13h16, face à face entre manifestants et CRS, Boulevard Vincent Auriol.
Cambadélis : «Nous présentons nos excuses aux Français»
François Hollande revient sur ses pas. Confirmant des informations de Libération, le président de la République a annoncé mercredi qu’il ne convoquera pas de Congrès pour réviser la Constitution et donc n’y inscrira ni l’état d’urgence ni la déchéance de nationalité pour les terroristes. Dans la foulée, Jean-Christophe Cambadélis s’est présenté devant la presse. Le premier secrétaire du PS a déclaré : «Nous présentons nos excuses aux Français.» Pour cause, le débat sur la déchéance de nationalité embrouille les esprits et fracture le PS depuis des mois.
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Selon Cambadélis, «les Français ne peuvent qu’être consternés par ce triste spectacle d’une représentation parlementaire incapable de faire la paix, même pour combattre efficacement le terrorisme.» Le patron socialiste accuse la droite qui a choisi «un autre cheminement rendant impossible l’accord des deux assemblées, alors qu’elle avait fait de la déchéance de nationalité pour les binationaux une condition de son engagement». Un échec qui irrite le député PS Christophe Caresche : «Quand tout le monde appelait à l’unité nationale, les manœuvres politiciennes de tous côtés l’ont emporté en pleine menace terroriste. Nullissime», explique-t-il sur Twitter.
L’abandon de la déchéance et du Congrès laisse des regrets à Jean-Christophe Cambadélis. Ce n’est pas le cas de tous les socialistes. Notamment les frondeurs. Benoît Hamon est «très heureux de la décision du Président d’abandonner la déchéance de nationalité». Christian Paul, lui, guette les cicatrices : «Quatre mois d’une infernale controverse : un fiasco politique qui a abîmé nos principes. Il était plus que temps de tourner la page.» De son côté, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, qui publie un livre au titre moqueur, Merci pour ce changement, se pose une question : «La déchéance de nationalité dans la Constitution est une erreur évidente depuis le début. Pourquoi François Hollande est-il resté sourd si longtemps ?»
Rachid Laïreche
FBI vs Apple, pirates, Pakistan, Cuba : l’actualité de ce mardi matin
FBI vs Apple. Les enquêteurs travaillant sur l’attentat de San Bernardino (Californie) ont réussi à débloquer, sans l’aide d’Apple, l’iPhone d’un des auteurs de l’attaque, selon un document transmis à la justice par les autorités américaines. Elles y demandent l’annulation de l’injonction judiciaire du 16 février, avec laquelle elles avaient tenté d’obliger Apple à aider les enquêteurs à pirater le téléphone (photo AFP).
Pirates somaliens. Sept pirates somaliens accusés du meurtre de Christian Colombo sur son catamaran dans le golfe d’Aden en 2011 comparaissent à partir de ce mardi. Un procès inédit, un récit à lire ici.
Pakistan. Après l’attentat perpétré dimanche à Lahore, dans lequel sont mortes 72 personnes, un retour sur le calvaire de la communauté chrétienne dans ce pays.
Brésil. Le ministre brésilien du Tourisme a annoncé hier soir sa démission, après l’appel du vice-président Michel Temer, chef du parti centriste PMDB, à rompre avec la chef de l’Etat de gauche Dilma Rousseff, menacée de destitution.
Cuba. L’ex-président cubain Fidel Castro a pris la plume lundi pour répondre aux «paroles sirupeuses» du président américain Barack Obama, qui avait appelé à des changements dans le pays communiste lors de sa visite historique la semaine dernière à La Havane. Dans cette longue lettre, Castro ironise sur le discours prononcé par Barack Obama le 22 mars et vante l’autonomie cubaine : «Nous n’avons pas besoin que l’empire nous fasse cadeau de quoi que ce soit.»
Cyclisme. Le coureur cycliste belge Daan Myngheer, 22 ans, victime d’un infarctus samedi lors de la première étape du Critérium international autour d’Ajaccio, est décédé hier à l’hôpital d’Ajaccio, a annoncé son équipe, Roubaix Métropole Lille.
Décès de l’écrivain et académicien français Alain Decaux à 90 ans
L’écrivain, biographe et académicien Alain Decaux est décédé dimanche à l’Hôpital Georges-Pompidou à Paris, à l’âge de 90 ans, a annoncé à l’AFP son épouse, Micheline Pelletier-Decaux.
