Mois : mars 2017

Revenu universel : Hamon se veut le candidat de « la feuille de paie »

Benoît Hamon, était l’invité de L’Émission politique sur France 2 ce jeudi soir. Le candidat socialiste à l’élection présidentielle, a dit vouloir attaquer « la feuille de paie » et augmenter le salaire net grâce à son projet de revenu universel, qu’il a modifié pour les 18-25 ans. Interrogé sur la mise en place de sa proposition de revenu universel, Benoît Hamon a déclaré vouloir « d’abord proposer une étape qui permet à 80 % des salariés français, des travailleurs indépendants, des commerçants, artisans, de voir leur travail revalorisé par un gain net sur la feuille de paie ». « J’attaque la feuille de paie, j’augmente le salaire net », a martelé le candidat socialiste, comme en écho à son ancien rival de la primaire et désormais soutien Arnaud Montebourg, qui s’était posé en « candidat de la feuille de paie » durant la primaire.

Concrètement, Benoît Hamon souhaite « que les 18-25 ans et l’ensemble des salariés » touchant « jusqu’à 1,9 SMIC perçoivent un revenu universel ». Son montant « sera de 600 euros quand on n’a rien », et sera « dégressif » pour ceux percevant un revenu « jusqu’à 1,9 SMIC ». En janvier, Benoît Hamon comptait attribuer ce revenu universel à l’ensemble des 18-25 ans, sans conditions de ressources, « pour favoriser leur insertion sociale et professionnelle ». Selon sa proposition présentée jeudi, « la conséquence sur la feuille de paie », pour « un couple au Smic » sera de « 386 euros » nets mensuels, a argumenté le député des Yvelines. « Pour un étudiant qui travaillerait un jour sur cinq, le gain net sera de 500 euros » par mois, a-t-il poursuivi.

« Conférence citoyenne »

Benoît Hamon a chiffré la mise en place de cette première étape à « 35 milliards d’euros », « en-deçà du pacte de responsabilité et du CICE », instaurés par François Hollande et d’un coût d’environ 41 milliards d’euros. « Derrière, il y a d’autres étapes », a souligné Benoît Hamon, désireux d’installer « une conférence citoyenne, sociale, pour en discuter ». Cette conférence « peut discuter de l’élargissement de ceux qui seront les bénéficiaires. Doit venir demain l’étape qui permettra le versement du revenu universel aux retraités », a-t-il ajouté, se défendant d’avoir changé en cours de route le calendrier d’application de cette proposition qui a marqué lors de la primaire PS élargie. « Trouvez une déclaration de Benoît Hamon qui disait pendant les primaires qu’il s’engageait pour autre chose que cette première étape », a lancé ce député des Yvelines et ancien ministre.

Le ras-le-bol de BFMTV et RMC face aux accusations de Marine Le Pen

C’était l’accusation de trop. La chaîne d’information en continu BFMTV et la radio RMC, toutes deux sous l’égide du groupe NextRadioTV, ont dénoncé dimanche de nouvelles accusations de la candidate du Front nationalMarine Le Pen, selon lesquelles ces antennes soutiendraient Emmanuel Macron du mouvement En Marche !. « Marine Le Pen, invitée ce matin, dimanche 5 mars, d’une émission politique sur BFMTV, a gravement mis en cause l’indépendance des rédactions de BFMTV et RMC, en prétendant être la victime d’un complot », a relaté le groupe NextradioTV dans un « démenti catégorique ».

« C’est une énième tentative grossière et inacceptable de porter atteinte au travail de plus de 300 journalistes réunis au sein de deux rédactions, connues précisément pour leur indépendance », a dénoncé le groupe de Patrick Drahi. Pour NextRadioTV, « rien ne permet d’établir la moindre faille dans le traitement des différents candidats et pas davantage de soutien à l’un des candidats. Les chiffres de temps de parole sont régulièrement transmis au CSA et contrôlés ».

« Le chouchou des médias »

Invitée dimanche sur BFMTV, Marine Le Pen a affirmé qu’Emmanuel Macron était « le chouchou des médias » et que « les médias de Patrick Drahi, dont [fait partie] BFMTV, soutiennent Emmanuel Macron d’une manière éhontée ». Pour Marine Le Pen, ce « soutien » de la principale chaîne d’information en continu française envers Emmanuel Macron s’expliquerait par les liens entre le candidat et Patrick Drahi, qui détient, via son groupe Altice, 49 % de NextRadioTV. Selon la candidate frontiste, Emmanuel Macron, quand il était ministre de l’Économie, aurait permis à Patrick Drahi « en quelques jours d’obtenir ce qu’il voulait, c’est-à-dire de racheter SFR » en 2014.

