Le Sénat américain veut limiter l’accès aux armes

C’est un premier pas vers le contrôle des armes à feu aux États-Unis. Un projet de loi limitant l’accès de suspects terroristes à l’achat d’arme va pouvoir être examiné au Sénat américain, le camp démocrate ayant obtenu cette petite victoire d’endurance dans la nuit de mercredi à jeudi. Cet accord, qui pourrait mettre fin à une impasse parlementaire de plusieurs années sur la question des ventes d’armes aux particuliers, intervient dans le contexte de la tuerie d’Orlando (Floride), où un tireur isolé se réclamant du groupe djihadiste Daech a tué 49 personnes dans un bar gay.

Le tireur, qui avait été interrogé par le FBI à plusieurs reprises dans le cadre d’enquêtes sur « d’éventuels liens avec des terroristes » classées sans suite, avait acheté ses armes en toute légalité.

Un discours de 14 heures

Des élus démocrates, minoritaires au Sénat, ont lancé mercredi une obstruction parlementaire (« filibuster ») pour persuader leurs collègues d’accepter d’examiner un projet de loi interdisant aux personnes qui sont sur une liste de surveillance antiterroriste ou sur une liste d’interdiction de vol d’acheter des armes à feu.

« Je suis à bout », a déclaré le sénateur Chris Murphy, qui a mené cette obstruction. « Je vais garder la parole jusqu’à ce que nous obtenions un signe indiquant que nous pouvons nous rassembler » sur cette question, a ajouté l’élu du Connecticut (nord-est), où un déséquilibré avait tué 20 enfants dans une école en 2012. Soutenu par une quarantaine de ses collègues, le sénateur a défendu pendant quatorze heures la nécessité d’une plus grande réglementation de l’accès aux armes à feu.

À 1 h 53 du matin jeudi (5 h 53 GMT), il a crié victoire sur Twitter : « Je suis fier d’annoncer qu’au bout de plus de 14 heures, nous aurons un vote pour fermer la brèche terroriste » et sur la vérification des antécédents des acheteurs d’armes.

I am proud to announce that after 14+ hours on the floor, we will have a vote on closing the terror gap & universal background checks

— Chris Murphy (@ChrisMurphyCT) 16 juin 2016

Les dirigeants démocrates et républicains du Sénat se sont mis d’accord « pour avancer vers une mesure assurant que ceux qui figurent sur une liste de surveillance antiterroriste n’aient pas accès aux armes », a précisé Chris Murphy.

Des mesures plutôt que des prières

Le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump a suggéré mercredi qu’il pourrait être favorable à ce texte, au risque de se brouiller avec le lobby des armes à feu et son parti. Clamant son soutien indéfectible au droit des Américains à porter des armes inscrit dans le fameux second amendement de la Constitution, il a annoncé qu’il allait « rencontrer des responsables du lobby des armes à feu (NRA), qui appuient (sa) candidature », à ce sujet.

Une mesure visant à empêcher l’achat d’armes et d’explosifs par des suspects terroristes avait échoué au Sénat en décembre, tous les républicains, à l’exception d’un seul, ayant voté contre. Mais les lignes bougent. « La prière et les pensées (affectueuses), ça ne suffit pas. Il est temps d’agir », a déclaré mardi le représentant républicain de l’Illinois (nord) Bob Dold.

Et le sénateur républicain Pat Toomey, à l’initiative d’un projet de loi élargissant les vérifications d’antécédents pour les acheteurs d’armes qui avait échoué en 2013 puis de nouveau l’an dernier, a oeuvré avec les démocrates pour parvenir au consensus dans la nuit de mercredi à jeudi.

90 % des terroristes passent à travers les mailles du filet

Outre les limitations visant les suspects terroristes, le Sénat s’est également mis d’accord pour examiner un amendement qui permettrait d’élargir les vérifications sur les antécédents des acheteurs d’armes sur Internet et dans les foires.

Selon un rapport gouvernemental, plus de 90 % des suspects terroristes ont réussi depuis 2004 à contourner ces vérifications, parvenant ainsi à se procurer des armes aux États-Unis. La majorité des républicains s’opposent à la limitation de ventes d’armes, même aux suspects terroristes, arguant que cela empiéterait sur les droits des Américains à porter une arme. Mais plusieurs sondages montrent qu’une majorité d’Américains est aujourd’hui favorable à ces limitations.

À quoi sert le Premier ministre ?

Les institutions ne sont plus adaptées et ralentissent le processus décisionnel : c’est l’avis du chef de l’État à l’approche de l’élection présidentielle de 2017. Dans sa ligne de mire : le poste de Premier ministre dont il souhaiterait la suppression. Une idée ambitieuse et de plus en plus partagée au sein de la classe politique, mais qu’il n’aura sans doute pas le temps de concrétiser avant la fin de son mandat. Une simple opération de communication sur le chemin des élections ?

La Ve République, régime parlementaire à tendance présidentialiste, dote pourtant le chef du gouvernement d’un rôle important. Il assure la mise en oeuvre des orientations politiques, la coordination de l’action gouvernementale, dispose du pouvoir réglementaire et joue un rôle central dans la procédure législative. Mais, comme l’explique François Hollande en privé, dans son projet, « tout remonte au président ».

