À Tours, Manuel Valls veut rassembler une gauche presque « pulvérisée »

Dans un contexte d’incertitude autour de la candidature de François Hollande à l’élection présidentielle, Manuel Valls a livré samedi devant un parterre d’environ 200 militants à Tours un message de main tendue à toute sa « famille politique ». Brandissant la menace d’une gauche « pulvérisée » à la présidentielle, le Premier ministre a repris sa posture de chef de file, se disant « fier » du bilan gouvernemental, avec un appel au rassemblement lancé à Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron. Pourtant, il y a huit mois, Manuel Valls avait fait le constat froid de « positions irréconciliables à gauche », enterrant alors une grande primaire de rassemblement de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron.

Samedi, en clôture d’un déplacement en Indre-et-Loire, le Premier ministre a encore reconnu « des frondes, des refus ». « Je sais que les socialistes sont toujours là pour le rappeler, qu’il y a eu des échecs », a-t-il aussi lancé. Mais il a aussi prononcé un vibrant plaidoyer pour l’unité au sein de « la gauche qui assume les responsabilités au pouvoir », sous peine d' »être pulvérisée, emportée par l’ambiance actuelle, faite de divisions, de luttes d’égos, de règlements de compte ».

« Rien n’est acquis »

« Aujourd’hui, mon rôle c’est de rassembler », a martelé le Premier ministre, en s’adressant directement à quatre anciens ministres démissionnaires qui portent depuis plusieurs mois une voix discordante et savent se montrer virulents, à différents degrés, envers Manuel Valls. « Je demande à Arnaud (Montebourg), Emmanuel (Macron), Benoît (Hamon), Aurélie (Filippetti): qu’est-ce qui nous sépare ? », s’est interrogé Manuel Valls, tout en disant « assumer » les « débats » et les « désaccords ». Il a préféré insister sur le positif. « Qu’est ce qui nous rapproche d’abord? D’avoir gouverné ensemble dans l’intérêt du pays et de partager des combats pour l’égalité (…) et des valeurs, celles de la République », a-t-il énuméré, traçant ainsi une voie pour le rapprochement.

Pour donner du poids à son message, Manuel Valls, chaleureusement applaudi, a souligné le risque d’une absence de la gauche au deuxième tour de l’élection présidentielle. « Rien n’est acquis. C’est même le contraire, soyons lucides, qui nous est promis », a-t-il jugé, appelant à « réagir maintenant pour ne pas mourir demain », « pour ne pas vivre avec la honte de la défaite et de l’humilitation ». Surtout, lui qui souffre d’une image clivante, a soigné son profil d’homme de gauche, en décrétant « l’offensive » pour « garantir » le modèle social et en envoyant un signal à « ceux qui souffrent de ne pas avoir le bon profil, les bons codes, les bons réseaux ».

Soutien aux policiers

Il s’est aussi fendu d’un hommage appuyé aux « policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers », dans un geste marqué d’apaisement après cinq jours de manifestations des policiers. Plus généralement, Manuel Valls a loué les mérites de « la colonne vertébrale » de la France, à savoir « la fonction publique » qui sera « le grand chantier du prochain quinquennat ». Il a salué « en particulier les syndicats qui ne choisissent jamais la facilité (…) et oeuvrent sans relâche pour des compromis intelligents ». Il a promis en outre de « nouvelles protections », comme sa proposition de « revenu universel »: « une aide unique, fusionnant les minima, et garantie à tous les Français qui en ont besoin », a-t-il expliqué.

Le Premier ministre s’est enfin évertué à défendre le bilan du quinquennat, évoquant tour à tour le « rétablissement de l’autorité de l’État », la création de « 60 000 postes d’enseignants », mais aussi la « baisse » revendiquée du chômage ou la hausse du pouvoir d’achat pour « près de 500 000 retraités ». Sans négliger de reconnaître à plusieurs reprises des « erreurs », comme dans la présentation de la loi Travail. Un vaste exercice consensuel qui dessine plus nettement son profil de recours à gauche alors que François Hollande traverse une difficile zone de turbulences depuis la publication du livre « Un président ne devrait pas dire ça ». « Vous me connaissez, avec mon caractère, mes qualités, mes défauts, ma liberté de ton », a souligné, sourire aux lèvres, Manuel Valls. « J’ai été parfois lanceur d’alerte (…). Mais j’ai toujours respecté ma famille politique, je ne l’ai jamais reniée », a-t-il tenu à rappeler, solennel.