Auteur : admin4628

Atmosphère de désolation dans la partie rasée de la «jungle» de Calais

Il ne reste presque plus rien du sud de la «jungle» de Calais. Au milieu d’un paysage de sable et de boue séchée jonché de chaussures, de brosses à dents, de poupées, de sachets de thé éparpillés, il n’y a plus que l’église orthodoxe, l’«Information Center» des No Border, le «Legal center» de l’Appel de Calais, la cabane de Médecins sans frontières. Un peu plus loin, côté chemin des dunes, on continue de démolir les dernières cabanes près de la tente de Médecins du monde sous l’œil d’une trentaine de fourgons de CRS qui sont là.

 Tout est collé-serré, enchevêtré

Le côté sud du bidonville ressemble à nouveau à ce qu’il était il y a presque un an quand l’Etat a poussé les migrants à s’y installer : une ancienne décharge. Ici, il y a deux semaines, vivaient 1 000 exilés selon la préfecture, 3 500 selon l’Auberge des migrants. Où sont-ils passés ? En zone nord, pour la plupart. Selon l’association, environ 2 500 s’y sont installés, soit quelque 70% d’entre eux. Là, tout est collé-serré, enchevêtré, au risque de rendre encore plus difficile la lutte contre les incendies. Les trois bars érythréens sont à nouveau sur pied, des échoppes afghanes ont ressuscité. Le Women’s and Children’s Center créé par la Britannique Liz Clegg s’est installé dans un bus aménagé, près de caravanes où vivent les familles. Des bénévoles y enseignent des comptines anglaises ce mercredi après-midi. L’école du chemin des dunes est toujours debout, mais trop loin des cabanes : les parents n’osent plus y laisser leurs enfants. Où sont allés les 30% qui restent ? «Grande-Synthe, la Belgique, la Normandie, Paris, l’Allemagne, des femmes et des enfants dans le centre Jules-Ferry, des gens dans les conteneurs, et environ 300 dans les centres d’accueil et d’orientation (CAO)», selon l’Auberge.

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Dans la cabane des No Border, neuf Iraniens en grève de la faim, qui se sont cousu la bouche depuis seize jours. Ils ont les traits tirés. L’un d’entre eux n’a que 17 ans. Des militants de Help Refugees et de l’Auberge des migrants – qui ne veulent surtout pas qu’on les confonde avec les No Border – les assistent. Des agents de la préfecture sont passés les voir pour discuter.

«On n’attend rien de la France»

Reza, ancien garde du corps et prof de bodybuilding en Iran, articule avec difficulté avec sa bouche cousue : «Ils ne nous proposent rien d’autre que ce qu’ils nous proposaient avant de détruire nos cabanes. La possibilité de demander l’asile en France, et une place à l’abri, dans un centre loin de Calais. On n’attend rien de la France. Que les Anglais installent un centre juridique ici, et fassent le tri entre les gens pour nous accepter sur leur sol. Ça nous évitera de donner des milliers d’euros aux passeurs.» Après discussion, dans l’après-midi, un bénévole français qui les accompagne récapitule d’autres demandes : pas d’application du règlement de Dublin qui permet de transférer les demandeurs vers un autre pays d’Europe, la possibilité de demander l’asile depuis la jungle, car certains affirment que leur séjour en centre d’accueil et d’orientation (CAO), loin de Calais, s’est mal passé, pas d’expulsions vers l’Iran, et des engagements signés par un représentant de l’Etat. Nouvelle rencontre prévue jeudi à 15 heures.

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Selon une rumeur, infirmée par la préfecture, le nord de la jungle devra être rasé fin mars. «Irréaliste», selon François Guennoc, de l’Auberge des migrants. «En imaginant qu’on puisse envoyer 50 personnes par jour dans les CAO, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui, il faudrait entre deux et trois mois pour arriver à l’objectif du gouvernement.» C’est-à-dire pas plus de 2 000 personnes dans la jungle, 1 500 dans les conteneurs blancs – où il ne reste qu’une centaine de places – et 500 dans les tentes de la sécurité civile – où il reste une centaine de places, selon la préfecture.

A regarder : Maisons de fortune dans la «jungle» de Calais

(Actualisé jeudi à 9h15 avec réaction de la préfecture)

Haydée Sabéran Envoyée spéciale à Calais

Un collectif réclame des états généraux de l’éducation à Marseille

Pour les parents et enseignants du Collectif Castellane, l’évaluation a assez duré : le groupe, fédéré dans le nord de Marseille pour dénoncer le manque de moyens des écoles de la ville, lance ce dimanche une invitation pour la tenue d’états généraux de l’éducation, le 23 mars. Objectif, «maintenir la pression sur les responsables politiques pour ne pas qu’ils oublient leurs promesses, sitôt les médias partis», indique l’appel, envoyé aux directeurs des 444 établissements du premier degré que compte la ville.

Au programme de ce rendez-vous, la mise en place «d’actions collectives» pour maintenir la pression alors que les équipes du préfet doivent présenter fin mars des solutions pour les écoles de la ville, après un mois d’évaluation sur le terrain.

Etablir un programme de travaux 

Cet état des lieux, confié début février par les ministères de l’Education nationale et de la ville au préfet de région et au recteur, avait été commandé pour répondre à la polémique déclenchée par la médiatisation de la lettre ouverte d’une enseignante du XVe arrondissement de Marseille. Dans son courrier, Charlotte Magri interpellait la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, sur l’état calamiteux de son école, loin d’être une exception dans la ville. Bâtiments vétustes, fournitures rationnées, classes en surcharge, organisation ubuesque des services techniques… Un tableau noir, dénoncé depuis longtemps par les acteurs de l’éducation à Marseille, que Libération avait qualifié à la une de «honte de la République» dans son édition du 2 février.

