Mois : décembre 2016

Alep : Cazeneuve dénonce « des crimes de guerre, voire contre l'humanité »

« Je dénonce l’horreur de ces massacres et j’affirme que ceux qui les ont perpétrés auront à rendre compte, devant la communauté internationale, des crimes dont ils sont les auteurs », a déclaré Bernard Cazeneuve en préambule de sa déclaration de politique générale, devant l’Assemblée nationale. Mardi 13 décembre, le Premier ministre a dénoncé les « innombrables atrocités » et les « massacres » commis par le régime syrien contre des civils à Alep « avec l’appui » de la Russie, qui peuvent constituer des « crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité ». « Au moment où je vous parle, une tragédie humanitaire effroyable frappe la ville d’Alep et sa population civile », a-t-il déploré, citant « les femmes et les enfants d’Alep, (qui) après des mois de siège, fuient sous les bombes et sont les victimes d’innombrables atrocités ».

« Un cynisme et une cruauté inouïs »

« Selon divers témoignages, les hommes de moins de 40 ans sont arrêtés, enrôlés de force, parfois exécutés par l’armée syrienne, avec l’appui des forces favorables au régime de Bachar el-Assad, à commencer par la Russie », a-t-il affirmé. « Ces atrocités, qui peuvent être constitutives de crimes de guerre, voire de crimes contre l’humanité, sont accomplies avec un cynisme et une cruauté inouïs », a fustigé le nouveau Premier ministre dans ce grand discours d’entrée en fonction, prononcé une semaine après sa nomination. « Jamais nous n’accepterons, au nom d’un prétendu réalisme, de nous allier aujourd’hui avec les responsables du martyre d’Alep », a-t-il lancé, visant implicitement le candidat de la droite François Fillon, favorable à un rapprochement avec Moscou sur le dossier syrien.

L’ONU s’est alarmée mardi de l’exécution présumée par des supplétifs du régime syrien de dizaines de civils, dont des enfants, dans la ville d’Alep que l’armée est sur le point de conquérir totalement. Soumis depuis quatre semaines à de violents bombardements aériens et d’artillerie, les rebelles ont perdu la quasi-totalité de leur ancien bastion d’Alep-Est et sont cantonnés, avec des dizaines de milliers de civils, notamment dans le grand quartier d’al-Machad.

Vincent Peillon, candidat pour Hollande

Il s’est lui aussi posé en candidat du rassemblement. Vincent Peillon, ancien ministre de l’Education, a annoncé dimanche soir sur France 2 sa candidature à la primaire de la gauche. Il souhaite « rassembler » son camp, jusqu’à Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron avec qui il considère pouvoir travailler. L’objectif? « Gagner la présidentielle ».

« Je n’avais pas prévu d’être (candidat) car je considérais que le président de la République devait porter les couleurs de son bilan, j’ai pris (la décision) le soir où il a fait son annonce » a affirmé M. Peillon, qui s’est posé en « candidat d’une éthique politique ». Soutenu par plusieurs députés – Patrick Mennucci, Eduardo Rihan Cypel, Patrick Bloche -, Vincent Peillon aurait le mérite, selon ses proches, d’être au « point d’équilibre » de la gauche.

« Aucun ennemi »

Il a rejeté tout téléguidage de sa candidature par d’autres socialistes ou une candidature qui servirait à un projet « tout sauf Valls » : « Ça n’a aucun sens. Je vous le dis très clairement, une décision comme celle-là, elle se prend dans la solitude de sa conscience, je n’ai aucun ennemi. »

« Je veux être le candidat du rassemblement, pour gagner. L’extrême droite elle est haute (…). Derrière un vernis social, c’est l’extrême droite la plus dure, celle qui a déshonoré notre pays », a accusé l’ancien député de la Somme. « Il y a en même temps la droite de M. Fillon, en train d’affirmer des choses d’une dureté incroyable, attaquer les fonctionnaires » a encore mis en garde le député européen.

Les critiques envers Hollande ? « Injustes »

Pour lui, les « jugements sur la personne et l’action » de François Hollande « sont injustes. Il y a un seul pays en Europe qui a maintenu sa cohésion sociale, son niveau de sécurité sociale, qui a créé des postes de fonctionnaires, qui a fait de nouvelles conquêtes de protection sociale (…) et en même temps on a réduit nos déficits, on a maintenu notre modèle social et même on l’a fait progresser », a vanté M. Peillon.