La Ve République évolue

Pourquoi vouloir la peau de ce Premier ministre ? L’idée défendue par le chef de l’État reflète la transformation de notre système politique vers une « hyper-présidentialisation », liée à la modification du calendrier électoral avec le passage du septennat au quinquennat (2002). La simultanéité des élections présidentielle et législatives diminuant fortement les risques de cohabitation. Le président prend donc aujourd’hui de plus en plus de place dans le règlement des affaires intérieures. Cela est apparu clairement sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

Il apparaît donc aujourd’hui important, pour François Hollande, de prendre en considération ces évolutions pour une « présidence forte ». Claude Bartolone plaide depuis plusieurs années pour ce même projet. François Fillon l’avait également suggéré alors qu’il était encore à Matignon, soutenant l’idée d’un président gouvernant seul face à une Assemblée aux pouvoirs renforcés. Nathalie Kosciusko-Morizet a rejoint le mouvement en mai dernier. Pour elle, « notre régime s’est présidentialisé. Autant en prendre acte en supprimant le Premier ministre. »

Un seul homme fort

Malgré la progression du présidentialisme, la suppression de l’homme de Matignon ne fait pas l’unanimité. Cela aurait pour conséquence de nier l’un des principes au coeur de toute démocratie : la responsabilité. Actuellement, l’Assemblée nationale, élue au suffrage universel direct, détient le pouvoir de sanctionner le gouvernement avec la motion de censure. Mais, cette dernière ne peut peser sur le président, car cela rendrait le régime fortement instable. De plus, l’essentiel du pouvoir serait ainsi détenu entre les mains d’un seul homme. Une problématique qui avait été dénoncée par Georges Pompidou dans son ouvrage Le Noeud gordien (1974).

François Hollande n’est aujourd’hui pas le seul à vouloir réformer la Ve République pour rendre le pays plus gouvernable. Réduire le nombre de parlementaires pour Bruno Le Maire, donner plus de pouvoirs au Parlement pour Cécile Duflot, redonner le pouvoir aux citoyens par le référendum pour Jean-Luc Mélenchon sont quelques-unes des multiples propositions. Un classique avant chaque élection présidentielle.

EELV : David Cormand, nouveau patron du parti

David Cormand, 41 ans, a été élu nouveau patron du parti Europe Écologie-Les Verts. Il occupait déjà ce poste depuis le départ d’Emmanuelle Cosse en février. Il a été choisi par 60,05 % des voix, a annoncé le parti, qui tient son congrès à Pantin. David Cormand sera accompagné d’un duo de secrétaires nationaux adjoints, Sandrine Rousseau et Alain Coulombel. Cette configuration est le résultat de la fusion de leurs listes, arrivées première et deuxième chez les adhérents lors du congrès décentralisé du parti.

Le reste du congrès a permis de trouver un accord in extremis au sein d’Europe Écologie-Les Verts. Son congrès fédéral se tient à Pantin (Seine-Saint-Denis) et doit désigner un nouveau patron sur une ligne de rupture avec le Parti socialiste.  Pour parvenir à ce résultat, sa motion Réinventer-Horizon 2025, signée notamment par Cécile Duflot et qui avait réuni 35 % des votes deux semaines plus tôt, s’est associée avec celle coconduite par l’actuelle porte-parole Sandrine Rousseau et Alain Coulombel. Cette motion, Écologie en commun, avait recueilli le 28 mai, lors du Congrès décentralisé, le deuxième meilleur résultat (24 %).

Écologie utopiste et réaliste

Au terme de cette fusion actée dans les dernières heures de négociations, outre l’écriture d’un texte de synthèse (« Réinventer l’écologie en commun »), un nouvel organigramme a été convenu, dans lequel Sandrine Rousseau et Alain Coulombel seront tous deux « secrétaires nationaux adjoints ». « Notre idée était de sortir d’un fonctionnement très personnalisé du parti pour aboutir à un fonctionnement collégial », s’est réjouie Sandrine Rousseau, affirmant avoir obtenu « des gages très forts ». Alors que EELV, pourtant tout jeune parti créé en 2010, sort de mois de déchirements individuels et politiques, elle a souhaité que « cette séquence très tournée sur l’interne s’ouvre maintenant vers l’extérieur ».

Sur le fond, le texte appelé à devenir majoritaire défend une « écologie singulière », à la fois « utopiste et réaliste », et prévoit une réforme du fonctionnement du parti afin que l’ensemble des adhérents soit consulté sur « les décisions stratégiques » au lieu du seul bureau exécutif auparavant. Il acte noir sur blanc la rupture totale avec le PS. À propos des prochaines échéances électorales, il promet de soutenir « un candidat émanant d’EELV ou de la société civile » sur la base d’un projet pour la présidentielle. Aux législatives et aux sénatoriales, il promet « une stratégie claire, validée par les adhérents, excluant tout accord, même technique, avec l’appareil du PS ».

Dizaines de départs fracassants

Trois autres listes vont également être redéposées au second tour, dont celle de l’aile gauche du parti (L’Imprévu, 17 %), qui a brocardé samedi « l’échec du renouveau, la firme numéro 2 », en référence au « clan » que formaient, selon leurs détracteurs, Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé et leurs proches. « On a tenté jusqu’au bout de construire une alternative, ça a buté sur la reconduction de l’équipe sortante et sur la question de l’autonomie d’EELV », a regretté Élise Lowy, qui a essayé de s’allier avec Écologie en commun. Elle n’a pas eu de mots assez durs pour « l’équipe Duflot qui est là depuis 10 ans ».

