Auteur : admin4628

Faut-il réhabiliter « l'assassin » Jules Moch ?

Jules Moch ? « Un nazi », « un assassin », « une basse canaille », « un matraqueur d’ouvriers », disaient de lui ses opposants communistes dans les années 1950 et longtemps après. En 2017, ceux à qui ce nom, Jules Moch, évoque encore quelque chose ont les mêmes idées en tête : l’ancien ministre socialiste de l’Intérieur est et restera l’homme qui a réprimé dans le sang des révoltes ouvrières. Et il ne sera rien d’autre. L’infamie écrase le reste, occulte tout, interdit le moindre rappel biographique qui s’écarterait de ses années place Beauvau.

Décembre 1947, des grèves paralysent le pays. Certaines dégénèrent. La police empêche le sabotage de lignes d’électricité dans la région parisienne par des militants communistes. Ministre de l’Intérieur, Jules Moch fait réquisitionner des gradés électriciens et mobilise des escadrons de police sur des lieux stratégiques. Après plusieurs jours de blocages et de conflits, qui entraîneront la mort de 16 voyageurs après le déraillement d’un train consécutif à l’action de militants, le mouvement s’épuise, les syndicats reculent. Le succès du ministre de l’Intérieur, adepte de l’ordre républicain, quoi qu’il en coûte, est cependant terni par la mort de deux cheminots à Valence et d’un mineur dans le Gard.

Contre les pleins pouvoirs à Pétain

L’époque, la nôtre, n’aura pas retenu contre Moch les expulsions de travailleurs étrangers qui ont pris part à des échauffourées… Reste que sa mémoire est définitivement associée à ces tristes faits, qui font ainsi réagir le député européen socialiste Emmanuel Maurel : « Jules Moch n’a pas une place enviable dans l’histoire du socialisme français. » Certes, mais on conseille à Emmanuel Maurel la lecture d’un livre très instructif, Les Parias de la République (Perrin), écrit d’une plume rigoureuse par Maxime Tandonnet, haut fonctionnaire et ancien conseiller de Nicolas Sakozy à l’Élysée. Entre divers portraits de « parias » – Alexandre Millerand, André Tardieu, Georges Bidault… –, l’auteur narre le parcours de Jules Moch, dont la grandeur d’âme, passée aux oubliettes, s’est pourtant illustrée à maintes reprises au cours de l’histoire. M. Maurel sait-il, par exemple, que l’ancien ministre de l’Intérieur fait partie des 80 parlementaires qui, sur les 669 présents dans la salle du casino de Vichy le 10 juillet 1940, refusèrent de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, s’opposant très violemment à la majorité du groupe socialiste favorable alors à Pierre Laval ?

Avant cela, dès 1938, il s’était farouchement opposé, contre l’avis de son plus proche ami Léon Blum, aux accords de Munich. S’il les vota, finalement, ce fut au nom de cette amitié qui lui était chère et qui n’aurait pas survécu à un tel désaccord. Dans ses mémoires, Moch évoque « le diktat de Munich », qui ouvre la voie à une nouvelle guerre.

Le 3 septembre 1939, à la suite de l’invasion de la Pologne par la Wehrmacht, il vote en faveur de la guerre contre l’Allemagne. Le député de Sète écrit dans ses mémoires : « Je suis désespéré. Je ne crois pas qu’il existe pire supplice pour un père que d’avoir à prendre une part de responsabilité dans un vote pour la guerre quand il a des fils en âge de se battre et lorsque son espoir, tout au long de ces quatre années (1914-1918), a été que ses fils ne vivent pas de telles journées. Je vote tout de même. Puis je m’effondre en larmes à mon banc. » André, l’un de ses deux fils, est assassiné par la Milice en juin 1942, en Isère. Un drame qui marquera profondément sa vie et fera basculer sa femme, Germaine, dans une démence dégénérative avant son suicide en juillet 1962.

L’intérêt commun au-dessus de tout

M. Maurel sait-il également qu’à la suite de son vote anti-Pétain, Jules Moch fut interné dans l’Indre, qu’il a rejoint la France libre à Londres en avril 1943, puis à Alger?

En 1945, il devient ministre des Travaux publics et des Transports. C’est à lui, le premier, que le général de Gaulle confie son intention de démissionner. « Puisque je ne puis gouverner comme je le veux, c’est-à-dire pleinement, plutôt que de devoir démembrer mon pouvoir, je m’en vais », lui dit le général en janvier 1946.

En dépit de l’immense respect qu’il a pour le grand homme, Moch s’opposera ensuite à lui, notamment s’agissant de son rapport aux institutions. Pour le socialiste, une Ve République mettrait le chef de l’État dans l’habit d’un dictateur omnipotent. En outre, il tenait que le renforcement du pouvoir exécutif exposerait la fonction présidentielle au chantage direct de la rue, sans le filtre du Parlement. « La France veut être gouvernée, martelait-il. L’homme de la rue souhaite que règne l’ordre et s’exerce l’autorité. » Polytechnicien, défenseur du pouvoir parlementaire, Moch n’en est pas moins un homme autoritaire, ferme, plaçant l’intérêt commun au-dessus de tout. Maxime Tandonnet raconte que l’élu perdit son premier poste de député de la Drôme notamment en raison de son refus d’accorder des passe-droits ou de menus services à ses électeurs… « La loi est la même pour tous ! » répondait-il à ceux qui sollicitaient une faveur.