« Je crois que très vite les Français vont réapprécier la personne et le bilan » de l’actuel chef de l’Etat, a-t-il pronostiqué, tout en reconnaissant « erreurs » et « difficultés », par exemple une « majorité trop étroite ». « J’en parlerai ». Peillon a donné quelques coups de griffes à ses adversaires, assurant être « parti du gouvernement avant ceux qui peut-être n’ont pas l’air de vouloir souffrir leur propre bilan. »

Défense des 35 heures

Il a aussi défendu « le patrimoine commun des Français » et notamment les 35 heures, estimant que Emmanuel Macron, Manuel Valls mais aussi la droite « les avaient critiquées et maintenant les gardent ». « Nous sommes ceux qui avons amené des progrès », d’après lui.

« Il faut deux rassemblements: un premier rassemblement, la primaire (…), celui qui la gagnera nous le soutiendrons » mais aussi « à l’extérieur » avec « deux personnes que les Français apprécient et qui sont des personnes de valeurs », Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron avec lesquels « bien entendu » il compte travailler si il remportait la primaire prévue les 22 et 29 janvier.

Neumann – 2017, rien n'est écrit…

Manuel Valls a raison sur un point : rien n’est écrit et la présidentielle de 2017 est loin d’avoir livré son verdict. Ni pour François Fillon, pourtant auréolé de sa victoire sans appel à la primaire de la droite et du centre et que tant d’observateurs voient déjà à l’Élysée, ni pour Marine Le Pen qui se croit déjà qualifiée pour le second tour de la présidentielle. Même le destin de la gauche, si sombre à ce jour, n’est pas écrit.

Les derniers sondages indiquent qu’au premier tour Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron et Manuel Valls sont à égalité ou presque (14 % pour les deux premiers, 1…

Primaire – Bennahmias-de Rugy : bataille dans une cabine téléphonique

Jean-Luc Bennahmias, investi par l’Union des démocrates et écologistes (UDE), a annoncé mercredi avoir déposé sa candidature à la primaire de la gauche organisée par le PS. Son mot d’ordre : « reconstruire en France une majorité progressiste ». Jean-Luc Bennahmias, qui préside le Front démocrate et copréside l’UDE, est la troisième personnalité à officialiser sa démarche, après Arnaud Montebourg le 1er décembre et François de Rugy mardi. Le dépôt de la candidature de Benoît Hamon est, lui, attendu vendredi matin.

Pour ceux que la question écologiste intéresse mais qui sont peu familiers des bisbilles de cette turbulente petite famille politique, précisons que François de Rugy est l’un des membres fondateurs de l’UDE. Mais lui préside un autre parti : Écologistes ! Attention de ne pas les confondre. Difficile d’en savoir plus sur ce qui les distingue. Le site de l’UDE est en maintenance…


Capture d’écran du site de l’UDE le 7 décembre 2016.

Le seul vrai écologiste ?

Rappelons qu’interrogé par Le Monde sur ce qui distingue sa candidature de celle de Jean-Luc Bennahmias François de Rugy a été formel : « Ma candidature est écologiste. Je serai clairement le seul candidat à mettre l’écologie au cœur du projet de la gauche. » Alors qu’à 62 ans Jean-Luc Bennahmias souhaite, lui, trouver les clés pour « reconstruire une majorité progressiste » en brassant « au-delà de la gauche », dans un spectre allant « de l’électorat de Jean-Luc Mélenchon » à celui de « Nathalie Kosciusko-Morizet à droite ». Parmi les idées-force qu’il affirme soutenir, un « revenu universel autour de 800 euros », l’introduction de « la proportionnelle » dans les scrutins, la mise en place d’un « objectif de développement durable, qui va de pair avec l’économie circulaire et ce qui a été fixé dans la COP21 », le respect de « l’exception culturelle française » ou encore la possibilité d’un « service civique obligatoire de six mois ou un an ».

En ce qui concerne François de Rugy, pas de programme sur son site qui rend compte de ses activités de député de Loire-Atlantique, mais cette réponse faite au Monde : « un objectif de 100 % d’énergies renouvelables en 2050 », la promesse d’une « baisse de 25 % » sur la facture énergétique des Français « grâce aux économies d’énergie », le vote obligatoire, le non-cumul des mandats, la proportionnelle à l’Assemblée nationale et « une vraie réforme de la décentralisation ». Enfin, M. de Rugy « souhaite faire du Parlement européen le cœur de la démocratie européenne ».