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La municipalité menée Jean-Claude Gaudin (LR), responsable de l’état et de l’entretien des bâtiments scolaires, avait alors hurlé au scandale, s’insurgeant contre une cabale politicienne et préférant minimiser la situation. Depuis, la ville a revu sa copie en toute discrétion, réalisant immédiatement un certain nombre de travaux et annonçant le déblocage de 9 millions d’euros sur trois ans pour répondre à l’urgence. Surtout, ses services semblent désormais collaborer pleinement avec la préfecture pour cette mission d’évaluation, dont l’objectif est d’établir un programme de travaux à moyen et long terme, alors que des retards importants ont été pris au cours des trois précédents mandats de Gaudin.

«Gigantesque cahier de doléances»

«De la poudre aux yeux pour gagner du temps, évacue Pascal Pons, enseignant et membre du Collectif Castellane. Il est rageant de voir que l’on refait l’inventaire d’une situation connue depuis longtemps. Pourquoi cette fois ce serait suivi d’effets ? Ces états généraux que nous proposons, ce n’est pas pour dire ce qui se passe, c’est pour faire.» Chaque école est invitée à envoyer une délégation composée de parents, d’enseignants et de personnels municipaux. Sans établir de programme, l’appel fixe quelques pistes de réflexions, comme la rénovation des bâtiments, l’embauche de moyens supplémentaires et un contrôle de l’utilisation des fonds publics dédiés à l’école.

Le collectif a également invité syndicats et parents d’élèves, ainsi que des personnalités publiques pour nourrir la réflexion. Et surtout, imaginer de futures actions. «Sans rapport de force, il n’y aura pas de victoire, plaide Pascal Pons. Il faut se fédérer pour mieux peser.» Le collectif a déjà prévu de s’associer à l’autre action collective déjà programmée, au côté d’une intersyndicale d’enseignants et des principales associations de parents d’élèves : un rassemblement pique-nique est prévu le 30 mars devant la préfecture de région, pour remettre au préfet un «gigantesque cahier de doléances des écoles marseillaises».

L’appel du Collectif Castellane pour des états généraux de l’éducation :

 

Stéphanie Harounyan correspondante à Marseille

SOS Méditerranée : la rage, oui, mais sans le désespoir

Pendant vingt et un jours, Jean-Paul Mari, journaliste et écrivain, tient pour Libé le journal de bord de l’Aquarius, le bateau de SOS Méditerranée, qui mène une opération de sauvetage de migrants.

Le temps de la mer n’est pas toujours celui des hommes. Deux jours que nous avons quitté l’escale de Lampedusa où nous avons déposé nos 74 réfugiés sains et saufs. L’Aquarius a poussé son moteur de 2 300 kW pour filer toute la nuit et arriver à 6 heures, pile à l’heure où les migrants atteignent les 20 milles au large de la côte libyenne.

Peine perdue. La mer creusée, le vent violent empêchaient tout départ des fameux Zodiac qui ne sont que des bateaux pneumatiques, façon gros jouets de plage. Têtu, notre navire a recommencé à patrouiller, d’est en ouest, d’ouest en est. Et la Méditerranée a pris en soirée une vilaine couleur grise. Ce matin, le froid est arrivé, moins de 14°C. Pour partir, les migrants sont obligés de se jeter à l’eau et de nager le plus vite possible jusqu’à leur embarcation ancrée loin de la plage.

A lire aussi le journal de bord de mercredi, «Errance entre Thawarga et Calais»

A peine arrivé à bord de l’Aquarius, Moussa, un ancien footballeur ivoirien, s’est effondré. Il venait de perdre ses deux frères. Les militaires les avaient rafalés sur la plage. Quand les fugitifs finissent par grimper dans leur Zodiac, ils sont déjà terrorisés, épuisés et trempés jusqu’aux os. La nuit, le froid, le vent font le reste. La mer est cruelle. Et moi, j’enrage. L’Aquarius est condamné à faire des ronds dans l’eau, parfois sous l’eau. Comme dans le mess où chaque vague de quatre mètres submerge les hublots en vous donnant l’impression de vivre à l’intérieur d’une machine à laver. On reste là, à regarder les petites bulles d’air qui tourbillonnent vers la surface, avec l’étrange sensation d’être un noyé.

Et cette météo qui annonce des vagues de six mètres ! Déjà mal à l’aise sur ma table d’écriture qui joue les rocking-chairs, je me vois mal faire l’ascenseur entre le rez-de-chaussée et le deuxième étage. Bah ! La mer n’est pas un animal domestique. Tripoli n’est pas une station de métro et on ne peut pas demander aux migrants d’annoncer l’heure et le lieu de leur arrivée. De préférence en soirée, juste avant le journal de vingt heures ! D’un côté, cette absence nous rassure. Pas de radeau sur l’eau, pas de naufrage. Nous sommes là pour secourir ceux qui se noient, pas pour «faire du chiffre».

Sauf que l’équipage sait que ce n’est pas par manque de prisonniers sur la plage. Ils sont là, impatients d’embarquer. Et ils souffrent. Il suffit d’écouter les récits de Assiz, Moussa, Zenawi… tous disent que la Libye est un enfer. Et que chaque jour qui passe est une épreuve. Je les imagine, hommes et femmes, coincés dans le baraquement où les passeurs les entassent, regardant comme nous la mer pour savoir quand leur calvaire finira. Demain ? Oui, demain, peut-être. La Méditerranée devrait se calmer. L’Aquarius, notre navire, est au bon endroit. Nous sommes là. La rage, oui, mais sans le désespoir. Et tant pis pour le journal de vingt heures.

Jean-Paul Mari

Myriam Marzouki : «Je suis beaucoup de choses en même temps, c’est cela la France !»

A l’occasion de la journée de la femme Myriam Marzouki, féministe athée, convoque nos imaginaires et nous questionne dans un nouveau spectacle : «que voyons-nous et qui voyons-nous lorsque nous voyons une femme qui se couvre les cheveux ?»

La journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, est l’occasion d’interroger cette figure symbolique et controversée de la «femme voilée». Sujet de nombreux travaux de sciences sociales, il arrive aussi que l’art se saisisse de la représentation de ces femmes. C’est le cas de Ce qui nous regarde (1), spectacle mis en scène par Myriam Marzouki. Féministe et athée, elle convoque nos imaginaires et nous questionne : «que voyons-nous et qui voyons-nous lorsque nous voyons une femme qui se couvre les cheveux ?».