À partir des années 1950, ce formidable conteur, auteur d’une soixantaine d’ouvrages, a incarné l’histoire à la radio et à la télévision, où il a créé plusieurs émissions célèbres.
AFP
Fin des bouches cousues pour les Iraniens de Calais
Après vingt-quatre jours bouche cousue, neuf Iraniens de la «jungle» de Calais viennent de mettre fin à leur grève de la faim. Mokhtar, enseignant, Esmaïl, cadre dans la pétrochimie, Mohammad, mécanicien dans l’aéronautique, Hamed, vendeur de voitures, Davoud, agent immobilier et tatoueur, Sassan et Hossein, étudiants, Réza, prof de body-building, et Mohammad Réza, joaillier, installés dans l’ancienne cabane des No Border réclamaient, entre autres, «l’arrêt de la démolition de la jungle», mais aussi «la sécurité», «un représentant des Nations unies pour parler avec nous». Ce qu’ils ont obtenu? Selon leur communiqué, ils disent considérer comme une «victoire», le fait que le gouvernement «ait été obligé d’abandonner le projet de démantèlement de la zone nord de la jungle» et de «commencer à améliorer […] la sécurité, l’accès aux soins, l’accès au droit, l’assistance pour les personnes vulnérables, notamment les mineurs, l’accès à l’eau potable et la construction d’une route pavée afin de permettre aux services d’urgence d’entrer dans le camp». Ils poursuivent: «Nous exhortons l’Etat à respecter ces engagements et à rompre avec la pratique d’annonces politiciennes auxquelles il nous a tristement habitués.» Ils ajoutent: «Nous avons décidé de mettre fin à notre grève de la faim, non pas en réaction aux négociations avec l’Etat français, mais par respect pour ceux qui nous soutiennent, qui sont inquiets pour notre bien-être, ainsi que comme preuve de confiance dans les intentions de l’Etat de nous protéger et d’améliorer les conditions de vie des habitants de la zone nord du bidonville.»
«On est content qu’ils arrêtent»
Les neuf grévistes de la faim ont rencontré à cinq reprises des représentants de la Direction départementale de la cohésion sociale qui leur a proposé des solutions d’hébergement, identiques à celles mises à disposition de tous les migrants de la jungle, mais aussi «la possibilité d’être représentés dans des réunions hebdomadaires», des rencontres avec l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et des responsables du Home Office -le ministère de l’Intérieur britannique-, ainsi que des explications sur le système d’empreintes palmaires à l’entrée du centre d’accueil provisoire -les conteneurs blancs-, système qui fait craindre aux migrants d’être identifiés à leur arrivée au Royaume-Uni.
Les exilés Iraniens disent avoir aussi rencontré des représentants de l’UNHCR (l’Agence des Nations unies pour les réfugiés) et du Défenseur des droits. «Ils nous ont assurés qu’ils publieraient des rapports sur les conditions de vie dans le bidonville.»
Pendant vingt-quatre jours, les neuf Iraniens n’ont consommé que de l’eau, des jus de fruit et des bouillons salés. «Ils sont très affaiblis, ont beaucoup maigri. Leur état n’est pas catastrophique, mais on est content qu’ils arrêtent», indique Olivier Marteau, responsable de Médecins sans frontières à Calais, l’ONG qui les a suivis. Les neuf hommes, dont un n’a que 17 ans, s’étaient cousu la bouche par leurs propres moyens. Leur communiqué débute par un hommage aux victimes des attentats de Bruxelles, et des condoléances aux habitants de la capitale Belge. Ils ont ajouté: «C’est cette même violence que les habitants de la jungle ont fui.»
Haydée Sabéran Lille, de notre correspondante
13 novembre – 22 mars : deux opérations, un seul groupe
Du 13 novembre au 22 mars, le lien était pressenti, il est désormais établi. L’identification des trois kamikazes qui ont tué au moins 31 personnes et en ont blessé 270 autres, mardi à Bruxelles, permet de connecter le double attentat de la capitale belge aux tueries de Paris et Saint-Denis.
Les frères El Bakraoui, qui se sont fait exploser à l’aéroport et dans le métro bruxellois, étaient recherchés par les polices européennes. L’un d’eux, Khalid, est soupçonné d’avoir loué, sous une fausse identité, l’appartement de Forest où s’était réfugié Salah Abdeslam pendant sa cavale. Bien plus en amont, il aurait aussi loué, en payant en liquide, une planque à Charleroi, sous le faux nom d’Ibrahim Maaroufi. C’est là qu’avait fait halte une partie des tueurs dans leur route vers Paris, le 12 novembre. Les traces du passage de Bilal Hadfi, l’un des kamikazes du Stade de France, et d’Abdelhamid Abaaoud, figure centrale des attentats, y avaient été retrouvées.
