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Vrai/faux : la désindustrialisation enfin enrayée ?

« La désindustrialisation n’est pas une fatalité. » En visite jeudi dans l’usine de semi-conducteurs X-Fab (ex-Altis, ex-IBM), Manuel Valls a tenu un discours résolument optimiste après le coup de tonnerre de l’élection de Donald Trump aux États-Unis. Sur ce site moderne à forte valeur ajoutée qui vient d’être repris par le groupe allemand après un passage en redressement judiciaire, le Premier ministre a estimé que le gouvernement avait « inversé la tendance » de la désindustrialisation en France.

L’emploi encore en déclin

Qu’en est-il ? Les chiffres de l’emploi industriel publiés le matin même par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) semblent démentir cette affirmation. Au troisième trimestre, l’emploi a continué à reculer dans l’industrie de 0,3 %, soit 9 100 destructions d’emploi. La tendance est ininterrompue depuis début 2001, soit 62 trimestres consécutifs dans le rouge.

Si la tendance sur l’emploi est encore mauvaise, la compétitivité de l’industrie française se redresse pourtant, en tout cas lorsqu’on regarde la compétitivité par les coûts. En 2015, le coût horaire de la main-d’œuvre dans l’industrie est repassé sous la barre du coût allemand (37,6 euros contre 38 euros). Ce n’était plus arrivé depuis 2004 et la période d’austérité salariale assumée outre-Rhin.

Un coût du travail bien orienté

Le crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE) ainsi que le pacte de responsabilité ont clairement joué. En tenant compte de la productivité, les coûts français ont progressé moins vite que ceux de la zone euro en moyenne depuis 2012.

Mais cette amélioration ne doit pas non plus être surestimée, car le prix des services aux entreprises compte pour beaucoup dans les coûts de production industriels (15 % des branches manufacturières en 2014, selon le rapport social économique et financier annexé au projet de loi de finances 2017). Or, le coût horaire de la main-d’œuvre dans les services reste supérieur à celui de l’Allemagne. Mais cela n’a pas non plus empêché les coûts « unitaires » de main-d’oeuvre (qui tiennent compte de la productivité de salariés) dans l’ensemble de l’économie française de progresser beaucoup moins vite que de l’autre côté du Rhin depuis 2009.

Des marges qui commencent à se redresser

Autre indicateur positif, le redressement des taux de marge des entreprises. En d’autres termes, elles sont redevenues plus profitables et peuvent se permettre d’investir, notamment pour améliorer leur compétitivité hors coût, si elles le jugent nécessaire.

« Après avoir atteint son plus bas niveau depuis 1985 au quatrième trimestre 2013, à 29,8 %, le taux de marge des sociétés non financières a fortement rebondi pour atteindre 31,4 % de la valeur ajoutée en 2015 », écrit Bercy. C’est encore en dessous du niveau observé au début des années 2000 (entre 32 et 33 %), mais le redressement est spectaculaire. Au deuxième trimestre 2016, le taux de marge a atteint 31,7 %. Évidemment, la baisse du prix du pétrole a beaucoup joué. Mais la politique gouvernementale aussi.

Incertitudes

Mais, pour l’heure, l’investissement des entreprises françaises n’est pas au rendez-vous. Après un fort rebond en début d’année, le soufflé est retombé, probablement à cause d’un climat d’incertitude économique marqué (attentats, inondations, Brexit, élection de Donald Trump, etc.)

Beaucoup expliquent cette faiblesse par un manque de demande. Avec des carnets de commandes dégarnis, les industriels hésiteraient à appuyer sur l’accélérateur. Mais cette analyse ne fait pas consensus parmi les économistes. « Les hausses de la demande intérieure en France conduisent à une forte progression des importations, qui révèle l’inadéquation de l’offre de biens et de services exportables à la demande ; cette inadéquation est confirmée par la dégradation en tendance de la balance commerciale hors énergie », explique Patrick Artus dans une note.

Un manque de robots

Pour le directeur de la recherche économique chez Natixis, « le problème essentiel de l’économie française est l’inadaptation croissante de l’appareil productif à la nature de la demande » et « la baisse du niveau de gamme de la production ». « La France est, en dehors du Royaume-Uni, le grand pays de l’OCDE où la modernisation du capital industriel est la plus lente. » Un constat dressé à partir de la faible robotisation des usines françaises.