Béligh Nabli – Quel sens cette journée des droits des femmes revêt pour vous ?

Myriam Marzouki – Elle est bien évidemment l’occasion de faire entendre l’actualité d’une revendication d’égalité des droits entre hommes et femmes. Elle est surtout l’occasion de rappeler que partout, dans toutes les sociétés, bien que sous des formes différentes, cette égalité n’existe pas. Et que même lorsqu’elle est inscrite dans le droit, elle ne s’observe pas dans les faits. Ensuite d’un point de vue personnel, je déplore qu’on ait encore besoin, dans un pays comme la France d’avoir une telle journée. Cela sous-entendrait quand même que tous les autres jours de l’année seraient les journées des droits des hommes…

Myriam Marzouki. Photo Elise Pinelli

BN – La question de l’égalité se pose-t-elle en des termes particuliers dans le milieu du théâtre en particulier?

MM – Je dirais oui et non. Non parce que comme dans tous les milieux, dans celui du théâtre et disons plus généralement dans le monde du spectacle vivant, de l’art et de la culture, s’observent ce qui s’observe dans tous les secteurs de la société : des fonctions très genrées et surtout une inégalité flagrante d’accès des femmes aux postes de responsabilité, aux fonctions de direction des institutions culturelles (avec des différences selon les arts), une inégalité des moyens de production entre artistes hommes et femmes. Depuis 10 ans, plusieurs rapports ministériels, des revendications portées par des associations dont l’association H/F ont à la fois permis de rendre cette situation visible et de la faire évoluer très récemment vers une plus grande égalité. Ce qui est particulier c’est que la question de l’égalité se pose avec des enjeux spécifiques pour les artistes du spectacle vivant car les auteurs et les metteurs en scène donnent à voir une représentation du monde et de la société. Or trop longtemps, notre milieu s’est cru naturellement immunisé contre l’inégalité jusqu’à ce qu’il réalise à son corps défendant à quel point les œuvres écrites, composées, mises en scène par des femmes étaient si peu nombreuses. Je dirais que ces 5 dernières années les choses ont commencé à changer car des revendications fortes ont été portées et qu’on a commencé à les entendre. La place des artistes femmes et aussi des directrices de structures culturelles a évolué dans le bon sens, sans qu’il faille s’arrêter en chemin car il y a encore du chemin à faire ! Une autre question s’affirme maintenant depuis peu, car la révélation d’une inégalité structurelle en révèle une autre : l’inégalité en termes de représentation des artistes et créateurs, créatrices, d’origines diverses, non blanches, non européennes, issus de ce qu’on appelle la « diversité ». C’est le sens du très récent manifeste Décolonisons les arts. Et c’est un autre chantier de l’égalité qui approfondit celui de l’égalité entre femmes et hommes.

BN – La «femme voilée» est devenue une figure particulièrement chargée sur le plan symbolique. Votre démarche consiste-t-elle à l’humaniser et ainsi à la «désidéologiser» ? Décider aujourd’hui de porter un voile ne relève-t-il pas aussi de l’acte politique, dimension qu’elle ne revêtait pas il y a quelques décennies ?

MM – Ma question d’artiste pour ce spectacle est la suivante : que voyons-nous et qui voyons-nous lorsque nous voyons une femme qui se couvre les cheveux ? Désidéologiser ce serait supprimer l’idéologie, or je crois précisément que nous sommes tous, malgré nous, traversés, nourris d’idéologies diverses et contradictoires et c’est toujours idéologiquement que nous regardons le monde car nous sommes des animaux de culture. C’est pour cela que le travail de l’historien de l’art Georges Didi-Huberman a tellement inspiré mon travail sur ce spectacle : regarder ce n’est jamais simplement voir ce qu’il y a à voir. Entre ce que je regarde et ce qui est regardé, il y a ce que je crois voir, ce que je veux voir, il y a tout un jeu, une circulation de mémoire, d’affects, d’associations d’imaginaires et il y a la manière dont ce que je regarde me regarde à son tour… La force du théâtre c’est à la fois de questionner les archétypes humains et de les incarner dans une singularité : Alceste chez Molière est bien LE misanthrope, mais il est d’abord et surtout Alceste, et Célimène n’est pas seulement LA coquette, c’est la singularité d’un personnage complexe. Alors allons voir au-delà de l’icône de « LA femme voilée » et nous allons peut-être y entendre des résonnances historiques inattendues, y voir des imaginaires oubliés, des questions intimes et compliquées pour chacun, et surtout des singularités humaines, diverses et contradictoires.

BN – Votre histoire ainsi que votre pièce ont une résonance particulière en ces temps de passions identitaires. Quelle est votre réflexion au sujet de la question de l’identité telle qu’elle se pose en France ?

MM – C’est une question compliquée… Je dirais que dans le contexte politique et moral actuel la question s’impose peu à peu à chacun (enfin à certains plus qu’à d’autres…) quand bien même elle ne serait pas au départ une interrogation intime. Ce qui est mon cas. Je n’ai pas de problème d’identité, enfin je ne crois pas ! J’ai toujours senti que j’étais beaucoup de choses en même temps, des histoires, des mémoires, des références qui s’ajoutent les unes aux autres sans se gêner les unes les autres. Et je crois que nous sommes des millions dans ce cas et que c’est cela la France ! Mais il semble qu’il y a un mouvement de fond qui impose aujourd’hui cette question dans notre pays. Alors je m’en saisis, comme de plus en plus d’artistes le font : bi-nationaux ou issus de l’immigration récente, ou nés en France de parents étrangers, venant de cultures diverses, imbriquées, tissées ensemble. Je pense qu’il est aujourd’hui urgent de prendre la parole pour inventer les récits nécessaires de la France d’aujourd’hui et de demain et je me sens la responsabilité de ne pas laisser la question de l’identité dans de mauvaises mains.

BN – On pourrait vous accuser de vouloir banaliser une pratique – couvrir ses cheveux – caractéristique des sociétés patriarcales… N’est-ce pas paradoxal pour une féministe ?

