Mois : mars 2017

Guyane : Cazeneuve annonce l'envoi d'une délégation

La mobilisation était timide pour le démarrage de la « grève générale illimitée », lundi, en Guyane alors que le Premier ministre Bernard Cazeneuve a annoncé la venue de ministres « avant la fin de semaine », répondant à l’une des revendications des acteurs sociaux. Des voitures circulaient dans Cayenne, où les stations-service ont été approvisionnées. Les commerces étaient ouverts. Plusieurs centaines de personnes, pour la plupart des enseignants, se sont rassemblées calmement dans la matinée (dans l’après-midi en métropole) devant le rectorat de Cayenne. « Ceux qui sont hors Cayenne n’ont pas pu passer les barrages », a noté un professeur de sport gréviste, qui s’« attendait à plus de monde ».

L’affluence était moindre que les jours précédents autour des barrages routiers : quelques dizaines de manifestants empêchaient les voitures d’entrer ou de sortir de Cayenne, là où des centaines d’entre eux se tenaient la veille. Air France a annulé ses vols vers Cayenne dimanche et lundi, et Air Caraïbes lundi. « La première priorité, c’est la lutte contre l’insécurité, le renforcement des moyens », a déclaré François Hollande depuis Singapour, où le chef de l’État a entamé la dernière tournée internationale de son mandat. « En France, l’image de la Guyane se résume à la délinquance, mais il n’y a pas que cela. Le plus important, c’est le chômage », a regretté, près d’un barrage, Pierre-Édouard, pestant contre l’absence de « réalisations » de « la droite comme de la gauche ».

On veut un plan de développement et pas des mesurettes.

Trente-sept syndicats réunis au sein de l’Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté la « grève générale illimitée » et prévoient une « journée morte » mardi, selon le journal France-Guyane. « Une délégation ministérielle sera sur place avant la fin de la semaine » pour conclure les discussions engagées par la mission de hauts fonctionnaires dépêchée samedi, a déclaré M. Cazeneuve à Matignon, au côté de la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts. « Si toutefois les conditions du respect (…) et de l’ordre républicain sont réunies », a-t-il précisé, en annonçant aussi notamment qu’un « centre pénitentiaire et un tribunal de grande instance » seraient « construits à Saint-Laurent-du-Maroni ».

« Pour l’instant, les réponses de la délégation sont plus sur la santé, la sécurité. Nous, on veut un plan de développement et pas des mesurettes », a déclaré lundi à l’Agence France-Presse un porte-parole des socio-professionnels. « On a l’impression que le gouvernement ne perçoit pas le ras-le-bol de la population », a déploré le sénateur PS de Guyane, Antoine Karam, sur BFM TV. « Aujourd’hui, il y a encore 30 % de la population qui n’a pas accès à l’eau potable ou à l’électricité », a-t-il souligné. « Nous ne sommes pas traités au même titre que les Français de l’Hexagone. » Dès dimanche, des barrages de poids lourds arboraient des slogans explicites : « Hollande, il est où ton pacte d’avenir ? Pas de routes, pas de développement ». Le Premier ministre, qui a appelé « encore une fois solennellement au dialogue, à la responsabilité et à l’apaisement », a affirmé vouloir signer ce « pacte d’avenir » dans « les meilleurs délais ».

Situation « tendue »

« La situation est tendue » en Guyane, a reconnu la ministre des Outre-mer, qui fera partie de la délégation de ministres attendue sur place. L’envoi de membres du gouvernement était réclamé par des élus guyanais, ainsi que par le collectif pou la Gwiyann Dekolé (« pour que la Guyane décolle », en créole guyanais). La mission interministérielle a fait dimanche plusieurs annonces visant à désamorcer le mouvement social. Mais, a souligné une source gouvernementale, »les revendications sont éparses et les collectifs ne sont pas d’accord entre eux ».