Il découvre la réalité du communisme dès 1921

Avant les accusations d’assassinat d’ouvriers, on l’a présenté comme un « grand bourgeois », « millionnaire » et « arrogant ». Selon Tandonnet, il était juste « pudique », voire « timide ». Né d’un père dreyfusard et ami du capitaine Dreyfus, Moch a une passion pour la justice qui n’a d’égale que son patriotisme. Avant de s’engager en politique, il travailla en tant qu’ingénieur pour une société d’équipement de voies ferrées. En 1921, affecté à Moscou, il découvre la réalité du communisme, qui suscite son rejet, puis son adhésion au Parti socialiste.

Jusqu’à la fin de sa vie, il sera inclassable, bien que se disant de gauche, étatiste et patriote. Il se méfiait de l’Europe, milita en faveur de la décolonisation et contre le réarmement de l’Allemagne de l’Ouest après la guerre. Il n’aimait pas Mitterrand et fustigeait le programme commun, plus communiste que socialiste, selon lui. À la fin de sa vie, il se fit un plaisir de rappeler quelques fondamentaux à cette gauche mitterrandienne obnubilée par l’accession au pouvoir, quitte à se renier ou à se dénaturer. Que le PS ait à sa tête un leader machiavélique, qui s’est compromis à Vichy, et à sa base une idéologie soixante-huitarde triomphante lui était insupportable.

Ses anciens compagnons lui reprochaient-ils sa gestion des manifestations ? Il en rajoutait : « Quelque chose ne tourne pas rond chez nous. Chacun constate que les routiers peuvent barrer les autoroutes, les viticulteurs clore nos frontières, les étudiants saboter leurs cours, se livrer parfois à des voies de fait sur leurs maîtres. » Mai 68 n’est pour lui que « les excès de groupuscules, trotskistes, pro-chinois ou fascistes », dont il réprouve les manifestations « scandaleuses » comme celle qui consista à scander des mots d’ordre hostiles devant la tombe du Soldat inconnu. Directeur de l’hebdomadaire socialiste L’Unité, Claude Estier répond que « les militants socialistes ne se reconnaissent pas en Jules Moch et n’ont rien à faire de ses leçons ».

En 1974, Moch, « par fidélité pour Léon Blum », ne renouvelle pas sa carte au PS. Il parle du « drame de sa vieillesse ». Il meurt en 1985. La lecture des Parias de la République et d’Une si longue vie, son livre de souvenirs publié en 1976, permettra à Emmanuel Maurel et à d’autres, tous ceux qui font de Jules Moch le dernier des assassins socialistes, de regarder différemment le parcours des hommes qui ont fait l’histoire.

« Les Parias de la République » de Maxime Tandonnet, Perrin, 23,90 euros.

Nouailhac – Vous avez dit Bézard ?

Tout a été dit ou presque sur le procès hors norme de Christine Lagarde devant la Cour de justice de la République. Avoir déclaré l’ancienne ministre coupable de « négligence » dans l’affaire Tapie-Adidas sans l’avoir condamnée à quoi que ce soit procède déjà, de la part des juges, d’un curieux état d’esprit. Que ce procès, initié à la suite d’une plainte contre la directrice du FMI déposée par des parlementaires socialistes, parmi lesquels Jean-Marc Ayrault et Jérôme Cahuzac, soit arrivé à son terme pose ensuite question sur son aspect politique. Quand on sait enfin que, parmi les quinze juges de cette CJR, on ne compte que trois magistrats professionnels pour six députés et autant de sénateurs choisis par leurs collègues, on peut facilement imaginer les arrière-pensées qui ont pu virevolter dans ce tribunal très spécial à l’aube d’une période électorale brûlante d’intensité.

Tout a été écrit également, ou presque, sur cette fameuse « négligence » qui est reprochée à Christine Lagarde : ne pas avoir contesté le résultat de l’arbitrage accordant des centaines de millions d’euros à Bernard Tapie. Or, en matière d’arbitrage, selon les spécialistes, les chances de succès d’un tel recours sont extrêmement minces. L’avocat Daniel Soulez Larivière, qui connaît bien la question, estime qu’un « appel-nullité » dans ce genre de dossier a une chance sur mille de réussir. Et pourtant, c’est sur cette base que la directrice du FMI a été condamnée par la CJR. Que s’est-il donc passé ? Tout simplement le témoignage d’un homme, Bruno Bézard, totalement inconnu du grand public mais détenteur d’immenses pouvoirs, ceux des généraux de haut rang qui dirigent l’armée des technocrates de Bercy et ont de ce fait un sentiment d’immunité et une grande capacité de nuisance : le côté obscur de ce château hors du monde ?

