Mois : mai 2016

Français de l’étranger : le BP vote à l’unanimité pour le compromis

Les Français de l’étranger habitant loin des grandes villes pourront voter par Internet, les autres devront se rendre dans des bureaux de vote dont l’implantation aura été soigneusement choisie au préalable par le comité et la Haute autorité de la primaire. Voilà donc le compromis choisi par l’ensemble du bureau politique de LR ce mardi 17 mai. Mais chez les Républicains comme dans une grande famille, avant de tomber d’accord, on se taquine, on s’emporte, on s’engueule. Morceaux choisis d’un BP gentiment agité.

« Cours d’école »

Une minute d’avance. A 17 h 59, le top départ du bureau politique est donné par Nicolas Sarkozy. Signe d’une grande ponctualité ou d’une inquiétante fébrilité ? « Quand des sujets importants vont être évoqués en BP, il aime démarrer pile à l’heure, c’est sa manière à lui de prendre les gens de court, d’installer de la gravité », juge un participant. Et de l’avis de plusieurs membres du bureau, aujourd’hui « Sarko était tendu ». Tendu parce que quelle que soit l’issue du vote, en ouvrant ce bureau politique il sait, il flaire, en fin politicien, que son image sortira écornée de cette bagarre ubuesque à laquelle les électeurs ont assisté avec désolation.

A peine prend-il la parole qu’il s’emmêle les pinceaux et parle de « la primaire de la gauche ». Pas question d’en rester là, Sarkozy saisit l’occasion pour lancer une blague en forme de pique à son rival Alain Juppé assis juste à sa droite : « Pardon, je voulais parler de la primaire de la droite mais comme je regardais Alain… » Rires dans l’assistance. Le maire de Bordeaux – « qui a beaucoup d’humour », martèlent souvent ses proches – esquisse le petit sourire de celui qui prépare un bon mot. Le voici qui élève la voix : « Cher président, moi qui suis à ta droite aujourd’hui et pour l’instant… » Nouveaux gloussements dans la salle. Et le favori des sondages de reprendre, plus sérieusement : « Le travail de Thierry Solère était précis. On aurait pu se passer de la semaine de psychodrame autour de ça, l’argument d’un scrutin inégalitaire était inutile. » Première flèche envoyée.  Réponse immédiate et agacée de Sarkozy : « Pas la peine d’être agressif Alain, tout va bien, aucun débat n’est ridicule. » « Non j’ai pas dit que c’était ridicule, j’ai dit que c’était inutile, ne changeons pas les mots. » L’échange – de haute volée – sera qualifié à la sortie du BP de « truc de cours d’école » par un participant consterné qui conclue :« Tout le monde veut garder la face »

Sarkozy : « Ne nous lions pas les mains »

Quelques minutes plus tard, c’est au tour des Nathalie Kosciusko-Morizet de prévenir : « Il faut que ce soit la dernière modification de la charte. » Sauf que Nicolas Sarkozy n’entend pas s’engager sur ce point. « Non, il ne faut pas qu’on dise que c’est la dernière modification de la charte, rétorque-t-il. On va potentiellement continuer à modifier la charte, imaginons qu’il y ait des conditions sécuritaires graves dans le pays, ne nous lions pas les mains. »

Le numéro 1 et son ancienne numéro 2 auraient pu en rester là mais Eric Woerth chargé du projet des Républicains décide de profiter de ce BP où l’entente règne pour s’attaquer à NKM. « Nathalie, tu vas sur toutes les radios et les télés pour dire qu’on tripatouille la charte, c’est faux, tu peux pas faire ça, tu discrédites la primaire. » Réponse de l’intéressée : « Tu te trompes, on a effectivement changé la charte, il y a un an on avait décidé qu’on faisait le même système de parrainages pour les élus que pour la présidentielle. »

