Calais, Ségolène Royal, policiers : Manuel Valls prend la parole

Manuel Valls était ce mercredi l’invité de France Inter. Il s’est exprimé sur de nombreux sujets comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la candidature de François Hollande à la prochaine élection ou bien encore la crise au sein de la police.

Hollande candidat ?

Pour le Premier ministre, le choix du président François Hollande d’être candidat à sa succession l’an prochain est « une décision intime » et il doit « tenir compte de la situation ». Le chef de l’Etat est-il le candidat naturel de la gauche pour la présidentielle de 2017 ? « Ça dépend de sa décision. (…) C’est une décision intime, il doit tenir compte de la situation, il doit donner un sens à ce que pourraient être sa candidature et un nouveau quinquennat », a déclaré le Premier ministre. Comment réagit-il quand il entend certains, à gauche, dire qu’il peut être une alternative à François Hollande? « Tout ça, je l’entends. (…) Moi, je (ne vais pas) rajouter par mes mots, par mes commentaires (…), de la crise. Chacun d’entre nous doit parler et agir en tenant compte de ces deux éléments : comment rassembler la gauche ? Comment lui redonner de l’espoir en étant en même temps fier du bilan et en éclairant l’avenir ? » a-t-il souligné. Alors qu’il égrenait toutes ses priorités et celles de l’exécutif, le journaliste lui a fait remarquer que cela dessinait un programme pour les années à venir. « Tout cela dessine, oui, bien sûr un projet pour la France qui doit être celui de la gauche, mais la gauche, si elle commence uniquement en disant, dans les prochains jours, qui doit être écarté ou qui doit prendre la place de qui, elle va se tromper », a-t-il répondu. « Donc, notre responsabilité collective, c’est de réfléchir à cette situation et de trouver, bien sûr, la bonne solution », a insisté Manuel Valls.

Et Calais ?

Également interrogé sur le démantèlement très attendu de la « jungle », le Premier ministre a estimé : « Ce qui est en train de se passer à Calais, c’est un beau visage de la France. » L’évacuation du plus grand bidonville du pays, rebaptisée « opération humanitaire » par Manuel Valls, « est menée en tenant compte d’hommes et de femmes qui fuient la guerre et qui demandent l’asile », mais elle est aussi « menée avec fermeté », a-t-il expliqué.

Une vision qui n’est pas partagée par la présidente de l’ONG Save The Children : « C’est effrayant pour les enfants, qui voient arriver les bulldozers où ils ont vécu des semaines, voire des mois pour certains », a affirmé Carolyn Miles, présidente et directrice générale de l’ONG, lors d’un gala de soutien qui se tenait à New York. Estimant à plus d’un millier le nombre d’enfants en détresse dans la « jungle » de Calais, Save The Children avait déjà appelé les autorités françaises à suspendre les opérations de démantèlement. Tout en soulignant que le Royaume-Uni et la France attachaient une attention soutenue au sort des mineurs esseulés, Carolyn Miles a appelé les deux gouvernements à redoubler d’efforts en particulier pour les enfants qui ne seraient pas admis à gagner le Royaume-Uni. « Il est très important, surtout au moment où la situation devient un peu chaotique, que nous préservions la sécurité des enfants et leur procurions toutes les opportunités qu’ils méritent pour aller de l’avant », a assuré la directrice de Save The Children.

Le cas Ségolène Royal

Manuel Valls a affirmé que la parole de Ségolène Royal qui continue d’exprimer son opposition à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avait affaibli « l’autorité de l’État ». À la question « La parole de Ségolène Royal affaiblit-elle l’autorité de l’État ? », le Premier ministre a répondu : « Oui. Bien sûr, quand on s’exprime, et ce n’est pas n’importe quelle personnalité, Ségolène Royal. » Il a assuré respecter la parole de sa ministre de l’Environnement, mais a souligné qu’il fallait aussi « respecter la parole de l’État ». Il a aussi répété sa détermination à évacuer « progressivement » le site de Notre-Dame-des-Landes « à partir de cet automne ». « Cela se fera »,a assuré le Premier ministre.

La police en crise

Manuel Valls s’est également déclaré « évidemment choqué » par les manifestations des policiers, mais a assuré qu’il fallait « entendre les forces de l’ordre ». « Je suis évidemment choqué, et le ministre de l’Intérieur a déjà eu l’occasion de le rappeler, il y a des manifestations, quand on utilise les voitures, les gyrophares, des manifestations cagoulées, cela est évidemment contraire aux règles de la police », a affirmé le Premier ministre alors que François Hollande reçoit mercredi les syndicats de policiers, dix jours après le début du mouvement de colère. Parmi les questions qui seront abordées lors de la rencontre à l’Élysée, Manuel Valls a évoqué « les missions », « les moyens », « la revalorisation des carrières », « les conditions de légitime défense » et « la réponse pénale ». « Il faut entendre les forces de l’ordre, qui ont un soutien fort des Français », a-t-il dit. « Le ministre de l’Intérieur (…) est tous les jours à leur côté. (…) Il apaise, il dialogue », a souligné Manuel Valls, estimant qu’« il faut agir avec maîtrise, à l’écoute, et trouver des solutions ». Y aura-t-il des sanctions ? « Si on commence à dire qu’il y aura des sanctions, curieuse politique du dialogue », a répondu le Premier ministre, assurant que « l’autorité, elle s’exerce, là, pleinement ».