« Un modèle et une caricature de haut fonctionnaire »

Ce Bruno Bézard est un phénomène : issu d’un milieu modeste, père contremaître en Picardie, mère assistante médicale, incroyablement doué pour les études et bosseur acharné, il va monter jusqu’au sommet du système français : diplômé de Polytechnique, il enquille sur l’ENA dont il sortira major, avant d’intégrer l’Inspection des finances, puis de grimper un à un tous les échelons de Bercy. Elsa Conesa pour Les Échos en a fait un portrait grinçant : « C’est un véritable moine-soldat, dévoué corps et âme au service public, avec ses raideurs et son intégrité, écrit-elle, un pur produit de la méritocratie républicaine. […] En 2000, avouant une certaine tendresse pour la gauche, il rejoint le cabinet de Lionel Jospin à Matignon, sans toutefois adhérer au Parti socialiste. »

Un patron l’a croqué ainsi : « C’est à la fois un modèle et une caricature de haut fonctionnaire. » Un autre a dit de lui : « Comme nombre de hauts fonctionnaires, il a la conviction qu’il détient à lui seul l’intérêt général. » À Bercy, on l’affecte d’un « petit côté Fouquier-Tinville » et on lui reconnaît « l’art des rapports de force »… On aura compris : Bruno Bézard, avec son cerveau qui sort de l’ordinaire et une carrure d’armoire à glace, en impose à tout le monde, ses collègues de Bercy, les patrons qu’il est amené à rencontrer et les ministres qu’il côtoie.

Nommé à la direction du Trésor

Nommé directeur adjoint de l’Agence des participations de l’État (APE) en 2003, il en sera le directeur général entre 2007 et 2010, puis finira par accéder, après le retour de la gauche au pouvoir en 2012, à la très prestigieuse et très convoitée Direction du Trésor, l’un des plus beaux postes de la République, là où les salaires des directeurs sont plus élevés que ceux de leurs ministres.

Cela étant, une question se pose : quel rapport avec Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances sous la présidence Sarkozy ? Réponse : justement cette APE, qui gère et surveille comme le lait sur le feu – mais pas toujours – les participations de l’État dans les plus grandes entreprises, Renault, EDF ou Areva. Bruno Bézard y gérera les plus gros dossiers des années 2000 : création de La Banque postale, privatisation des autoroutes, fusion de GDF/Suez, cotation d’EDF…

De Bercy à un fonds d’investissement franco-chinois

Consulté à plusieurs reprises par le cabinet de Christine Lagarde et sans doute par la ministre elle-même, sur la question d’un appel après l’arbitrage Tapie, il s’oppose à chaque fois à tous ceux qui n’en sont pas partisans, avec la certitude, frisant l’arrogance, d’avoir raison envers et contre tous, y compris contre sa patronne. Le chroniqueur judiciaire du Figaro Stéphane Durand-Souffland, qui l’a vu témoigner avec une certaine brutalité contre Christine Lagarde, écrit que Bruno Bézard n’a « jamais digéré » la décision de sa ministre qui n’a pas voulu suivre ses conseils ainsi que les avis des « hauts fonctionnaires arrogants et sûrs de leur immense valeur, énarques pour qui les politiques nommés à la tête de Bercy font à l’évidence figure d’éphémères zozos »…

Seulement voilà, lorsque Bruno Bézard témoigne contre son ancienne ministre et fait basculer son procès vers une condamnation pour « négligence », il n’est plus à Bercy. Il a démissionné en mai 2013, à l’âge de 53 ans. Il n’est plus le haut fonctionnaire conquérant et admiré de ses pairs, « le moine-soldat dévoué corps et âme au service public ». C’est totalement incongru et d’autant plus sidérant qu’il a quitté Bercy pour intégrer un vulgaire fonds d’investissement franco-chinois, Cathay Capital, dont certains capitaux sont curieusement abondés par une banque publique française, Bpifrance, ce qui d’évidence pose un gros problème déontologique.

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L’omerta règne

Cathay Capital doit, semble-t-il, une grande partie de son succès à des fonds publics, mais la Commission de déontologie chargée de donner son feu vert aux fonctionnaires qui partent dans le privé ne trouve rien à y redire et donne sans sourciller à Bruno Bézard son « avis de compatibilité ». À Bercy et dans le milieu, « tout le monde est tombé de sa chaise, mais l’omerta règne ». On n’avait encore jamais vu un directeur du Trésor quitter ainsi l’administration, la cinquantaine venue, pour se lancer dans une gargote financière de médiocre niveau international. Mais ce n’est peut-être pas le pire…

« En plaidant pour Mme Lagarde, écrit Stéphane Durand-Souffland, Me Patrick Maisonneuve remarquera avec malice que l’infaillible M. Bézard avait été moins inspiré en recommandant l’achat d’Uramin par Areva, opération qui s’est soldée par un autre gouffre financier. » Bruno Bézard, qui représentait alors le gouvernement au conseil d’Areva, avait donné son accord à Anne Lauvergeon pour dépenser près de 2 milliards d’euros dans l’achat de mines d’uranium en Afrique, en réalité des mines sans uranium, une gigantesque arnaque qui avait défrayé alors la chronique et pour laquelle on attend toujours un procès ! Vous avez dit bizarre ? Un procès pour « négligence », peut-être ? Ce serait un minimum…

Près de 660 000 nouveaux inscrits sur les listes électorales en 2016

Affluence record. Près de 660 000 personnes se sont inscrites en ligne sur les listes électorales en 2016 en France, ce qui représente une augmentation de 180 % par rapport à l’année 2011, a indiqué ce lundi la Direction de l’information légale et administrative (Dila).

