Auteur : admin4628

Christiane Taubira a démissionné, remplacée par Jean-Jacques Urvoas

Direct

L’Elysée a annoncé ce mercredi matin par communiqué la démission de la ministre de la Justice.

Christiane Taubira, garde des Sceaux, a remis sa démission vient d’annoncer un communiqué de l’Elysée. Elle est remplacée par Jean-Jacques Urvoas.

Proche de Manuel Valls, Jean-Jacques Urvoas est l’actuel président de la commission des lois de l’Assemblée nationale. Il était à ce titre chargé d’une mission pour trouver une solution à la réforme constitutionnelle de la déchéance de nationalité, à laquelle Christiane Taubira s’était publiquement opposée à plusieurs reprises.

Suivez l’actualité autour de ce remaniement toute la journée avec Libération (si ce direct ne s’ouvre pas cliquez ici).

Photo AFP

10:53 Le départ du «dernier symbole de l’espoir de changement exprimé en 2012»

Réactions.

Les sénateurs et sénatrices du groupe communiste au Sénat écrivent, dans un communiqué, que le départ de Christiane Taubira «est celui du dernier symbole de l’espoir de changement exprimé en 2012». «Même si, au-delà du courageux combat pour le mariage pour tous elle ne put porter des projets transformateurs pour la justice de notre pays, elle demeurait pour beaucoup un marqueur à gauche du gouvernement», écrivent ces élus, craignant «que ce départ et l’arrivée de M. Urvoas, proche de M. Valls, confirme et renforce un durcissement sécuritaire tout azimut dans le cadre d’un état d’urgence pérennisé.

10:35

Et la suite ?

L’eurodéputé EELV Yannick Jadot se demande si Christiane Taubira se sentirait de participer à une primaire à gauche.

.@ChTaubira démissionne. Ouf! Une candidate pour @notreprimaire?

27.01.16Yannick Jadot. @yjadot Suivre

10:28 La démission de Christiane Taubira décidée samedi dernier, selon l’Elysée

Coulisses.

La démission de la garde des Sceaux Christiane Taubira a été actée dès samedi, avant même le départ de François Hollande pour une visite officielle en Inde, rapporte l’AFP, citant l’entourage du chef de l’Etat.

«Le président de la République, le Premier ministre et la garde des Sceaux en étaient arrivés samedi, avant le départ du chef de l’Etat pour l’Inde, à la conclusion commune et partagée que la cohérence devait conduire à son départ du gouvernement», a déclaré cette source.

10:24 Après le départ de Taubira, la parité encore respectée au gouvernement

♀♂.

Avec la démission de Christiane Taubira, une femme quitte le gouvernement, remplacé par un homme. Certains (dont Slate) crient déjà à la fin de la parité, une des promesses de campagne du candidat Hollande. Pourtant, il n’en est rien. Si l’on exclut le Premier ministre (un homme, certes, mais cela donnerait un nombre impair et rendrait de facto la parité impossible), le gouvernement comprend 16 ministres, dont huit femmes, soit la moitié pile poil (mais aucune à la tête d’un ministère régalien) : Marisol Touraine, Myriam El Khomri, Najat Vallaud-Belkacem, George Pau-Langevin, Fleur Pellerin, Ségolène Royal, Marylise Lebranchu et Sylvia Pinel. Depuis le remplacement de François Rebsamen par Myriam El Khomri en septembre dernier, le gouvernement comptait en effet plus de femmes que d’hommes.

Côté secrétaires d’Etat en revanche, la parité n’est toujours pas respectée, avec 7 femmes pour 9 hommes.

10:15

Crise gouvernementale ?

Notre journaliste Lilian Alemagna est à l’Assemblée nationale.

Un député glisse en coulisses de la #ComLois : « On appelle ça une crise gouvernementale » #Taubira#DirectAN

27.01.16Lilian Alemagna. @lilianalemagna Suivre

10:11 Ainsi parlait Christiane Taubira

Pour mémoire.

Ne boudons pas notre plaisir : voici un montage vidéo de cinq minutes regroupant des fous rires, des citations littéraires, des répliques de Christiane Taubira lorsque l’ex-Garde des Sceaux défendait l’ouverture du mariage aux couples homosexuels à l’Assemblée nationale.

10:06

Ivresse du bonheur.

Champagne à neuf heures du matin, on comprend mieux pourquoi ils écrivent n’importe quoi chaque semaine.