La liste de l’aile droite, menée par Henri Arevalo (Europa, 17 % aussi), n’a elle pas négocié d’alliances, puisqu’elle est la seule à ne pas prôner la rupture avec le PS. Pour le sénateur EELV Ronan Dantec en effet, une primaire très large de la gauche et des écologistes, incluant François Hollande, reste « le meilleur des scénarios pour la présidentielle ». Le parti a été très affaibli par les divisions internes depuis la décision de Cécile Duflot et de Pascal Canfin de ne pas intégrer le gouvernement Valls en mars 2014. Des dizaines de départs, souvent fracassants, d’élus et de figures du parti, se sont succédé ces derniers mois, jusqu’à la décision surprise d’Emmanuelle Cosse d’accepter un ministère.

La récente explosion du groupe écologiste à l’Assemblée nationale a achevé d’acter la désunion.

ISF : 5,224 milliards d’euros pour l’État en 2015, et pourtant…

L’ISF rapporte gros. 5,224 milliards d’euros en 2015, selon des chiffres de la Direction générale des finances publiques (DGFIP) révélés par Le Monde jeudi. Pourtant, continue de se poser la question de l’utilité de cet impôt. La veille en effet, Bercy portait plainte contre Le Canard enchaîné pour avoir publié une liste de contribuables assujettis à l’ISF ayant bénéficié d’une réduction fiscale conséquente grâce à un abattement.

Résultat, le montant récolté grâce à l’ISF patine. « En 2014, le nombre de redevables était de 331 010 pour un produit de 5,198 milliards d’euros. Ainsi, si le nombre de contribuables assujettis à l’ISF a crû de près de 12 000, les recettes au profit de l’État sont restées quasiment stables », explique Le Monde.

Un impôt en « faillite », selon Le Canard enchaîné

L’impôt de solidarité sur la fortune, instauré en 1989, est payé par les ménages dont le patrimoine dépasse 1,3 million d’euros. Ces derniers peuvent toutefois bénéficier d’un plafonnement, l’impôt sur le revenu ajouté à l’ISF ne devant pas dépasser 75 % des revenus perçus – un niveau jugé « confiscatoire » par le Conseil constitutionnel.

Les révélations du Canard enchaîné montrent à quel point les mécanismes de plafonnement sont efficaces pour détourner l’ISF de son objectif premier : imposer les plus fortunés. 11 des 50 contribuables les plus fortunés en France recensés par la DFGIP n’ont ainsi pas payé d’ISF en 2015, et les autres ont vu leur note sensiblement allégée. Au total, 21,2 millions d’euros d’ISF ont été payés par ces 50 contribuables, alors que le montant initial était de 219,6 millions, précise le Canard.

Au final, Bernard Arnault, Liliane Bettencourt ou encore Hélène Darty réussissent sans sourciller à amoindrir ou annuler ses effets. Une situation due, selon Le Canard enchaîné, à l’« ingéniosité » des conseillers financiers, qui minorent le revenu imposable de leurs clients, en laissant par exemple « dormir dans des sociétés financières les dividendes d’actions et les revenus d’assurances vie ».

Quasi-unanimité à droite

Alors quoi ? Réforme, aménagement, suppression ? À droite, bien plus qu’à gauche, l’ISF est dans le viseur. Quand en mai dernier, sur Europe 1, François Hollande expliquait qu’il n’y avait « pas de raison » de procéder à un allègement supplémentaire de cet impôt, François Fillon l’accusait de préférer « se rouler par terre devant le Qatar et les fonds de pension américains » que « d’encourager le capitalisme français ». L’ancien Premier ministre enfonçait le clou en affirmant qu’« il n’y avait plus d’investisseurs en France parce que la fiscalité du capital est deux fois plus élevée que dans les pays voisins ».

Une analyse largement partagée à droite. Alain Juppé expliquait pour sa part sur RMC en 2015 que c’était à cause de cet impôt que « les PME disparaissaient ». En fait, parmi les candidats à la primaire de la droite, seuls Frédéric Lefebvre (aménagement), Nadine Morano et Jean-Frédéric Poisson (positions inconnues) ne sont pas favorables à la suppression de l’ISF, selon Le Monde. Au PS, il n’y a bien qu’Emmanuel Macron, nouvellement assujetti, pour suggérer sa suppression. Pour le meilleur ou pour le pire, l’ISF s’annonce être de tous les débats électoraux.

Loi « Sapin II » : le ministre veut « construire une économie au service de tous »

Ce lundi, le ministre des Finances a appelé les députés à « travailler dans un esprit de rassemblement », lors de l’ouverture des débats sur son projet de loi (dit « Sapin II »), dont le but est de limiter les pouvoirs de la sphère financière. Examiné à l’Assemblée nationale jusqu’à la fin de la semaine, ce texte sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique « va contribuer à faire de notre pays une démocratie moderne et solide sur ses valeurs, et non une démocratie du soupçon », a expliqué Michel Sapin, présent pour le gouvernement aux côtés de Jean-Jacques Urvoas et Emmanuel Macron.