À vue de nez, rien de commun, donc, entre ces deux écologistes « de gouvernement ». Cela valait bien deux candidatures…

Tesson – Valls : quel échec ! quelle désillusion !

En entendant lundi soir Manuel Valls annoncer sa candidature à la présidence de la République, on se rappelait l’époque où il incarnait l’espoir d’un aggiornamento du socialisme. Il disait, parlant du socialisme : « Ça a été une merveilleuse idée, une splendide utopie. » Il ajoutait : « Il faut tout remettre en cause… Le mot de socialisme réveille toujours en moi des trésors d’émotion. Mais cette émotion est trompeuse, si elle obère l’action… » Il disait cela, c’était lucide, enthousiaste, intelligent, courageux. Cela ne nous concernait pas directement, nous ne sommes pas socialiste, mais on aimait l’idée d’une gauche moderne, nécessaire à l’équilibre démocratique. Dans les années qui suivirent, on a continué à respecter, voire à admirer l’énergie que déployait cet homme-là pour réinventer la gauche, pour rénover le socialisme, pour le libérer de ses pesanteurs et de ses archaïsmes, à l’image de ce qu’avaient fait Blair et Schröder, chacun à sa façon. Et le temps a passé. Et on a pu croire, il y a bientôt trois ans, lors du virage libéral opéré par Hollande, que le souhait de Valls allait connaître un début de réalisation. Et l’on sait ce qu’il est advenu de cette espérance : les résistances que cette promesse a rencontrées à gauche, la fronde que cela a suscitée, les hésitations, les pas en arrière, les maladresses, les ambiguïtés qui s’en sont ensuivis du côté du gouvernement. Et la gauche en miettes.

Lui qui incarnait l’avenir n’a utilisé que le langage du passé

On se rappelait tout cela en entendant Manuel Valls lundi soir. Quel échec ! Quelle désillusion ! Il y avait quelque chose de pathétique dans l’effort qu’il faisait pour donner le change. Le voilà qui se lance dans une aventure aléatoire où l’on distingue mal ce qui le motive, de la part d’ambition personnelle ou de la part de dévouement à la cause. Comment peut-il croire qu’il est le rassembleur qu’il se veut être, lorsqu’on sait les hypothèques qui pèsent sur son dessein ? C’est un rêve qu’il a livré, rien que cela, sur les ruines d’un quinquennat désastreux, c’est une utopie, cette « splendide utopie » qu’il dénonçait avant son accession au pouvoir. Lui qui incarnait autrefois l’avenir n’a utilisé lundi que le langage du passé, celui de la légende socialiste. Tout y était : l’emphase, le lyrisme désuet, le vocabulaire inépuisable du sentiment et de la morale, la vanité des mots. Écoutons-le : « La gauche est grande et belle », dit-il au moment où elle donne d’elle-même une image mortifère. Écoutons-le énumérer la litanie des lieux communs, des références grandiloquentes, des concepts éculés de la mythologie républicaine et démocratique. Écoutons cette énormité d’un incroyable cynisme, qu’il lance comme un hommage : « La gauche, c’est le débat », alors que c’est justement le débat qui est en train de tuer la gauche, c’est le débat interne à la gauche qui, depuis bientôt cinq ans, paralyse la France. C’est vraiment trop d’arrogance ou de frivolité ou d’inconscience. Jusqu’à quand vont-ils nous faire payer leurs discussions byzantines sur leur sexe idéologique ?