Démission de #Taubira. Enfin ! Champagne à #Minute !

27.01.16MINUTE. @MinuteHebdo Suivre

10:02

Où est la gauche ?

D’aucuns, comme la sénatrice EELV Esther Benbassa, relèvent qu’après cette démission de Christiane Taubira, il ne reste plus aucune figure de gauche au gouvernement.

.@ChTaubira partie, il n’y a donc plus de ministre de #gauche au #gouvernement?

27.01.16Esther Benbassa. @EstherBenbassa Suivre

09:55 Des ex du gouvernement saluent la décision de Christiane Taubira

Soutiens.

Parmi les réactions de soutien et d’affection à l’ancienne ministre de la Justice, citons entre autres les tweets de Cécile Duflot, Aurélie Filippeti et Benoît Hamon, trois ex du gouvernement. La première «salue chaleureusement la décision de courage et de conviction» de Christiane Taubira, la seconde rend «hommage au talent immense, au travail et à l’engagement» de celle qui a porté la loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels.

Un seul mot : bravo! Hommage au talent immense, au travail et à l’engagement de @ChTaubira qui marquera l’histoire du @justice_gouv

27.01.16Aurélie Filippetti. @aurelifil Suivre

09:42

Réjouis.

Les gens de la Manif Pour Tous ont l’air content. Ils ont dû croire que la démission de Christiane Taubira implique l’abrogation de l’ouverture du mariage aux couples homosexuels.

😉#ONLR

27.01.16La Manif Pour Tous ن. @LaManifPourTous Suivre

09:39

Réjouis.

Parmi ceux que cette démission rend heureux, citons Eric Ciotti, Bruno Retailleau, Gérald Darmanin (tous trois LR), ainsi que Florian Philippot (FN).

Je me réjouis de la démission de Christiane Taubira qui doit marquer la fin de la dérive laxiste que connait notre Justice depuis 2012.

27.01.16Eric Ciotti ن. @ECiotti Suivre

09:37

Remaniements.

Nommé ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas est remplacé à la Commission des lois par Dominique Raimbourg (PS).

Le VP de la #ComLois Dominique Raimbourg est nommé rapporteur du PJL constitutionnel en remplacement de @JJUrvoas

27.01.16Lilian Alemagna. @lilianalemagna Suivre

09:34 Relisez les portraits d’Urvoas parus dans «Libération»

Archives.

Jean-Jacques Urvoas, député PS du Finistère et président de la commission des lois, remplace Christiane Taubira au ministère de la Justice. Libération l’a rencontré deux fois pour un portrait, en 2013 (à lire ici) et en mai dernier, à l’occasion du vote de la loi renseignement, dont il était rapporteur (à lire là).

09:24 «Parfois résister c’est partir»

Démission de Taubira.

La réaction de l’intéressée, avec un de ces tweets dont elle a le secret. Dans un autre tweet, elle se dit «fière» que «la Justice [ait] gagné en solidité et en vitalité. Comme celles et ceux qui s’y dévouent chaque jour, je la rêve invaincue.

Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l’éthique et au droit.ChT

27.01.16Christiane Taubira. @ChTaubira Suivre

09:19 Jean-Jacques Urvoas nommé ministre de la Justice

Remaniement.

Christiane Taubira est remplacée au ministère de la Justice par Jean-Jacques Urvoas, qui «portera, aux côtés du Premier Ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale», indique l’Elysée.

(Photo AFP)

09:14 Christiane Taubira a démissionné de ses fonctions de ministre de la Justice

Dernière minute.

L’Elysée annonce dans un communiqué que Christiane Taubira a démissionné de ses fonctions de ministre de la Justice. Elle et le président de la République «ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale, aujourd’hui, en Commission des Lois», écrit l’Elysée.

(Photo AFP)

Un éboulement à Bure fait un mort et un blessé grave

Une personne est morte et une autre est gravement blessée mardi dans un éboulement sur le site du laboratoire souterrain de l’Agence nationale pour la gestion des déchets nucléaires (Andra) à Bure, ont indiqué les pompiers à l’AFP. Les secours sont sur place.

Les deux victimes se trouvent sous terre, a-t-on ajouté de même source. C’est la première fois qu’un accident de ce genre se produit sur ce site, qui doit accueillir dans le cadre du projet Cigéo les déchets les plus radioactifs (3% du total des déchets nucléaires) à 500 mètres sous terre, ainsi que ceux ayant la durée de vie la plus longue. 