L’autre frère El Bakraoui, Ibrahim, a laissé derrière lui mardi un message en forme de «testament», selon le mot du procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw, qui le relie à Salah Abdeslam : les enquêteurs ont retrouvé son ordinateur dans une poubelle située à proximité du logement qui a servi d’atelier de préparation des attentats. Le kamikaze apparaît paniqué, il dit être «dans la précipitation» et «ne plus savoir quoi faire», étant «recherché de partout».
Enfin, le troisième terroriste identifié du 22 mars, Najim Laachraoui, serait à la fois l’artificier et le coordinateur des attentats du 13 Novembre (lire page 4). Il a effectué un séjour en Syrie et Salah Abdeslam était sans doute chargé de le convoyer vers la Belgique quand ils ont été contrôlés à la frontière austro-hongroise, en septembre.
Cellules en gestation
Tous ces jeunes hommes, dont les photographies pixelisées composent les organigrammes que l’on retrouve dans les pages des journaux, formaient donc une seule et même cellule. Protéiforme, en recomposition permanente au gré des attaques ou des coups de filet, elle a sans doute été composée en Syrie. C’était même la mission d’Abdelhamid Abaaoud à Raqqa, d’après plusieurs jihadistes rentrés en France et débriefés par la DGSI. Là-bas, le Belge recrutait, entraînait et préparait le retour de combattants radicalisés en Europe. Il avait fini par venir lui-même en France pour participer aux massacres des terrasses des Xe et XIe arrondissement et projetait «de se faire exploser le 18 ou le 19 novembre à la Défense», selon le procureur de Paris, François Molins.
Autour de lui, Abaaoud avait agrégé un réseau d’une trentaine de jihadistes liés par les amitiés de quartier, la délinquance ou l’expérience initiatique du passage en Syrie.
Avec la mort des frères El Bakraoui et de Najim Laachraoui, cette cellule s’éteint-elle ? S’est-elle, en remplissant sa mission sanglante, vidée de ses membres ? Bien sûr, personne ne peut se risquer à l’avancer, même si seul un suspect identifié, Mohamed Abrini, est toujours dans la nature (il s’est volatilisé le 14 novembre). Pour autant, les contours du réseau restent flous et ils pourraient cacher d’autres complices, pour l’instant inconnus.
Mais surtout, d’autres cellules sont certainement en gestation. Depuis février 2016, 46 jihadistes sont revenus de Syrie en France (contre 11 départs dans l’autre sens) selon les chiffres du gouvernement. Tous ne rentrent pas pour commettre des attentats. Certains font défection, d’autres sont immédiatement repérés par les services de renseignement. Toutefois, les agents en sont persuadés, d’autres combattants sont présents en Europe, attendant une ouverture, une consigne, une date ou un lieu symbolique pour frapper.
Auditionné le 17 février devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Patrick Calvar, le patron de la DGSI, l’affirmait sans fard : «Nous disposons d’informations faisant état de la présence de commandos sur le sol européen, dont nous ignorons la localisation et l’objectif.»
Eléments manquants
Le 10 décembre 2015, Adel H., un Algérien de 28 ans, et Muhammad U., un Pakistanais de 22 ans, étaient interpellés à Salzbourg, en Autriche. Comme les deux kamikazes irakiens du Stade de France, ils étaient entrés en Grèce le 3 octobre via l’île de Leros, et disposaient de faux documents de voyage. Dès le lendemain de leur placement en garde à vue, des enquêteurs de la DGSI avaient filé à Salzbourg, persuadés qu’ils tenaient peut-être là des éléments manquants du commando du 13 Novembre. Dans leur téléphone, les agents avaient isolé un numéro turc. Le même avait été retrouvé griffonné sur un bout de papier qu’un kamikaze du Stade de France avait dans la poche. Signe que les investigations en cours pourraient réserver de nouvelles surprises.