Sa conclusion est déprimante. Pour Patrick Artus, il ne sert donc à rien de relancer la demande ou de diminuer davantage le coût du travail. « C’est une spirale sans fin puisque les pays qui ont le même niveau de gamme que la France ont des coûts salariaux beaucoup plus faibles », écrit-il sur Le Point.fr. Pour lui, le problème vient « du faible dynamisme de la majorité des entrepreneurs en France qui serait aussi responsable, par exemple, du faible nombre d’entreprises exportatrices ».

>> À lire aussi : Pourquoi les entreprises n’investissent-elles pas assez ?

EELV : Jadot fustige les programmes écologiques des autres candidats

À peine désigné candidat d’Europe Écologie-Les Verts pour la présidentielle de 2017, Yannick Jadot a déjà dénoncé le manque d’ambitions écologiques dans les programmes de ses adversaires, au premier rang desquels Emmanuel Macron. Pour le vainqueur de la primaire EELV, l’ancien ministre ferait un « magnifique adversaire » même si, « sur l’écologie, il est nul ».

« Macron, ce n’est pas mon logiciel politique, mais je trouve que ce serait un magnifique adversaire, au moins il renouvelle le paysage politique », a ainsi déclaré Yannick Jadot sur le plateau de « l’Épreuve de Vérité » de Public Sénat-Radio-Classique-Les Echos-AFP. Il a raconté apprécier le fait que le leader d’En Marche! soit « un libéral qui s’assume », contrairement à « Hollande ou Valls [qui] se prétendent des socialistes, mais font quand même plutôt une politique libérale, qu’ils n’assument pas ». Malgré tout, le libéralisme d’Emmanuel Macron ne séduit pas vraiment le candidat écologiste, car c’est « un libéralisme très à la française quand même, très Medef quand même : on ne tape pas aux rentes du Medef, on ne tape pas aux rentes de la finance, on ne tape pas aux rentes du nucléaire ». Sans compte que « sur l’écologie, il est nul ».

« François Hollande, c’est déjà le passé »

Celui qui est arrivé devant Michèle Rivasé n’a pas réservé ses critiques qu’à Emmanuel Macron. À droite, il s’est dit « très inquiet que le parti Les Républicains » devienne « un parti anti-écologiste », c’est-à-dire « pas seulement qui arrête de parler la protection de la planète ». À gauche, il n’a pas non plus épargné Arnaud Montebourg, qui « il y a encore une semaine soutenait Notre-Dame-des-Landes (…), qui soutient le nucléaire, qui soutient le diesel… »

Enfin, Yannick Jadot a une nouvelle fois pris ses distances avec Jean-Luc Mélenchon. « Évidemment, il a progressé » en termes d’écologie, estime le candidat, mais « le nationalisme et l’étatisme sont des réponses incompatibles avec ce qui est pour moi la mise en oeuvre de bonnes solutions », a-t-il argumenté. « Moi, je veux renforcer le pouvoir des citoyens et moi, je combats toutes les dictatures, je ne considère pas un moment que Poutine est plus sympa qu’Obama parce que je suis anti-américain », a poursuivi le député européen. « Le coeur du projet écologique, c’est la démocratie, là-dessus, on a quelques divergences Jean-Luc Mélenchon ».

Le candidat écologiste a cependant réservé ses piques les plus sévères au président François Hollande. « Il est temps qu’il prenne de très grandes vacances », a-t-il affirmé, ajoutant : « François Hollande, c’est déjà le passé ». « On a l’impression qu’il ne gouverne plus ce pays, que quand il parle, au bout d’une minute et demie, vous arrêtez de l’écouter (…), il ne prend plus en main les grandes réformes qu’il devait prendre, il a renoncé ».

Législatives : Hidalgo contre une candidature d’El Khomri à Paris

La bataille commence pour les législatives. La maire PS de ParisAnne Hidalgo a affirmé lundi qu’une candidature de la ministre socialiste du Travail, Myriam El Khomri, aux élections législatives dans la 18e circonscription de la capitale était une « très mauvaise idée ». « J’ai fait savoir que c’était une très mauvaise idée. Je pense qu’il y a un traumatisme très fort autour de la loi (travail) qui porte son nom et que ça ne correspond pas tout à fait à ce qu’attendent de nous les Parisiens », a indiqué devant la presse la maire de Paris, en marge du Conseil de Paris.