MM – En quoi traiter d’un sujet serait le banaliser ? N’est-ce pas une des libertés et un des rôles les plus beaux de l’artiste que d’essayer de représenter, avec sa sensibilité propre, le monde, le temps présent, ses tensions, et d’ouvrir aussi des perspectives nouvelles ? En tant que metteure en scène, je choisis avec les moyens de la scène d’éclairer une partie du réel qui me pose question. Le metteur en scène travaille sur quelque chose qui lui résiste, avec la parole des auteurs et la puissance affective des images scéniques, comme le chercheur le fait avec ses moyens théoriques. Mais contrairement à ce que clament certains haut et fort, expliquer ce n’est pas justifier et tenter de comprendre ce n’est pas adhérer à une cause…Et je crois aussi que se regarder en train de regarder ce qui nous fait peur ou ce qui nous choque, c’est un bon chemin pour mieux se comprendre soi-même, clarifier ses désirs, nommer ses valeurs.

En tant que féministe, le voile m’intéresse parce que je l’envisage comme un signe et le propre d’un signe c’est d’être mobile, flottant, divers, contradictoire car c’est une création de l’imaginaire humain. Dans ce signe qu’est le voile, le signifiant, le bout de tissus, ne renvoie pas de manière nécessaire à un seul signifié, le message du voile, son sens. Et c’est ce qui est riche de possibilités visuelles, fantasmatiques, d’associations d’idée, de traversée de l’histoire et donc une belle matière à travailler sur une scène. On pourrait questionner de la même manière bien des éléments du costume féminin : la mini-jupe, les talons aiguille, le décolleté, sont-ils des outils d’objectivation érotique des femmes, soumises au regard masculin ? Ou bien des éléments d’un jeu culturel dont chaque femme s’empare en toute liberté, choisissant de déployer des possibilités de séduction ? Être féministe c’est laisser chaque femme définir la manière dont elle veut engager son corps dans son rapport aux autres.

BN – De quoi le débat sur le voile est-il le nom ?

MM – De beaucoup de choses, complexes, récentes et très anciennes, occidentales et universelles, mais surtout spécifiquement française. Bourdieu a dit que lorsqu’on regarde de très près un objet social on finit par y voir la société toute entière. Je crois que le voile illustre à merveille cette affirmation. Mais dans mon spectacle, il s’agit justement de déplacer les regards, de laisser la violence simplificatrice des débats de côté, pour laisser advenir autre chose : le silence et la musique, l’imaginaire, le questionnement intime et sincère, la douceur aussi. Notre époque parle trop vite, trop fort, nous avons besoin de ralentir, de baisser un peu la voix pour pouvoir nous écouter, tous.

(1) Ce qui nous regarde sera créé les 21, 22, 23 mai 2016 au Théâtre Dijon Bourgogne-Centre Dramatique National dans le cadre du festival Théâtre en mai, puis en tournée à partir de novembre 2016.

La gendarmerie nationale à la recherche de deux jeunes radicalisées en fugue

La gendarmerie nationale a lancé un appel à témoins, samedi, dans le but de retrouver deux mineures en fugue depuis vendredi, «radicalisée, susceptibles de quitter le territoire national par tous moyens et d’utiliser de fausses identités». La jeune Louisa, 16 ans, et Israé, 15 ans, ont quitté vendredi vers 13 heures le lycée professionnel «Les Carillons» de Seynod, près d’Annecy (74), et n’ont plus donné de nouvelles depuis, indique la gendarmerie nationale sur son compte Twitter. 

❗️ #AppelàTémoins suite à la fugue inquiétante en #HauteSavoie de 2 mineures radicalisées #StopDjihadisme#MerciRTpic.twitter.com/VpByxwf6tP

— GendarmerieNationale (@Gendarmerie) March 5, 2016

Elle appelle en outre chaque personne susceptible de lui fournir des informations à se manifester auprès de la brigade de Meythet, en téléphonant au 04 50 24 52 40.

LIBERATION

Pendant ce temps, la jungle de Calais est en cours d’évacuation

Direct

Libération.fr vous propose de suivre, tout au long de la journée, le démantèlement de la jungle de Calais, entamé lundi.

Entamé lundi avec des heurts, des incendies et des jets de gaz lacrymogènes par la police, le démantèlement de la zone sud de la jungle de Calais, où vivent de 1 000 (selon la préfecture) à 3 500 migrants (selon les associations) se poursuit jour après jour. Il pourrait durer près d’un mois.

Libération.fr vous propose de suivre, tout au long de la journée, ce démantèlement, en explorant la jungle et ses alentours, et en allant à la rencontre de ceux qui sont venus ici – d’Iran, d’Irak, de Syrie, d’Afghanistan – avec un objectif : en repartir pour atteindre l’autre côté de la Manche.

Si vous ne visualisez pas le direct sur mobile, cliquez ici.

Photo Albert Facelly pour Libération

16:19

Containers (bis).

Principal problème de ces containers : le fait qu’il faille apposer sa paume sur cette machine pour y accéder, ce qui fait craindre aux migrants d’être fichés et que leurs infos soient transmises ailleurs, ce que conteste la préfecture. Pour des gens qui vivent dans la peur d’être arrêtés, hors de question d’en passer par là. Dans un groupe d’Afghans, un homme explique aussi qu’il a déjà donné ses empreintes en Bulgarie dans le cadre de la convention de Dublin, qui prévoit qu’un demandeur d’asile ne voit son dossier traité que par un seul pays. Or, cet homme n’a aucune envie d’être renvoyé en Bulgarie, où il raconte avoir été frappé. (Photo Frantz Durupt)

15:56

Containers.

125 containers censés accueillir 1500 personnes ont été installés au nord-est du camp pour compenser les délogements dus au démantèlement. Ils sont alignés, entourés de grillages, ressemblant finalement plus à une prison qu’autre chose. Impossible pour l’heure de connaître leur taux d’occupation, mais il semble que les migrants s’en servent surtout pour se reposer quelques heures avant de retourner dans le camp, où se trouve la vraie vie. Par ailleurs, il y aurait 200 mineurs selon le directeur de La Vie active, l’association qui gère le lieu. (Photo Frantz Durupt).