Jean-François Cordet, ancien préfet de Guyane qui pilote la mission, a notamment annoncé le renfort de « 25 policiers, 23 gendarmes », ainsi que « la fidélisation d’un escadron de gendarmes mobiles à Cayenne ». Il a annoncé également une enveloppe d’urgence de « 60 millions d’euros supplémentaires » pour le centre hospitalier de Cayenne, fortement endetté.

La situation en Guyane a déjà trouvé un écho dans la campagne présidentielle, à quatre semaines du premier tour. Marine Le Pen (FN) a dénoncé le « service cruellement minimum » du gouvernement en Guyane quand François Fillon (LR) y a vu « la conséquence de l’échec de la politique de François Hollande ». Bernard Cazeneuve s’en est pris, de son côté, à ceux qui cèdent à « la démagogie » et à « l’électoralisme ».

Une gauche unie pour les obsèques d'Henri Emmanuelli dans les Landes

En pleine campagne présidentielle, la gauche s’est rassemblée ce samedi à Mont-de-Marsan pour rendre un ultime hommage à Henri Emmanuelli, figure emblématique de la galaxie socialiste, décédé mardi à 71 ans. Environ 2 000 personnes, dont François Hollandeet Benoît Hamon, étaient réunies dans l’espace François-Mitterrand, vaste salle abritant habituellement des concerts et des rencontres sportives, pour cette cérémonie civile. Aux notables exceptions de Lionel Jospin, Laurent Fabius ou encore Martine Aubry et Manuel Valls, la grande majorité des ténors du Parti socialiste était présente, à commencer par le tandem exécutif François Hollande et Bernard Cazeneuve, le nouveau ministre de l’Intérieur Matthias Fekl, élu du Lot-et-Garonne voisin, et Claude Bartolone, lointain successeur de Henri Emmanuelli au perchoir de l’Assemblée nationale.

A moins d’un mois du premier tour de la présidentielle, Benoît Hamon, candidat PS actuellement en difficulté, et qui avait été soutenu par Emmanuelli lors de la primaire, était également là. Un élu national Les Républicains (LR) figurait aussi dans l’assistance : Gilles Carrez, spécialiste des finances publiques, comme l’était l’ancien député landais. La salle s’est levée à l’arrivée du cercueil, accueilli par un tonnerre d’applaudissements, auquel a succédé un grand silence. Au pied des planches, recouvertes du drapeau tricolore, un bouquet de 287 roses, une par député socialiste.

Les larmes de Hamon

« C’était un Landais de coeur, qui a surinvesti pour son département. Un homme de conviction et un bon vivant », a témoigné Laurence Chiron, habitante de Mont-de-Marsan. Sa fille a rappelé son opération « Un collégien, un ordinateur portable », initiative novatrice en France. Une seconde salve d’applaudissements a accompagné l’arrivée de François Hollande, suivie de l’exécution par une bandas d’un entraînant « Vino Griego », version espagnole du « Griechischer Wein » d’Udo Jürgens, bien connu des amateurs de rugby.

Représentante des jeunes socialistes landais, Marie Lafitte a ouvert les hommages par un discours très politique: « A la veille d’une élection présidentielle dont le meilleur comme le pire peut naître, nous aurions bien eu besoin de vous »… « Comme vous, ma génération ne tolèrera pas les aventures individuelles et les querelles de clocher ». Au premier rang, élus et parlementaires du département avaient les yeux embués. Puis François Hollande a rendu hommage au « panache » de l’ancien président de l’Assemblée. « Si Dieu existe, et que Henri l’a rejoint, il aura fort à faire avec lui. Mais que Henri sache bien que la République aujourd’hui le salue et ne l’oubliera jamais », a déclaré le chef de l’Etat, avant de lancer quelques messages politiques.

