Marine Le Pen prend ses distances avec le FN

Pour réussir sa rentrée politique, Marine Le Pen entend se démarquer. La candidate à l’élection présidentielle 2017 attendra la fin de la semaine pour faire son retour sur le devant de la scène, alors que la plupart de ses potentiels adversaires à droite occupent déjà l’espace médiatique depuis quelques jours. La présidente du Front national tiendra en effet son meeting de rentrée samedi 3 septembre dans le petit village de Brachay, en Haute-Marne, comme chaque année depuis 2012.

Mais la candidate compte surtout s’éloigner de la « marque FN ». Exit le logo du FN sur les tracts et affiches de campagne, selon Europe 1. Outre la fameuse petite flamme bleu blanc rouge, Marine Le Pen aurait même décidé d’effacer le nom du parti de sa communication. Signe qu’elle veut faire table rase du passé et conquérir toujours plus l’opinion en vue de 2017, la présidente du FN s’est aussi symboliquement débarrassé du nom de son père. Son site de campagne est sobrement baptisé marine2017.fr, alors qu’il s’appelait marinelepen2012.fr il y a cinq ans. Sur l’affiche de campagne barrée du slogan « La France apaisée » dévoilée en janvier dernier, son patronyme avait déjà disparu.

Diète médiatique

Pour se rapprocher encore un peu plus de son électorat, Marine Le Pen devrait aussi opter pour un dispositif minimaliste lors de ses déplacements. À Brachay samedi, elle montera sur une simple estrade sur la place du village.

Après s’être fait discrète tout l’été en dépit des polémiques identitaires, Marine Le Pen semble vouloir garder ses distances avec les médias. Ses apparitions à la télévision et la radio resteront assez rares, croit savoir Europe 1. Elle leur préfère les réseaux sociaux : une caméra embarquée va s’inviter, pour la première fois, dans les coulisses de son meeting samedi pour des séquences vidéo qui seront diffusées en direct sur les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et Periscope. Une stratégie de diète médiatique que l’état-major du FN veut croire payante.

Macron annonce un « diagnostic » sur l’état de la France fin septembre

Deux ans après son arrivée à Bercy, Emmanuel Macron défend son bilan. Libéralisation du transport en car, baisse des tarifs des professions réglementées, réforme des prud’hommes… Le ministre de l’Économie assure, dans un entretien publié aux Échos, avoir redonné de la « crédibilité à la parole publique ». Emmanuel Macron concède n’avoir pu mener à bien la loi sur les nouvelles opportunités économiques, mais pour des raisons indépendantes de sa volonté : « Ce travail a été mené en profondeur, dit-il, mais ses implications n’ont pas été tirées pour des raisons politiques à l’automne dernier. »

Plusieurs des mesures qu’il préconisait pour créer des emplois dans le secteur de l’immatériel ont ainsi été dispatchées dans la loi El Khomri. Le ministre dit avoir confiance dans la volonté des Français de faire avancer notre pays mais reconnaît un manque de pédagogie : « Je n’ai pas fait tout ce que nous aurions voulu dans la loi croissance, car je n’ai pas assez expliqué ce qui allait mal, ni pourquoi sur certains sujets ».

Le temps de l’incarnation de l’offre viendra en temps voulu 

Sur son avenir, « l’alternance politique est une fatalité politique écrite d’avance », affirme-t-il, dans sa volonté exprimée depuis plusieurs mois de puiser des idées à droite et à gauche. Le ministre suggère de continuer à baisser progressivement l’impôt tout en menant des réformes. Il ne faut pas, contrairement à ce que préconise Nicolas Sarkozy, « baisser les impôts des plus favorisés et laisser filer les déficits », dit-il.