« Bien sûr qu’il y a un soupçon de renvoi d’ascenseur, évidemment qu’il y a un soupçon de conflit d’intérêt, bien sûr et ça pose un énorme problème », a estimé Marine Le Pen, considérant que « c’est intéressant pour les Français de savoir ce qui se cache derrière les rideaux, ce qui se trame ». Marine Le Pen avait formulé en février des accusations similaires. Dans un communiqué séparé, la Société des journalistes de BFMTV a également souligné que « le traitement journalistique des candidats à la présidentielle se fait sur des critères journalistiques et non politiques ». « Laisser entendre, comme le fait Marine Le Pen, que notre travail serait orienté et différent d’un candidat à l’autre tient du pur fantasme », a ajouté la SDJ.

Affaire Fillon : les juppéistes quittent le navire

« Si vous comptiez voir un juppéiste au QG, c’est trop tard ! » lance Julien Miro, ancien conseiller jeunesse d’Alain Juppé pendant la primaire. Le président de 5 Ans pour des idées, think tank parrainé par Frédéric Salat-Baroux, vient, comme beaucoup d’autres, de quitter le navire Fillon. Sur Twitter, jeudi matin, il n’a pas mâché ses mots : « Cette campagne nauséabonde, aux relents d’années 30, ce sera sans moi. Alain Juppé est définitivement l’homme de la situation. » Le jeune lobbyiste n’a pas supporté le discours anti-juges et anti-médias de François Fillon. « Il y a un plan B, plaide-t-il. Et il s’appelle Alain Juppé. »

Cette campagne nauséabonde, aux relents d’années 30, ce sera sans moi. @alainjuppe est définitivement l’homme de la situation (2/2)

— Julien Miro (@JulienMiro) 2 mars 2017

C’est aussi ce que croient l’ex-porte-parole de Fillon Benoist Apparu, le maire d’Angers Christophe Béchu et celui du Havre Édouard Philippe, qui viennent d’annoncer leur retrait de la campagne du candidat de la droite dans un communiqué.

Le communiqué des 3 juppeistes Apparu, Philippe et Bechu qui quittent la campagne pic.twitter.com/DMkWOqH6fT

— LaureEquy (@LaureEquy) 2 mars 2017

Le juppéiste Pierre-Yves Bournazel a également annoncé qu’il ne soutiendrait plus le candidat de la droite. Pour l’élu du 18e arrondissement, la manifestation organisée dimanche a été l’élément déclencheur. L’événement fait à ses yeux « le jeu du populisme et de Marine Le Pen ». « J’appelle à un sursaut collectif pour éviter une défaite cuisante de la droite et du centre au premier tour et pour éviter notre dispersion après le 7 mai », a-t-il expliqué au Point.fr. Bournazel, qui « ne se résout pas à la victoire de Marine Le Pen », va parrainer Alain Juppé, « l’homme de la situation », dès maintenant.

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Du côté des salariés, le directeur adjoint de la campagne, Vincent Leroux, est déjà parti, avec les autres juppéistes de l’équipe Fillon. Du côté des élus, Fabienne Keller, sénatrice-maire de Strasbourg et ex-porte-parole de Juppé, a également claqué la porte mercredi. Aujourd’hui, elle lance un appel au maire de Bordeaux et fait circuler une tribune chez les sénateurs pour obtenir le retrait de Fillon.

D’autres juppéistes ont bien failli partir avec elle mercredi, comme le sénateur de l’Yonne Jean-Baptiste Lemoyne et l’élu de Roscoff Maël de Calan (qui partageait son bureau avec Julien Miro pendant la campagne). Ces trentenaires réfléchissent à une solution pour sortir par le haut, mais de manière groupée.

La course aux parrainages

Depuis les premiers ennuis judiciaires de Fillon, la consigne était : « On ne dit rien, on laisse l’opportunité Juppé venir. » Désormais, ces jeunes élus ne tiennent plus. La manifestation organisée dimanche au Trocadéro a été pour beaucoup l’événement de trop. « On ne gagnera pas une voix avec ce genre de méthodes, c’est faire le jeu du populisme et de Marine Le Pen », dénonce Bournazel, qui n’hésitera pas à parrainer Alain Juppé.

« Si on commence à dire : Les juppéistes organisent la relève, on déclenche la guerre civile ! » craint un ancien soutien du maire de Bordeaux. Il n’empêche, en coulisse, les juppéistes s’activent et sont bien en train de parler organisation : récolter les 500 parrainages fait partie des priorités. « Si Fillon est amené à renoncer, il ne faudrait quand même pas qu’on se retrouve sans candidat à la présidentielle le 17 mars… » souligne un juppéiste. De son côté, l’ex-sarkozyste Georges Fenech s’y emploie.

Il faut aussi trouver l’argent pour faire campagne : « Ce qui n’est pas un petit détail », précise un autre juppéiste. Les équipes sont prêtes, le projet est prêt, assure-t-on. Juppé, lui aussi, est prêt. Jusqu’ici, Fillon est encore candidat…

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