Les Français de plus de 18 ans pouvaient s’inscrire en ligne jusqu’au 31 décembre. « Ce que 659 011 d’entre eux ont fait dans les temps », le site service-public.fr connaissant fin 2016 « un pic de fréquentation inédit pour cette démarche », indique la Dila dans un communiqué. Fin décembre, 5 772 communes représentant plus de 36 millions de personnes, soit 54 % de la population française, étaient raccordées au service « Demande d’inscription en ligne sur les listes électorales » (ILE), précise la Direction de l’information légale, placée sous l’autorité du secrétariat général du gouvernement.

Pics de connexion

« Les pics de connexion se sont concentrés à plus de 50 % sur le dernier mois de l’année, et en particulier le 29 décembre avec 37 136 demandes, le 30 avec 45 124 demandes, le 31 décembre avec 49 576 demandes », souligne la Dila. En 2011, l’année qui a précédé le dernier scrutin présidentiel en France, 235 000 demandes d’inscription en ligne avaient été enregistrées. Selon les chiffres de l’Insee, au 1er mars 2016, 44 834 000 personnes étaient inscrites sur les listes électorales, soit 1 % de plus qu’en 2012.

Les ultimes voeux de François Hollande

François Hollande a annoncé samedi qu’il se rendrait lundi en Irak pour « saluer » les soldats français engagés contre l’organisation État islamique (EI), lors des ultimes voeux télévisés du Nouvel an de son quinquennat. « Nous n’en avons pas terminé avec le fléau du terrorisme. Il nous faudra continuer à le combattre. À l’extérieur, c’est le sens de nos opérations militaires au Mali, en Syrie, en Irak. Irak où je me rendrai après-demain (lundi) pour saluer nos soldats », a déclaré le président de la République. Il faut « combattre aussi » le terrorisme « à l’intérieur pour déjouer des attentats, mettre hors d’état de nuire les individus dangereux et prévenir la radicalisation djihadiste.

Mais soyez certains d’une chose, que de cette lutte contre la barbarie la démocratie sortira victorieuse », a poursuivi François Hollande. Lors de cette allocution de neuf minutes, le chef de l’État est revenu sur les « terribles attentats » ayant endeuillé la France en 2016, citant ceux de Nice, de Magnanville et de Saint-Étienne-du-Rouvray. « Je pense en cet instant aux victimes, à leurs familles, aux blessés qui souffrent dans leur coeur et dans leur chair », a-t-il dit. « Je sais aussi l’inquiétude qui est toujours la vôtre face à cette menace terroriste qui ne faiblit pas, comme hélas en témoigne ce qui s’est produit à Berlin » où douze personnes ont péri lors d’une attaque d’un marché de Noël.

Le Pen dans le viseur

Mais « vous pouvez être fiers de vous », a lancé François Hollande aux Français. « Les terroristes voulaient vous diviser, vous séparer, vous effrayer. Vous avez montré que vous étiez plus forts rassemblés, solidaires et unis. Vous n’avez pas cédé aux amalgames, aux stigmatisations, aux vaines querelles ». « Il me revient donc, avec le gouvernement de Bernard Cazeneuve, d’assurer votre protection. J’y consacre tous les moyens nécessaires et je veux rendre hommage à nos policiers, à nos gendarmes, à nos militaires, qui se dévouent jusqu’au sacrifice pour assurer notre sécurité », a-t-il conclu.

Le président François Hollande a mis en garde samedi soir, sans citer le nom de Marine Le Pen, contre une victoire du Front national à la présidentielle, en estimant que « ce ne serait plus la France ». Il s’en est aussi pris au candidat de la droite François Fillon, accusé de vouloir « brutaliser la société », et a lancé un avertissement à la gauche, dont « la dispersion » risque d’entraîner son « élimination » dès le premier tour de la présidentielle en avril 2017, lors de ses derniers voeux télévisés du Nouvel An.

« La France, européenne et fraternelle »

« Dans à peine cinq mois, vous aurez, mes chers compatriotes, à faire un choix. Il sera décisif pour la France. Il en va de son modèle social auquel vous êtes attachés car il garantit l’égalité de tous face aux aléas de la vie et notamment la santé, il en va de ses services publics, essentiels, et notamment l’école de la République, là où beaucoup se joue », a dit le chef de l’Etat dans une allusion claire à François Fillon, qu’il a appelé à ne pas « brutaliser la société ».

Mais, dans le scrutin présidentiel, il en va surtout « de nos valeurs », a-t-il insisté. « La France, elle est ouverte au monde, elle est européenne, elle est fraternelle. Comment imaginer notre pays recroquevillé derrière des murs, réduit à son seul marché intérieur, revenant à sa monnaie nationale et en plus, en plus », a-t-il répété, « discriminant ses enfants selon leurs origines ». « Mais ce ne serait plus la France ! », a lâché François Hollande. « En cette fin d’année, ce que nous croyons acquis, parfois pour toujours, la démocratie, la liberté, les droits sociaux, l’Europe et même la paix, tout cela devient vulnérable, réversible. On l’a vu au Royaume-Uni avec le Brexit et aux États-Unis lors de l’élection du mois de novembre. On le voit sur notre continent, à travers la montée des extrémismes », a-t-il mis en garde.