Ce vaste projet de loi de 57 articles va « contribuer à construire pour notre pays une économie au service de tous, et à combattre une finance débridée au service de la corruption et de la spéculation », a assuré le ministre des Finances Michel Sapin, un proche de François Hollande, dont l' »adversaire » désigné lors du discours de campagne du Bourget en 2012 était « le monde de la finance ». Vingt-trois ans après sa première loi sur ce thème, son nouveau texte doit permettre à la France de rattraper son retard dans la lutte anticorruption, pointé par l’OCDE. Il s’agit de pouvoir poursuivre et condamner en France un dirigeant pour des faits de corruption à l’étranger car « la France ne peut pas rester à la remorque des justices étrangères, en particulier de la justice américaine », a fait valoir le ministre.

Renforcer la protection des lanceurs d’alerte

Le gouvernement s’en remettra à l’avis des députés sur le dispositif remplaçant la transaction pénale, qui devait permettre aux entreprises mises en cause dans des affaires de corruption de payer une amende pour s’éviter un procès. La nouvelle « convention judiciaire d’intérêt public » met « juge et victimes au centre », selon son initiatrice Sandrine Mazetier, chef de file des députés socialistes sur ce projet de loi.

Le texte crée aussi un cadre de protection renforcé pour les lanceurs d’alerte, dont le rôle a été mis en évidence dans l’affaire des Panama Papers ou celle des Luxleaks. Il encadre également davantage l’activité des lobbyistes qui devront déclarer leurs activités dans un répertoire numérique pour rencontrer ministres, membres de cabinet, parlementaires ou hauts fonctionnaires.

Le projet de loi devrait permettre au gouvernement et aux députés « des gauches » de se retrouver sur des sujets fédérateurs. Michel Sapin ainsi que le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas ont ainsi appelé au « rassemblement » voire à « transcender (les) clivages ». Radicaux de gauche et Front de gauche soutiennent le projet, mais les députés LR, bien qu’en « partageant » les objectifs, ne le trouvent pas « à la hauteur des enjeux » et jugent qu’il « pâtit du contexte politique dans lequel la majorité et le gouvernement se trouvent aujourd’hui » avec la loi Travail. Les élus UDI sont mitigés sur des dispositions allant « plutôt dans le bon sens » mais sans « vision politique ».

Contraintes sur les rémunérations des patrons

Quelques bras de fer sont à prévoir au sein même de la gauche, notamment sur la rémunération des dirigeants d’entreprises qui s’est rajoutée au menu. Finalement décidé à légiférer après les nouvelles polémiques concernant Carlos Ghosn (Renault) et Carlos Tavares (PSA), l’exécutif a opté pour rendre contraignants, via un amendement PS, les avis des assemblées générales d’actionnaires. Mais le gouvernement « n’est pas favorable » à des amendements de Karine Berger (PS) ou du Front de gauche, proposant d’encadrer le montant de ces rémunérations, ce qui « serait censuré par le Conseil constitutionnel », selon Michel Sapin, ou encore d’alourdir la fiscalité des actions gratuites.

Autre débat en vue: sur la transparence accrue pour lutter contre l’évasion fiscale. Les rapporteurs socialistes, Sébastien Denaja, Romain Colas et Dominique Potier vont proposer de rendre public le « reporting » financier des activités des multinationales dans tous les pays comme le demandent des ONG. Mais Michel Sapin se montre prudent, souhaitant que cette obligation s’impose dans le cadre d’une directive européenne qui vient d’être proposée.

Plaidoyer de Macron

Enfin, un volet risque de ne pas sortir indemne de l’hémicycle en fin de semaine, celui sur l’assouplissement des règles d’entrée dans certains métiers, combattu par les artisans. Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron, qui dans la matinée avait essuyé des jets d’oeufs de la part d’opposants à la loi Travail à Montreuil, s’est livré en fin d’après-midi au Palais Bourbon à un plaidoyer en faveur de cette réforme des qualifications qui doit « permettre au plus grand nombre de saisir ces nouvelles opportunités économiques ». Mais l’article litigieux fait l’objet d’amendements de suppression, et de droite et de gauche, en particulier de l’ex-ministre de l’Artisanat Sylvia Pinel (PRG).

Législatives : Vallaud-Belkacem souhaite être candidate à Villeurbanne

La ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a confirmé dimanche sur France 3 son souhait d’être candidate à Villeurbanne (Rhône) aux élections législatives de juin 2017.

« Oui, je le souhaite (ndlr: d’être candidate) si les militants en décident ainsi », a répondu la ministre dans l’émission politique 12/13 dimanche, interrogée sur sa volonté de se présenter à la prochaine députation alors la rumeur courait depuis plusieurs mois.

« Il y a des modalités de désignation au sein du PS qui sont très claires. Mais je le souhaite. C’est là que je suis en effet installée et ancrée et que je mène mes combats politiques », a-t-elle souligné. Najat Vallaud-Belkacem pourrait donc briguer la succession de Pascale Crozon, la députée PS de la 6e circonscription du Rhône, qui ne se représentera pas et qui soutient Najat Vallaud-Belkacem dans cette perspective. Au même titre que Jean-Paul Bret, le maire socialiste de Villeurbanne depuis 2001.

