La campagne présidentielle a officiellement commencé au Gabon à quinze jours du scrutin à un tour du 27 août. Le vote devrait une nouvelle fois tourner à la démonstration de force du président sortant Ali Bongo Ondimba, annoncé largement favori face à ses 13 rivaux qui peinent à trouver des espaces d’expression.
« Le changement, c’est moi »
Sur le front de mer à Libreville, on ne voit que lui. Le président Bongo apparaît sur des dizaines d’affiches électorales, placardées à intervalles réguliers avec un slogan presque ironique : « Ali, changeons ensemble ». Ici, comme dans le reste du pays, le matériel électoral de ses adversaires est quasi-invisible. Pourtant, les ambassades de France et des États-Unis, tout comme la délégation de l’Union européenne et le représentant des Nations unies ont demandé aux autorités gabonaises d’« assurer la liberté d’expression, d’association et de réunion, ainsi qu’un accès équitable aux médias publics » lors de cette élection. Le communiqué conjoint, également signé par les ambassades d’Allemagne, d’Espagne et d’Italie, a été envoyé vendredi dans l’espoir d’une évolution de la situation.
En attendant, le président Bongo devait tenir samedi un grand meeting dans un grand stade près de Libreville, annoncé sur la télévision publique Gabon24 et par de grands encarts dans le quotidien L‘Union. Dans son numéro titré « Le top départ ! », le quotidien généralement très bienveillant avec le pouvoir publie pour l’occasion un portrait des principaux candidats qui ont présenté dans la discrétion des programmes souvent axés sur des réformes constitutionnelles. Mais cela n’inquiète pas le président sortant, qui proclame dans un entretien à l’Agence France-Presse : « Le changement, c’est moi », mes adversaires « ont peur », car ils n’ont « aucune chance » de gagner l’élection à un tour.
Des opposants proches du père d’Ali Bongo
Cela ne les empêche pas de faire campagne. L’un des principaux opposants, l’ex-président de la Commission de l’Union africaine Jean Ping, était en déplacement samedi à la rencontre de ses fidèles dans la région de Lambaréné. Ex-président de l’Assemblée nationale et également candidat, Guy Nzouba Ndama n’a pas été autorisé à tenir une réunion publique dans un autre stade de Libreville ce samedi, affirme son entourage. Une nouvelle demande a été déposée pour lundi. De son côté, l’ex-Premier ministre Casimir Oye Mba, un rival de poids, tente de convaincre les électeurs en leur promettant d’instaurer une élection à deux tours.
Ces opposants septuagénaires sont d’ex-proches du père et prédécesseur d’Ali Bongo, Omar Bongo, qui a été au pouvoir durant 41 ans jusqu’à sa mort en 2009. Ils affirment qu’Ali Bongo, 57 ans, est un enfant du Nigeria adopté par Omar Bongo et qu’il ne peut être de ce fait président de la République gabonaise.