Cigéo doit encore être validé par le Parlement. Le gouvernement a annoncé l’an dernier qu’un texte spécifique serait présenté en 2016, après avoir tenté de faire avancer le dossier via un article de la loi Macron, finalement censuré par le Conseil constitutionnel. Le calendrier du projet prévoit un décret d’autorisation en 2018 et une mise en service industrielle en 2025. La construction des installations de stockage pourrait débuter à l’horizon 2020.

 

AFP

EI, garantie de loyers, Gaël Monfils… le point sur l’actu ce matin

Eh oui, c’est fini pour aujourd’hui. Mais on termine sur le menu de Libé ce week-end, d’ores et déjà accessible sur notre site pour les abonnés.

Cologne. Après les agressions sexuelles massives de la Saint-Sylvestre, les regards convergent sur un quartier de Düsseldorf où agissent des immigrés d’Afrique du Nord coupés de la société allemande et organisés en bandes violentes.

Haïti. Six ans après le violent séisme qui a ravagé Port-au-Prince, le poète et romancier Lyonel Trouillot évoque la situation catastrophique de son pays, alors que se déroule ce dimanche le second tour de la présidentielle, où un seul candidat est en lice.

Made in France. Rachetée en 2015 par un fonds d’investissement américain et avec le soutien de syndicats, la cristallerie d’Arques, leader mondial de la verrerie de table, revit.

Handball. Après trois titres mondiaux, deux sacres olympiques et une condamnation pour paris truqués, le joueur star des Bleus Nikola Karabatic, en lice à l’Euro, apparaît de plus en plus difficile à percer.

Série. Diffusée sur Netflix, Making a Murderer, qui suit le parcours de Steven Avery, emprisonné pendant dix-huit ans pour viol avant d’être innocenté puis accusé d’un autre crime, suscite aux Etats-Unis un emballement sans précédent.

Musique. Chargé de confectionner la bande-son idéale, le superviseur musical fait son apparition dans le cinéma français. Un poste clé qui s’articule entre choix artistiques et contraintes budgétaires.

Voyage. Jericoacoara, dans le Nordeste brésilien, est une destination encore peu connue. Repaire de touristes brésiliens, de hipsters européens ou de routards, il faut se dépêcher de la visiter avant l’ouverture d’un futur aéroport.

Maltraitances filmées dans une maison de retraite : trois lycéennes poursuivies

En stage dans une maison de retraite de Seine-et-Marne, elles ont violenté des résidents et posté leurs vidéos sur un réseau social : trois jeunes filles, mineures, ont été mises en examen vendredi pour violences en réunion avec préméditation, diffusion sur internet de scènes de violence et atteinte à la vie privée, et placées sous contrôle judiciaire.

Les stagiaires, âgées de 16 et 17 ans, avaient commencé lundi un «stage d’apprentissage professionnel» dans un établissement pour personnes âgées d’Annet-sur-Marne. Au début de la semaine, elles ont posté 33 vidéos de moins de 20 secondes sur la plateforme Snapchat, «montrant des personnes handicapées ou atteintes de maladies type Alzheimer», selon la gendarmerie. L’application de photos et de vidéo Snapchat, populaire auprès des adolescents, permet d’envoyer par smartphones des messages qui disparaissent après quelques secondes.

Depuis Annet-sur-Marne, la commune de 3 000 habitants où se trouve l’établissement d’accueil, la secrétaire d’Etat en charge des personnes âgées Laurence Rossignol a indiqué que selon les premiers éléments de l’enquête, trois personnes âgées avaient subi «des faits d’humiliation, de violence verbale, d’atteinte à la dignité», mais pas de «violence» ou de «maltraitance physique».

«Emus» par la violence des images, des «camarades» qui avaient visionné les vidéos ont alerté le corps enseignant, qui a retiré les élèves de la maison de retraite et prévenu la direction. Selon Laurence Rossignol, l’établissement «avait l’habitude d’accueillir des stagiaires» et ces dernières étaient suivies par une «tutrice».  