Quant à une éventuelle candidature à l’élection présidentielle, le ministre dit avoir toujours « pris ses responsabilités » : « Je les prendrai aussi quand j’établirai le diagnostic du pays fin septembre ». Il ajoute : « Je respecte simplement le bon fonctionnement de nos institutions, la solidarité gouvernementale et l’autorité du président de la République. » « Ma voix est colorée de pragmatisme et de réalisme », lance-t-il enfin : « Le temps de l’incarnation de l’offre viendra en temps voulu. »

Quand le site internet de Montebourg n’est pas « made in France »

Arnaud Montebourg s’est lancé. On ne sait pas encore si l’ex-ministre du Redressement productif passera par la case primaire de la Belle Alliance. Mais, le ton est donné (anti-Hollande), les idées dévoilées (souverainistes), les premiers déplacements programmés. Fervent défenseur du « made in France », où on l’a vu poser en marinière ou se vanter dans un documentaire de porter des costumes français, le néo-candidat a peut-être commis sa première erreur.

Société américaine, serveurs à Amsterdam

En effet, pour porter sa candidature, Arnaud Montebourg a lancé son site internet, arnaudmontebourg-2017.fr. Nos confrères de ZDNet.fr sont allés fouiller dans les crédits de la plateforme. Selon eux, elle est hébergée dans le cloud Microsoft Azure. « Arnaud Montebourg, qui déclarait d’un air martial en mai 2014 Je n’entends pas admettre que l’Europe et la France deviennent les colonies numériques des États-Unis, a justement choisi un prestataire de service étatsunien pour héberger son dispositif de campagne numérique ! » note, ironique, le journaliste. En poussant plus loin l’enquête, ZDNet.fr s’aperçoit même les données du site ne sont pas stockées sur des serveurs situés en France. Ils sont installés aux Pays-Bas, à Amsterdam. Un couac qui peut faire sourire, mais dont les adversaires de Montebourg se serviront pour pointer du doigt une incohérence.

En attendant, l’ancien ministre, qui a tiré à boulets rouges sur François Hollande, a été attaqué depuis son annonce. Stéphane Le Foll a fustigé une « ambition personnelle », lui conseillant de ne pas « retomber dans l’abaissement improductif ». Jean-Marie Le Guen a dénoncé « l’outrance et la caricature » des critiques d’Arnaud Montebourg. La campagne est lancée !

Loi travail: Jean-Claude Mailly (FO) ne lâchera rien

Le combat se poursuit et FO n’entend rien lâcher. Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly promet de « continuer la bagarre » contre la loi travail sur le terrain juridique et prévient: « nous ne lâcherons pas », dans une interview aux journaux du groupe Ebra à paraître lundi. « Nous ne lâcherons pas ! Nous continuerons la bagarre sur le terrain juridique, par des QPC (questions prioritaires de constitutionnalité) ou des recours juridiques européens », déclare le leader de Force ouvrière.

« Nous conservons notre liberté »

« Ce dossier est un ratage complet. Nous nous sommes trouvés face à un gouvernement hyper-rigide, qui ne connaît pas le mot compromis », fustige-t-il. Jean-Claude Mailly annonce qu’il participera le 7 septembre à un meeting commun à Nantes avec le leader de la CGT Philippe Martinez. Il « n’exclut » pas, par ailleurs, de participer à un débat de la Fête de l’Humanité avec les autres organisations syndicales.

« J’ai un principe: quand on a une position, on peut l’exprimer partout », selon lui. Pour autant, rappelle Jean-Claude Mailly, « nous conservons notre liberté. Historiquement, FO et la CGT, c’est un peu comme deux soeurs ennemies, et s’il peut y avoir ponctuellement unité d’action, il n’y a pas de recomposition syndicale en vue ». Un nouvel appel à la mobilisation, le 15 septembre, a été lancé par les syndicats CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, UNL et Fidl pour réclamer le retrait de la loi travail promulguée le 8 août à l’issue de cinq mois de conflit social.

NKM s’offre encore « un buzz à la con »

Alors que les primaires, de gauche ou de droite, se profilent, chaque candidat, déclaré ou pas, fourbit ses armes. Tente de convaincre. Et livre quelques éléments de sa privée, car la présidentielle est aussi (d’abord ?) la rencontre d’un homme (ou d’une femme) et d’un peuple. Nathalie Kosciusko-Morizet s’est prêtée au petit jeu de la confession sur RTL. L’exercice est balisé, les questions impertinentes attendues.