Myriam El Khomri a annoncé le 12 octobre qu’elle était candidate à l’investiture socialiste pour les élections législatives dans la 18e circonscription de Paris, où le député PS Christophe Caresche ne se représente pas. Dans une lettre aux militants, elle avait écrit que la « loi travail, je le sais, fera partie » du débat. Anne Hidalgo « travaille avec les équipes de la fédération parisienne, avec nos partenaires sur le dispositif concernant les législatives et les sénatoriales », a ajouté l’élue qui, « dans une perspective 2017 qui n’est a priori pas hyper favorable à la gauche » a « besoin d’avoir des gens qui porteront ce que nous sommes à Paris », a-t-elle encore précisé. « Maintenant, les militants auront à voter, je suis respectueuse des procédures de mon parti », a-t-elle conclu.

La ministre du Travail n’est pas la seule candidate à cette investiture. La conseillère de Paris du 18e Afaf Gabelotaud a fait également connaître aux militants sa volonté d’être investie. La maire de Paris est en froid notoire avec Myriam El Khomri, qui fut l’une de ses porte-parole lors de la campagne des municipales, après son entrée au gouvernement. Les responsables socialistes parisiens avaient depuis quelque temps fait savoir que si Anne Hidalgo n’empêchait pas la ministre d’être candidate, car elle a la légitimité d’être une élue parisienne, elle ne la soutiendrait pas.

Claude Chirac rassure sur la santé de son père

« Il va plutôt, franchement, bien. » La déclaration, au sujet de Jacques Chirac, hospitalisé en septembre, sort de la bouche de sa fille. Claude Chirac a répondu samedi aux questions des journalistes sur l’état de santé de son père. « Il a dû surmonter un moment un peu difficile (…) avec une infection pulmonaire, un peu sévère, mais honnêtement, il est quand même très, très solide parce qu’il va plutôt bien », a insisté Claude Chirac.

La fille de l’ancien président de la République a confirmé publiquement samedi son soutien à Alain Juppé, candidat (LR) à la primaire de la droite en vue de la présidentielle de 2017, lors d’un déplacement du maire de Bordeaux en Corrèze. Jacques Chirac « a été mon mentor en politique, c’est lui qui m’a tout apporté, c’est lui qui m’a convaincu de m’engager en politique », a déclaré son ancien Premier ministre devant la presse. « Et puis il (Jacques Chirac) m’a donné ma chance à plusieurs reprises », a ajouté Alain Juppé lors de la visite de la Maison d’Hestias, un établissement accueillant des autistes adultes créé par la Fondation Chirac, aux côtés de la fille de l’ancien chef de l’État.

Absence de Bernadette Chirac

Alain Juppé a rappelé ses « relations plus qu’amicales, je dirais quasiment filiales » avec Jacques Chirac. « Je pense bien entendu aujourd’hui à lui qui se débat dans la maladie », a-t-il ajouté. Donnant sa propre définition du « Chirac spirit », le favori des sondages à droite a déclaré : « C’est la compétence, la persévérance et aussi l’humanisme. Ce sont de belles vertus que je m’emploie à partager » avec Jacques Chirac.

Bernadette Chirac, fervent soutien du rival d’Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, n’était pas présente lors de cette rencontre. Claude Chirac a simplement expliqué que sa mère souffrait d’une « bronchite », avant d’ajouter sans autres commentaires qu' »elle est juste fatiguée ».

La conférence nationale du PCF refuse le ralliement à Mélenchon pour 2017

Coup de théâtre au sein du Parti communiste français. La conférence nationale du parti a voté samedi contre un ralliement à Jean-Luc Mélenchon en vue de l’élection présidentielle, contre l’avis du secrétaire national du PCFPierre Laurent.

Sur les 519 votants qui se sont exprimés sur la stratégie à adopter, 274 (55%) ont choisi l’option d’une candidature communiste pour la présidentielle. L’option appelant à voter pour Jean-Luc Mélenchon, qui était portée par Pierre Laurent, n’a recueilli que 218 voix. Mais ce sont les quelque 50 000 militants qui prendront la décision finale lors d’un scrutin prévu du 24 au 26 novembre et organisé dans chaque section ou fédération du PCF.

« Une belle leçon de démocratie »

« Je crois qu’il est important que nous soyons comptables de la poursuite démocratique de ces débats et que l’ambiance qui a prévalu, d’écoute et de respect, soit maintenue pour la période qui s’ouvre », a exhorté Pierre Laurent, évoquant « une belle leçon de démocratie » malgré ce revers personnel. Vendredi, le secrétaire national avait effectivement témoigné de sa préférence à un ralliement à Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà remporté la consultation interne du PCF en 2011 et avait, avec cet appui, été candidat à l’élection présidentielle de 2012 sous la bannière du Front de gauche.

