François Hollande a parlé à Donald Trump

Après une allocution glaciale, un communiqué froid, François Hollande a discuté avec le président élu Donald Trump. Selon le communiqué de l’Élysée, la conversation téléphonique a duré sept à huit minutes et s’est déroulée « dans de bonnes conditions ». Les deux dirigeants ont « évoqué les sujets communs sur lesquels ils sont convenus de travailler pour clarifier les positions : la lutte contre le terrorisme, l’Ukraine, la Syrie, l’Irak et l’accord de Paris », a précisé l’entourage du président français. Ils ont la « volonté de travailler en commun ». Ils ont également « rappelé l’histoire et les valeurs que les deux pays ont en commun, les relations d’amitié entre la France et les États-Unis », a-t-on ajouté de même source.

Franchise et clarté

En marge des cérémonies du 11 novembre, le président français avait souligné vendredi matin que son « devoir, c’est de faire que nous ayons des relations, les meilleures, mais sur la base de la franchise et de la clarté ». « J’aurai à clarifier et faire clarifier des positions, nous devons nous parler franchement », avait aussi fait valoir François Hollande au sujet du président élu. Il avait rappelé « l’amitié longue » qui unit les deux pays. « Je n’oublie pas aussi ce qu’était la solidarité du peuple américain quand nous avons été frappés le 13 novembre, mais aussi en janvier après Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher et le 14 juillet. À chaque fois, le peuple américain a été à nos côtés, nos deux peuples sont très liés », a fait valoir Hollande.

Le chef de l’État, qui ne cachait pas depuis plusieurs mois sa préférence pour la démocrate Hillary Clinton et dénonçait régulièrement « les excès » de son adversaire républicain, avait salué sans chaleur mercredi l’élection du milliardaire populiste en évoquant l’ouverture d’une « période d’incertitude ».

Flou sur le terrorisme

Sur de nombreux sujets, dans lesquels Paris est impliqué au premier chef, Donald Trump a adopté des positions soit à contre-courant, soit très floues. Il avait ainsi annoncé en mai son intention d’« annuler » le traité de Paris sur le climat, décroché de haute lutte en décembre 2015, et qualifié le réchauffement climatique de « canular ». Sur le Moyen-Orient, ravagé par les guerres, et la lutte contre le terrorisme, incarné par l’organisation djihadiste État islamique, Donald Trump est jusqu’à présent resté flou.

François Hollande a très vite exprimé sa volonté d’engager « sans tarder une discussion avec la nouvelle administration américaine », précisant qu’il le ferait « avec vigilance et franchise, car certaines positions prises par Donald Trump pendant la campagne américaine doivent être confrontées aux valeurs et aux intérêts que nous partageons avec les États-Unis ».

Ressentiment

Les relations franco-américaines, parfois houleuses, voire tendues, sont restées jusqu’à aujourd’hui marquées du sceau officiel de l’« amitié » et de l’« alliance ». Après la grave crise de 2003 provoquée par l’intervention américaine en Irak, vivement contestée par la France, les relations entre Paris et Washington s’étaient apaisées. L’accession de Nicolas Sarkozy à la présidence en 2007 avait marqué un virage atlantiste prononcé, avec notamment la réintégration de la France dans le commandement militaire intégré de l’Otan.

Sous la présidence Hollande, les relations avec les États-Unis sont restées empreintes d’un ressentiment, celui d’avoir été lâché en rase campagne en 2013, lorsque le président Barack Obama a abandonné le projet de frappes militaires contre le régime syrien, accusé d’avoir mené une attaque à l’arme chimique. Les tensions sont aussi apparues dans les négociations sur le nucléaire iranien. En même temps, la France est un des principaux contributeurs de la coalition anti-djihadiste menée par les États-Unis et les deux pays collaborent dans la lutte antiterroriste au Sahel.