15:48 Qui sont les bénévoles de la jungle ?

Bénévolat.

«On dit toujours que c’est que des Anglais, mais du coup les Français ne sont pas contents», dit Thomas, membre du collectif l’appel de Calais. Ici, les assos ne veulent pas voir leur rôle minimisé. «Mais c’est vrai que c’est au moins 80% d’anglais», dit aussi Thomas, ce que confirme la grande présence d’anglophones dans les allées dans la jungle. «En même temps, c’est surtout leur problème», conclut-il, puisque l’objectif de la plupart des migrants ici est de traverser la Manche.

15:40

Pause déjeuner dans «la jungle».

Il y a des bons restaurants dans la jungle de Calais

04.03.16Frantz Durupt. @peultier Suivre

15:27

Ex-lieu de vie.

C’était un lieu de vie mais ça, c’était avant… comme en témoigne cette photo prise par notre journaliste Marie Piquemal, sur place depuis ce matin.

Le bout de bois a terre etait un mur de cabane. Il y avait ecrit dessus: « lieu de vie »

04.03.16Marie Piquemal. @mariepiquemal Suivre

14:50

Portrait.

Zimako vit en France depuis trois ans, il a rejoint la jungle il y a presque un an. Au départ, il a construit une petite cabane servant d’école, avec écrit en grosses lettres rouges: «French Lesson». C’était Chemin des dunes. Mais très vite, la place a manqué. Avec d’autres, il a construit une nouvelle école, plus grande. Ce matin, il ne souriait pas beaucoup: ces pelleteuses tout autour, et ces CRS qui restent devant l’entrée. Aucun enfant n’était là. «Je ne perds pas la foi, il y a toujours de l’espoir» (Photo Marie Magnin).

14:34

Ecole.

Quand elle a vu le message posté sur Facebook, indiquant que des CRS étaient devant l’école, Laurence, professeur bénévole, a sauté dans sa voiture, embarquant fils et mari. «Je ne travaillais pas ce matin. J’apporte des bras, au cas où…». Finalement, les CRS, toujours plantés devant l’école, ont revu leur discours (leurs consignes ne paraissent pas très claires): les élèves ont le droit de venir… à condition de faire un grand détour et contourner la zone en train d’être démantelée. Le fondateur de l’école, Zimako, suivi d’une troupe de bénévoles (famille de Laurence comprise), décolle illico à la recherche des enfants.

Beaucoup de familles irakiennes qui vivaient tout près ont fui plus loin dans la jungle, en contrebas des fameux containers mis en place par les autorités. Il faut marcher une bonne vingtaine de minutes avant d’y arriver. Dans cette zone, il n’y a que des caravanes apportées par des bénévoles anglais. L’une d’elle, tractée par un gros 4×4, se retrouve embourbée dans la boue.

Un peu plus loin, sur un terre plein moins boueux, des couvertures sont étendues sur le sol, avec des Lego. Zimako et sa troupe retrouvent des enfants qu’ils connaissent bien. Embrassades, escalades sur le dos….. Après de longues discussions, les mères refusent de laisser partir les enfants. «Les policiers… Elles ont peur.» Flo, l’un des bénévoles, souffle. Il s’en doutait. “C’est comme ça depuis lundi. Avant, vous auriez du voir! L’école était remplie. On avait même une petite routine. On a le sentiment que les autorités veulent détruire l’école, même si c’est pas physiquement…».

Sur un bout de terrain un peu moins boueux: des tapis, des legos et des coloriages. #JungleCalais

04.03.16Marie Piquemal. @mariepiquemal Suivre

14:17

Prière.

L’heure de la grande prière du vendredi. Les musulmans du camp (la grande majorité des réfugiés) se recueillent dans la rue principale. Les générateurs ont été coupés, le silence s’abat sur la jungle (Photo Albert Facelly).

14:01

Départs.

A 12h15 le bus emmenant 17 migrants vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) en Bretagne a quitté la jungle de Calais. A bord: quatre Syriens pour le CAO de Saint-Brieuc et onze personnes vers celui de La Guerche-de-Bretagne, près de Rennes. «Ce ne sont pas forcément des gens dont l’habitation a été détruite depuis le début du démantèlement», précise Serge Szarzynski, directeur départemental de la cohésion sociale, mais plutôt des migrants qui réfléchissaient depuis longtemps à quitter les conditions difficiles de la Jungle. Quarante-trois personnes étaient ainsi parties lundi, 28 mardi, 32 mercredi, 18 jeudi. Prochain départ lundi.

13:57

Vie quotidienne.

Un de nos journalistes envoyé sur place a testé des boulangeries !

Quatre boulangeries (excellentes) sont installées dans la jungle. Celle-ci sort 1000 pains par jour selon le patron.

04.03.16Célian Macé. @CelianMace Suivre

13:40

Bouches cousues.

A nouveau, une douzaine d’Iraniens en grève de la faim ont cousu leur bouche et brandi des messages pour protester contre leurs conditions de vie et un démantèlement qui ne leur offre pas de perspective. Ils ont parcouru une partie de la jungle, suivis par de nombreux photographes.

(Photo Albert Facelly pour Libération)

13:30

Ecole.

Le grillage est ouvert. Zimako, qui a construit cette école associative, est sur le pas de la classe des enfants, vide : «Je ne bougerai pas. Je serai là jusqu’au dernier piquet.» La préfecture lui a dit au téléphone encore ce matin que l’école serait préservée, mais les CRS bloquent la route permettant d’y accéder, «pour des raisons de sécurité». Les bulldozers s’activent tout autour. Des profs bénévoles sont là, sans élèves…

(Photo Jérôme Sessini. Magnum)

13:12

Caravanes.

Au fur et à mesure que le démantèlement progresse, les caravanes reculent. Ici, des Kurdes avertis par une maraude d’associations humanitaires déménagent leur logement, qui bougera de quelques dizaines de mètres.