Heureusement, après quarante minutes d’échanges stériles, dans un coin de la grande salle de la rue de Vaugirard, Christian Jacob, patron du groupe LR à l’Assemblée, semble revenir à la raison. A ses comparses, il lance : « Bon, comme on a l’air tous d’accord on va peut-être arrêter les débats maintenant et passer au vote. »  A l’unanimité, tout ce petit monde d’accord sur rien a donc voté pour un compromis sur le vote des Français de l’étranger. Le mot de la fin revient à ce député non-aligné qui déplore, lucide : « Personne n’en sort grandi mais tant pis. »

Coignard – Montebourg, les frondeurs et les Gaulois

Comme chaque année depuis 2004, Arnaud Montebourg gravit en ce lundi de Pentecôte le mont Beuvray, en Bourgogne. Une excursion qui n’a rien de solitaire ni de désintéressé : là-haut, les caméras sont au rendez-vous et l’ancien ministre du Redressement productif transforme l’événement en séance d’autocélébration. En 2013, il en profitait pour vanter son action de ministre. En 2014, il y prônait l’union de tous les socialistes, ce qui ne manquait pas de sel pour un homme qui venait d’avoir la peau du Premier ministre sortant Jean-Marc Ayrault. En 2015, ayant retrouvé sa liberté, il jouait à c…

Loi travail : Cazeneuve déplore « l’abaissement de la politique »

Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a fustigé vendredi le « narcissisme » et les « égotismes » à l’oeuvre dans la classe politique, alors que le gouvernement est en butte à de vives critiques, notamment socialistes, pour son utilisation du 49-3 sur la loi travail.

Interrogé sur France 2 sur un éventuel manque d’autorité au sommet de l’Etat, le ministre, qui s’est dit « plus que jamais » fidèle à François Hollande, a pointé « un problème » sur lequel « chaque responsable politique devrait s’interroger », celui des « égotismes face à ce que l’on appelle, quand on est responsable, le sens de l’Etat ». « Les égotismes, ce sont tous ceux qui considèrent que pour 3 minutes d’antenne à BFM, on peut oublier ce qu’est l’intérêt de la nation », a lancé Bernard Cazeneuve. Et d’ajouter : « ils sont plus nombreux qu’on ne le croit. »

« L’abaissement de la politique »

Le recours mardi au 49-3 (adoption d’un texte sans vote avec engagement de la responsabilité du gouvernement) pour forcer l’adoption de la loi travail, contestée aussi dans la rue, a conduit – une première sous ce quinquennat – 56 députés de gauche, dont 28 socialistes ou apparentés, à signer un projet de motion de censure qui a échoué d’un cheveu. La droite, de son côté, a échoué sans surprise à faire adopter sa propre motion de censure.

Chaque responsable politique doit se poser « une seule et unique question », a expliqué Bernard Cazeneuve: « comment fait-on dans un contexte difficile pour conforter les institutions et pour être dans l’éthique de la responsabilité davantage que dans le narcissisme ? » « Le problème n’est pas seulement celui de l’autorité » mais celui de « l’abaissement de la politique », a dénoncé le ministre, appelant à faire « prévaloir le sens de l’Etat sur toute considération de petite politique ».

Harcèlement sexuel : Denis Baupin rattrapé par ses propres tweets

L’enquête est accablante : au micro de France Inter et sous la plume de Mediapart, quatre femmes témoignent ce lundi matin à visage découvert et dénoncent des faits relevant d’agressions sexuelles et de harcèlement sexuel de la part du député écologiste de Paris Denis Baupin. D’autres femmes, collaboratrices ou salariées, ont également appuyé ces accusations via des témoignages anonymes.

« Il m’a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine et a tenté de m’embrasser dans le couloir, durant une pause alors que j’animais une réunion », révèle notamment Sandrine Rousseau, porte-parole d’EELV et ancienne tête de liste aux élections régionales. « J’en ai parlé à deux membres de la direction du parti. L’un m’a dit : Ah, il a recommencé ! L’autre : Ce sont des choses qui arrivent très souvent », confie-t-elle encore aux auteurs de l’enquête.