AFP

Dans les rues de Calais, défilé en soutien aux réfugiés

«UK, UK !» Dans les rues de Calais, les réfugiés scandent leur rêve, les habitants les regardent passer à leur fenêtre, certains en famille, avec le chien à côté d’eux. Samedi après-midi, 2 000 personnes ont défilé, de la jungle, ce bidonville où vivent 5 000 migrants, Irakiens, Syriens, Afghans ou Soudanais, à la place d’Armes, en plein centre-ville. Militants du NPA, de Solidaires, comités de sans-papiers de Lille et de Paris, bénévoles anglais et calaisiens, qui interviennent au quotidien dans la jungle, associations d’aide aux migrants, citoyens engagés, anti-fa, le mélange est hétéroclite, et joyeux.

Philippe Poutou, porte-parole du NPA, est présent, pour dénoncer l’ambiance de «repli sur soi et de xénophobie», et demander l’ouverture des frontières. Karima Delli, député européenne EELV dénonce l’inaction gouvernementale, et balaie d’un revers de la main les 1500 places d’accueil récemment ouvertes dans des containers : «C’est insuffisant.» Devant la statue du général de Gaulle et de sa femme Yvonne, Calaisienne d’origine, deux jeunes réfugiés prennent la pose, pour un selfie. Se croient trente secondes en voyage touristique.

Aucun incident n’est à déplorer, malgré des provocations des militants de Sauvons Calais, groupuscule d’extrême-droite. Le service d’ordre, militants associatifs et réfugiés mélangés, est vigilant, pour éviter tout dérapage, qui nourrirait les rumeurs. Romain, 20 ans, militant UDI, assiste à la manif : «Je suis là pour témoigner que les migrants sont capables de revendiquer leur cause, sans violences et sans dégradations. On entend trop de rumeurs à Calais», explique-t-il. Le sentiment à leur égard est mitigé.

Dans la jungle, «il y a trop de problèmes»

Manifestation pour soutenir le réfugiés.Calais.Le 23 janvier 2016

Certains, comme Jean-Marc, 54 ans, boucher-charcutier, compatissent : «Ce sont des malheureux, je pense qu’ils n’ont pas de bol, et on ne sait pas vraiment quoi faire pour les aider.» D’autres les trouvent trop nombreux : «Il y a trop de chômage à Calais, on ne peut pas absorber autant de migrants», explique Daniel, 62 ans, cadre de l’Education nationale. «Il suffirait qu’on les dispatche entre plusieurs villes et qu’on ne garde qu’un petit quota ici.» Un homme, à qui on n’a rien demandé, dégorge sa haine raciste : «Il faut les renvoyer dans leur pays !»

300 personnes sont descendues de Paris en bus pour l’occasion : elles découvrent, un peu éberluées, la forteresse qu’est devenue le port. Rolande, 70 ans et belle prestance, bardée d’autocollants «Refugees Welcome» et «Stop Tafta», retraitée de l’Education nationale, fulmine : «On ne dit pas assez que ce sont les suites des guerres menées par monsieur Bush, et on n’en assume pas les conséquences, ces populations obligées de quitter leur pays.»

A deux pas d’elle, deux jeunes Afghans, Hassan, 22 ans, et Hadjiram, 18 ans, marchent, tranquilles. Ils voudraient que Cameron, le premier ministre anglais, ouvre les frontières, car, disent-ils, dans la jungle, «il y a trop de problèmes». Malgré le froid des derniers jours, avec des températures à 0°, ils dorment dans une tente, sans couverture. «La mienne était trop sale, je l’ai jetée», soupire Hassan. Mélanie, 32 ans, agent territorial, qui est là pour «se confronter au réel», apprécie de les voir à ses côtés : «Il ne faut pas qu’il n’y ait que nous, installés dans nos petits conforts.»

Stéphanie Maurice Calais, de notre correspondante

Logements sociaux : une enquête ouverte pour «provocation à la discrimination» par des élus FN

Un juge d’instruction de Nanterre a été saisi d’une enquête pour «provocation à la discrimination» dans l’attribution de logements sociaux. Deux plaintes avaient été déposées contre X, en mai 2014 et mars 2015, par La Maison des potes, un réseau d’associations spécialisées dans la lutte contre les discriminations.

L’association met en cause «les personnes qui ont publié» le «Petit guide pratique de l’élu municipal Front national», estimant qu’il «incite» les élus FN à «mettre en place la discrimination dans l’accès au logement social en réservant la priorité» aux Français. Dans ce guide de recommandations édité avant les municipales 2014 et rédigé par le secrétariat national aux élus, le FN exhorte ses futurs élus à «réclamer l’application des nombreux points du programme Front national» et notamment la «priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux». Il a été préfacé par Steeve Briois, alors secrétaire général du parti pendant la campagne.