(Photo Albert Facelly pour Libération)

12:55 «Je veux bien vivre partout en France, sauf ici»

Portrait.

Abdulkarim tient une petite épicerie dans la zone sud du bidonville. Ici, on y trouve des biscuits, du lait, des œufs, des boissons énergisantes, et même des cigarettes, soigneusement empaquetées par dix dans de l’aluminium. Originaire d’un petit village du Pakistan, à la frontière avec l’Afghanistan, il est ici depuis cinq mois. Abdulkarim a engagé des démarches pour demander l’asile. «Je n’aime pas la jungle. Je veux bien vivre partout en France, sauf ici».

(Photo Marie Magnin)

12:22

Au cœur de Calais.

Autant de «lieux de vie» en cours de destruction…

Sur beaucoup de cabanes, a été taggué ces mots: « lieu de vie ». Le démantèlement se poursuit, methodiquement.

04.03.16Marie Piquemal. @mariepiquemal Suivre

12:15

Lieu de culte.

Notre journaliste Frantz Durupt a pu s’entretenir avec un pasteur anglais. Celui-ci lui confie qu’«il n’y a pas de pasteurs à plein temps ici, mais (que) deux viennent régulièrement d’Angleterre».

Un lieu de répit où tintent quelques clochettes : une église, sur la route qui descend vers le sud

04.03.16Frantz Durupt. @peultier Suivre

12:03

Portrait.

Shvan vient de Kirkouk, en Irak. Il a fui son pays quand ses parents ont été tués dans un bombardement. Le jeune homme vit dans la jungle depuis quatre mois. La semaine dernière encore, il habitait dans une cabane, juste derrière lui sur la photo. Aujourd’hui, sa cabane n’existe plus, la police empêche l’accès à la zone rasée. Le seul objectif de Shvan aujourd’hui : traverser la Manche «I love UK. UK good». Ce soir encore, il essayera de monter dans un camion pour y parvenir (Photo Marie Magnin).

11:52

Ecole en suspens.

Le grillage est ouvert. Zimako, qui a construit l’école associative de la jungle, est sur le pas de la classe des enfants, vide. «Je ne bougerai pas. Je serai là jusqu’au dernier piquet.» La préfecture lui a dit au téléphone encore ce matin que l’école serait préservée mais les CRS bloquent la route permettant d’y accéder «pour des raisons de sécurité». Les bulldozers s’activent tout autour. Des profs bénévoles sont là, sans élèves…

Zimako, le fondateur de l ecole, est furieux.La pref lui a encore jure hier que l ecole ne serait pas detruite, ms les crs bloquent l accès!

04.03.16Marie Piquemal. @mariepiquemal Suivre

11:40

Evacuation imminente.

Les migrants (ici, des Kurdes) sont prévenus de l’imminence de la destruction de leur habitation par une maraude constituée d’associations humanitaires et d’un médiateur de la préfecture. Cette maraude tente de les convaincre de partir avant l’arrivée des pelleteuses (Photo Albert Facelly).

11:36

Carte de la jungle.

Nous avons cartographié la jungle avec l’aide des journalistes de «Libération» sur place. Depuis le début de l’année, la zone où vivent les migrants a été fortement réduite. Une première bande de 100 m le long de la rocade a été rasée en janvier. C’est la zone au sud-est qui est en train d’être démantelée (Carte par Big).

11:31

Avec un groupe de Kurdes

Notre journaliste Célian Macé suit un groupe de Kurdes qui tournent en rond depuis ce matin. Alan, 17 ans, Zawg, 25 ans, Soram, 30 ans, Karim, 25 ans, Shaqir, 18 ans et Ares, 22 ans sont originaires de Dohouk et Kirkouk, au Kurdistan irakien. La plupart ont de la famille en Angleterre. Il sont là depuis plusieurs mois, jusqu’à huit pour Shaqir. A 9 heures, leurs trois cabanes ont été découpées. Ils ont tenté d’obtenir une place dans le camp de containers, mais les nouvelles inscriptions n’auront lieu qu’à 13 heures. Ils errent depuis deux heures pour pouvoir s’allonger quelque part au sec et viennent de s’installer dans une maison de thé. Les six Kurdes ont besoin de quelques heures de sommeil, disent-ils. Ils ont tenté de passer en Angleterre la nuit précédente. Ils vont réessayer ce soir (Photo Albert Facelly).

11:18 Philippe, 48 ans, nettoie les toilettes de la jungle

Sanitaires.

Depuis quatre mois, il vient tous les jours – sauf le dimanche – nettoyer les toilettes. Philippe, 48 ans, a été embauché en CDD par une entreprise qui loue des toilettes démontables en plastique (celles des chantiers et des festivals). Il y en a 150 dans la jungle, grace à Médecins sans frontieres. Philippe assure l’entretien avec ses collègues William, Etienne et Bruno.

Il dit que le pire jour «c’est le lundi matin. On passe pas nettoyer le dimanche, alors je vous dis pas… On met beaucoup de produit, du parfum. La dose qu on on met pour les toilettes de chantier pour 8 jours, là c’est tout les 2 jours. Mais ça suffit pas du tout. Quand on arrive, elles sont dans un état…». Il a «mal au cœur de voir ces gens vivre comme ça, sans pouvoir se laver. Il y a quelques douches mais que de l’eau froide ! Ça picote en hiver.» Il reprend son service, plusieurs personnes attendent pour accéder aux toilettes «propres»

(Photo Albert Facelly pour Libération)

11:03 Détruire sa cabane soi-même, pour sauver ce qui peut l’être

Calais.

Avant même l’arrivée des pelleteuses, des réfugiés commencent parfois à détruire eux-mêmes les constructions situées en lisière de la zone de démantèlement. Ils anticipent l’arrivée des équipes de «nettoyeurs» et récupèrent tout les matériaux de construction. Du bois pour se chauffer, des bâches pour imperméabiliser les abris, des couvertures pour l’isolation…

Hier soir, plusieurs migrants démontaient par exemple le «hamam» de la zone sud (un complexe abritant huit douches chaudes bricolées et un petit salon de barbier) pour conserver les tuyaux et les bidons. Lors du démolissage par les autorités, rien n’est gardé : les ruines et les affaires oubliées partent dans des bennes. (photo Albert Facelly)

10:40

Calais.