La première est inoffensive : NKM avoue bien volontiers qu’elle est « nulle en imitations ». « Je trouve que les gens qui m’imitent sont en général assez mauvais. Ça doit être sur le chromosome Y l’imitation politique. Il n’y a pas beaucoup de femmes qui font de l’imitation politique non plus. Les hommes sont meilleurs pour les blagues que les femmes. À part Roselyne Bachelot. » Une petite confidence sans conséquence, puis soudain, le journaliste la déporte sur un terrain plus glissant.

Pourquoi choisir ?

À la question plutôt « Ricard ou pétard », voilà que l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy se lâche : « La question, c’est qu’est-ce que ça fait le mélange du Ricard et du pétard ? On a envie de répondre pourquoi l’un ou l’autre ? Il y en a d’autres qui pourraient poser la question, pourquoi choisir ? »

Deuxième question : « Plutôt film d’horreur ou film pornographique ? » « Non, mais attendez,  c’est comme le Ricard ou le pétard, pourquoi choisir ? Ça s’entend de deux manières, on est bien d’accord. Laissez-moi une chance quand même sur la compréhension qu’on peut en avoir », répond-elle. Une liberté de ton, un brin calculé, qui a fait du bruit, les internautes s’en donnant à cœur joie.

Décidément, Les Républicains aiment à encanailler leur image : Laurent Wauquiez avait avoué chez Thierry Ardisson visiter le site YouPorn « comme tout le monde ». Et selon Le Point, Bruno Le Maire avait confié qu’il maîtrisait Tinder. Une confession à double tranchant. Dans une nouvelle interview à notre magazine, le candidat à la primaire avait dû reconnaître que par contre, il ignorait ce qu’était un youtubeur, et plus grave, qu’il ne connaissait pas non plus Take Eat Easy ou Deliveroo, ces entreprises de livraisons de repas, qui malmènent le droit du travail.

LIRE aussi Bruno Le Maire : « Cela ne vous arrive jamais de dire des conneries ? »

« Ça va faire le buzz »

« NKM », comme on la surnomme reprenant les codes américains, n’en est pas à son premier « buzz » et est régulièrement épinglée pour ses « dérapages » très contrôlés. Des photos très langoureuses (dernière en date celle utilisée par Paris Match a été ensuite détournée par les internautes) ; ou très décalées, comme lors de sa campagne municipale à Paris 2014 : d’abord prise en train de griller une cigarette avec un SDF, elle postait ensuite une photo d’elle sur la ligne 13 du métro, partageant une expérience « formidable ». À chacune des sorties, la candidate devient la risée des réseaux sociaux.

Au Point, à la question « NKM ne nuit-elle pas à Nathalie Kosciusko-Morizet ? La bagarreuse, impertinente, à la femme d’idées ? », la candidate de la primaire à droite accusait pourtant… les médias ! « C’est un problème insoluble, particulièrement pour une femme, répondait-elle. Les médias créent un filtre qu’on ne maîtrise pas. Parfois, il est si épais, ou si coloré, que cela tient de la manipulation. »

Lire notre interview de Nathalie Kosciusko-Morizet : « La France est le sel de la terre »

Sur RTL, NKM assume davantage : « Quand j’étais enfant, il y avait Georges Marchais et il était toujours très percutant. Il y avait quelque chose dans ce personnage. Je ne sais pas si je devrais dire ça en fait. C’est encore un truc, qui va m’être reproché. En même temps que je suis en train de dire ça, je me dis que ça va faire un buzz à la con ! Bon, ben écoutez,  un de plus ! » Objectif atteint.