«Nous souhaitons que toutes les personnes responsables des formulations de ce guide soient entendues par un juge d’instruction et éventuellement poursuivies», a indiqué l’avocat de la Maison des Potes, MLéon-Lef Forster, regrettant que «des poursuites ne soient pas suffisamment entamées en France sur la base de loi contre les discriminations».

«Ainsi, un parti politique ne pourrait plus enjoindre ses élus à promouvoir des propositions politiques au motif que celles-ci seraient interdites par la loi», a réagi le Front national dans un communiqué, dénonçant «une dérive très inquiétante du pouvoir».

Dans un sondage Harris Interactive pour la Maison des Potes rendu public mercredi et réalisé sur un échantillon de 1 050 personnes en France, 75% des interrogés se disent favorables aux recours collectifs en justice (class actions) pour les victimes de discriminations liées à l’origine, la couleur de peau ou la religion.

AFP

Sur le e-sport, France 3 multiplie les erreurs

INTOX. Dans le cadre du projet de loi pour une République numérique, le Premier ministre, Manuel Valls, a chargé le député centriste Rudy Salles d’une «mission temporaire ayant pour objet de proposer un cadre législatif et réglementaire favorisant le développement en France des compétitions de jeux vidéo». Pour illustrer cet intérêt du gouvernement pour le e-sport, France 3 a donc décidé de réaliser un reportage, diffusé mercredi dans son journal télévisé.

Pour cela, «une équipe de France 3 est partie à la rencontre de professionnels du milieu» et s’est donc rendue dans les locaux de Millenium, un site internet dédié aux jeux vidéo (également ancien blog Libé) et qui a sa propre structure de e-sport. Les journalistes ont pu rencontrer différents gamers, parmi lesquels Torlk, de son vrai nom Jérémie Amzallag, qui semble être un joueur extraordinaire, selon le portrait fait par France 3.

«Jérémie Amzallag est l’un des rares à avoir un CDI. A 21 ans, il est dans les 10 meilleurs mondiaux sur le jeu Hearthstone. […] Jérémie ne se plaint pas ; il gagne 4 000 euros par mois, en partie grâce à ses 600 000 abonnés sur YouTube».

DESINTOX. Fier de ce premier passage sur une chaîne de télévision nationale, le joueur a reposté l’extrait qui le montre à l’écran sur sa page Facebook, accompagné de ce commentaire, où il s’amuse des imprécisions du commentaire audio : «J’ai appris que j’avais 600 000 abonnés et j’étais top 10 mondial sur Hearthstone et que je gagnais 4 000 euros. Kappa ! C’est grave cool et drôle quand même aha !»

Dans les commentaires, ses fans se moquent également des énormités présentées dans le reportage et se demandent même si la chaîne est aussi sérieuse lorsqu’elle traite de sujets plus graves. On imagine que la qualification de «cyber addicts», en fin de sujet, n’a pas dû leur plaire.

Si Jérémie Amzallag travaille bien en CDI chez Millenium, les autres informations ne sont pas correctes. Tout d’abord, il n’est pas dans le top 10 mondial des joueurs de Hearthstone, jeu vidéo dérivé de l’univers Warcraft, mais «seulement» 45e selon le site Gosugamers, qui réalise ce classement.

Deuxième erreur, Jérémie Amazallag n’a pas 600 000 abonnés sur sa chaîne YouTube, qu’il partage d’ailleurs avec un certain Marmotte, alias Bertrand Fagnoni. Ensemble ils avoisinent les 116 000 fans sur YouTube, soit cinq fois moins que le chiffre de France 3.

Quant aux 4 000 euros de salaire mensuel, le joueur a profité de cette estimation pour demander une petite augmentation sur Twitter à Cédric Page, directeur général gaming de Webedia et fondateur de Millenium.

Du coup @M_Cedrix est que tu peux me payer 4000euros comme a dit @France3tv !

— Torlk (@MillTorlk) 20 Janvier 2016

Comme d’habitude, il est difficile de connaître le véritable salaire des YouTubeurs, mais au vu de l’hilarité du joueur, on imagine qu’il n’en est pas encore là.

