François Hollande a annoncé samedi qu’il se rendrait lundi en Irak pour « saluer » les soldats français engagés contre l’organisation État islamique (EI), lors des ultimes voeux télévisés du Nouvel an de son quinquennat. « Nous n’en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme. Il nous faudra continuer à le combattre. À l’extérieur, c’est le sens de nos opérations militaires au Mali, en Syrie, en Irak. Irak où je me rendrai après-demain (lundi) pour saluer nos soldats », a déclaré le président de la République. Il faut « combattre aussi » le terrorisme « à l’intérieur pour déjouer des attentats, mettre hors d’état de nuire les individus dangereux et prévenir la radicalisation djihadiste.
Mais soyez certains d’une chose, que de cette lutte contre la barbarie la démocratie sortira victorieuse », a poursuivi François Hollande. Lors de cette allocution de neuf minutes, le chef de l’État est revenu sur les « terribles attentats » ayant endeuillé la France en 2016, citant ceux de Nice, de Magnanville et de Saint-Étienne-du-Rouvray. « Je pense en cet instant aux victimes, à leurs familles, aux blessés qui souffrent dans leur coeur et dans leur chair », a-t-il dit. « Je sais aussi l’inquiétude qui est toujours la vôtre face à cette menace terroriste qui ne faiblit pas, comme hélas en témoigne ce qui s’est produit à Berlin » où douze personnes ont péri lors d’une attaque d’un marché de Noël.
Le Pen dans le viseur
Mais « vous pouvez être fiers de vous », a lancé François Hollande aux Français. « Les terroristes voulaient vous diviser, vous séparer, vous effrayer. Vous avez montré que vous étiez plus forts rassemblés, solidaires et unis. Vous n’avez pas cédé aux amalgames, aux stigmatisations, aux vaines querelles ». « Il me revient donc, avec le gouvernement de Bernard Cazeneuve, d’assurer votre protection. J’y consacre tous les moyens nécessaires et je veux rendre hommage à nos policiers, à nos gendarmes, à nos militaires, qui se dévouent jusqu’au sacrifice pour assurer notre sécurité », a-t-il conclu.
Le président François Hollande a mis en garde samedi soir, sans citer le nom de Marine Le Pen, contre une victoire du Front national à la présidentielle, en estimant que « ce ne serait plus la France ». Il s’en est aussi pris au candidat de la droite François Fillon, accusé de vouloir « brutaliser la société », et a lancé un avertissement à la gauche, dont « la dispersion » risque d’entraîner son « élimination » dès le premier tour de la présidentielle en avril 2017, lors de ses derniers voeux télévisés du Nouvel An.
« La France, européenne et fraternelle »
« Dans à peine cinq mois, vous aurez, mes chers compatriotes, à faire un choix. Il sera décisif pour la France. Il en va de son modèle social auquel vous êtes attachés car il garantit l’égalité de tous face aux aléas de la vie et notamment la santé, il en va de ses services publics, essentiels, et notamment l’école de la République, là où beaucoup se joue », a dit le chef de l’Etat dans une allusion claire à François Fillon, qu’il a appelé à ne pas « brutaliser la société ».
Mais, dans le scrutin présidentiel, il en va surtout « de nos valeurs », a-t-il insisté. « La France, elle est ouverte au monde, elle est européenne, elle est fraternelle. Comment imaginer notre pays recroquevillé derrière des murs, réduit à son seul marché intérieur, revenant à sa monnaie nationale et en plus, en plus », a-t-il répété, « discriminant ses enfants selon leurs origines ». « Mais ce ne serait plus la France ! », a lâché François Hollande. « En cette fin d’année, ce que nous croyons acquis, parfois pour toujours, la démocratie, la liberté, les droits sociaux, l’Europe et même la paix, tout cela devient vulnérable, réversible. On l’a vu au Royaume-Uni avec le Brexit et aux États-Unis lors de l’élection du mois de novembre. On le voit sur notre continent, à travers la montée des extrémismes », a-t-il mis en garde.
S’adressant aussi à son propre camp, une gauche aujourd’hui très divisée, François Hollande, qui a renoncé il y a tout juste un mois à briguer un second mandat, a appelé à « écarter la dispersion de certaines de nos forces politiques qui entraînerait d’ailleurs leur élimination » au soir du premier tour de la présidentielle. « Mais c’est vous, quoi qu’il arrive, qui aurez le dernier mot. C’est pourquoi votre responsabilité est aussi grande », a-t-il lancé aux Français. François Hollande a également prévenu que, « jusqu’au dernier jour de (son) mandat », il serait « pleinement à (sa) tâche ».