Au Puy du Fou, Macron avoue qu’il « n’est pas socialiste »

C’est une petite phrase qui va faire du bruit. Venu saluer Philippe de Villiers, « un entrepreneur culturel », le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron a répondu aux journalistes qui s’étonnaient de le voir aux côtés du fondateur du mouvement pour la France (MPF). « Pourquoi c’est étonnant ? (…) L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste (…). Mais quelle importance ? Quand vous êtes ministre, vous êtes ministre de la République et, donc, vous servez l’intérêt général », a-t-il répondu.

« Notre pays est paralysé parfois par une espèce de sectarisme, par des oppositions stériles qu’on voudrait créer. Il y a des divergences, elles sont réelles », a poursuivi le ministre. « C’est normal, c’est la vie politique. Philippe de Villiers a ses convictions que je respecte, j’ai les miennes, sur l’Europe, sans doute sur la société française. Nous appartenons à un même pays ». « Je considère que c’est tout à fait mon rôle » de « rendre hommage au travail qui a été fait », a-t-il ajouté. « Ma présence ici, en tant que ministre de l’Économie, de l’Industrie, et toute la soirée que nous passons ensemble, a pour but de saluer le travail du Puy du Fou, cette formidable réussite et cette aventure commencée en 1978 ».

Un fleuron français

« Je viens saluer ici l’entrepreneur culturel » en la personne de Philippe de Villiers. « Le Puy du Fou, c’est un fleuron français, c’est une formidable réussite culturelle, une réussite économique avec 1 500 emplois directs, plus de 3 000 emplois indirects et des milliers de bénévoles », a déclaré le ministre de l’Économie, accompagné de son épouse Brigitte. « C’est le 2e parc d’attractions de France, juste derrière Eurodisney », a rappelé Emmanuel Macron. « Il y a eu l’engagement, la volonté d’un responsable politique qui est aussi véritablement un engagé de cette économie culturelle », a-t-il souligné à propos de Philippe de Villers.

« On est aujourd’hui en train de traverser des temps difficiles, il y a eu beaucoup d’interrogations sur notre capacité à attirer les touristes. L’année en cours s’annonce être une année excellente à nouveau » pour le parc du Puy du Fou, a-t-il insisté. Le Puy du Fou, sur la commune Les Epesses, a accueilli plus de 2 millions de visiteurs en 2015.

Les éloges de Philippe de Villiers

Emmanuel Macron a assisté avec son épouse à un spectacle, « Le Signe du triomphe », mêlant combat de gladiateurs, fauves (lion, tigres …). Il a terminé le pouce levé pour épargner la vie d’un prisonnier gaulois. Il a ensuite salué les spectateurs et rencontré des saisonniers du parc d’attractions, avant de prendre les rênes d’un char, conduit par quatre chevaux. « C’est la première fois que je vois un ministre conduire un char avec autant d’audace et surtout cette capacité à apprendre », a réagi Philippe de Villiers à la prestation de Macron. Le ministre « a écouté le conducteur. Il a fait un premier tour qui était de bonne qualité et un deuxième tour fulgurant. (…) Je pense qu’il y a pour M. Macron, devant lui, un avenir pour conduire toute sorte de char », a poursuivi le fondateur du MPF. Emmanuel Macron, « c’est quelqu’un qui est ouvert au monde de l’entreprise (…) et doté d’une qualité de plus en plus rare, c’est la curiosité », a estimé Philippe de Villiers. « Ce qui nous réunit, c’est qu’on est tous Français. C’est une belle rencontre aujourd’hui, un ministre de la France qui vient à la rencontre du parc de l’histoire de France », a fait valoir l’homme politique vendéen, en précisant avoir invité Macron alors qu’ils s’étaient retrouvés « voisins de table dans un restaurant à Paris ».

Burkini : les ventes explosent depuis la polémique

Alors qu’août attaque sa dernière quinzaine, que les plages sont encore bondées, le débat français s’est focalisé depuis quelques jours sur le burkini. Cette sorte de « burqa des mers » crée la polémique dès le début du mois lorsque l’on apprend qu’un parc aquatique du côté de Marseille a été privatisé pour permettre à des femmes qui le portent de se baigner en toute tranquillité. Certaines municipalités ont décidé d’interdire ce vêtement sur leurs plages, suscitant un débat vif au sein de la classe politique. Mais loin d’affaiblir le burkini, ces polémiques lui profitent. Interrogée par Europe 1, la créatrice annonce que les ventes explosent !