« Il voulait que la gauche gouverne », a assuré François Hollande, contre « ceux qui aspirent à une opposition tranquille et rédemptrice ». « Il savait que ce confort-là, c’était plus de précarité pour celles et ceux qui souffrent », a également souligné le président, sous le regard de Benoît Hamon. « Avec la droite, il était impitoyable. Avec la gauche, il était intraitable. Avec tous, il était exigeant ». « Il pourfendait les pères la rigueur qui, on le sait maintenant, ne sont pas toujours des parangons de vertu », a poursuivi le chef de l’Etat, dans une allusion au candidat de la droite François Fillon. « Le président de la République a rendu un très bel hommage. C’était une cérémonie très juste, sans fausses notes », a déclaré quelques instants plus tard Benoît Hamon, les larmes aux yeux. Henri Emmanuelli a ensuite été inhumé à Laurède, village landais distant de quelques dizaines de kilomètres.

François Fillon : un carnet d'adresses qui vaut de l'or

« Venons-en à ma société de conseil. J’ai exercé de 2012 à 2016 cette activité en toute légalité. […] La liste de mes clients ne comprend aucune entreprise russe, ni le gouvernement russe ni aucun organisme de ce pays et toutes les conférences que j’ai données en Russie l’ont été à titre gratuit. » Lundi 6 février, le candidat François Fillon se défend avec vigueur contre les mauvais procès qui, selon lui, lui sont faits.

Mais Le Canard enchaîné décidément ne lâche pas sa proie. Et la révélation du jour dans son édition datée du mercredi 22 mars écorne encore un peu plus l’image de François Fillon, déjà passablement abîmée. Selon l’hebdomadaire, François Fillon a touché 50 000 euros pour le compte de sa société 2F Conseil pour organiser en 2015 à Saint-Pétersbourg une rencontre entre son client Fouad Makhzoumi, qui détient une société d’infrastructures dans le domaine pétrolier, Patrick Pouyanné, le PDG de Total et… Vladimir Poutine.

L’hebdomadaire rappelle que Patrick Pouyanné fut naguère le directeur de cabinet de François Fillon lorsqu’il était ministre délégué des Postes, des Télécommunications et de l’Espace.

Certes, le gouvernement russe, comme le PDG de Total ne sont pas alors les clients de 2F Conseil. Poutine et Pouyanné apparaissent ici comme la marchandise fournie par l’ancien Premier ministre. Mais François Fillon a bel et bien monnayé son entregent auprès du chef de l’État russe. Une activité légale ? C’est ce qu’affirme avec force le candidat. Mais un dangereux mélange des genres pour qui aspire à servir l’État et incarner la France.

Liaisons dangereuses

Mercredi matin, Le Monde ajoutait de nouveaux éléments à ces informations du Canard. Le quotidien a aussi eu accès au contrat de lobbying signé entre 2F Conseil et Fouad Makhzoumi. Il est, écrit Le Monde, « assorti d’un objet dénué d’ambiguïté, qui tranche avec la mission d’intérêt général et la neutralité assignées aux élus de la République : exploiter, à des fins commerciales, le carnet d’adresses de l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy »

Le quotidien rappelle surtout le pedigree de l’entrepreneur libanais. Il a été impliqué dans un scandale de corruption en Grande-Bretagne, pour avoir recruté dans les années 80 un élu conservateur Jonathan Aitken, devenu ministre de la défense de John Major. Contraint à la démission en 1995, il fut condamné à de la prison ferme pour « parjure » en 1999. Et Le Monde de rappeler que François Fillon s’est rendu à Beyrouth pour rencontrer des chrétiens d’Orient en décembre 2014, invité par ce riche client.

Enfin, parmi les nombreuses sociétés off-shore ouvertes par Fouad Makhzoumi, l’une d’entre elles attire particulièrement l’attention. Domiciliée au Panama elle est coprésidée par le milliardaire libanais et deux proches du régime de Bachar el-Assad : « Salim Hassan, proche de Hafez el-Assad, le père de Bachar el-Assad, et Khaled Hboubati, un entrepreneur syrien resté proche de l’actuel président syrien », selon Le Monde.

