Primaire à droite : la galère des « petits » candidats

Les favoris sont en vacances. Mais pour les « petits candidats », c’est la dernière ligne droite pour tenter de récolter les parrainages qui leur permettront de participer à la primaire de la droite. Car pour décrocher le précieux ticket pour la primaire, qui se déroulera les 20 et 27 novembre, les candidats doivent réunir, avant le 9 septembre, le soutien de 250 élus dans 30 départements, dont au moins 20 parlementaires, et de 2 500 adhérents du parti. Des conditions qu’ils estiment avoir été conçues tout exprès pour « verrouiller » le scrutin.

Premier obstacle : les élus (députés, sénateurs, eurodéputés, maires, conseillers départements et régionaux…) ne peuvent parrainer qu’un seul candidat, alors qu’une douzaine sont déclarés. Avec moins de soutiens, moins de moyens, des équipes de campagne plus réduites, les « petits candidats » n’auront pas de répit cet été. En tournée tout le mois d’août sur les marchés de la côte atlantique, Nathalie Kosciusko-Morizet a assuré dimanche en être « environ aux deux tiers » des signatures, expliquant que ce « travail de dentellière », imposait « une dizaine de coups de fil par jour ». L’eurodéputée Nadine Morano a rapidement affirmé avoir « un peu plus » des deux tiers revendiqués par cette rivale.

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De son côté, Jean-François Copé a traversé la France avec sa « caravane du sursaut » et doit encore convaincre « quelques centaines de militants, mais “cela sera fait avant la fin du mois d’août”, a assuré mardi son équipe de campagne à l’AFP.

S’il ne souhaite pas donner de chiffres, le député Hervé Mariton pense aussi qu’il sera “à bon port” le 9 septembre. “Il faut maintenant transformer les engagements, les bonnes intentions en signatures concrètes”, avoue-t-il, le “critère” le plus difficile à remplir étant “les 250 élus locaux”. Frédéric Lefebvre refuse de communiquer sur ses parrainages, mais il a effectué 115 déplacements en six mois.

Un “concours d’ego”

“J’en suis à 14 parlementaires, 180 élus locaux et 2 000 adhérents”, a affirmé également mardi le vice-président de la région Ile-de-France Geoffroy Didier. “Le problème, c’est que les conditions de la primaire n’ont pas été faites pour filtrer, mais pour verrouiller”, a-t-il critiqué. Ces conditions “cumulatives” sont d’ailleurs “beaucoup plus difficiles que les conditions de la primaire de la gauche, dont on était pourtant censés s’inspirer”, a-t-il regretté, évoquant un “concours d’ego” où les favoris pourraient “assécher la concurrence”, en déposant “40 000, 60 000 signatures”.

Il n’est pas le seul à protester. En juillet, Jean-François Copé avait dénoncé des conditions d’organisation “pas très fair-play”, des règles “inéquitables” et une “volonté délibérée” de bloquer le jeu du côté de l’équipe de Nicolas Sarkozy, pointant notamment le manque de communication auprès des adhérents sur leur rôle de parrains potentiels. “Il a fallu attendre l’été pour que soit envoyé, dans le magazine interne, un bulletin de parrainage vierge”, selon son équipe de campagne.

Même son de cloche chez Mme Kosciusko-Morizet : “On nous demande à nous candidats, d’aller chercher 2 500 parrainages d’adhérents sans avoir le fichier des adhérents”, s’indigne-t-elle. Elle raconte que des personnes ayant adhéré au mois de juin ont reçu, “15 jours plus tard”, des mails de l’association des amis de Nicolas Sarkozy les invitant à “parrainer” l’ancien président.

Les proches du président du parti balaient ses critiques : “Je fais partie de la commission de révision des statuts, que présidait NKM. Et on avait eu un long débat sur les conditions de la primaire […] Tout le monde était d’accord”, a répliqué le sénateur Roger Karoutchi, un soutien de Nicolas Sarkozy.