S’adressant aussi à son propre camp, une gauche aujourd’hui très divisée, François Hollande, qui a renoncé il y a tout juste un mois à briguer un second mandat, a appelé à « écarter la dispersion de certaines de nos forces politiques qui entraînerait d’ailleurs leur élimination » au soir du premier tour de la présidentielle. « Mais c’est vous, quoi qu’il arrive, qui aurez le dernier mot. C’est pourquoi votre responsabilité est aussi grande », a-t-il lancé aux Français. François Hollande a également prévenu que, « jusqu’au dernier jour de (son) mandat », il serait « pleinement à (sa) tâche ».

Le Conseil constitutionnel valide le prélèvement à la source

En l’état, le prélèvement à la source pourra entrer en vigueur au 1er janvier 2018. Saisi par plus de 60 sénateurs et plus de 60 députés, le Conseil constitutionnel a rejeté jeudi les griefs des parlementaires, sans pour autant donner une carte blanche définitive à cette mesure-phare du budget 2017. Le Conseil s’est prononcé sur 16 articles du projet de loi de finances, et seulement sur quatre points principaux soulevés par les parlementaires, sans les censurer. En revanche, il a souligné que d’autres dispositions, sur lesquelles il n’avait pas été saisi, pourraient à l’avenir faire « l’objet de questions prioritaires de constitutionnalité ».

Dans le détail, les sages ont jugé que les dispositions de l’article n’étaient « pas inintelligibles », ce que faisaient valoir les parlementaires. Ils ont aussi estimé que, « compte tenu de l’option ouverte aux contribuables leur permettant de choisir un taux « par défaut » qui ne révèle pas à leur employeur le taux d’imposition du foyer, le législateur [n’avait] pas méconnu le droit au respect de la vie privée ».

La « taxe Google » censurée

Par ailleurs, « des mesures spécifiques sont prévues, s’agissant des dirigeants d’entreprise, pour éviter qu’ils puissent procéder à des arbitrages destinés à tirer parti de l’année de transition ». Enfin, le Conseil juge que les entreprises ne joueront qu’un « rôle de collecte », le recouvrement continuant d’être assuré par l’État, et qu’elles n’auront donc pas à être indemnisées à ce titre.

Les sages ont par ailleurs censuré l’article instaurant une « taxe Google », qui visait à renforcer la taxation des bénéfices détournés par les multinationales sur leur activité réalisée en France. Ils ont rejeté cette disposition au motif que l’administration fiscale ne peut avoir « le pouvoir de choisir les contribuables qui doivent ou non entrer dans le champ d’application de l’impôt sur les sociétés ». Le gouvernement avait émis des réserves sur cet amendement introduit par Yann Galut (PS).

Selon Trump, Obama entrave la succession

Le président élu des États-UnisDonald Trump a accusé mercredi le président sortant Barack Obama de tenir des « propos incendiaires » et de mettre des « obstacles » qui entravent la transition à la tête de l’exécutif. « Je fais de mon mieux pour ignorer les nombreux obstacles et déclarations incendiaires du président O. Je pensais que la transition se ferait en douceur. MAIS NON ! », a tweeté le tribun populiste élu le 8 novembre, sans préciser la teneur de ces obstacles ni les propos de Barack Obama auxquels il se réfère. Deux jours après le scrutin, les deux hommes s’étaient rencontrés dans le Bureau ovale et s’étaient efforcés de mettre de côté des mois de campagne acrimonieuse, insistant sur leur volonté de mener une transition apaisée.

Doing my best to disregard the many inflammatory President O statements and roadblocks.Thought it was going to be a smooth transition – NOT!

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 28 décembre 2016

Obama « sûr » de gagner contre Trump

Barack Obama, qui doit quitter ses fonctions le 20 janvier, s’est dit « sûr » lundi qu’il aurait remporté un troisième mandat si la Constitution lui avait permis d’être une nouvelle fois candidat. Par ailleurs, dans deux autres tweets, Donald Trump a de nouveau apporté son soutien à Israël après un vote vendredi à l’ONU condamnant les colonies de l’État hébreu, et avant un discours du secrétaire d’État John Kerry sur le Proche-Orient. « Nous ne pouvons pas continuer à laisser Israël être traité avec un total mépris et un tel manque de respect », a écrit le milliardaire.

« Ils étaient habitués à avoir un grand ami aux États-Unis, mais ce n’est plus le cas. Le début de la fin a été cet horrible accord avec l’Iran (sur la politique nucléaire, ndlr), et maintenant (l’ONU) ! Reste fort Israël, le 20 janvier est très proche ! », a ajouté le président élu. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a retweeté Donald Trump en le remerciant « pour sa chaleureuse amitié et son soutien sans équivoque d’Israël ». Pour la première fois depuis 1979, les États-Unis n’ont pas mis leur veto à une résolution de l’ONU condamnant les colonies israéliennes, provoquant la colère de l’État hébreu. Leur abstention a permis l’adoption de la résolution, approuvée par les 14 autres membres du Conseil de sécurité.