Battue en 2007

En outre, l’ancienne ministre des Droits des femmes et ex-porte-parole du gouvernement est loin d’être une inconnue dans le paysage politique local. Najat Vallaud-BelKacem, 38 ans, a débuté en 2004 comme conseillère régionale en Rhône-Alpes avant de devenir conseillère générale du canton de Monchat (Rhône) puis, en 2008, conseillère municipale à Lyon et adjointe au sénateur-maire PS de la ville, Gérard Collomb.

Seul point noir dans son ascension politique lyonnaise, son échec aux législatives de 2007 dans la 4e circonscription, très favorable à la droite, face à l’ancien ministre des Transports UMP Dominique Perben.

Loi travail – La CGT en un combat douteux ?

Le porte-parole du groupe PS à l’Assemblée, Hugues Fourage, a apporté un soutien sans faille au gouvernement sur le dos de la CGT accusée d’avoir choisi une « stratégie de tension (…) vouée à l’échec ». « La stratégie de tension qu’a choisie la CGT est, à notre avis, vouée à l’échec. Elle pénalise les Français qui ne peuvent pas se déplacer, elle freine la reprise et elle donne de la France, au moment même où nous allons accueillir des millions de visiteurs, l’image d’un pays paralysé conforme aux pires clichés du french bashing, a déploré Hugues Fourage lors d’un point de presse.

Et enfonçant le clou, il a ajouté que le groupe socialiste était « pleinement solidaire du gouvernement contre ceux qui tentent de bloquer le pays ». Il a également exclu l’idée d’un référendum sur le projet de loi de travail, piste avancée par certains au PS, comme Arnaud Montebourg, pour sortir du conflit. « Il est hors de question de mettre le débat parlementaire entre parenthèses, a-t-il expliqué, sans faire référence à l’utilisation du 49.3 pour faire passer le texte en première lecture. On ne peut pas vouloir réhabiliter le Parlement et l’exclure au premier conflit », a-t-il ajouté.

Le groupe souhaite que « le travail continue après le Sénat » et qu’« on puisse comparer les différences entre les uns et les autres ». « Le débat au Sénat va rendre justice à notre texte équilibré », veut croire M. Fourage.

»Une grande victoire pour la CGT » (Chassaigne)

Autre son de cloche du Front de gauche, cette fois, qui a rendu hommage à l’action de la CGT. Le chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne, a réaffirmé son hostilité au texte et a souhaité que « le mouvement social continue et puisse s’amplifier, c’est très, très important pour faire bouger le gouvernement ». « En aucun cas », a ajouté ce député communiste, son groupe « ne peut envisager de faire entrer dans la loi le renversement de la hiérarchie des normes » induit par l’article 2 du texte, « avec la primauté des accords d’entreprise sur les accords de branche ». Sur une éventuelle réécriture de cet article-clé, le député du Puy-de-Dôme a refusé par avance ce qui ne serait que de « l’habillage » et a considéré « quasiment impossible » un avis a priori des branches professionnelles, notamment « car il y a environ 35 000-36 000 accords par an ».

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Sur la reprise du dialogue entre la CGT et le Premier ministre, le chef de file des députés Front de gauche a répondu : « Si le dialogue peut reprendre, tant mieux », car « il est indispensable d’écouter toutes les organisations syndicales, et pas seulement l’une d’entre elles », allusion à la CFDT. Il a rappelé que, « dans de grandes périodes de l’histoire où il y a eu des luttes, comme en 1936 et en 1968, cela s’est terminé par les organisations syndicales autour de la table avec le gouvernement ».

« S’il y a une négociation, ce sera une grande victoire, notamment pour la CGT et pour Philippe Martinez, que la mobilisation sociale contre la loi travail » ait abouti à cela, a estimé l’élu PCF. Le député a aussi souhaité que « la CGT continue dans la voie prise depuis plusieurs semaines », qualifiant d’« aide importante dans (leur) combat politique » qu’« une organisation syndicale mobilise le plus grand nombre dans des luttes sociales ».

André Rousselet : mort de l’homme aux mille vies

Par quels jeux du hasard et de l’ambition le sous-préfet de Condom dans le Gers, fils d’un haut magistrat catholique, a-t-il réussi dans les affaires tout en restant au cœur de la nébuleuse mitterrandienne ? Ce joueur d’échec pour qui « la politique était aux antipodes des affaires » a su pourtant surfer pour rester longtemps à la confluence des deux. Dans les nombreuses interviews qu’il accordait dans sa période de gloire à Canal+(1986-1994), celle où il collectionnait les distinctions (manager de l’année, des médias, Emmy Award…), il a reconnu que s’il n’avait pas été dans les bagages de Mitterrand, il n’aurait pas été bombardé en 1982 patron d’Havas, alors entre les mains de l’État. Et il n’aurait pas trouvé dans les cartons de la grande agence de communication le projet de chaîne cryptée, le futur Canal+, concocté par un certain Leo Scheer passé depuis dans le monde de l’édition. Il n’empêche, sans la poigne de fer et le flair inouï d’André Rousselet, Canal+ n’existerait pas. Homme rigoureux et inflexible, il n’a pas hésité à s’entourer d’une bande de joyaux lurons qui allait réinventer la télé (les Farrugia, De Caunes, Gildas, De Greef, Denisot, sans oublier le premier d’entre eux, son fils spirituel, Pierre Lescure). Le mélange des genres, entre politique et affaires, est résumé tout entier dans la formule « Édouard m’a tuer » parue à la une du Monde, où Rousselet s’en prenait au Premier ministre d’alors, Édouard Balladur, qui avait manigancé son éviction, en 1994, de la présidence de Canal+.