« Les camarades ont bien vu que ce que portait Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui n’était pas ce qui faisait notre campagne commune en 2012 », a déclaré à l’Agence France-Presse Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. « Il y a peut-être dans le vote de la conférence nationale l’expression de cela », a-t-il poursuivi. Durant la journée de débats à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris, plusieurs secrétaires fédéraux ont fait part de leurs sérieuses inquiétudes concernant le cadre proposé par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise.

« Vous croyez que je fais tout ce que j’ai fait pour aujourd’hui (…) me plier aux injonctions de La France insoumise ? Vous rigolez ! » avait tenté de rassurer depuis la tribune Pierre Laurent, promettant que le PCF garderait son « autonomie d’initiatives ». Parmi les opposants au ralliement à Jean-Luc Mélenchon, le député du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, a dit ne pas croire qu’« au sein d’une campagne menée par Jean-Luc Mélenchon, on puisse porter (leurs) propres idées, ce n’est pas possible ». « Je pense donc qu’il nous faut notre propre candidat », a-t-il ajouté, suivi en ce sens par la majorité de la salle.

Un soutien à Arnaud Montebourg ?

En 2011, Jean-Luc Mélenchon avait largement remporté la consultation interne du PCF et avait, avec cet appui, été candidat à l’élection présidentielle de 2012 sous la bannière du Front de gauche, une coalition qu’il a quittée pour créer en février dernier son propre mouvement, « La France insoumise ». Lâché en rase campagne, le PCF cherche à clarifier un positionnement décidément bien flou pour la présidentielle, puisqu’il a été aussi fait allusion plusieurs fois cette semaine à un possible soutien à Arnaud Montebourg s’il gagnait la primaire de la gauche organisée par le PS.

Ce dernier, interrogé sur le vote des cadres du PCF, a refusé « par délicatesse » de commenter. Arnaud Montebourg a néanmoins prôné à nouveau « l’union des gauches ». « Les partis politiques s’autodéterminent librement. Je n’ai pas à intervenir dans les choix des autres partis de gauche ». Dans un entretien au Journal du Dimanche la semaine dernière, Arnaud Montebourg s’était dit prêt à faire l’union avec le PCF dès le premier tour, et il avait dénoncé la « radicalité » de Jean-Luc Mélenchon.

Calais : les mineurs de la « jungle » évacués à partir de mercredi

Les quelque 1 500 mineurs isolés qui vivent dans les conteneurs du Centre d’accueil provisoire (CAP) situés sur l’ancienne « jungle » de Calais seront évacués à partir de mercredi, deux jours après la fin du démantèlement du bidonville, a-t-on appris mardi de sources concordantes. Demain les mineurs du Centre d’accueil provisoire partiront par bus dans des centres pour mineurs partout en France où leur demande de transfert au Royaume-Uni sera traitée par les autorités britanniques », indique un document de la préfecture du Pas-de-Calais à destination des jeunes migrants diffusé mardi et dont l’Agence France Presse s’est procuré une copie. Une source proche du dossier a confirmé cette information. « Plus aucune demande de transfert vers le Royaume-Uni sera traitée à Calais. Le suivi des dossiers et les départs vers le Royaume-Uni se feront à partir des centres pour mineurs », ajoute ce document qui précise que « les autorités britanniques » accompagneront les migrants lors du trajet.

Les bus partiront depuis le Centre d’accueil provisoire et les départs, qui commenceront à 8 heures, auront lieu toute la journée, détaille encore ce texte qui certifie que « tout le monde aura une place réservée ». « Dans les prochains jours, il ne devrait plus y avoir de mineurs étrangers à Calais », avait affirmé François Hollande dans un entretien publié mardi par le quotidien régional La Voix du Nord. Les mineurs isolés « vont être accompagnés dans des centres dédiés, où des officiels britanniques pourront examiner leur cas » et « ceux qui ne partiraient pas (vers la Grande-Bretagne, NDLR) seront pris en charge par les services de l’aide sociale à l’enfance à travers tout le territoire », avait-il précisé.

Heurts entre migrants mineurs

Mardi, en début de soirée, une rixe a éclaté entre une centaine de migrants mineurs érythréens et afghans sur le site de l’ex-bidonville, faisant quatre blessés légers qui ont été transportés au centre hospitalier de Calais, selon la préfecture du Pas-de-Calais. « Les forces de l’ordre sont intervenues immédiatement pour séparer ces deux groupes », a précisé cette source, ajoutant que « le dispositif de sécurité a été renforcé au sein du CAP » et qu’il sera maintenu « toute la nuit ». Ces heurts ont eu lieu à proximité de l’église de la zone sud de la « jungle », selon un correspondant de l’Agence France Presse sur place. Cette petite église, tout comme deux petites mosquées, n’ont pas encore été démolies « pour permettre aux mineurs encore présents au sein du CAP de s’y recueillir », avait déclaré la préfecture.