We cannot continue to let Israel be treated with such total disdain and disrespect. They used to have a great friend in the U.S., but…….

— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 28 décembre 2016

Un discours annuel sur l'état de la France, quelle bonne idée !

Idée. La fonction présidentielle française manque d’un peu de grandeur. Il en va certainement des personnalités à la tête de l’État. Il en va aussi de l’institution elle-même. Quelques rites désuets et quelques pantalonnades n’ont pas aidé. Afin de redonner un peu de lustre, une nouvelle obligation démocratique pourrait peser sur l’occupant de l’Élysée. Plutôt que des vœux, à la télévision, et des cérémonies à n’en jamais finir face à tous les corps constitués, un discours annuel, de rentrée, pourrait faire le point et donner le cap. Bien entendu, il s’agirait d’une copie ou d’une importation de ce qui se déroule aux États-Unis, avec le traditionnel discours sur l’état de l’Union. Toutefois, il ne se fait pas que des mauvaises choses de l’autre côté de l’Atlantique ! En tout état de cause, le président français pourrait, lui aussi, s’exprimer devant les deux chambres parlementaires, réunies en Congrès. Son discours aurait deux parties, l’une faisant le point sur l’année écoulée, l’autre exprimant les perspectives pour l’année à venir. Au-delà du cérémonial de l’exercice, le document produit à cette occasion serait un texte, certes à dimension politique, mais avec une vocation éminemment stratégique. Une telle occasion permettrait de rendre compte des évaluations des actions menées et de bien préciser les priorités à venir.

Mode d’emploi. Voici donc une mesure qui ne coûte rien, ou presque. Et qui doit permettre un peu de cohérence dans l’expertise et les discours publics. L’ensemble des différents organismes et conseils publics serait mis à contribution pour fournir l’armature d’un tel discours, mais également les annexes techniques qui l’accompagneraient. Des agences comme France Stratégie (l’ancien Commissariat au Plan), les différents « Hauts Conseils » thématiques (sur l’emploi ou l’avenir de l’assurance maladie) auraient à fournir leurs copies. Les think tanks seraient certainement ravis de participer à l’exercice, pour en préparer et en critiquer le contenu. La démarche ne révolutionnera pas la présidence de la République ni ne lui restaurera son éclat. Elle créera un rendez-vous entre la France et son président. À charge pour lui d’y instiller de la force. Remplaçant les vœux, au format très attendu, un discours stratégique, accompagné de sa documentation technique, en ligne, donnerait un visage neuf à la fonction.

Neumann – La politique pour les surdoués : le cas Macron

Emmanuel Macron est un phénomène. Inconnu du grand public il y a un peu plus de deux ans, il est, à 39 ans, l’un des prétendants les plus sérieux à l’élection présidentielle – même si les sondages le disent aujourd’hui éliminé dès le premier tour. Dans tout autre domaine, on dirait qu’on est en présence d’un surdoué. La politique en a connu quelques-uns avant lui (Giscard, Fabius…), mais aucun n’avait à ce point défié toutes les règles de l’apesanteur politique. Jamais élu, il choisit comme première campagne la mère des batailles électorales : la présidentielle. Et encore s’y présente-t-il sans aucune formation politique. Sans même la certitude, au cas où il l’emporterait, de pouvoir s’appuyer sur une majorité stable à l’Assemblée. Du jamais-vu.

Un phénomène de communication ? C’est indéniable. Une vingtaine de couvertures de magazines en quelques mois, un livre édité à 200 000 exemplaires, une agence de communication à son service, une photographe attitrée, une dizaine de personnes dédiées à sa stratégie numérique et aux réseaux sociaux, un producteur de télévision qui prépare un documentaire sur sa campagne, des porte-parole disponibles 24h/24 pour prêcher le macronisme… L’homme a tout compris des codes contemporains de l’image. Ses adversaires diront que c’est une bulle ou même, suprême insulte, qu’il est le candidat des médias – le pire handicap qui soit si l’on pense au sort réservé par les électeurs à Édouard Balladur en 1995, à Lionel Jospin en 2002, à Nicolas Sarkozy en 2012 ou, plus près de nous, à Alain Juppé.

Moi, j’ai pris tous les risques en quittant le gouvernement

Un phénomène politique ? Assurément. Macron n’a pas son pareil – du moins jusqu’à présent – pour déjouer les pièges que lui tendent ses adversaires et pour contrer les traditionnels coups bas d’une campagne. En quelques mois, il a déjà eu droit au coup du redressement fiscal, aux rumeurs sur sa vie privée et même aux menaces sur les parlementaires socialistes qui s’aviseraient de soutenir sa candidature. En vain.

Lui colle-t-on l’étiquette du traître qu’il la décolle aussi vite. Nommé par François Hollande secrétaire général adjoint de l’Élysée, puis ministre de l’Économie, il quitte le gouvernement pour défier son mentor – qui, du coup, renonce à se présenter –, mais c’est Manuel Valls, grâce aux vacheries savamment distillées par certains hollandais, qui hérite du mistigri et devient, aux yeux d’une partie de la gauche, le Brutus de César-Hollande. Chapeau l’artiste !