« Faux et usages de faux »

Dans l’autre affaire qui empoisonne Fillon, le Penelopegate, Le Canard enchaîné et Le Monde nous donnent des nouvelles de l’enquête. Selon l’hebdo du mercredi, les enquêteurs soupçonnent les époux d’avoir fabriqué des faux. Ils ont mis la main sur une déclaration certifiant que Penelope ne travaillait qu’une trentaine d’heures à la Revue des deux mondes. Laquelle a été embauchée pour effectuer 151 heures. Seul hic, comme assistante parlementaire, Penelope Fillon était déjà censée travailler 151 heures auprès de son époux. Les deux emplois auraient donc excédé le maximum autorisé par l’Assemblée (180 heures).

Le Monde révèle en outre que les deux époux sont désormais sous le coup d’une enquête pour faux et usages de faux et escroquerie aggravée. Selon le quotidien, outre la fausse déclaration dont fait mention Le Canard, les enquêteurs ont saisi des « feuilles, signées par Penelope Fillon, [qui] comportaient différents calculs d’heures travaillées ». Des documents qu’ils soupçonnent d’avoir été fabriqués par les deux époux a posteriori.

Consultez notre dossier : François Fillon dans la tourmente

Le premier robot bricoleur est made in France

Ce robot fabriqué par des chercheurs français pourrait devenir l’ouvrier de l’usine de demain. C’EST DEMAIN – Il peut visser ou percer: Pyrène, le « premier » robot humanoïde au monde conçu pour se servir d’outils, a été présenté jeudi 9 février à Toulouse, et pourrait bien devenir l’ouvrier de « l’usine du futur », selon son concepteur, le Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS) du CNRS.  La montée des marches est encore hésitante et des filins sont toujours accrochés aux épaules pour retenir le robot, s’il vient à tomber. Pourtant, en dépit des apparences, Pyrène est le dernier cri des humanoïdes.  « Avec la première génération de robots, on développait des capacités locomotrices: la marche et la coordination des mouvements », explique Philippe Souères, responsable du département robotique au LAAS de Toulouse.  « Cette nouvelle génération est capable non seulement de bouger mais également d’agir sur son environnement et de produire des forces, afin de le rendre capable d’exécuter des tâches », ajoute-t-il. Ce robot fabriqué par des chercheurs français pourrait devenir l’ouvrier de l’usine de demain. C’EST DEMAIN – Il peut visser ou percer: Pyrène, le « premier » robot humanoïde au monde conçu pour se servir d’outils, a été présenté jeudi 9 février à Toulouse, et pourrait bien devenir l’ouvrier de « l’usine du futur », selon son concepteur, le Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes (LAAS) du CNRS.  La montée des marches est encore hésitante et des filins sont toujours accrochés aux épaules pour retenir le robot, s’il vient à tomber. Pourtant, en dépit des apparences, Pyrène est le dernier cri des humanoïdes.  « Avec la première génération de robots, on développait des capacités locomotrices: la marche et la coordination des mouvements », explique Philippe Souères, responsable du département robotique au LAAS de Toulouse.  « Cette nouvelle génération est capable non seulement de bouger mais également d’agir sur son environnement et de produire des forces, afin de le rendre capable d’exécuter des tâches », ajoute-t-il.

Fillon, Hamon, Macron et Mélenchon retournent à l'école !

