie en France », a prévenu dimanche Manuel Valls. « Nous maîtrisons pleinement la situation », a-t-il assuré, « je pense qu’un certain nombre de raffineries ou de dépôts qui étaient bloqués sont débloqués ou vont l’être dans les heures ou dans les jours qui viennent. »

Vendredi et dimanche, les forces de l’ordre ont débloqué plusieurs importants dépôts de carburant, permettant de réalimenter certaines stations, mais en courant le risque de mettre de l’huile sur le feu. « Hollande et Valls utilisent les mêmes méthodes que M. Sarkozy en 2010. Face à la lutte des salariés, ils envoient les forces de l’ordre pour casser les grèves », a dénoncé samedi Philippe Martinez, promettant « une réaction à la hauteur de ce que le gouvernement fait ». « Des discussions et des assemblées générales sont engagées pour amplifier le mouvement » dans le secteur, a-t-il prévenu.

Nouvelles actions dans les ports

La CGT appelle les dockers à suivre les appels à la grève des 26 mai et 14 juin. « L’activité sera à zéro dans la plupart des ports », a prévenu Tony Hautbois, secrétaire général de la fédération des ports et docks, interrogé par l’Agence France-Presse. En dehors des deux journées nationales, « on appelle nos camarades à être solidaires des initiatives territoriales », après les actions dans les ports de Nantes-Saint-Nazaire, du Havre ou encore de Lorient la semaine dernière. À Nantes-Saint-Nazaire, quatrième port français, le personnel a reconduit jusqu’à lundi sa grève, qui empêche tout mouvement de bateau. Une nouvelle assemblée générale se tiendra à 8 heures pour décider des suites du mouvement.

Incendie éteint chez les routiers ?

Le gouvernement espère avoir désamorcé le mouvement des routiers en leur promettant que le projet de loi n’aura pas d’effet sur leurs heures supplémentaires, qui ne pourront donc pas être majorées de moins de 25 %. Une « très bonne nouvelle » saluée par la CGT et FO, qui ont toutefois appelé à poursuivre les opérations escargots, blocages de zones logistiques et autres barrages filtrants. Mais pas sûr que l’appel soit entendu, selon une source syndicale : « On appelle à poursuivre jusqu’au retrait du projet de loi, mais on sait que la réaction des salariés ne sera pas tout à fait la même. Les heures supplémentaires, c’est vraiment ce qui crispait la base. »

Sarkozy au Bon Coin : « Je n’ai pas tout compris »

Quand Sarkozy découvre Le Bon Coin… Souvenez-vous le 12 mai dernier, alors qu’il rencontre des entrepreneurs à Lyon, l’ancien chef d’Etat crée la surprise en affirmant qu’il ne connaît pas le célèbre site d’annonces, qui compte pourtant 25 millions de visiteurs uniques par mois.

Un chef d’entreprise à #Sarkozy : « Nous recrutons beaucoup grâce au Bon Coin ». Sarkozy : « c’est quoi #leBonCoin ? pic.twitter.com/xntAuaVKPj

— Dominique Tenza (@domtenz) 12 mai 2016

Une bourde qui n’avait pas échappé aux internautes. Si nombre d’entre eux avaient raillé le patron des Républicains sur les réseaux sociaux, son rival, Alain Juppé, s’était également amusé de cet impair. Dans un tweet, le maire de Bordeaux avait indiqué la présence du Bon Coin dans sa ville. « Bienvenue au site français qui propose déjà 260 000 offres d’emploi, dont 77 000 en Aquitaine », avait-il écrit, non sans arrière-pensée.

A la rencontre des dirigeants

Aujourd’hui, plus d’une semaine après cette confession, Nicolas Sarkozy a tenu à se rattraper. L’ex-président s’est rendu ce vendredi après-midi dans les locaux du Bon Coin, afin d’y rencontrer ses dirigeants. Une manière de se racheter une crédibilité. Car comment faire de la lutte contre le chômage une priorité, lorsqu’on ne connaît pas un site qui compte près de 250 000 offres d’emploi ?

Entouré des salariés de la société, du maire de Châteauroux et du secrétaire national des Républicains en charge de l’Économie numérique, le patron des Républicains s’est donc prêté à une séance de rattrapage. « Je n’avais jamais utilisé Le Bon Coin mais depuis, je suis à fond dans la session de rattrapage », a assuré Nicolas Sarkozy, comme le rapporte Le Figaro. Et d’affirmer : « Je n’ai pas absolument tout compris, mais c’était très interessant », relaye le site de RTL.

L’homme politique a également profité de sa présence sur place pour répondre à ses détracteurs : « Qui peut dire qu’il connaît tout ? C’est le monde d’avant de dire ça », s’est indigné Nicolas Sarkozy avant de s’intéresser à la situation personnelle des employés : « Quel est le salaire moyen ici ? Quelle est votre formation ? Vous venez d’où ? », aurait-il demandé selon Challenges. A l’une d’entre elles, le patron des Républicain a même demandé de faire la recherche : « Sarkozy 2017 ». Une manière de se déclarer, à demi-mot, à l’élection présidentielle ?

Et voilà ! Sarkozy visite les locaux du Bon coin… pic.twitter.com/8s6j78AF1g

— Olivier Beaumont (@olivierbeaumont) 20 mai 2016

Banderole anti-Estrosi : « Une opération commandée par le FN »

À quelques jours d’une législative partielle, ô combien symbolique, ça chauffe à Nice ! Dimanche, les électeurs de la cinquième circonscription des Alpes-Maritimes sont appelés à choisir celle ou celui qui succédera au député Christian Estrosi, démissionnaire à la suite de son élection à la tête de la région Paca. Or, à quelques jours du scrutin, l’ambiance monte d’un cran dans la ville. Ceux qui ont allumé la mèche ? Sept militants « identitaires » d’extrême droite qui, le 13 mai dernier, ont déployé sur un immeuble privé de l’avenue Jean-Médecin qui accueille la permanence de Christian Es…