Qualifie-t-on son mouvement créé ex nihilo, « En marche ! », de coquille vide qu’il s’empresse de réunir Porte de Versailles, dans une salle pleine comme un œuf, quelque 12 000 fans survoltés – quand François Fillon, lui, en avait rassemblé à peine 7 000 !

Lui reproche-t-on de ne pas participer à la primaire de la gauche de peur de la perdre qu’il rétorque aussitôt : « Je n’ai peur de rien. » La preuve : « Moi, j’ai pris tous les risques en quittant le gouvernement. » Imparable.

Lui fait-on remarquer que son livre, Révolution, est dépourvu de tout programme, de toute mesure concrète, qu’il égrène chaque jour les propositions nouvelles : suppression des cotisations salariales sur le chômage et la maladie contre une augmentation de la CSG, durée du temps de travail renvoyée aux accords d’entreprises et aux accords de branches, plafonnement des indemnités prudhommales… Bref, la loi El Khomri première mouture telle que Macron en rêvait. Oui, mais c’est Manuel Valls qui se traîne le « 49.3 » tel le sparadrap du capitaine Haddock.

Il a atteint son premier objectif : séduire

Compare-t-on ses idées au programme libéralo-austéritaire de François Fillon qu’il répond : avec moi, aucun déremboursement de médicaments ; moi, je préserverai les minima sociaux…

Et ça marche ! Emmanuel Macron, l’homme neuf de cette campagne, a brillamment atteint son premier objectif : séduire. Et bien au-delà des traditionnelles frontières partisanes. Il lui reste à accomplir le plus difficile : convaincre. Convaincre qu’il a les épaules pour exercer le job, la carrure pour se mesurer à Trump, Poutine ou Erdogan, l’expérience nécessaire pour faire face à la menace terroriste. Convaincre qu’il a les bonnes réponses à la question migratoire, à la crise européenne, au chômage de masse. Bref, que le jupitérien Macron est l’homme idoine, sinon providentiel, pour protéger les Français.

En attendant, il rêve que les électeurs à la primaire de gauche lui fassent, avec retard, le 29 janvier prochain, le plus beau des cadeaux de Noël : qu’ils désignent le candidat le plus à gauche possible, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon ou, mieux encore, Benoît Hamon. N’importe qui, sauf Manuel Valls. Inutile de préciser que François Fillon, lui, rêve du contraire.

Attentat de Nice : polémique entre Mediapart et Christian Estrosi

Dans une enquête publiée vendredi 23 décembre, Mediapart charge le président Les Républicains de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Depuis les attentats du 14 juillet qui ont fait 86 morts à Nice, celui-ci pointe du doigt la responsabilité du gouvernement, mettant en cause, notamment, les effectifs de la police nationale. Mais, comme le démontrent les photos publiées par Libération le 21 juillet, la circulation était assurée par des policiers municipaux, et non nationaux. Un dispositif sécuritaire qui correspond à une convention signée en 2013 entre le préfet des Alpes-Maritimes et le maire de Nice d’alors, Christian Estrosi, d’après Mediapart. Pas une fois l’ancien ministre n’a fait savoir que ce dispositif était celui prévu lors des réunions préparatoires, auxquelles il n’a d’ailleurs pas assisté.

Vidéosurveillance inutile

L’ancien maire de Nice qui a installé dans sa ville un centre de supervision urbain qui regroupe 1 257 caméras avait avancé peu après les attentats de Charlie Hebdo que « si Paris avait été équipé du même réseau – de vidéosurveillance – que le nôtre, les frères Kouachi n’auraient pas passé trois carrefours sans être neutralisés et interpellés ». Mais, comme l’explique Mediapart, le système de vidéosurveillance n’a été d’aucune utilité pour prévenir l’attentat très meurtrier qui a eu lieu le 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais. Un camion blanc de 19 tonnes a fauché des piétons venus admirer le feu d’artifice sur la promenade, faisant 86 morts. Le conducteur du camion, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, a pu, malgré les importants dispositifs de sécurité déployés, circuler onze fois sur la promenade des Anglais pour calculer et peaufiner sa trajectoire.

Dernier passage la veille en soirée

L’arrêté municipal datant de septembre 2014 interdit la circulation des véhicules de plus de 3,5 t dans la ville. Soit des véhicules six fois moins gros que le camion de 19 tonnes qui a pourtant circulé sur la promenade à plusieurs reprises en toute impunité, Mediapart retrace ces passages. Le premier repérage a lieu trois jours avant le drame. Le 11 juillet 2016, peu avant 10 heures du matin, le camion s’engage sur la promenade des Anglais, feux de détresse allumés comme s’il s’apprêtait à livrer des marchandises. Il monte pourtant sur le trottoir, enfreignant une seconde fois un arrêté, fait mine de se garer, et repart. Il repassera à quatre reprises sur la promenade des Anglais, le même jour, sans être inquiété. Rebelote le 12 juillet, où le chauffeur du camion se paie à nouveau le luxe de rouler sur le trottoir, accompagnant des joggeurs matinaux. De la cabine, il prend en photo l’intérieur de la pergola, qu’il dévastera deux jours plus tard. Le 13 juillet, après avoir vérifié qu’il était possible de passer sous la structure en fer forgé près de la pergola, le camion fera un dernier passage, dans le courant de la soirée.