On les a aperçus sur les plateaux de divertissement face aux « people ». On les a écoutés raconter leur vie sur le canapé rouge de Michel Drucker. On les a vus sous une autre facette, plus intime, discuter avec Karine Le Marchand. Ce dimanche soir à 21 heures sur C8, les politiques vont encore plus loin : ils sont désormais interrogés par des enfants. Dans Au tableau !, quatre candidats à la présidentielle (François Fillon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon) affrontent des élèves de 8 à 12 ans. Pendant une petite demi-heure chacun, ils doivent répondre à des questions sur leur programme, relever des défis (expliquer en une minute une mesure de leur programme, parler anglais) et gérer les multiples interrogations de ces apprentis journalistes. « Je n’étais pas très satisfaite de la parole politique : elle était très répétitive, très langue de bois et pas forcément très compréhensible, signale Caroline Delage, la créatrice de l’émission qui l’a développée avec Mélissa Theuriau. Face aux enfants, un homme politique est obligé d’adapter son discours. Selon moi, c’était plus efficace que le plus incorrect des journalistes politiques. » Accompagnés par Caroline Delage, les enfants ont étudié les programmes.

Si l’on était habitué depuis quelques semaines à voir des jeunes en âge de voter s’exprimer (comme dans Punchline, toujours sur C8), une nouvelle étape a été franchie avec cette émission qui se veut « politique » et « grand public ». Ruben, Léopold, Chloé, Maya et une dizaine d’autres, qui sont loin d’avoir atteint l’âge du droit de vote, interpellent directement les candidats. Voire les mettent en difficulté. « Expliquer à un enfant, c’est tout un art. Il faut vulgariser et être pédagogue. Et pour faire cela, il faut avoir digéré sa pensée », explique le Dr Stéphane Clerget, psychiatre et praticien dans le service de psychiatrie enfantine à l’hôpital de Cergy-Pontoise, qui pense que ce genre d’exercice se révèle plus risqué pour les politiques que pour les enfants, exposés en prime time sur un sujet aussi épineux que la politique. « Les enfants ont un intérêt réel pour la chose publique. C’est du spectacle. Ça les intéresse qui commande », poursuit-il.

Exercice pédagogique

Pour les candidats, il y a bien sûr un intérêt d’image. Mais pas que. « On reproche aux hommes politiques de ne pas projeter la France dans le futur, de rester uniquement sur des questions de programme. En s’adressant aux enfants, donc à la nouvelle génération, ils développent non pas leur projet, mais leur vision, décrypte Stéphane Rozès, président de la société CAP (Conseil analyse et perspective) et spécialiste de l’opinion. Cette émission leur permet aussi de se livrer à un exercice de simplification et de « détechniciser » la politique. » Ainsi, les candidats ont dû expliquer en une minute des points de leur programme. Benoît Hamon a, grâce à un schéma, défini le revenu universel. Une technique qu’il a reproduite dans un déplacement face à des adultes. Même chose pour François Fillon avec les quotas migratoires. « Ce type de programme va d’abord s’adresser aux adultes et les enfants ne sont finalement qu’un intermédiaire », ajoute Stéphane Clerget, auteur de Comment te faire respecter (éd. Limonade).

Imagine-t-on le général de Gaulle…

Si Au tableau ! est très didactique et agréable à suivre (malgré l’a priori que l’on pouvait avoir), le programme bascule quelquefois dans l’anecdotique. C’est ainsi que François Fillon doit manger un criquet, car il a fait du scoutisme… Le tout sous le rire des enfants et la gêne du téléspectateur. Ne touche-t-on pas à la limite de l’exercice ? L’image des politiques, déjà bien écornée, en sort-elle grandie ? Et puis, dans une formule éculée ces dernières semaines, imagine-t-on le général de Gaulle ou François Mitterrand participer à ce genre de programme ?

« Je ne pense pas que cela participe à l’abaissement de la fonction présidentielle. Cela a amusé les enfants et puis c’est une épreuve. Dans le reste de l’émission, ils ont pu exposer leurs idées », se défend Caroline Delage. « Il ne faut pas exagérer l’effet de ce genre d’émission, renchérit Stéphane Rozès. Et puis, nous sommes en 2017, plus dans les années 1960. Le général de Gaulle et François Mitterrand se seraient peut-être prêtés à cet exercice. » Un exercice qu’a refusé Marine Le Pen malgré les sollicitations appuyées de la production. « Et pourquoi participerait-elle à cette émission ? », répondent des cadres du Front national.