« Je ne suis pas socialiste »

« Je ne suis pas socialiste », aimait à dire celui qui n’a jamais pris sa carte du PS. S’il n’était pas socialiste, il était à fond mitterrandien. La première rencontre entre les deux hommes se serait produite en 1950, à la Guadeloupe. François Mitterrand, ministre de la France d’outre-mer, découvre alors le jeune sous-préfet de Pointe-à-Pitre, André Rousselet, qui avait échoué là après l’Ariège, l’Aube et le Gers. Quand François Mitterrand devient ministre de l’Intérieur, en 1954, il se rappellera de ce fonctionnaire qui s’était illustré en Guadeloupe en s’opposant à des bourrages d’urnes, ce qui lui avait valu des remontrances de sa tutelle. Mitterrand en fait son chef de cabinet.

À partir de là, les deux hommes ne se quitteront plus. Rousselet ira à la Justice (1956-1957) et, comme trésorier et organisateur, sera de toutes les campagnes présidentielles en 1965, 1974 et bien sûr 1981. Mitterrandien, il n’appartenait pas au premier cercle de l’ancien président, comme les Georges Dayan ou Patrice Pelat. Il était un fidèle, quelqu’un qui comptait, c’était tout et c’était déjà beaucoup. Le président était invité quand il le voulait dans la villa de Rousselet sur la Côte d’Azur, les deux hommes se voyaient souvent, tous les lundis, ils faisaient un parcours au golf de Saint-Cloud. Sur le tard, c’est Rousselet que François Mitterrand désignera, peu avant sa disparition, comme exécuteur testamentaire. Une marque extrême de confiance.

« Vous n’êtes pas fait pour la politique », aurait dit un jour François Mitterrand à Rousselet. Sans jamais s’en détacher, ce dernier n’en a jamais fait non plus son activité principale. Une seule fois, il a franchi le pas, par fidélité, en se faisant élire, en 1967, député de Haute-Garonne, avec l’étiquette FGDS, siège qu’il perdra un an plus tard avec la vague bleue de juin 1968. L’opération ne sera pas renouvelée. Pour Rousselet, la politique, c’était d’abord l’ombre de Mitterrand. C’était assurer la dimension matérielle et tirer les ficelles. Le lendemain de l’élection gagnée du 10 mai, il confie au nouveau président qu’il ne vise aucun ministère, qu’il veut rester à ses côtés, à l’Élysée. Un poste est inventé pour lui, directeur de cabinet, poste qu’il occupera seulement quinze mois avant d’aller chez Havas (1982). « La politique, disait Rousselet, cela ne peut réussir que dans le flou artistique. » En fait, la décision politique la plus marquante de Rousselet, la seule peut-être, ce n’est pas de s’être placé dans le sillage de Mitterrand, c’est d’avoir quitté la préfectorale quand de Gaulle est revenu au pouvoir en 1958. Il faut dire qu’alors il n’était guère en odeur de sainteté chez les gaullistes. Il aurait dû être nommé directeur des abattoirs de La Villette et, au dernier moment, Michel Debré, alors Premier ministre, avait annulé le décret.

Changer de vie

Que faire quand on renonce à l’administration ? Rousselet n’a fréquenté ni Polytechnique, ni l’ENA et possédait pour tout viatique une licence en droit. Comme son mentor a été, un temps, déconsidéré par l’affaire de l’Observatoire (1959), il lui fallait changer de vie. Grâce à une petite annonce, il décroche un job aux relations extérieures de Simca, tout occupé alors à faire décoller son Ariane. C’est là que l’ancien préfet repère une affaire. Simca possède une flotte de taxis (150) qui ne cesse de perdre de l’argent. Rousselet persuade la direction qu’il peut rétablir les comptes. « Si c’est cela, lui dit-on en substance, on te passe l’entreprise ». En 1963, Rousselet qui n’avait pas un sou vaillant, va voir les banques et, habile négociateur, monte des tours de table à son avantage. On connaît la suite. La petite entreprise deviendra la G7 qui, aujourd’hui encore, fait tourner la moitié des taxis parisiens. Elle est gérée par l’un de ses fils, Nicolas, un HEC de 52 ans qui dirige aussi le loueur de voitures Ada (Son autre fils Philippe est producteur de cinéma). En position de monopole, la G7 est aujourd’hui en pointe contre l’arrivée de nouveaux venus sur le marché, les VTC et autres Uber. C’est un exemple caricatural de mélange des genres entre politique et affaires : la réussite de la G7 a toujours été tributaire d’excellentes relations avec le ministère de l’Intérieur – c’est là que sont fixées les règles gouvernant les taxis. La société, qui jouit d’une incomparable rentabilité, permet à la famille Rousselet, avec 200 millions d’euros, de figurer au 273e rang des fortunes professionnelles du magazine Challenges. L’argent gagné avec les taxis a permis à Rousselet de se lancer dans d’autres aventures sans grands lendemains : les chaussures, la distribution, la sécurité, sans oublier une galerie d’art (il était féru de peinture contemporaine). Et que dire des journaux ? Une obsession pour Rousselet, qui n’a cessé de collectionner les bides (Sports magazine, Infomatin, Télévision, Le mensuel…). Mais qui a eu la sagesse, à chaque fois, de s’arrêter à temps pour limiter la casse.