Pendant tout ce temps, le camion blanc sera filmé par les caméras de sécurité, qui font la fierté de l’ancien maire de Nice. Alors que Mohamed Lahouaiej Bouhlel enfreignait l’arrêté interdisant l’accès à la promenade aux véhicules de plus de 3,5 t, de même que celui interdisant à ces véhicules de monter sur le trottoir, et qu’il était filmé en train de le faire, il ne sera pas inquiété. Le 14 juillet, il se joint, en début de soirée, aux 30 000 personnes attendues sur la promenade et sous la pergola, il y prendra quelques selfies, avant de monter à bord du camion blanc et de s’engager sur la promenade à 22 h 32, toujours sous l’œil des caméras. Mediapart a pu avoir accès à un lot de photos datant de septembre 2015 sur la promenade des Anglais. Sur l’une d’entre elles, sous la pergola, on reconnaît bien l’ancien maire de Nice, tout sourire, posant aux côtés de celui qui ôtera la vie à 86 personnes un an plus tard.


Mediapart publie un selfie pris par le terroriste avec Christian Estrosi le 14 juillet, soir de l’attentat.  © Médiapart

Contactés par Le Point.fr, Christian Estrosi et son entourage affirment que l’article de Mediapart est « une synthèse d’approximations dans le seul but de polémiquer ». Ils rappellent que « les images de la Ville de Nice ont été très utiles pour l’avancée de l’enquête ». Christian Estrosi soutient, par ailleurs, qu’il ne « laissera pas remettre en cause la compétence de ses agents de police municipale qui sont d’un dévouement sans bornes et d’une grande compétence ». La Ville de Nice et Christian Estrosi ont décidé de porter plainte en diffamation contre le site.

Fillon : le supplice des juppéistes

Cela fait partie des perversions des primaires : défendre ce qu’on a démoli hier, si possible avec la même conviction, quand son propre candidat a été défait. François Fillon, qui a recomposé ses équipes de campagne en y intégrant les « battus », n’a pas rendu le meilleur service qui soit à Benoist Apparu en le nommant porte-parole. L’ancien supporteur d’Alain Juppé était interrogé sur BFM TV et RMC mercredi matin. Le député-maire de Châlons-en-Champagne a dû sortir les longues rames pour défendre les choix fillonesques qu’il avait âprement combattus jusqu’ici…

Exemple : la réduction de 500 000 fonctionnaires en 5 ans promise par François Fillon. On se souvient qu’Alain Juppé et son équipe expliquaient à qui voulait l’entendre que cette promesse était intenable… Apparu est obligé de se tortiller pour répondre : « Pendant la primaire, on a eu un débat. Certains étaient pour 250 000, c’était la position d’Alain Juppé. François Fillon disait : Il faut aller beaucoup plus loin si on veut massivement réduire les déficits. Et donc, il propose 8 % de fonctionnaires français. Je crois que c’est difficile à faire, mais je pense que c’est possible. »

Le boomerang des fonctionnaires

On a connu meilleur porte-parole ! Mais retrouvons ce que Benoist Apparu disait de cette mesure le 23 novembre 2016 à nos confrères de Paris Match : « François Fillon souhaite supprimer 500 000 fonctionnaires en cinq ans. Il explique qu’il pourra le faire en les faisant travailler 39 heures au lieu de 35 heures. Mathématiquement, c’est jouable. En revanche, comment financera-t-il les 20 milliards d’euros que lui coûteront ces heures de travail supplémentaires ? À moins qu’il ne dise qu’il n’entend pas payer plus les fonctionnaires. Un coup à jeter 5 millions de personnes dans la rue… »

Finalement, devenu porte-parole de Fillon, Benoist Apparu reprend les éléments de langage du camp Fillon sur BFM TV : il y aura une négociation fonction publique par fonction publique pour parvenir à un accord salarial et on ne touchera pas aux effectifs des fonctions régaliennes (police, gendarmerie, etc.). Dans le détail, ce qui a été raté dans la gestion de la fonction publique, c’est le passage des communes aux intercommunalités. Au lieu d’en profiter pour écrémer les effectifs, les collectivités locales ont souvent doublonné les postes. C’est donc, au sein des communes, qu’il faudra ne pas remplacer les fonctionnaires partant à la retraite du moment que l’intercommunalité est en mesure d’assurer le service. Il faut s’attendre néanmoins à un mouvement d’humeur des maires si Fillon devait remporter la présidentielle et mettre en œuvre son programme.

Benoist Apparu n’en a pas fini avec les virages sur l’aile comme porte-parole. En novembre, il déclarait plusieurs divergences à propos du candidat sorti vainqueur de la primaire : « Sa proximité avec Vladimir Poutine, son positionnement sur les valeurs sociétales et, notamment, sa volonté de remettre en cause l’adoption plénière pour les couples homosexuels. François Fillon défend des valeurs conservatrices. La France mérite un regard plus moderne, plus contemporain. Enfin, le député de Paris paraît léger sur les questions de sécurité. » Bon courage, Benoist Apparu ! Pour Noël, Alain Juppé serait bien inspiré de lui offrir un beau cadeau qu’on trouvera ici.