Jacques Pezet

Agression de pompiers à Ajaccio : un homme mis en examen

Un homme a été mis en examen lundi à Ajaccio pour association de malfaiteurs dans le cadre de l’enquête sur un guet-apens tendu à des pompiers le soir du 24 décembre. Cet homme de 27 ans, connu de la police pour divers faits de délinquance, avait été interpellé lundi avec l’un de ses frères dans le quartier des Jardins de l’Empereur, sur les hauteurs d’Ajaccio, où s’étaient déroulés les incidents. Son frère, âgé de 23 ans, et également connu de la police, a été relâché, mais deux autres habitants des Jardins de l’Empereur étaient toujours en garde à vue mercredi.

L’un d’eux, âgé de 20 ans, avait aussi été interpellé lundi. Il est soupçonné d’avoir asséné des coups de club de golf sur le camion de pompiers, brisant les vitres et blessant plusieurs occupants. Un club de golf a été découvert par les enquêteurs de la sécurité publique et de la police judiciaire au domicile du jeune homme. Le camion de pompiers, appelé à intervenir sur une fausse alerte au feu, avait été caillassé par plusieurs dizaines d’hommes cagoulés et armés de gourdins et de clubs de golf criant, selon les témoignages des sauveteurs, «Corses de merde, vous n’êtes pas chez vous !». Deux pompiers et un policier avaient été blessés dans les incidents.

Le lendemain, jour de Noël, plusieurs centaines de personnes avaient dénoncé ces violences devant la préfecture d’Ajaccio. Certains manifestants s’étaient ensuite rendus aux Jardins de l’Empereur et dans d’autres quartiers à forte population maghrébine, scandant pour certains «Les Arabes, dehors !». Des déprédations avaient été commises, sans faire de victime, notamment dans une petite salle de sport servant aussi de lieu de prière pour les musulmans.

A voir aussiNotre diaporama sur les Jardins de l’Empereur, quartier traumatisé

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait assuré le 30 décembre que toutes ces violences ne resteraient pas impunies et que la sécurité serait renforcée aux Jardins de l’Empereur, notamment contre le trafic de drogue.

Deux habitants du quartier âgés de 18 et 19 ans ont été mis en examen dans une enquête incidente sur l’allumage d’un bûcher de palettes de bois et le saccage d’une école le 24 décembre, avant l’agression des pompiers.

AFP

La mère d’une victime du 13 novembre veut porter plainte contre la Belgique

La mère d’une victime des attentats jihadistes du 13 novembre a accusé lundi l’Etat belge d’«inaction» dans la surveillance de leurs auteurs et annoncé son intention de porter plainte contre lui. «Tout le monde connaît maintenant le nom de la commune de Molenbeek. Qu’a fait l’Etat belge avant ? Des procès par contumace ? Des parades ? Je vais attaquer parce qu’on a promis d’être courageux et pour Valentin, on le fera», a déclaré sur BFM TV Nadine Ribet-Reinhart, dont le fils Valentin a été tué au Bataclan. «Il était avocat, quand il a prêté serment le 24 septembre 2014, c’est pour que la justice soit rendue. Nous, avec sa famille, avec Eva (sa fiancée blessée au Bataclan, ndlr), on va se donner les moyens, on ira jusqu’au bout», a-t-elle ajouté.

«Ce qui m’a décidée, c’est quand j’ai compris que le dixième (suspect) identifié (…) était en lien» avec l’auteur de la tentative d’attentat en août contre le Thalys. «Je vais demander, en lien avec notre avocat, de se retourner contre la Belgique parce que ça s’appelle de l’inaction et derrière l’inaction il y a des familles décimées», a-t-elle poursuivi. «Où sont les responsabilités ? (…) Certains (auteurs des attentats, ndlr) sont morts sur place, on en a arrêté, on en trouve encore un, encore un… Est-ce qu’on aurait pas pu les arrêter avant ? Est-ce qu’on aurait pas pu repérer ces ramifications (…) On les retrouve seulement après qu’il y a eu 130 décès, des blessés, des familles décimées», a-t-elle lancé.

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«On aurait pu et dû éviter la présence sur le territoire national de dix terroristes ce soir-là en toute impunité, qui ont circulé comme ils voulaient en métro, en voiture avec leurs portables», a-t-elle estimé. L’enquête a établi de nombreuses connexions des auteurs des attentats avec la Belgique.