Lundi soir, un an et demi après la naissance du camp, s’était achevé le démantèlement de la « jungle » de Calais, mais le gouvernement devait encore régler le sort de ces 1 500 mineurs isolés vivant dans les conteneurs aménagés en bordure de l’ancien bidonville. L’évacuation de ces jeunes migrants est un enjeu pour les pouvoirs publics à la fois symbolique, en parachevant le démantèlement promis de ce vaste bidonville, et pratique, en supprimant un lieu vu comme un point de fixation des migrants, déjà attirés par la proximité de Calais avec les côtes britanniques.

Budget 2017 : les Républicains dénoncent les « fourberies de Sapin »

Guillaume Peltier, le porte-parole du parti Les Républciains a fustigé, lundi 31 octobre, les « clowneries » de l’exécutif et les « fourberies de Sapin ». Un jeu de mots sur le ministre de l’Économie et en référence à la pièce de Molière, suscité par l’adoption, à l’Assemblée nationale, de la partie recettes du budget 2017. Cette touche d’humour a aussi permis au représentant LR de critiquer le travail du gouvernement sur le financement de la Sécurité sociale.

« Le ministre de l’Économie nous a annoncé un rééquilibrage des comptes maquillé, oubliant de dire que la principale source de recettes supplémentaires provenait de la courageuse réforme des retraites portée par Nicolas Sarkozy et Éric Woerth en 2010 », a ainsi affirmé Guillaume Peltier, lors d’un point presse. « Ce budget est insincère, totalement improvisé, absolument décadent. Les Français n’en peuvent plus de ces clowneries. »

François Hollande, un « David Copperfield du chômage »

Évoquant les chiffres du chômage, Guillaume Peltier, décidément très en verve, a aussi comparé François Hollande à « un David Copperfield du chômage puisqu’il a la capacité de faire disparaître des chômeurs d’un mois à l’autre ». Le porte-parole LR a rappelé « les propositions des Républicains bien plus audacieuses, courageuses et nécessaires » : réforme de l’Assurance maladie « avec un peu plus de 30 milliards d’économies », « 15 milliards d’économies sur la question des retraites », dégressivité des allocations chômage et suppression de l’Aide médicale de l’État.

L’Assemblée nationale a adopté mardi 25 octobre la partie recettes du budget 2017 avec sa baisse d’impôts, avant de passer au budget de la Sécurité sociale. Ce dernier sera soumis au vote des députés mercredi. Il promet la fin du célèbre « trou » de la sécu et devrait être adopté assez largement, malgré l’opposition des députés LR, UDI et du Front de gauche.

Alstom : des élus de Belfort rappellent à l’ordre la direction

Moins d’un mois après l’accord trouvé entre la direction d’Alstom et l’État pour sauver le site de Belfort, des voix s’élèvent déjà pour pointer des failles. Des élus belfortains reprochent ce samedi à la direction d’Alstom de « dénaturer » les engagements pris début octobre et demandent au gouvernement de les faire respecter. « Le 4 octobre dernier, dans le cadre d’une déclaration commune avec l’État, l’engagement avait été pris par Alstom d’investir 30 millions d’euros dans le programme de développement des locomotives de manœuvre de la gamme H4 à motorisation diesel », expliquent le maire de Belfort, Damien Meslot, le président du Conseil départemental, Florian Bouquet, et le sénateur Cédric Perrin, tous les trois du parti Les Républicains, dans un communiqué.

« Or, aujourd’hui Monsieur Eyméoud (Jean-Baptiste Eyméoud, directeur général France d’Alstom, NDLR) dénature cet engagement en affirmant que cet investissement est en fait déjà inclus dans un programme destiné aux chemins de fer suisses », poursuivent-ils, demandant au secrétaire d’État à l’Industrie de s’assurer que « les obligations auxquelles les parties se sont astreintes soient respectées ».