Comme souvent dans ces cas-là, les réactions des internautes sont nombreuses et l’indignation est générale. Là où l’affaire prend une tournure toute particulière sur Twitter, c’est lorsque d’anciens tweets, gênants dans ce cas précis pour le député, viennent étayer les sarcasmes et amplifier la vindicte populaire.

Reconnu pour être un utilisateur de Twitter très actif, tweetant même parfois en présidant les séances au perchoir de l’Assemblée nationale, Denis Baupin compte aujourd’hui près de 70 000 messages sur son compte. Une activité parfois démesurée qui compte évidemment bon nombre de tweets en rapport avec l’activité parlementaire, par exemple sur l’adoption par l’Assemblée d’une loi sur le harcèlement sexuel…

Vote à l’unanimité de la loi contre le harcèlement sexuel. Fierté de participer à ce vote de justice. Fin de la session extraordinaire

— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 31 juillet 2012

En mars dernier, l’écologiste participait aussi à l’opération #mettezdurouge sur le Web, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Une opération de communication politique que les internautes ont évidemment immédiatement raillée aujourd’hui en prenant quelques captures d’écran pour immortaliser ces clichés pris pour l’occasion.

« Quand j’ai vu la photo de #Baupin pour la journée du #8mars je suis allé vomir » @debostelenhttps://t.co/lmtE3MFWUmpic.twitter.com/yCdiPH23Nx

— Paul Denton (@paul_denton) 9 mai 2016

Entre les commentaires indignés et l’émoi suscité par de telles accusations, les utilisateurs de Twitter se permettent également de jouer quelques traits d’humour en établissant des parallèles avec d’autres politiques, un en particulier, non des moins connus pour ses affaires de moeurs…

« On accueille un nouvel arrivant.

Bonjour Denis.

Sois le bienvenu.

-Un conseil?

-Une question? »#TraduisonsLespic.twitter.com/1oudstNlYw

— Guillaume Blardone (@gblardone) 9 mai 2016

Frédéric Thiriez : « Gaston Defferre était un homme d’État »

Avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation et président de la Ligue de football professionnel de 2002 à avril dernier, Frédéric Thiriez est appelé à 29 ans auprès de Gaston Defferre. D’abord conseiller technique, il sera pendant près de deux ans son directeur de cabinet. « J’ai adoré travailler avec lui. Il m’a tout appris », résume-t-il avec enthousiasme. Pour les 30 ans de la mort, le 7 mai 1986, il revient sur celui qui fut un emblématique maire de Marseille, ministre de l’Intérieur et personnalité politique éminente des IV et Ve Républiques.

Le Point.fr : Quand avez-vous travaillé avec Gaston Defferre ?

Frédéric Thiriez : J’ai travaillé à ses côtés de l’élection de François Mitterrand en 1981 à la défaite de la gauche aux législatives de 1986. D’abord au ministère de l’Intérieur, comme conseiller technique chargé de la police, puis comme directeur de cabinet du secrétaire d’État à la Sécurité publique Joseph Franceschi, où j’étais surtout chargé de la coordination de la lutte antiterroriste ; puis comme directeur de cabinet de Defferre lorsqu’il est devenu en 1984 ministre d’État chargé du Plan et de l’Aménagement du territoire.

Trente ans après sa mort, quel héritage politique a-t-il laissé ?

Gaston Defferre n’était pas l’homme d’une ville, comme on le croit souvent. C’était un homme d’État, au sens complet du terme, stratège, et pas seulement tacticien, visionnaire et courageux. La France lui doit, par exemple, la décolonisation de l’Afrique, la décentralisation, l’arrivée de François Mitterrand à la tête du PS, et donc la victoire de la gauche, mais aussi le Plan informatique pour tous de 1984, véritable révolution à l’époque, même si la réalisation n’a pas été à la hauteur des ambitions initiales.