Célian Macé , Willy Le Devin
Les frondeurs PS dégainent leur réforme du droit du travail
Leur contre-projet de réforme s’intitule l’Avenir du travail. C’est dire si les frondeurs socialistes voient plus large et plus loin que la future loi El Khomri. Libération s’est procuré le texte de 14 pages rédigé par dix parlementaires pour peser sur le projet de loi Travail, dont la nouvelle mouture doit être présentée en conseil des ministres jeudi. A leurs yeux, même si des modifications ont été apportées par l’exécutif il y a dix jours, dans l’espoir de calmer une colère sociale grandissante, ce texte ne peut ni rassembler la gauche ni dessiner un compromis social d’ampleur. «L’esprit de réforme, ce n’est pas de céder aux discours des puissants mais plutôt de construire ensemble les protections adaptées aux formes nouvelles de l’économie», écrivent les députés Christian Paul, Pascal Cherki, Laurent Baumel ou encore la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, les têtes d’affiche de la «motion B» – l’aile gauche – du congrès socialiste de 2015.
Notre dossierCode du travail, la réforme qui fâche
Face à un exécutif embarqué dans une réforme impopulaire à un an de la présidentielle, une partie des dirigeants socialistes cherche par tous les moyens à envoyer le message qu’une autre gauche est encore possible. Sur le papier en tout cas. Comme ils l’avaient fait pour la réforme fiscale en 2013 ou dans le «rapport Germain» adopté l’été dernier par la direction du PS dans l’epoir de «réorienter» le quinquennat. Ces deux précédents n’ayant débouché sur aucune modification sensible de la ligne gouvernementale, Christian Paul reconnaît ne pas attendre «d’immenses ouvertures» lors du débat parlementaire sur la loi Travail, programmé pour le début du mois de mai à l’Assemblée. Mais «il y a dans la gauche de gouvernement deux projets, deux visions du monde et du code du travail, l’une d’inspiration libérale et l’autre réformiste, qui sont aujourd’hui en débat», estime le député de la Nièvre. De plus, «l’analyse sur les nouveaux enjeux de l’emploi au XXIe siècle n’est pas complète dans le texte El Khomri», complète une ancienne ministre, qui dénonce un «angle mort» de la réforme gouvernementale sur tout son versant numérique.
32 heures et malus social
Dès lors, les frondeurs, dont certains ont battu le pavé aux côtés des syndicats étudiants lors des manifestations des deux dernières semaines, réclament toujours le retrait du projet de loi actuel. Ils demandent aussi que le compte personnel d’activité (CPA) soit mis en place par le biais d’un «autre texte législatif qui lui serait pleinement dédié» ce qui permettrait d’étoffer et de renforcer le dispositif afin qu’il ne se «résume pas à la simple juxtaposition de droits existants, vendu comme une contrepartie à un recul des droits et des protections». Entreraient dans ce CPA relooké un «compte retour à l’emploi» afin de permettre la portabilité des droits aux allocations chômage ou l’épargne salariale.
Les contributeurs proposent, entre autres, d’instaurer une surcotisation des employeurs sur le principe du «pollueur-payeur»: plus une entreprise licencierait, plus elle cotiserait à l’assurance-chômage, instaurant une forme de malus social. Ils veulent également renforcer les sanctions administratives en cas de recours abusif au travail précaire et un passage aux 32 heures de travail hebdomadaires payées 35 dès 2017 pour le travail de nuit et tous les travaux pénibles. Dans l’intervalle, les frondeurs réclament un renforcement des 35 heures «en fixant un plancher de majoration des heures supplémentaires de 25 et 50% à partir de la septième heure supplémentaire». Autant de droits qui seraient sanctuarisés «sans possibilité de remise en cause par convention ou accord collectif». Une pierre dans le jardin d’Emmanuel Macron qui rêve de supprimer le plancher de majoration des heures supplémentaires.
«Emploi associatif»
«Moderniser le travail ce n’est pas travailler plus pour gagner autant», peut-on lire dans le document. Opposés au plafonnement et au barème des indemnités prud’hommales en cas de licenciements abusif, la contre-réforme propose de réformer le fonctionnement des prud’hommes pour «raccourcir et améliorer» les procédures. A l’instar de l’ancien ministre Benoît Hamon, les frondeurs souhaitent faciliter la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle. L’aile gauche réclame aussi un «plan de soutien aux missions locales» et une «politique publique de l’emploi associatif» afin que les associations puisse bénéficier du CICE – une bataille qu’ils mènent en vain depuis décembre 2012.
