Deux mois après la primaire, François Fillon aurait-il – comme la majorité socialiste durant le quinquennat – déjà droit à ses frondeurs ? Ce samedi 14 janvier à la Mutualité à Paris, où se tenait le conseil national des Républicains, les fillonistes ne digéraient toujours pas les sorties des sarkozystes du milieu de semaine. À tel point que la réunion de famille a viré au recadrage des turbulents, le vice-président du parti et fidèle sarkozyste Laurent Wauquiez en tête.
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Mercedi dernier fut, à en croire ce filloniste notoire, « une journée noire pour l’unité de la droite et la campagne présidentielle de François Fillon ». C’est Laurent Wauquiez qui a ouvert le bal. « Un projet présidentiel en 2017, ça ne peut pas être que du sang et des larmes », lâchait-il sèchement au micro de RTL. Le soir même, lors d’un meeting à Nice, Christian Estrosi a embrayé : « On ne gagnera pas sans s’adresser aux millions de Français délaissés. […] Le mot social n’est pas une grossièreté. » À trois jours de la grand-messe d’investiture du Sarthois devant les siens à la Mutualité, l’unité bringuebalait.
« Je ne vois pas de courage dans la dissidence »
Dans le camp Fillon, il a fallu préparer la riposte, sans écorner le rassemblement. Elle aura lieu ce samedi, lors du conseil national. « Wauquiez et consorts vont passer une sale matinée. Nous travaillons à une France unifiée et eux nous attaquent au même moment. Dès lundi, ceux qui ne seront pas avec nous seront contre nous », promet un cacique filloniste dans les couloirs de la Mutualité. Au pupitre, chaque orateur a appelé à l’ordre et à la discipline. À commencer par Bernard Accoyer, le secrétaire général des Républicains : « Quand on a une suggestion à faire à notre candidat, c’est à lui que nous la faisons. Pas devant un micro. » À ce tacle visant Laurent Wauquiez, Jean-Pierre Raffarin en a remis une couche : « Je ne vois pas de courage dans la dissidence. Elle cache la solitude derrière l’ambition. »
C’est logiquement à François Fillon qu’est revenue la primauté de la charge la plus violente. « Celle qui devra mettre tout le monde d’accord », renchérit un de ses proches. Dès le début de son discours de clôture, le candidat, ovationné du début à la fin, a mis dans le même panier ceux qui le critiquent dans son propre camp et les attaques de la gauche. « Certains à droite utilisent les mêmes mots que la gauche […]. J’attends de mon parti de la responsabilité et de la discipline », a admonesté le prétendant à l’Élysée.
Sur la photo de famille en fin de discours, les sourires de certains étaient crispés. Après le conseil national s’ensuivait un déjeuner entre cadres LR, secrétaires départementaux et patron de fédérations autour de François Fillon. L’Ultima Cena des Républicains ?