Abdelhamid Abaaoud et Chabib Akrouh, tués dans l’assaut de la police contre un appartement de Saint-Denis, étaient des Belgo-Marocains, tout comme Mohamed Abrini, toujours recherché. Les frères Abdeslam, Brahim (kamikaze mort au «Comptoir Voltaire») et Salah (recherché), habitaient la commune bruxelloise de Molenbeek. Dix autres hommes suspectés d’être en lien avec les attentats ont été inculpés en Belgique dans le cadre de l’enquête. Les autorités marocaines ont également annoncé lundi l’arrestation d’un Belge d’origine marocaine «lié directement» aux auteurs des attentats.

AFP

Test thérapeutique de Rennes : «Un accident rarissime»

Nom de code : BIA 10-2474. C’est la molécule testée dans le laboratoire Biotrial, à Rennes, où un patient est mort dimanche à la suite d’un essai clinique avec ce médicament, cinq autres étant toujours hospitalisés. Un événement rarissime. Trois enquêtes sont désormais en cours, pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer.

Des perquisitions ont eu lieu ce week-end. En particulier dans les locaux du centre de recherche Biotrial, où étaient menés les essais pour le compte du laboratoire pharmaceutique portugais Bial. Les lots de médicaments incriminés ont été saisis. «A l’heure qu’il est, nous restons toujours dans un cadre d’événements imprévisibles, inexpliqués et inexplicables», a déclaré le directeur général de Biotrial, François Peaucelle.

Dans cet essai dit de phase 1 (1), les choses se sont déroulées selon un «process» classique. Les volontaires étaient rémunérés un peu plus d’un millier d’euros. Les six victimes sont des hommes, âgés de 28 à 49 ans, faisant partie d’un groupe de 108 volontaires sains : 24 ont reçu des placebos, et 84 autres personnes cette molécule. «La dose maximale autorisée dans cet essai était loin d’être atteinte, a précisé François Peaucelle, aucun effet d’alerte particulier n’a été observé chez les patients qui ont reçu des doses inférieures.» Les premiers symptômes du patient aujourd’hui décédé sont survenus dimanche 10 janvier. Il a alors été hospitalisé d’urgence au CHU de Rennes. «C’est lundi matin que son état de santé s’est dégradé subitement», a détaillé le directeur de Biotrial, entreprise spécialisée dans les essais cliniques. Des essais que lui commandent des industriels pharmaceutiques pour leur mise au point de nouvelles molécules.

Le professeur Bernard Bégaud connaît bien le monde des tests thérapeutiques. Pharmacologue, il dirige à l’université de Bordeaux la plus importante unité en France de pharmaco-vigilance, et est, de ce fait, devenu un des meilleurs connaisseurs des médicaments, tant dans leur mise au point, que lors de leur arrivée sur le marché.

Quand vous avez appris ce qu’il s’est passé au laboratoire Biotrial, avez-vous été surpris ?

Oui, car un accident de cette gravité est rarissime. Je le pense d’autant plus qu’entre 1994 et 2008, j’ai présidé le groupe d’essais cliniques à l’Agence du médicament qui suivait les effets indésirables des nouvelles molécules en lien avec les promoteurs de l’essai. Nous n’avons jamais eu à gérer d’accidents aussi graves. Je me souviens d’un mort en Grande-Bretagne, après un essai de phase 1, mais le patient en question avait caché qu’il participait parallèlement à un autre essai, et c’est l’interaction inédite de ces deux agents qui a provoqué le décès.

Cet essai de phase 1 s’est déroulé de façon apparemment classique…

Oui. Mais ma deuxième surprise est une apparente contradiction sur le fait que cet essai de phase 1 – d’analyse de toxicité du produit – a concerné, selon l’entreprise, 128 sujets, dont 90 ayant reçu cette molécule. D’ordinaire, ces essais de phase 1 concernent moins de patients. Mais précisons tout de suite que ces essais de phase 1 sont indispensables, car il faut bien commencer à un moment ou à un autre de tester le produit sur l’homme : il n’y a pas d’autre alternative.

Et sur la méthodologie de l’essai ?