Après quelques minutes passées dans une école, il est temps de faire le bilan. Après le conseil des ministres, le conseil des classes. Qui s’en sort le mieux ? Jean-Luc Mélenchon, en hussard très IIIe République, et Emmanuel Macron, le professeur moderne (sans cravate) qui se met au niveau des enfants, apparaissent les plus à l’aise. Benoît Hamon et François Fillon ont réussi leur passage, bien que plus guindés. L’émission, elle, devrait fonctionner. Si elle est un succès, elle pourrait revenir. Les candidats se sont même, paraît-il, engagés à revenir s’ils sont élus président. Un chef de l’État interrogé à la télévision par des enfants, là, oui, ce serait une première !

Trump – Merkel : un dialogue de sourds ?

L’Europe avait les yeux braqués sur le Bureau ovale ce vendredi. Le tête-à-tête, initialement prévu mardi, mais reporté à cause d’une tempête, était attendu avec curiosité des deux côtés de l’Atlantique : le président américain Donald Trump a reçu la chancelière allemande Angela Merkel avec la volonté de mettre en avant la solidité des liens entre les deux pays alliés après une série d’échanges tendus. Une conférence de presse a suivi cette rencontre, révélant jusqu’où – et sur quel ton – la chancelière, figure centrale de l’Union européenne, se démarquerait du nouveau locataire de la Maison-Blanche.

Après un petit moment de flottement dans le bureau ovale, Donald Trump refusant de serrer la main d’Angela Merkel devant les photographes, les deux chefs d’État se sont entretenus avant de donner une conférence de presse. Le président américain a commencé par assurer Angela Merkel de son « fort soutien » à l’Otan. Sur la guerre en Ukraine, il a dit apprécier les efforts de la chancelière « pour résoudre le conflit en Ukraine, où, idéalement, nous cherchons une solution pacifique ». Les États-Unis avaient renouvelé jeudi leur condamnation de l’occupation de la Crimée par la Russie et demandé que cette annexion prenne fin immédiatement.

Immigration et libre-échange

Donald Trump s’est aussi exprimé sur l’accueil des immigrés, sujet sur lequel les deux dirigeants ont des positions opposées. L’immigration est « un privilège, pas un droit », a déclaré le président américain en présence d’Angela Merkel, dont il a salué l’implication dans la lutte antiterroriste. « La sécurité de nos citoyens doit toujours passer en premier. Sans aucun doute », a ajouté le président républicain.

Le président américain a aussi affirmé qu’il n’était « pas isolationniste » en matière de commerce, mais partisan d’un commerce « équitable ». « Je ne suis pas un isolationniste, je suis un partisan du libre-échange mais aussi du commerce équitable, et notre libre-échange      a conduit à beaucoup de mauvaises choses » en termes de dette et de déficits, a déclaré le dirigeant américain. La dirigeante allemande a elle dit « espérer » la reprise des négociations commerciales entre l’UE et les Etats-Unis. Elle a également souligné que le « succès des Allemands » sur le plan de l’économie mais aussi sur les questions de sécurité      et de paix » allait de paire avec « l’intégration européenne ». C’est « quelque chose dont je suis profondément convaincue », a      dit Angela Merkel, selon sa traductrice. « Je crois d’autre part que la mondialisation doit être façonnée avec un esprit ouvert », a poursuivi la chancelière.