Accès limité à la zone, au sud de la jungle, où s’activent les pelleteuses : trois CRS bloquent le chemin, y compris à la presse, car «ce sont les consignes» et «c’est un chantier». Ils ne diront rien non plus sur l’avancée du démantèlement (Photo Marie Magnin).

10:07

Calais.

Notre journaliste Frantz Durupt est également sur place.

À la jungle de Calais, un message pour le premier ministre britannique

04.03.16Frantz Durupt. @peultier Suivre

09:20 Démantèlement : la crainte de l’«effet entonnoir»

Calais.

Pour l’instant, seule la journée de lundi a été marquée par des heurts. Mais la tension augmente mécaniquement avec la progression des destructions : les premiers déplacés ont en effet, pour la grande majorité d’entre eux, déménagé dans les abris de leurs amis. Mais que va-t-il se passer quand ceux-ci vont à leur tout être détruits ? C’est le cas de ces jeunes Iraniens originaires de Tabriz croisés hier, qui risquent de devoir redéménager rapidement.

Ils vivent pourtant déjà à neuf dans le minuscule cabanon 8515, encombré de vaisselle, de vêtements et de sacs. Ils doivent se relayer pour dormir. Les ONG redoutent que cette pression démographique soudaine dans la jungle – «l’effet entonnoir» – dégénère rapidement en violences. (photo Albert Facelly)

09:01

Démantèlement.

Les CRS commencent à évacuer la zone kurde, au sud-ouest de la jungle, rapporte notre journaliste sur place. La première cabane a été démolie.

Première cabane démolie. Beaucoup d’abris sont déjà vides au moment où les médiateurs arrivent sur place.

04.03.16Célian Macé. @CelianMace Suivre

08:45

CRS.

L’arrivée des CRS dans la jungle de Calais, par notre journaliste Albert Facelly.

08:42

Calais.

Les premiers CRS viennent d’arriver dans la jungle de Calais, selon notre journaliste Célian Macé qui se trouve sur place (et inaugure son compte Twitter pour l’occasion). L’évacuation du camp devrait se poursuivre ce matin.

Les premiers CRS pénètrent dans le camp.

04.03.16Célian Macé. @CelianMace Suivre

08:14 Quelles nationalités vivent dans la jungle ?

Calais.

Dans le camp de Calais, les Afghans forment la communauté la plus puissante. Ils sont les plus nombreux, tiennent la plupart des commerces, mais contrôlent aussi les réseaux de passage vers l’Angleterre. Sont aussi présents plusieurs centaines de Soudanais, d’Ethiopiens, de Kurdes et d’Iraniens. Chaque nationalité est regroupée en petit village. Les destructions de la zone sud ont d’abord touché les Soudanais, avant de s’étendre aux Iraniens mardi, puis aux Kurdes mercredi.

08:08 Ali : «Ici au moins, je suis avec des Afghans avec qui je peux parler»

Calais.

On commence notre direct dédié au démantèlement de la jungle de Calais par un témoignage, reccueilli par nos journalistes du place :

Ali est arrivé dans la jungle il y a un mois. Il a quitté la province du Logar, en Afghanistan, en décembre dernier. Il a essayé plusieurs fois de passer en Angleterre. Mais la traversée est si difficile qu’il assure qu’il va finalement demander l’asile en France. Lui n’a pas de famille qui l’attend de l’autre côté de la Manche.

«Il n’y a pas de bon ou de mauvais pays, il y a des bons ou des mauvais endroits dans chaque pays, dit-il. Ici, c’est un mauvais endroit.» Mais il refuse de prendre le bus : «Les demandes d’asile, là-bas, prennent des mois et des mois, où nous sommes isolés, perdus. Ici au moins, je suis avec des Afghans avec qui je peux parler. Je préfère attendre la décision à Calais.»

Il a suivi anxieusement l’avancée des démolisseurs pendant toute la journée d’hier. Son abri, dans la zone sud, n’a pas encore été rasé par les bulldozers, mais un feu en a brûlé une grande partie dans la soirée. Il s’est résolu à demander un lit dans le camp de containers de l’Etat qui jouxte la jungle pour dormir au chaud, malgré sa peur de la prise des empreintes palmaires (nécessaire pour accéder au camp). Sans succès. Il a dû, avec les trois personnes qui partageaient sa bicoque numéro 6538, passer la nuit chez des amis. (photo Albert Facelly)

L’Assemblée revient sur une mesure contre la surpopulation carcérale

L’Assemblée nationale est revenue jeudi soir, en achevant les débats sur la réforme pénale et à la demande du gouvernement, sur un article qui visait à tenir compte de la surpopulation carcérale lors de l’examen des réductions de peine. L’article concerné, voté en commission des Lois était fortement critiqué par la droite. Il stipulait que «l’appréciation des efforts de réinsertion en vue de l’octroi des réductions supplémentaires de peine tient compte de l’impact sur le condamné des conditions matérielles de détention et du taux d’occupation de l’établissement pénitentiaire».

Après un premier vote favorable à cet article par 8 voix contre 7, que le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a dit regretter «fondamentalement», le gouvernement a demandé une deuxième délibération, celle-ci débouchant à la toute fin des débats sur la réforme pénale sur la suppression de l’article. Le Garde des Sceaux a fait valoir «le respect de l’égalité devant la loi» pour expliquer le refus de cet article.

Pour le gouvernement, «l’octroi de réductions de peine supplémentaires est fondé sur le principe d’individualisation et doit dépendre des efforts réalisés par le condamné et non de facteurs extérieurs qui introduiraient une différence de traitement entre condamnés selon le lieu d’exécution de leur peine». «Cette rupture du principe d’égalité devant la loi paraît de nature à faire encourir un risque constitutionnel», indique-t-il.