On n’en sait pas encore grand-chose. A entendre les déclarations du laboratoire, ce sont uniquement des hommes qui seraient concernés, certains ayant reçu des doses répétées de cette molécule, avec des dosages différents, d’autres ayant pris un placebo, ce qui est également inhabituel dans un essai de ce type. Les essais de phase 1 sont normalement basés sur une augmentation progressive des doses, avec un contrôle le plus strict possible, de manière à atteindre le niveau qui reste non-toxique, la dose maximale tolérée. La règle, évidemment, est de suivre au plus près l’apparition de tout signe avant-coureur d’effets indésirables. On ne sait pas, dans le cas de Rennes, quel est exactement le protocole suivi. Est-ce un protocole classique, où l’on monte progressivement la dose, en attendant de voir s’il se passe quelque chose ? Ou bien a-t-on fait, comme cela se pratique de plus en plus, des groupes parallèles, où l’on donne simultanément des dosages différents, voire pour certains des dosages élevés d’emblée ? Cette pratique se développe aujourd’hui, et pour certains experts, ce genre de méthodologie peut poser problème. Dans l’histoire de Rennes, si tel est le cas, cela nécessitera peut-être d’encadrer plus fortement ces nouvelles méthodologies.

Dans ces essais de phase 1, sait-on pour quelles indications la molécule est essayée ?

Non, car ce n’est pas le but. La seule question, c’est de savoir si la nouvelle molécule se révèle ou pas toxique chez l’homme. Ce n’est qu’ensuite, lors des essais de phase 2 ou 3, que l’on met le produit au regard d’une indication précise.

Mais connaît-on, même un peu, l’utilité de cette nouvelle classe de médicaments potentiels ?

Ce BIA 10-2474 fait partie d’une nouvelle classe, qui agit sur le système endocannabinoïde. Des molécules qui peuvent agir via des récepteurs cellulaires sur l’humeur, la douleur, mais aussi sur la protection des cellules nerveuses. Elles sont aussi expérimentées contre le vomissement, en particulier pour des patients qui en souffriraient au cours d’une chimiothérapie. Ces molécules sont, de fait, encore mal connues, mais elles sont assez prometteuses.

Un mort donc. Est-ce que cela veut dire que le patient avait des antécédents cliniques particuliers ?

Les effets indésirables révèlent toujours une particularité du sujet, connue ou pas par celui-ci. Mais dans le cas présent, le fait que cinq voire six patients soient touchés exclut aussitôt cette explication. Et renvoit à l’effet toxique.

Certains observateurs se sont étonné que le laboratoire ait prévenu si tardivement les autorités sanitaires, soit cinq jours après l’accident…

Si tel est le cas, oui. Tout promoteur, tout investigateur d’un essai doit en effet déclarer les effets indésirables nouveaux, et le faire «immédiatement», selon la loi, en cas d’effets graves. Reste qu’il y a une certaine ambiguïté sur le terme «immédiatement». Pour autant, dans les faits, cela ne change pas grand-chose. Face à un événement indésirable grave, le promoteur doit tout arrêter sur le champ et rappeler les patients du test. Le bon sens veut qu’il n’attende pas la réaction des autorités. C’est ce qui semble avoir été fait.

Dans ces essais, peut-on évacuer la question de l’argent et, entre autres, la rémunération que touche le patient ?

Cette question est importante. En France, la rémunération est plafonnée à 4 500 euros par an. Une limite que l’on retrouve dans tous les pays européens, car cette mesure découle d’une directive européenne, transposée en 2004. Ce texte prévoit aussi la création d’un registre des volontaires sains, cela pour éviter la professionnalisation de ceux qui y participent. Des limites claires et saines.

Mais que se passe-t-il ailleurs ? En Inde, par exemple ?

II faut arrêter de toujours citer l’Inde comme un pays à part. Dans quelques années, avec la Chine, ce seront les deux plus grands producteurs mondiaux de médicaments. Ce ne sont pas, loin s’en faut, des amateurs. Pour autant, c’est exact, les essais dans ces pays coûtent beaucoup moins chers aux grandes firmes pharmaceutiques, qui ont tendance à les délocaliser. Cela concerne aussi bien les essais de phase 1 que ceux de phase 2 ou 3, qui coûtent beaucoup plus cher et nécessitent davantage de patients. Aujourd’hui, la réglementation est normalement unifiée au niveau mondial, des garanties existent. Sont-elles toujours appliquées ? C’est moins sûr.

(1) Avant toute autorisation de mise sur le marché, un nouveau médicament doit passer trois types d’essais. D’abord, un essai dit de phase 1 sur la toxicité, puis de phase 2 et 3 concernant l’efficacité devant une pathologie et le bon dosage.

Eric Favereau