Gaston Defferre a-t-il laissé ses héritiers politiques ?

Il existe une sorte de malédiction chez les grands hommes, leur difficulté à prévoir et à organiser leur propre succession. Sans doute parce qu’ils se pensent immortels… C’était son cas, et c’était aussi sa force.

Pourquoi souffre-t-il aujourd’hui d’une image si médiocre ?

La réalité de « l’homme Defferre » (c’est le titre d’un livre que je voulais lui consacrer, mais que je n’ai pas encore eu le temps d’écrire !) n’a rien à voir avec son image publique, celle que les « gens du Nord » ont de Marseille. Ayant vécu au quotidien avec lui pendant cinq ans, je peux en témoigner. Protestant cévenol, il était d’une rigueur et d’une intransigeance avec lui-même qui étonnait. Austère même : hygiène de vie sévère, travailleur infatigable, intégrité morale (il refusait par exemple tout cadeau de qui que ce soit et les faisait renvoyer par la poste !), mais aussi un profond respect, et même une affection sincère, pour ses collaborateurs. Il était très touchant dans ses relations avec Edmonde, dont il était très amoureux. Il lui téléphonait dix fois par jour !

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Edmonde Charles-Roux et Gaston Defferre.  © La Provence/Maxppp

À quel moment Defferre vous a-t-il bluffé ?

Son sang-froid et son courage lors des attaques terroristes de 1982-1983 (perpétrées par Action directe, NDLR), alors qu’il était personnellement menacé tous les jours, m’ont impressionné. Moi-même, j’étais armé en permanence et m’entraînais au tir tous les lundis matins ! Il m’expliquait n’avoir aucun mérite à être courageux, car c’était dans sa nature… Il l’avait d’ailleurs prouvé en maintes occasions, notamment dans la résistance. Ce sang-froid n’était pas partagé par tous au plus haut niveau de l’État. Il m’a bluffé aussi, dans un autre registre, lorsqu’il m’a emmené en Californie avec Jean-Jacques Servan-Schreiber rencontrer Steve Jobs qui voulait lui montrer les performances du tout nouveau Macintosh. Gaston Defferre voulait en équiper toutes les écoles de France !

Quelles relations entretenait-il avec François Mitterrand ?

Je crois, du moins c’était ce que l’on se disait à l’époque, que seuls deux hommes pouvaient se permettre de tout dire franchement à Mitterrand : Pierre Joxe et Gaston Defferre.

A-t-il eu la carrière politique qu’il méritait ?

I had a dream ! J’aurais bien imaginé un « ticket » composé de Gaston Defferre, Premier ministre, et de Michel Rocard, qui aurait été un grand président de la République. Mais c’était un rêve…

À la une ce mardi 3 mai…

Loi Travail – Début de l’examen du texte sur la loi travail à l’Assemblée nationale sur fonds de tensions sociales. En fin de matinée, la CFE-CGC appelle à un rassemblement près de l’Assemblée nationale pour « faire évoluer » le projet de loi El Khomri.

Justice – Procès du président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Roger Cukierman, poursuivi par le polémiste Dieudonné pour l’avoir notamment qualifié d’antisémite

Football – Equipe redoutable, l’Atletico Madrid ferait presque figure de favori de la Ligue des champions à l’heure de briguer une qualification pour la finale mardi (18H45) face au Bayern Munich, étouffé en demi-finale aller (1-0). L’autre demi-finale retour, Real Madrid – Manchester City est programmée mercredi.

Mode – Défilé Chanel à Cuba.

The invitation for the Cruise 2016/17 show on Tuesday, May 3rd, 2016 in Havana, Cuba. #ChanelCruiseCuba#CocoCubapic.twitter.com/1NW5IQPFdl

— CHANEL (@CHANEL) 1 mai 2016