Au groupe Les Républicains, qui doit trancher mardi entre un vote contre et une abstention sur l’ensemble du texte avant le vote solennel prévu le même jour, cette mesure était vue comme un «chiffon rouge». Le député Eric Ciotti, qui défendait également un amendement de suppression, a jugé cet article «ahurissant» et évoqué une «folie juridique» dans l’hémicycle.

AFP

DiCaprio gagne (enfin), le PSG perd (enfin) : le point sur l’actu ce matin

Oscars. Spotlight, récit d’une vaste enquête journalistique à Boston sur des prêtres pédophiles, a été sacré meilleur film aux Oscars dimanche tandis que le western sombre The Revenant a notamment remporté le prix du meilleur réalisateur et offert à Leonardo DiCaprio sa première statuette. Brie Larson a remporté l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Room. (photo AFP)

Premier meuh-nistre. Manuel Valls est arrivé lundi peu avant 07H00 au Salon de l’agriculture, où il a été accueilli dans le calme par des éleveurs soucieux de le sensibiliser à la grave crise du secteur, deux jours après une visite tendue et ponctuée d’insultes du président François Hollande.

Disparition. L’architecte français Claude Parent, le père de «la fonction oblique», théorisée dans les années 60 avec Paul Virilio, est mort samedi à l’âge de 93 ans.

Loi travail. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a souhaité dimanche que le projet de réforme du travail soit «rééquilibré», plaidant pour que ces modifications interviennent avant le passage du texte en Conseil des ministres, le 9 mars.

Racket. Arnaud Clément, limogé de son poste de capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis en septembre, a engagé une procédure pour obtenir 1,5 million d’euros d’indemnités de la Fédération française de tennis, d’après une source de l’AFP proche du dossier.

AH AH. Lyon a signé l’exploit d’infliger hier soir au Paris Saint-Germin sa première défaite (2-1) dans le championnat de France depuis le 15 mars 2015, pour le compte de la 28e journée de L1.

Zika : le gouvernement annonce des mesures supplémentaires pour les femmes enceintes

«Les femmes enceintes qui se voient détecter le virus du Zika, – elles sont très peu nombreuses en Guadeloupe, elles le sont plus en Martinique par exemple -, bénéficient et bénéficieront d’un suivi renforcé avec une échographie chaque mois pour suivre l’évolution de la grossesse», a annoncé la ministre de la Santé, en déplacement en Guadeloupe jeudi. Marisol Touraine a commencé à Pointe-à-Pitre un déplacement de cinq jours aux Antilles et Guyane, où le virus est présent. «Ces échographies sont prises en charge à 100% par la sécurité sociale et la femme concernée n’aura même pas besoin d’avancer le prix de l’échographie», a-t-elle précisé.

La Guadeloupe se trouve «en phase pré-épidémique», a rappelé la ministre. Au total, le territoire compte 35 cas confirmés et 389 cas cliniquement évocateurs, dont deux femmes enceintes (l’une d’elles a accouché), a précisé à l’AFP le directeur de l’Agence régionale de santé Patrice Richard.

Transmis par le moustique, le virus Zika est soupçonné d’être responsable de cas de malformations congénitales chez les nourrissons, notamment la microcéphalie (malformation de la boîte crânienne). «Il n’y a pas de cas de microcéphalie en France aujourd’hui», a souligné la ministre.

Porte à porte

Dans la matinée, elle a assisté sur le terrain à une opération de démoustication à Baie-Mahault, au centre de l’île. «Chaque semaine, nous allons chez l’habitant. Nous vérifions autour et à l’intérieur des maisons après autorisation des administrés», a expliqué Mauricia Bargas, de l’équipe de veille de la ville. Baie-Mahault, première commune du département touchée par le chikungunya il y a deux ans, a maintenu les actions de prévention mises alors en place. «Les actions en porte à porte sont les plus efficaces», a confirmé la maire, Hélène Polifonte. «Le moustique aedes aegypti, comme on dit chez nous, est aristocrate car il aime les eaux claires», a souligné avec sourire l’élue.

Sur le terrain, des brigades anti-moustiques composées d’agents de la ville, en complémentarité avec celles de l’Agence régionale de santé, renforcées par des pompiers, vérifient tout endroit où les moustiques peuvent se reproduire : fûts, pots et bacs à fleurs, soucoupes, regards mais aussi gouttières grâce à l’aide d’une perche équipée d’un miroir. En 2015, 40 000 maisons ont été visitées et 6 000 gites larvaires détruits dans toute la Guadeloupe.

«Alerter sans alarmer»

«Je pense qu’il y a l’art et la manière de faire passer les messages […] Nous comptons énormément sur le tourisme pour développer notre territoire», a insisté la maire, revenant sur les propos que la ministre avait tenus, déconseillant aux femmes enceintes de se rendre aux Antilles. «Moi je suis ministre de la Santé et ma responsabilité est de ne rien cacher. Ma responsabilité est d’alerter sans alarmer», a répondu Marisol Touraine.

Un peu plus tôt, elle s’était rendue dans une école des Abymes où lui a été présenté «Sapik», un DVD interactif destiné à éduquer les élèves à la prévention. Sur le mur de la salle de classe de CM1, un dessin de l’aedes aegypti, où sont présentés les stades de développement du moustique et les différentes façons de lutter contre.

DVD projeté

Sous l’œil de la ministre, un jeu de questions-réponses s’engage entre l’instituteur et les élèves : «quels sont les signes qui nous montrent que l’on a le Zika ?» Les réponses fusent : «vomissement», «fièvre», «douleurs articulaires» ou encore «fatigue». Grâce au DVD projeté sur le tableau numérique, l’enfant vient, avec un stylet, écrire la réponse. «C’est décidément bien fait, ce tableau numérique est très spectaculaire», a salué la ministre.

Marisol Touraine s’est ensuite rendue dans l’après-midi au CHU de Pointe-à-Pitre, pour visiter le dispensaire de la Protection maternelle et infantile (PMI) et la maternité, afin de faire le point sur le suivi des grossesses. Elle était attendue dans la soirée en Martinique.

AFP