Après de durs propos sur les positions commerciales de Berlin, le président américain a tendu un rameau d’olivier en assurant      que sur ce point, « avec l’Allemagne, je crois que nous allons véritablement bien fonctionner ». « Je dois dire que les négociateurs allemands ont fait un bien meilleur travail que les Etats-Unis mais j’espère que nous allons      revenir à égalité », a-t-il ajouté. « Nous ne recherchons pas la victoire, tout ce que je veux c’est de l’équité. L’Allemagne s’en est très bien sortie dans ses      accords commerciaux avec les Etats-Unis et c’est tout à leur honneur, et je peux parler d’autres pays, la Chine, virtuellement      n’importe quel pays avec lequel nous faisons des affaires, ce n’est pas vraiment ce qu’on pourrait décrire comme bon pour      nos travailleurs », a poursuivi Donald Trump, qualifiant à nouveau l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) entre les      Etats-Unis, le Mexique et le Canada de « désastre ».

L’OTAN au coeur des préoccupations

« J’ai redit à la chancelière Merkel mon fort soutien à l’Otan tout comme le besoin pour nos alliés de l’Otan de payer leur      juste part pour la défense » de l’alliance, a déclaré Donald Trump. La dirigeante allemande a pour sa part assuré que « l’Allemagne devait augmenter ses dépenses » dans l’Otan. « Nous nous engageons      aujourd’hui à cet objectif de 2 % (du produit intérieur brut, NDLR) jusqu’en 2024 », a-t-elle déclaré. « L’an dernier, nous avons augmenté nos dépenses de défense de 8 % et nous allons travailler à nouveau là-dessus », a ajouté      la chancelière. Lors d’un entretien téléphonique en janvier, Donald Trump et Angela Merkel avaient souligné « l’importance fondamentale de l’Otan ». Pendant sa campagne, Donald Trump s’était pourtant montré très critique envers l’Alliance atlantique, qu’il avait qualifiée      d' »obsolète ». Il reproche régulièrement aux alliés de ne pas porter leur part du fardeau financier.

Ecoutes et espionnage

Le président américain a réaffirmé qu’il n’accusait pas le Royaume-Uni de l’avoir espionné, après des      allégations contre les services secrets britanniques que son porte-parole a semblé reprendre à son compte. Il a également plaisanté avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui se tenait à ses côtés, en disant qu' »en matière      de mise sur écoute par la précédente administration, au moins nous avons peut-être quelque chose en commun ». Donald Trump a accusé      sans preuve son prédécesseur Barack Obama de l’avoir mis sur écoute, tandis qu’en 2013 l’ancien consultant de la NSA Edward      Snowden avait révélé à l’automne 2013 que le téléphone portable de Angela Merkel avait été mis sur écoute par l’agence de renseignement      américaine.

À la une ce vendredi 17 mars…

Europe– La visite promet d’être médiatique. François Hollande reçoit le duc et la duchesse de Cambridge au Palais de l’Élysée vendredi après-midi.

LIRE aussi. Kate et William à Paris : l’arme du glamour contre un Brexit dur

Politique – Fin du dépôt de parrainages pour l’élection présidentielle au Conseil constitutionnel. Les candidats Philippe Poutou, Jacques Cheminade et Jean Lassalle n’ont pas encore obtenu les 500 soutiens qui leur permettront d’accéder à la course à l’Elysée.

Culture – Cérémonie de remise de insignes de Grand Officier de la Légion d’Honneur à Michel Bouquet, en présence de François Hollande et de la ministre de la Culture Audrey Azoulay.

Football – FC Barcelone, Real Madrid, Bayern Munich : les trois cadors de la Ligue des champions vont-ils se croiser dès les quarts de finale ? Réponse lors du tirage au sort à Nyon en Suisse, au siège de l’UEFA, ce vendredi à partir de 11h00.

Coignard – Fillon : conduite sur glace

Ça y est, c’est fait. François Fillon a été mis en examen, avec 24 heures d’avance, une perspective qu’il avait esquissée dès le mercredi 1er mars pour mieux la transformer en non-événement au moment où elle surviendrait. Mission accomplie.