Les syndicats « floués »

Vendredi, André Fages, délégué syndical CFE-CGC d’Alstom Belfort, avait également indiqué à l’Agence France-Presse que les syndicats se sentaient « floués » par la manière dont la direction entendait appliquer l’accord annoncé début octobre, après la tenue jeudi d’un comité central d’établissement à Paris. Une porte-parole d’Alstom a assuré samedi que ces 30 millions d’euros serviraient « comme prévu à développer la plateforme de locomotives hybrides Prima H4 ». « Dans le plan de l’État, il y a un contrat pour les locomotives de manœuvre et de fret de ce type », a-t-elle ajouté. « L’objectif est le développement de différentes versions de la Prima H4 pour les chemins de fer suisses et les futurs clients », a-t-elle encore dit.

Invoquant un calendrier de commandes insuffisant, la direction du groupe ferroviaire français avait annoncé en septembre son intention de transférer la production de Belfort sur un autre site, provoquant une levée de boucliers chez les salariés comme des élus locaux et du gouvernement, qui détient 20% des voix au conseil d’administration d’Alstom. Le 4 octobre, le gouvernement avait annoncé plusieurs centaines de millions d’euros de commandes de trains et de locomotives pour Alstom. De son côté, le groupe s’était engagé à investir à moyen terme dans son usine de Belfort et à diversifier ses activités, avec notamment des bus électriques.

Nouailhac – Les frondeurs, ces pompiers pyromanes…

D’étranges débats se sont tenus l’autre jour, ou plutôt l’autre nuit, à Paris, dans un pays majeur du monde civilisé et dans un hémicycle quasiment vide de l’Assemblée nationale. On se serait cru par moments à Caracas, à l’Asamblea Nacional de la República Bolivariana de Venezuela, un pays mineur mangé par les mythes du pire dogmatisme. Pendant quelques heures, en séance de nuit, un commando de frondeurs parfaitement organisé dans une implacable volonté de mettre à genoux le Parti socialiste, coupable des pires extrémités « sociales-libérales », et d’en humilier les représentants officiels, s’est acharné à détourner à son profit plusieurs des principaux dispositifs du projet de budget 2017. Et le plus grave, c’est qu’ils ont réussi.

Dans l’hémicycle, une soixantaine de députés seulement sont présents pendant cette nuit du 19 au 20 octobre. Les bancs loyalistes du PS sont vides face à un bloc d’une vingtaine de frondeurs énervés venus pour en découdre. Le ministre Michel Sapin et son adjoint Christian Eckert représentent le gouvernement. Ils vont passer une très mauvaise nuit face à un chef frondeur, Pascal Cherki, néo-député PS depuis 2012, membre de la commission des Finances, un acharné – son ennemi intime, c’est la finance –, assoiffé de taxes et de réglementations contraignantes contre les patrons honnis et face à deux jeunes femmes très complices et très accrocheuses, Valérie Rabault et Karine Berger.

Sapin et Eckert, un duo impuissant

Le président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, est à sa place habituelle, mais restera silencieux pendant toute la séance tandis que, de son côté, le « gardien » du groupe socialiste pour la soirée, Dominique Lefebvre, sera totalement impuissant devant les charges des frondeurs. Résultat : de nouveaux prélèvements fiscaux de plusieurs milliards d’euros. Donc plusieurs milliards de charges supplémentaires pour des entreprises encore plus surtaxées, corsetées, laminées et même vilipendées au passage, dans une grande foire nocturne anticapitaliste et antilibérale telle qu’on ne peut en trouver qu’au Venezuela… ou en France !

Le plus incroyable dans l’histoire, c’est que les deux ministres et le président du groupe socialiste à l’Assemblée n’ont même pas cherché à rameuter des troupes de députés à l’extérieur de l’Assemblée pour éviter la casse. Ils sont restés passifs, comme engourdis et abasourdis, accablés par le climat ambiant de révolte contre le gouvernement et contre sa « trahison » des « vraies valeurs de la gauche ». Ils étaient des cibles et n’ont pas su ou pas voulu éviter les coups de poignard dans le dos de la part de leur virulente opposition interne. Et, comme de bien entendu, les quelques députés écologistes et communistes présents ont appuyé les frondeurs du PS chaque fois qu’il s’est agi de bastonner les entreprises et leurs dirigeants.

Pour commencer, nos frondeurs et leurs complices ont élargi la taxe sur les transactions financières (TTF) aux transactions intrajournalières, dites « intra-days », ce qui est considéré comme pure folie à la Bourse de Paris, et ils ont carrément augmenté de 50 % le taux de cette TTF, la portant de 0,2 % à 0,3 %. Résultat : un gain fiscal espéré de plusieurs milliards d’euros sur le dos des clients de la Bourse.

