Agacés, les magistrats et la police répondent à Marine Le Pen

« Les magistrats sont là pour appliquer la loi, pas pour l’inventer », lançait Marine Le Pen dimanche devant son public nantais. Empêtrée dans une affaire d’emplois fictifs présumés, la candidate du Front national a tenu des propos cinglants envers le corps judiciaire et les fonctionnaires, faisant bondir François Hollande lundi. Mais pour la présidente du Syndicat de la magistrature Clarisse Taron, interrogée par France Info, « ce sont des pratiques et un discours qui ne sont pas surprenants de la part du Front national ».

« Pressions » et « menaces à peine voilées »

La représentante des magistrats a notamment dénoncé des « menaces à peine voilées » formulées par la candidate frontiste. « Il s’agit d’exercer par ces menaces ni plus ni moins que des pressions sur l’institution judiciaire, qui va à l’encontre de ce qu’elle dénonce », a-t-elle poursuivi. « Je crois que si l’on veut une justice sereine, on doit se garder de ce genre de propos », assène-t-elle ensuite.

Clarisse Taron répond aux « menaces à peine voilées » de M. Le Pen « si on veut une justice sereine, on doit se garder de ce genre de propos » pic.twitter.com/uo2XiJOTsx

— franceinfo (@franceinfo) 27 février 2017

Invoquant des « manoeuvres de déstabilisation de la justice » dans un communiqué publié plus tard dans la journée, le Syndicat de la magistrature a insisté : « Rétifs à l’égalité devant la loi, certains membres de la classe politique prétendent se construire une immunité pénale et c’est par l’intimidation qu’ils veulent l’imposer. Convoquée mercredi pour être entendue par les enquêteurs dans l’affaire des assistants d’eurodéputés de son mouvement, Marine Le Pen a refusé de s’y rendre. Et dans un discours virulent prononcé dimanche à Nantes, la présidente du FN a appelé les magistrats à ‘ne pas contrecarrer la volonté du peuple’ ».

Amer, le syndicat poursuit : « Au mépris affiché pour la justice viennent de s’ajouter des menaces édifiantes : après avoir refusé de se rendre à sa convocation, Marine Le Pen promet, si elle accédait au pouvoir, de demander des comptes aux policiers et aux juges en guise de représailles. » Le groupement déplore enfin : « Que l’autorité judiciaire ose faire son travail, enquêter sur les infractions à la loi pénale qui lui ont été dénoncées, constitue pour eux un crime de lèse-candidat ».

La police nationale s’insurge

Sur ce point, le Syndicat de la police nationale Alliance a lui aussi vivement réagi dans un communiqué ce lundi et « dénonce la gravité de ces propos menaçants ». Le syndicat « rappelle que les policiers quels que soient leurs services et leurs missions travaillent en toute impartialité et selon les lois et règlements en vigueur fixés par le législateur », peut-on lire. Au micro de France Info, la présidente du Syndicat de la magistrature a conclu : « Si on veut une classe politique irréprochable, on doit en premier lieu se conformer à cet idéal. »