« Si vous comptiez voir un juppéiste au QG, c’est trop tard ! » lance Julien Miro, ancien conseiller jeunesse d’Alain Juppé pendant la primaire. Le président de 5 Ans pour des idées, think tank parrainé par Frédéric Salat-Baroux, vient, comme beaucoup d’autres, de quitter le navire Fillon. Sur Twitter, jeudi matin, il n’a pas mâché ses mots : « Cette campagne nauséabonde, aux relents d’années 30, ce sera sans moi. Alain Juppé est définitivement l’homme de la situation. » Le jeune lobbyiste n’a pas supporté le discours anti-juges et anti-médias de François Fillon. « Il y a un plan B, plaide-t-il. Et il s’appelle Alain Juppé. »
Cette campagne nauséabonde, aux relents d’années 30, ce sera sans moi. @alainjuppe est définitivement l’homme de la situation (2/2)
— Julien Miro (@JulienMiro) 2 mars 2017
C’est aussi ce que croient l’ex-porte-parole de Fillon Benoist Apparu, le maire d’Angers Christophe Béchu et celui du Havre Édouard Philippe, qui viennent d’annoncer leur retrait de la campagne du candidat de la droite dans un communiqué.
Le communiqué des 3 juppeistes Apparu, Philippe et Bechu qui quittent la campagne pic.twitter.com/DMkWOqH6fT
— LaureEquy (@LaureEquy) 2 mars 2017
Le juppéiste Pierre-Yves Bournazel a également annoncé qu’il ne soutiendrait plus le candidat de la droite. Pour l’élu du 18e arrondissement, la manifestation organisée dimanche a été l’élément déclencheur. L’événement fait à ses yeux « le jeu du populisme et de Marine Le Pen ». « J’appelle à un sursaut collectif pour éviter une défaite cuisante de la droite et du centre au premier tour et pour éviter notre dispersion après le 7 mai », a-t-il expliqué au Point.fr. Bournazel, qui « ne se résout pas à la victoire de Marine Le Pen », va parrainer Alain Juppé, « l’homme de la situation », dès maintenant.
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Du côté des salariés, le directeur adjoint de la campagne, Vincent Leroux, est déjà parti, avec les autres juppéistes de l’équipe Fillon. Du côté des élus, Fabienne Keller, sénatrice-maire de Strasbourg et ex-porte-parole de Juppé, a également claqué la porte mercredi. Aujourd’hui, elle lance un appel au maire de Bordeaux et fait circuler une tribune chez les sénateurs pour obtenir le retrait de Fillon.
D’autres juppéistes ont bien failli partir avec elle mercredi, comme le sénateur de l’Yonne Jean-Baptiste Lemoyne et l’élu de Roscoff Maël de Calan (qui partageait son bureau avec Julien Miro pendant la campagne). Ces trentenaires réfléchissent à une solution pour sortir par le haut, mais de manière groupée.
La course aux parrainages
Depuis les premiers ennuis judiciaires de Fillon, la consigne était : « On ne dit rien, on laisse l’opportunité Juppé venir. » Désormais, ces jeunes élus ne tiennent plus. La manifestation organisée dimanche au Trocadéro a été pour beaucoup l’événement de trop. « On ne gagnera pas une voix avec ce genre de méthodes, c’est faire le jeu du populisme et de Marine Le Pen », dénonce Bournazel, qui n’hésitera pas à parrainer Alain Juppé.
« Si on commence à dire : Les juppéistes organisent la relève, on déclenche la guerre civile ! » craint un ancien soutien du maire de Bordeaux. Il n’empêche, en coulisse, les juppéistes s’activent et sont bien en train de parler organisation : récolter les 500 parrainages fait partie des priorités. « Si Fillon est amené à renoncer, il ne faudrait quand même pas qu’on se retrouve sans candidat à la présidentielle le 17 mars… » souligne un juppéiste. De son côté, l’ex-sarkozyste Georges Fenech s’y emploie.
Il faut aussi trouver l’argent pour faire campagne : « Ce qui n’est pas un petit détail », précise un autre juppéiste. Les équipes sont prêtes, le projet est prêt, assure-t-on. Juppé, lui aussi, est prêt. Jusqu’ici, Fillon est encore candidat…
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