Un nom dans les affaires

Aucun doute, si Rousselet a laissé un nom dans les affaires, c’est bien sûr grâce à Canal+, une spectaculaire réussite. Peut-être parce que c’est là, bien plus qu’à la G7, que Rousselet a donné toute sa mesure. Rusé et brutal (« je tue uniquement si je suis attaqué »), charmeur mais doué d’un humour caustique (« J’ai été plus longtemps garagiste qu’homme politique »), négociateur patient mais parfois emporté (Berlusconi s’en souvient), l’homme agaçait et dérangeait. C’est sûrement grâce à cette personnalité qu’il a réussi à créer Canal+ de toutes pièces.

Aujourd’hui « sa » télé prospère encore (avec plus de 15 millions d’abonnés dans le monde), malgré les attaques du Qatar avec BeIn. On en oublierait presque que l’affaire a failli couler dès les premières années. Car une fois obtenu le feu vert de l’Élysée pour lancer la chaîne cryptée, l’univers télévisuel (les trois chaînes publiques) est complétement dynamité par… l’Élysée en une manœuvre typiquement mitterrandienne. Le président, en autorisant le lancement de chaînes privées (la 5 et la 6), a désarçonné son ami Rousselet au moment où il commençait d’installer Canal+ dans le PAF. Le nombre d’abonnés s’est mis à baisser. La situation était à ce point critique que des proches du président se sont ligués pour couler le projet Canal. En 1984, l’homme d’affaires Jean Riboud, ancien PDG de Schlumberger, devenu conseiller occulte de François Mitterrand et Laurent Fabius, le tout jeune Premier ministre, suggéraient d’abandonner le cryptage et de passer Canal en clair, comme les autres télés. Rousselet s’est accroché comme un fou, obtenant au final de l’Élysée un arbitrage en sa faveur. De cet affrontement, Rousselet avait gardé une rancune tenace contre Fabius (« un incompétent »). En lançant le porno du samedi et le foot à tout crin, en renforçant la couleur anar de sa chaîne (qu’il ne prisait pas toujours à titre personnel) avec les Guignols, les Nuls, sans oublier un pétomane, il a fait de Canal+ un succès international. Et avec sa programmation de films à haute dose, il a placé la chaîne au cœur de l’industrie cinématographique française. Courtisée et abhorrée, la chaîne a affronté de sérieux différends avec les professionnels, avec un Rousselet qui ne refusait jamais la bagarre. Mais ce n’est pas ça qui le fera tomber, il maîtrisait. Non, il tombera par où il était arrivé : la politique.

En 1994, un putsch ourdi par le Premier ministre Édouard Balladur l’évince brutalement de la présidence de Canal+. C’est là qu’il lance son fameux « Édouard m’a tuer ». Après cela, Rousselet, au moindre mouvement de capital autour de « sa » chaîne, ne cessera de sortir de sa boîte en lançant des anathèmes contre les big boss de Vivendi, Jean-Marie Messier, et plus tard Jean-René Fourtou. Rousselet ne pardonnait rien, il avait la rancune tenace. Même Pierre Lescure, son fils spirituel qui lui a succédé en 1994, avait baissé dans son estime pour avoir trop concédé à ses actionnaires. Quand il a été évincé de Canal+, Rousselet avait 72 ans. Trop tard pour prendre une revanche en créant une autre télé. C’est sûrement pour cela que jusqu’au bout, il se souciera du sort de « sa » chaîne, comme s’il ne l’avait jamais quittée.

En marche ! : Emmanuel Macron lance sa campagne de porte-à-porte

En marche !, le mouvement lancé le 6 avril par Emmanuel Macron, débute samedi sa campagne de porte-à-porte, dont l’objectif est de consulter 100 000 personnes d’ici juillet et de livrer un « diagnostic » après l’été. « On est toutes et tous convaincus que le pays est face à des défis qui sont nouveaux et que les partis classiques ne permettent pas totalement de résoudre », explique le ministre de l’Économie dans une vidéo postée samedi sur le compte Facebook de son mouvement.

Selon lui, son mouvement et sa démarche de porte-à-porte doivent contribuer à « construire le camp du progrès ». Il veut mettre l’accent sur le « travail » et les inégalités. « On doit traquer les rentes et recréer une égalité des chances », préconise le populaire ministre de l’Économie. « Cette grande marche, son objectif, c’est d’aller à la rencontre des Français, de faire ce diagnostic du pays en ouvrant une porte, en allant au-devant des autres », explique Emmanuel Macron, qui s’est fixé comme objectif de collecter 100 000 témoignages.