Avant la journée de mobilisation syndicale contre la loi El Khomri du 31 mars, les frondeurs vont poursuivre leurs auditions des principales organisations de salariés, une diplomatie sociale parallèle qui a le don de mettre en rogne Matignon. «Il y a le formel et l’informel, défend une députée frondeuse. Comme dirait Valls, nous ne sommes ni dans une économie ni dans une démocratie administrée».

Laure Bretton
Place Beauvau, on mobilise contre la radicalisation
Début 2015, cela avait été un niet au gouvernement. Pas question de consacrer la première réunion de l’instance de dialogue avec l’islam, à la question de la radicalisation. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) s’y était fermement opposé. Il n’était pas le seul. «C’était d’emblée enlever sa crédibilité à l’instance de dialogue», estime M’Hamed Henniche, secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM-93). Mais ce refus était surtout significatif d’un climat.
Au sein des milieux musulmans, le débat est très vif sur les racines et les causes de la radicalisation (un terme qui pose question), sur ses liens ou non avec l’islam. Sagement, la place Beauvau a donc patienté. La deuxième réunion de l’instance de dialogue avec l’islam, réunie lundi au ministère de l’Intérieur, a bel et bien été consacrée à la prévention de la radicalisation. Elle a été ouverte par le Premier ministre Manuel Valls par un discours d’apaisement vis-à-vis des musulmans français. «Il faut, bien sûr, chercher à comprendre, ce qui ne veut pas dire chercher je ne sais quelle explication», a-t-il déclaré, cherchant à corriger sa déclaration polémique prononcée après les attentats du 13 Novembre. Valls avait alors dit qu’«expliquer, c’était déjà vouloir un peu excuser. »
Initiatives. Les débats au sein de la communauté musulmane sont toujours là. «Je sais que le choix de ce thème de la radicalisation a suscité des interrogations», a reconnu d’ailleurs lundi Bernard Cazeneuve face aux invités de l’instance de dialogue.
Mais le vent a tourné depuis les attentats du 13 Novembre. «Les musulmans ont pris conscience qu’ils étaient eux-mêmes des cibles et que l’image de leur religion était gravement atteinte», pointe le sociologue des religions Franck Fregosi, spécialiste de l’islam. Mais beaucoup de fidèles musulmans demeurent sur la défensive et les mouvances salafistes, elles, crient toujours à la stigmatisation. Bernard Cazeneuve insiste, lui, sur l’urgence de la situation livrant des chiffres alarmants. En France, environ 2 000 jeunes (revenus du jihad ou souhaitant se rendre en Syrie et en Irak) sont partie prenante des filières terroristes, soit quatre fois plus qu’il y a deux ans. Quitte à froisser, le ministre a aussi souligné la «dimension religieuse» du «cadre de mobilisation proposée aux djihadistes ». Pour le gouvernement, il s’agit de mobiliser les responsables musulmans afin de contrer les discours de l’Etat islamique.
Formation. Sur le terrain, quelques initiatives existent déjà. Comme à la mosquée de Cenon (Gironde). «Je reçois des jeunes convertis dont la radicalisation des pratiques religieuses inquiète leurs familles», raconte l’imam Mahmoud Doua. Mais pour lui, l’exercice a ses limites. «Je ne peux pas intervenir auprès de jeunes qui sont déjà tombés dans la violence», dit-il. Le président du CFCM suggère de réfléchir à la création d’un conseil religieux qui serait le lieu d’élaboration d’un discours théologique musulman, adapté aux réalités françaises. Une idée qui fait peu à peu son chemin. Le gouvernement a profité de cette journée de débats, pour mettre sur la table quelques propositions : une meilleure intégration des acteurs religieux dans les 101 cellules locales de suivi et d’accompagnement des personnes radicalisées et une meilleure structuration de l’aumônerie musulmane en prison (un sujet hautement sensible). Mais il n’est toujours pas question de créer un véritable statut (avec rémunération) des aumôniers musulmans pénitentiaires.
Reste aussi à professionaliser réellement l’islam de France et donc porter un effort conséquent sur la formation des imams. Un vieux serpent de mer. Le gouvernement, ligoté par les contraintes de la loi de 1905, souhaite s’investir uniquement sur la formation civique. Pourtant, pour l’islamologue Rachid Benzine, la plupart des imams qui exercent actuellement dans les mosquées françaises sont incapables de contrer religieusement le discours de l’État islamique. La quadrature du cercle !