Il reste néanmoins au candidat de la droite, par ailleurs pilote émérite, au moins cinq chicanes à éviter sur le parcours qui mène à l’élection, s’il veut arriver en bon état au stand. Tout d’abord, le ridicule qui résulte du décalage entre l’image de probité véhiculée pendant toute la campagne de la primaire, la main sur le cœur, et celle qui persiste a…

Emmanuel Macron : « Marine Le Pen c'est un mensonge sur pattes »

La phrase est signée Emmanuel Macron. Ce lundi, le candidat d’En Marche ! à la présidentielle a qualifié la candidate frontiste de « mensonge sur pattes » quand Marine Le Pen promet aux agriculteurs qu’ils iront mieux avec la sortie de l’euro, de la politique agricole commune et de l’Europe. « Marine Le Pen, c’est un mensonge sur pattes parce que ce qu’elle propose, c’est de dire : +nous, on va sortir de la mondialisation, mais tous les autres, c’est des imbéciles, ils vont continuer à acheter français+ », a estimé Emmanuel Macron sur le plateau de Quotidien sur TMC.

Sur l’Europe et sur la PAC, Emmanuel Macron répond à Marine Le Pen. #Quotidienpic.twitter.com/iyUulMO56E

— Quotidien (@Qofficiel) 13 mars 2017

« Quand Marine Le Pen va voir des agriculteurs (…) et leur dit +moi je vais sortir de l’euro, sortir de la PAC, sortir de l’Europe+. C’est super, ça peut en rassurer certains », a jugé Emmanuel Macron. « Mais les agriculteurs, ils vendent à qui ? Selon les filières, ils exportent entre 40, 50, 60 % » de leur production, a argumenté cet ancien ministre de l’Economie. « Vous pensez que les pays à qui on va dire +c’est fini, maintenant on a une patte française, vous n’exportez plus vos denrées, vos yaourts, votre viande, on ne veut plus les voir+, vous pensez qu’ils vont acheter notre lait ? Que le camembert, le fromage au lait cru français, on va continuer à l’exporter ? », s’est agacé le candidat. Et d’ajouter : « Mais c’est fini ! ». Emmanuel Macron a souhaité que tous ceux qui « sont dans cette situation se le représentent: elle (Marine Le Pen) va créer du chômage ».

Souriez, vous êtes filmé

Nous aurons mis le temps, mais enfin, ça y est, la France a fait un pas en avant : depuis ce mercredi, les contrôles d’identité doivent être systématiquement filmés dans 23 zones de sécurité prioritaires du pays. Les policiers et gendarmes sont dotés de quelques 2600 caméras portatives. Figurent notamment parmi ces sites des ZSP en Île-de-France, comme des départements comme la Haute-Garonne.
Ce n’est pour l’heure qu’un ballon d’essai, qui fait par ailleurs l’objet d’un décret qu’il reste à valider par le Conseil d’Etat. Mais c’est quand même une excellente initiative. Ce principe est employé depuis pas mal de temps dans de nombreux pays, et a bien des fois prouvé son importance. Le but de ce système est d’apaiser les esprits des deux côtés de la barrière : les policiers peuvent ainsi prouver qu’ils ont agi dans les règles, et les citoyens sont en mesure de prouver leurs dires si un abus est commis. C’est vraiment un système favorable aux deux parties. En outre, cette procédure permet de faire l’économie d’une longue description textuelle, ce qui réduit considérablement la pesanteur administrativeEt peut-être que d’ici deux ou trois ans, nous n’aurons pas nous aussi une émission de télé-réalité montrant les interventions de nos chers policiers ?A l’issue de l’année, la police et la gendarmerie présenteront un rapport pour mesurer l’impact de ce procédé sur les interventions. Si ce dispositif est validé, des interventions comme celles de Théo en février dernier devraient donc ne plus être possibles. Ce projet devrait soulager considérablement les policiers et les citoyens des ZSP ! Cela dit, le policier peut oublier de déclencher le dispositif avant une intervention. Mais il faudrait être sacrément distrait.