Une gauche unie pour les obsèques d'Henri Emmanuelli dans les Landes

En pleine campagne présidentielle, la gauche s’est rassemblée ce samedi à Mont-de-Marsan pour rendre un ultime hommage à Henri Emmanuelli, figure emblématique de la galaxie socialiste, décédé mardi à 71 ans. Environ 2 000 personnes, dont François Hollandeet Benoît Hamon, étaient réunies dans l’espace François-Mitterrand, vaste salle abritant habituellement des concerts et des rencontres sportives, pour cette cérémonie civile. Aux notables exceptions de Lionel Jospin, Laurent Fabius ou encore Martine Aubry et Manuel Valls, la grande majorité des ténors du Parti socialiste était présente, à commencer par le tandem exécutif François Hollande et Bernard Cazeneuve, le nouveau ministre de l’Intérieur Matthias Fekl, élu du Lot-et-Garonne voisin, et Claude Bartolone, lointain successeur de Henri Emmanuelli au perchoir de l’Assemblée nationale.

A moins d’un mois du premier tour de la présidentielle, Benoît Hamon, candidat PS actuellement en difficulté, et qui avait été soutenu par Emmanuelli lors de la primaire, était également là. Un élu national Les Républicains (LR) figurait aussi dans l’assistance : Gilles Carrez, spécialiste des finances publiques, comme l’était l’ancien député landais. La salle s’est levée à l’arrivée du cercueil, accueilli par un tonnerre d’applaudissements, auquel a succédé un grand silence. Au pied des planches, recouvertes du drapeau tricolore, un bouquet de 287 roses, une par député socialiste.

Les larmes de Hamon

« C’était un Landais de coeur, qui a surinvesti pour son département. Un homme de conviction et un bon vivant », a témoigné Laurence Chiron, habitante de Mont-de-Marsan. Sa fille a rappelé son opération « Un collégien, un ordinateur portable », initiative novatrice en France. Une seconde salve d’applaudissements a accompagné l’arrivée de François Hollande, suivie de l’exécution par une bandas d’un entraînant « Vino Griego », version espagnole du « Griechischer Wein » d’Udo Jürgens, bien connu des amateurs de rugby.

Représentante des jeunes socialistes landais, Marie Lafitte a ouvert les hommages par un discours très politique: « A la veille d’une élection présidentielle dont le meilleur comme le pire peut naître, nous aurions bien eu besoin de vous »… « Comme vous, ma génération ne tolèrera pas les aventures individuelles et les querelles de clocher ». Au premier rang, élus et parlementaires du département avaient les yeux embués. Puis François Hollande a rendu hommage au « panache » de l’ancien président de l’Assemblée. « Si Dieu existe, et que Henri l’a rejoint, il aura fort à faire avec lui. Mais que Henri sache bien que la République aujourd’hui le salue et ne l’oubliera jamais », a déclaré le chef de l’Etat, avant de lancer quelques messages politiques.

« Il voulait que la gauche gouverne », a assuré François Hollande, contre « ceux qui aspirent à une opposition tranquille et rédemptrice ». « Il savait que ce confort-là, c’était plus de précarité pour celles et ceux qui souffrent », a également souligné le président, sous le regard de Benoît Hamon. « Avec la droite, il était impitoyable. Avec la gauche, il était intraitable. Avec tous, il était exigeant ». « Il pourfendait les pères la rigueur qui, on le sait maintenant, ne sont pas toujours des parangons de vertu », a poursuivi le chef de l’Etat, dans une allusion au candidat de la droite François Fillon. « Le président de la République a rendu un très bel hommage. C’était une cérémonie très juste, sans fausses notes », a déclaré quelques instants plus tard Benoît Hamon, les larmes aux yeux. Henri Emmanuelli a ensuite été inhumé à Laurède, village landais distant de quelques dizaines de kilomètres.