Ensuite, ils ont obtenu que la baisse des impôts de 33,3 % à 28 % sur les entreprises, prévue par le gouvernement, soit décalée de deux à trois ans pour les grandes entreprises, afin que les PME puissent profiter en priorité et plus rapidement d’un taux d’IS réduit à 15 %. Le frondeur Pascal Cherki, faussement intéressé, demandant en séance à l’équipe Sapin « le coût de cette mesure », n’aura pas obtenu de réponse et d’ailleurs il n’en attendait pas, l’addition devant être assumée par la future majorité…

Enfin, ils ont mis un grand coup de cutter dans l’une des dispositions les plus intelligentes de la loi Macron, cette fiscalité adoucie pour la distribution d’actions gratuites à des dirigeants méritants. Les frondeurs, dans leur grande mansuétude, veulent bien admettre que l’on ne taxe pas trop les détenteurs d’actions gratuites dans les PME et les start-up, mais ils ne supportent pas, mais alors pas du tout, que les plus grandes entreprises puissent également en profiter. Leur ennemi : « le grand capital », comme à l’époque de Georges Marchais ! Leur principe : opposer les pauvres et courageux petits patrons aux riches et méchants PDG du CAC 40.

Hold-up fiscal

Contre l’avis du duo impuissant Sapin-Eckert, Valérie Rabault obtient que les plus-values réalisées lors de la session de ces actions gratuites soient fiscalisées comme des salaires et non comme des cessions mobilières, ce qui avait été mis en place par la loi Macron. Il s’agit là d’un véritable hold-up fiscal digne du dictateur vénézuélien, le primate rouge Nicolás Maduro. Et tant qu’on y est, la contribution patronale est portée de 20 % à 30 %. Une usine à gaz de plus, et « une approche idéologique de la fiscalité », selon l’association d’entrepreneurs CroissancePlus. « Les députés vont lourdement pénaliser l’actionnariat salarié », ajoutera Geoffroy Roux de Bézieux, du Medef. Quant aux « Pigeons » qui ont déjà levé l’étendard de la colère sur ce problème, ils sont furieux et ont décidé de le faire savoir bientôt.

Lors du vote de la partie recettes de ce budget 2017 en première lecture à l’Assemblée, le 25 octobre, les amendements obtenus à l’arraché par les frondeurs du PS, leurs amis d’extrême gauche et leurs alliés de circonstance, seront repris et votés intégralement, à un ou deux détails près. S’y ajouteront quelques autres dispositions électoralistes et coûteuses comme une aide au développement augmentée de près de 300 millions d’euros, une nouvelle baisse de 1 milliard d’impôts sur le revenu applicable à 5 millions de foyers et quelques bonbons fiscaux : une exonération d’impôts sur le revenu des primes reçues par les champions français médaillés aux Jeux olympiques et une autre exonération pour les indemnités des quelque 10 000 militaires mobilisés dans l’opération Sentinelle.

La décomposition du Parti socialiste n’a pas fini de faire des vagues au détriment de l’économie générale du pays. Les choses peuvent encore bouger jusqu’à la promulgation de la loi de finances fin décembre, si le gouvernement décide d’affronter ses dissidents de l’ultragauche. Il peut également revenir en arrière en deuxième lecture après l’aller et retour au Sénat. Il peut toujours espérer enfin une éventuelle censure du Conseil constitutionnel. En attendant, cette folle nuit de débauches du 19 au 20 octobre aura généré un coût exorbitant à cause de députés irresponsables qui ont confondu l’Assemblée nationale avec une boîte de nuit en open-bar. Pas de quoi être fiers du modèle démocratique français…

Calais, Ségolène Royal, policiers : Manuel Valls prend la parole

Manuel Valls était ce mercredi l’invité de France Inter. Il s’est exprimé sur de nombreux sujets comme l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la candidature de François Hollande à la prochaine élection ou bien encore la crise au sein de la police.

Hollande candidat ?