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Bernadette Sauvaget
Législatives partielles: les Républicains remportent trois scrutins
Deux candidats des Républicains ont été élus dimanche députés face à des adversaires FN dans le Nord et dans l’Aisne sur fond de forte abstention et d’élimination de la gauche au premier tour.
Dans le Nord, le candidat Les Républicains de la 10e circonscription, Vincent Ledoux, 49 ans, a obtenu 67,92% des voix, contre 32,08% pour la candidate du Front national Virginie Rosez, lors d’un scrutin où la participation n’a atteint que 22,00% (21,7% au premier tour).
Au premier tour, Vincent Ledoux, maire de Roncq et vice-président de la Métropole Européenne de Lille, avait obtenu 46,84% des suffrages et se trouvait en ballottage face à la candidate frontiste (25,22%).
Le candidat socialiste Alain Mezrag se plaçait en troisième position avec 11,24% des voix. Venaient ensuite les candidats EELV (5,90%), PCF (5,10%), LO (2,96%), DVD (1,49%) et MRC (1,24%).
M. Ledoux remplacera à l’Assemblée nationale le maire de Tourcoing Gérald Darmanin (LR) qui a démissionné de son mandat de député en janvier pour cause de cumul des mandats, préférant entrer dans l’exécutif régional au côté de Xavier Bertrand, dont il est l’un des vice-présidents.
Après la défaite du PS au premier tour, la fédération PS du Nord avait appelé explicitement les électeurs «à faire barrage au Front National en votant pour le candidat de droite Vincent Ledoux».
Dans l’Aisne, le candidat du parti Les Républicains Julien Dive a été élu député avec 61,14% des voix contre 38,86% pour Sylvie Saillard-Meunier (FN) lors d’un scrutin où la participation a atteint 34,25%, selon les résultats de la préfecture.
Il succédera à l’Assemblée nationale à Xavier Bertrand qui a démissionné de son mandat de député pour se consacrer à la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie après son élection à la présidence de l’assemblée régionale.
Par ailleurs, dans la deuxième circonscription des Yvelines, le candidat du parti Les Républicains Pascal Thévenot a largement remporté l’élection législative partielle qui l’opposait au second tour au candidat socialiste Tristan Jacques.
Soutenu par l’UDI et le Modem, M. Thévenot a obtenu 72,25% des suffrages, contre 27,75% pour son adversaire, dans un scrutin à faible participation (26,12%).
Le maire de Vélizy-Villacoublay succède ainsi à Valérie Pécresse, qui a démissionné de son siège à l’Assemblée nationale après son élection à la tête de la région Ile-de-France.
Il avait obtenu 46,05% des voix au premier tour, devançant déjà largement Tristan Jacques (12,98%), un candidat «Yvelines pour tous» -émanation de la Manif pour tous- (9,56%) et le FN, éliminé après avoir récolté 9,38% des voix.
Dans cette circonscription fidèle à la droite, Valérie Pécresse avait été réélue en 2012 avec près de 59% des voix devant le socialiste Jacques Lollioz.
AFP
Philippe Poutou sera le candidat du NPA à la présidentielle de 2017
Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a choisi Philippe Poutou pour le représenter à nouveau à l’élection présidentielle de 2017. Réunis ce week-end pour une conférence nationale sur la présidentielle, les délégués du parti ont adopté, à 95%, une déclaration en ce sens, a indiqué à Libération un membre du parti.
Ouvrier dans l’automobile dans une usine Ford, porte-parole du NPA, Philippe Poutou avait recueilli, lors de la présidentielle de 2012, 1,15% des suffrages.
A lire aussi, cet article écrit à son sujet à l’époque : Philippe Poutou, candidat candide du NPA
Pour cette nouvelle campagne, il sera accompagné de deux porte-parole, dont Olivier Besancenot. Au Lab.fr, Philippe Poutou a expliqué : «Le mouvement contre le gouvernement et la loi travail nous a redonné la pêche. On a une colère à faire entendre. On est obligé de prendre de l’avance et d’avoir un calendrier précoce pour obtenir les 500 signatures. On est donc obligé de partir plus tôt que d’autres pour passer ce tour préliminaire. Pourquoi moi ? Le fait que je sois un peu connu, ça a aidé même si ce n’est pas quelque chose de naturel pour moi d’être candidat.»
En octobre 2014, Philippe Poutou avait quitté le comité exécutif du NPA en raison de sa «non intégration à l’équipe exécutive et de désaccords multiples sur le fonctionnement», mais est resté membre du conseil national du parti.
LIBERATION