«Les femmes enceintes qui se voient détecter le virus du Zika, – elles sont très peu nombreuses en Guadeloupe, elles le sont plus en Martinique par exemple -, bénéficient et bénéficieront d’un suivi renforcé avec une échographie chaque mois pour suivre l’évolution de la grossesse», a annoncé la ministre de la Santé, en déplacement en Guadeloupe jeudi. Marisol Touraine a commencé à Pointe-à-Pitre un déplacement de cinq jours aux Antilles et Guyane, où le virus est présent. «Ces échographies sont prises en charge à 100% par la sécurité sociale et la femme concernée n’aura même pas besoin d’avancer le prix de l’échographie», a-t-elle précisé.
La Guadeloupe se trouve «en phase pré-épidémique», a rappelé la ministre. Au total, le territoire compte 35 cas confirmés et 389 cas cliniquement évocateurs, dont deux femmes enceintes (l’une d’elles a accouché), a précisé à l’AFP le directeur de l’Agence régionale de santé Patrice Richard.
Transmis par le moustique, le virus Zika est soupçonné d’être responsable de cas de malformations congénitales chez les nourrissons, notamment la microcéphalie (malformation de la boîte crânienne). «Il n’y a pas de cas de microcéphalie en France aujourd’hui», a souligné la ministre.
Porte à porte
Dans la matinée, elle a assisté sur le terrain à une opération de démoustication à Baie-Mahault, au centre de l’île. «Chaque semaine, nous allons chez l’habitant. Nous vérifions autour et à l’intérieur des maisons après autorisation des administrés», a expliqué Mauricia Bargas, de l’équipe de veille de la ville. Baie-Mahault, première commune du département touchée par le chikungunya il y a deux ans, a maintenu les actions de prévention mises alors en place. «Les actions en porte à porte sont les plus efficaces», a confirmé la maire, Hélène Polifonte. «Le moustique aedes aegypti, comme on dit chez nous, est aristocrate car il aime les eaux claires», a souligné avec sourire l’élue.
Sur le terrain, des brigades anti-moustiques composées d’agents de la ville, en complémentarité avec celles de l’Agence régionale de santé, renforcées par des pompiers, vérifient tout endroit où les moustiques peuvent se reproduire : fûts, pots et bacs à fleurs, soucoupes, regards mais aussi gouttières grâce à l’aide d’une perche équipée d’un miroir. En 2015, 40 000 maisons ont été visitées et 6 000 gites larvaires détruits dans toute la Guadeloupe.
«Alerter sans alarmer»
«Je pense qu’il y a l’art et la manière de faire passer les messages […] Nous comptons énormément sur le tourisme pour développer notre territoire», a insisté la maire, revenant sur les propos que la ministre avait tenus, déconseillant aux femmes enceintes de se rendre aux Antilles. «Moi je suis ministre de la Santé et ma responsabilité est de ne rien cacher. Ma responsabilité est d’alerter sans alarmer», a répondu Marisol Touraine.
Un peu plus tôt, elle s’était rendue dans une école des Abymes où lui a été présenté «Sapik», un DVD interactif destiné à éduquer les élèves à la prévention. Sur le mur de la salle de classe de CM1, un dessin de l’aedes aegypti, où sont présentés les stades de développement du moustique et les différentes façons de lutter contre.
DVD projeté
Sous l’œil de la ministre, un jeu de questions-réponses s’engage entre l’instituteur et les élèves : «quels sont les signes qui nous montrent que l’on a le Zika ?» Les réponses fusent : «vomissement», «fièvre», «douleurs articulaires» ou encore «fatigue». Grâce au DVD projeté sur le tableau numérique, l’enfant vient, avec un stylet, écrire la réponse. «C’est décidément bien fait, ce tableau numérique est très spectaculaire», a salué la ministre.
Marisol Touraine s’est ensuite rendue dans l’après-midi au CHU de Pointe-à-Pitre, pour visiter le dispensaire de la Protection maternelle et infantile (PMI) et la maternité, afin de faire le point sur le suivi des grossesses. Elle était attendue dans la soirée en Martinique.
AFP