Pour le Premier ministre, le choix du président François Hollande d’être candidat à sa succession l’an prochain est « une décision intime » et il doit « tenir compte de la situation ». Le chef de l’Etat est-il le candidat naturel de la gauche pour la présidentielle de 2017 ? « Ça dépend de sa décision. (…) C’est une décision intime, il doit tenir compte de la situation, il doit donner un sens à ce que pourraient être sa candidature et un nouveau quinquennat », a déclaré le Premier ministre. Comment réagit-il quand il entend certains, à gauche, dire qu’il peut être une alternative à François Hollande? « Tout ça, je l’entends. (…) Moi, je (ne vais pas) rajouter par mes mots, par mes commentaires (…), de la crise. Chacun d’entre nous doit parler et agir en tenant compte de ces deux éléments : comment rassembler la gauche ? Comment lui redonner de l’espoir en étant en même temps fier du bilan et en éclairant l’avenir ? » a-t-il souligné. Alors qu’il égrenait toutes ses priorités et celles de l’exécutif, le journaliste lui a fait remarquer que cela dessinait un programme pour les années à venir. « Tout cela dessine, oui, bien sûr un projet pour la France qui doit être celui de la gauche, mais la gauche, si elle commence uniquement en disant, dans les prochains jours, qui doit être écarté ou qui doit prendre la place de qui, elle va se tromper », a-t-il répondu. « Donc, notre responsabilité collective, c’est de réfléchir à cette situation et de trouver, bien sûr, la bonne solution », a insisté Manuel Valls.

Et Calais ?

Également interrogé sur le démantèlement très attendu de la « jungle », le Premier ministre a estimé : « Ce qui est en train de se passer à Calais, c’est un beau visage de la France. » L’évacuation du plus grand bidonville du pays, rebaptisée « opération humanitaire » par Manuel Valls, « est menée en tenant compte d’hommes et de femmes qui fuient la guerre et qui demandent l’asile », mais elle est aussi « menée avec fermeté », a-t-il expliqué.

Une vision qui n’est pas partagée par la présidente de l’ONG Save The Children : « C’est effrayant pour les enfants, qui voient arriver les bulldozers où ils ont vécu des semaines, voire des mois pour certains », a affirmé Carolyn Miles, présidente et directrice générale de l’ONG, lors d’un gala de soutien qui se tenait à New York. Estimant à plus d’un millier le nombre d’enfants en détresse dans la « jungle » de Calais, Save The Children avait déjà appelé les autorités françaises à suspendre les opérations de démantèlement. Tout en soulignant que le Royaume-Uni et la France attachaient une attention soutenue au sort des mineurs esseulés, Carolyn Miles a appelé les deux gouvernements à redoubler d’efforts en particulier pour les enfants qui ne seraient pas admis à gagner le Royaume-Uni. « Il est très important, surtout au moment où la situation devient un peu chaotique, que nous préservions la sécurité des enfants et leur procurions toutes les opportunités qu’ils méritent pour aller de l’avant », a assuré la directrice de Save The Children.

Le cas Ségolène Royal

Manuel Valls a affirmé que la parole de Ségolène Royal qui continue d’exprimer son opposition à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avait affaibli « l’autorité de l’État ». À la question « La parole de Ségolène Royal affaiblit-elle l’autorité de l’État ? », le Premier ministre a répondu : « Oui. Bien sûr, quand on s’exprime, et ce n’est pas n’importe quelle personnalité, Ségolène Royal. » Il a assuré respecter la parole de sa ministre de l’Environnement, mais a souligné qu’il fallait aussi « respecter la parole de l’État ». Il a aussi répété sa détermination à évacuer « progressivement » le site de Notre-Dame-des-Landes « à partir de cet automne ». « Cela se fera »,a assuré le Premier ministre.

La police en crise

Manuel Valls s’est également déclaré « évidemment choqué » par les manifestations des policiers, mais a assuré qu’il fallait « entendre les forces de l’ordre ». « Je suis évidemment choqué, et le ministre de l’Intérieur a déjà eu l’occasion de le rappeler, il y a des manifestations, quand on utilise les voitures, les gyrophares, des manifestations cagoulées, cela est évidemment contraire aux règles de la police », a affirmé le Premier ministre alors que François Hollande reçoit mercredi les syndicats de policiers, dix jours après le début du mouvement de colère. Parmi les questions qui seront abordées lors de la rencontre à l’Élysée, Manuel Valls a évoqué « les missions », « les moyens », « la revalorisation des carrières », « les conditions de légitime défense » et « la réponse pénale ». « Il faut entendre les forces de l’ordre, qui ont un soutien fort des Français », a-t-il dit. « Le ministre de l’Intérieur (…) est tous les jours à leur côté. (…) Il apaise, il dialogue », a souligné Manuel Valls, estimant qu’« il faut agir avec maîtrise, à l’écoute, et trouver des solutions ». Y aura-t-il des sanctions ? « Si on commence à dire qu’il y aura des sanctions, curieuse politique du dialogue », a répondu le Premier ministre, assurant que « l’autorité, elle s’exerce, là, pleinement ».