Qu’il informe le pays de son projet politique

On veut bien admettre que, campagne électorale oblige, l’annonce d’une candidature puisse s’accompagner d’une exhortation à l’enthousiasme. Encore faut-il que celui-ci prenne en compte la réalité du contexte. On attendait de Manuel Valls un minimum d’humilité après la déroute de la gauche. On est frustré. On attendait ensuite qu’il définisse les « valeurs » qu’il défend. On est tout aussi frustré. Car, paradoxalement, il y en a trop. Elles font ratatouille, et elles sont communes à la plupart des familles politiques, en ces temps de confusion démocratique. Ce que l’on attend de lui, enfin et surtout, c’est que dans les quelques semaines qui nous séparent de la primaire, il informe le pays de son projet politique. Ou bien du sien propre, fidèle aux promesses novatrices que portaient ses propositions passées et nourri de ses récentes expériences. C’est ce que l’on souhaite à la gauche. Ou bien d’un projet rassembleur issu d’une série de compromis passés avec ses concurrents. C’est ce que l’on redoute pour la gauche, mais cela semble très aléatoire. Car, quoi qu’il en soit, il est fortement douteux que l’un ou l’autre de ces projets emporte l’élection présidentielle ! Dans tous les cas de figure, l’ambition de l’ancien Premier ministre est illusoire.

Belle Alliance populaire : le PS tente de donner du souffle à sa primaire

Le renoncement de François Hollande à la présidentielle 2017 a sonné le Parti socialiste. Samedi 3 décembre, le PS s’est efforcé de donner du souffle à sa primaire, appelant Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à s’y joindre, lors de la « Convention nationale » de la Belle Alliance populaire.

La réunion, à laquelle n’assistaient ni Manuel Valls ni plusieurs candidats déclarés à la primaire tels Arnaud Montebourg ou Benoît Hamon, a aussi pris des allures d’hommage au président sortant et à son bilan, entrecoupé d’appels à contrer le programme « réactionnaire » de la droite. « Oui, la primaire, c’est le moyen d’imposer l’unité, de faire en sorte que les familles séparées se retrouvent, et encore une fois, à mon tour, je lance un appel à ceux qui n’ont pas compris aujourd’hui que la modernité c’est que le peuple tranche et non pas de trancher à la place du peuple (…) Je lance un appel à Emmanuel Macron, à Jean-Luc Mélenchon: rejoignez la primaire de la gauche ! », a déclaré le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis à la tribune.

« Un immense succès

Le PS, longtemps soupçonné de ne vouloir organiser qu’une « petite primaire » les 22 et 29 janvier pour mettre en selle le candidat François Hollande, a désormais changé son fusil d’épaule, souhaitant visiblement donner de l’ampleur à l’événement après le succès de la primaire de la droite et le renoncement du président. « Nous allons faire en sorte que les primaires de la gauche soient un immense succès », a dit Jean-Christophe Cambadélis en conclusion de son discours.

L’événement, initialement conçu comme le rassemblement de tous les représentants de la « Belle Alliance populaire » à Paris et pour lequel Jean-Christophe Cambadélis espérait en septembre quelque 10 000 personnes, n’en a rassemblé qu’environ 2 500, dans un centre de congrès à Paris (XIXe) avec quantité d’écrans géants. Un rétrécissement à l’image du parcours difficile de la Belle Alliance populaire, dont le projet de « dépasser » le PS en lui adjoignant les radicaux, les écologistes pro-gouvernement, le monde syndical et associatif a connu un relatif échec -le PRG a claqué la porte dès juin, Génération écologie la semaine dernière.

L’absence de Manuel Valls

48h après le renoncement de François Hollande à briguer un second mandat en 2017, le numéro un du PS a affiché du « respect pour un homme qui a fait face et qui aujourd’hui s’efface pour nous laisser la place ». « Respect pour cet homme qui a pensé d’abord à la France et qui a vu la situation dans laquelle elle était, et qui n’a pas voulu ajouter le désarroi, la difficulté, la polémique (…) respect oui, François Hollande (…) tu es l’honneur de la gauche ».

Le Premier ministre, qui devait initialement prononcer un grand discours, n’était finalement pas présent. Alors qu’il doit prochainement déclarer sa candidature à la primaire, la direction du PS avait à coeur de ne pas donner prise aux accusations de partialité. Se sont en revanche succédés à la tribune les ministres socialistes Marisol Touraine et Najat Vallaud-Belkacem, ou écologistes Jean-Vincent Placé et Emmanuelle Cosse. Le Premier secrétaire du PS n’a pas eu de mots assez durs contre François Fillon, un homme « à l’image » de « la droite des gens aisés » qui l’a choisi, qui « a beaucoup navigué en politique », et contre son « projet de casse sociale, de régression morale », un « homme sous influence: (Henri) De Castries (ex-Pdg d’Axa) pour l’économie, (Vladimir) Poutine pour la politique étrangère, Sens commun pour les problèmes de société ».