« Plus de 50 000 adhérents »

Ils permettront de nourrir le « diagnostic du pays » que Emmanuel Macron veut présenter « à la fin de l’été », en s’appuyant également sur le travail d’experts. Les « marcheurs » encadrés par des coordinateurs soumettront à leurs interlocuteurs un questionnaire comportant huit questions ouvertes, du type « Qu’est-ce qui marche en France ? ». En marche ! est assisté dans sa démarche par la start-up Liegey Muller Pons, qui se présente comme « la première start-up de stratégie électorale en Europe ». Ses membres fondateurs avaient participé à titre individuel à la campagne de François Hollande pour laquelle cinq millions de portes avaient été frappées.

Le ministre de l’Économie a affirmé mercredi aux Échos que son mouvement comptait d’ores et déjà « plus de 50 000 adhérents », « 12 000 personnes » ayant par ailleurs décidé de participer à l’opération de porte-à-porte. Disant ne pas être « obsédé » par l’élection présidentielle, Emmanuel Macron entend dévoiler « entre l’automne et l’hiver (…) un plan d’action progressiste pour transformer le pays ».

 

Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon : le Conseil d’État annule l’élection de Dominique Reynié

Le Conseil d’État a annulé vendredi pour des raisons d’éligibilité l’élection comme conseiller régional de Dominique Reynié (Les Républicains), chef de file de la droite et du centre en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, un peu plus de 6 mois après le scrutin. La plus haute juridiction administrative a estimé que Dominique Reynié, qui a mené la liste LR-UDI-MoDem aux régionales de décembre 2015, « ne pouvait être regardé comme ayant son établissement principal dans la région » lorsqu’il était candidat, le rendant ainsi inéligible.

Le Conseil d’État « a jugé que Dominique Reynié ne remplissait pas les conditions prévues par le Code électoral pour être éligible comme conseiller régional », notamment celle « d’être domicilié dans la région », ce qui « implique d’avoir son principal établissement » sur place. « Pour justifier de sa domiciliation, le candidat présentait notamment une déclaration de bail portant sur une chambre et ses annexes dans la maison de sa mère à Onet-le-Château » (Aveyron) ainsi que des courriers, contrats et factures correspondant à ce logement, rappelle la juridiction.

Or, selon elle, son installation à Onet-le-Château « était récente et dans des conditions relativement sommaires », son activité professionnelle tout comme ses attaches et logement familiaux étaient toujours en région parisienne. « Je prends acte de la décision du Conseil d’État », a réagi Dominique Reynié auprès de l’Agence France-Presse vendredi. « Je suis très étonné, mais je prends acte, et je suis triste aussi parce que c’est ma région, c’est mon département, j’y suis né, toute ma famille est là », a-t-il ajouté.

« Coup bas »

« C’est un coup bas comme la politique en a le secret, qui vient d’un sénateur républicain », a-t-il poursuivi. « C’est quand même une façon de repousser brutalement depuis l’intérieur celles et ceux qui, depuis la société civile, veulent entrer dans la politique. » La décision fait suite à un recours déposé le 21 décembre 2015 par le sénateur-maire de Castelnau-le-Lez (Hérault) Jean-Pierre Grand, également élu du parti Les Républicains sur la liste rivale conduite par le maire DVG de Montpellier Philippe Saurel.

« Dominique Reynié ne pouvait ignorer les règles de droit que la démocratie impose à tout candidat aux élections. Il a grossièrement tenté de les contourner », a affirmé vendredi dans un communiqué Jean-Pierre Grand. « Sénateur de la République, mon devoir est de les faire respecter. Le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative, a constaté son inéligibilité et invalidé son élection », a-t-il ajouté.

« C’est risible »

Le 18 mai, le rapporteur du Conseil d’État avait demandé l’annulation de l’élection. Dominique Reynié, président du groupe LR-UDI-MoDem au conseil régional, avait alors décidé de « suspendre » jusqu’à la décision sa « participation » aux séances du conseil régional. Cette décision entraîne l’élection de Christophe Saint-Pierre, maire de Millau, « premier candidat non élu de la liste à relever de la même section départementale », c’est-à-dire l’Aveyron, indique le Conseil d’État.

Aujourd’hui, « cela ne change pas grand-chose, un élu de l’Aveyron de droite remplace un élu de l’Aveyron de droite », a estimé Gérard Onesta, tête de liste EELV-FG, allié au second tour avec celle qui est devenue la présidente de région, la socialiste Carole Delga. Mais « cela a faussé la campagne », affirme-t-il, jugeant qu’un autre candidat « aurait pu changer le rapport de force entre droite et extrême droite, et entre droite et centre gauche ». Il s’est dit « extrêmement surpris » que la préfecture et le ministère de l’Intérieur n’aient pas relevé d’incohérences au moment du dépôt des listes de Dominique Reynié. « J’avais demandé et alerté le préfet, comme d’autres, sur le fait que son dossier était très litigieux, pour ne pas dire hors norme », a aussi estimé Louis Aliot, ex-candidat FN aux régionales, qui n’y siège cependant pas. « Un professeur de Sciences Po qui se fait retoquer pour une histoire de domiciliation, c’est risible », a-t-il ajouté.

Le Conseil d’État a en revanche rejeté une autre contestation visant l’ensemble des opérations électorales. La socialiste Carole Delga avait remporté la région au second tour le 13 décembre avec 44,81 %, devant le vice-président du FN (33,87 %) et Dominique Reynié (21,32 %).