« C’est juste un maillot de bain »

« On a eu une augmentation des ventes en France depuis plusieurs semaines, entre 35 à 40 %, se réjouit Aheda Zanetti, une Australienne d’origine libanaise. Ces femmes vont continuer à acheter le burkini et peu importe qu’elles aillent nager en France, en Espagne, en Suisse ou ailleurs… Personne ne pourra les arrêter de faire ce qu’elles veulent. » Zanetti défend bec et ongles sa création, qui fête son douzième anniversaire. « Ces femmes, quelle que soit d’ailleurs leur religion, peuvent continuer à être actives et aller sur la plage. Je ne comprends pas, c’est juste un maillot de bain ! Cela ne fait de mal personne ! Le burkini ne discrimine personne », affirme-t-elle. Elle ne comprend d’ailleurs pas qu’on puisse arrêter ou verbaliser des femmes pour ce motif. Pour elle, cette politique aurait un effet contraire : « Ces femmes vont aller passer leurs vacances ailleurs qu’en France, en Espagne… ou alors en Australie, nous, nous accueillons tout le monde ici ! »

Aheda Zanetti raconte à nos confrères d’Europe 1 que si ce produit a été à l’origine créé pour les femmes musulmanes, 30 % de sa clientèle ne serait pas issue de cette communauté. « Cela peut-être des femmes juives, des mormones, des chrétiennes, des hindoues… ou même des femmes qui veulent protéger leur corps du soleil », commente-t-elle, vantant un vêtement qui permet aux femmes de ne pas être privées d’activité physique.

Primaire de gauche : Benoît Hamon est candidat

Il a dit « oui ». Benoît Hamon s’est déclaré candidat à la primaire de gauche prévue pour début 2017. L’ancien ministre et un des leaders des députés PS frondeurs était l’invité du JT de France 2.

Montebourg pris de vitesse

« Oui, je suis candidat à l’élection présidentielle et je participerai à la primaire organisée par le Parti socialiste », a-t-il affirmé au 20 Heures, souhaitant proposer une « alternative » alors que « les quinquennats se succèdent, les hommes providentiels aussi, mais (que) les problèmes essentiels des Français restent sans solution ».

Benoît Hamon a ainsi pris de vitesse l’ex-ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, autre grande figure des frondeurs, qui pourrait annoncer sa propre candidature à l’occasion de sa rentrée politique dimanche à Frangy-en-Bresse. Interrogé sur un possible rapprochement avec Montebourg, Benoît Hamon a répondu: « dans un processus démocratique, il faut exprimer ses idées, et si demain il doit y avoir des rassemblements, pourquoi pas », mais cette primaire est « décisive, parce que c’est le seul moyen de rassembler la gauche et les électeurs de gauche ».

« Il y aura une primaire, on exposera nos idées, les conditions du rassemblement pourront se poser le cas échéant au second tour », a-t-il dit, ajoutant: « Arnaud Montebourg n’est pas encore candidat, s’il veut me soutenir il a encore quelques jours pour le faire ». « Ma conviction, c’est que le président de la République (François Hollande) aujourd’hui, au regard de la déception qu’il a créée dans son propre camp, n’est plus dans cette situation, c’est trop tard, de créer cette relation de confiance avec les Français », a-t-il indiqué.

La Ve République est une machine à trahir

L’ancien ministre a aussi appelé à « changer de modèle de développement » et de modèle démocratique. « Notre modèle de développement, il est à bout de souffle. Est-ce que vous vous rendez compte de ce qu’on est prêts à sacrifier pour courir après un demi-point de croissance ? Le Code du travail, des milliards d’argent public, une remise en cause de notre environnement (…) », a regretté M. Hamon.

Citant notamment « le chômage de masse qui s’aggrave, la pauvreté qui augmente, l’égalité qui va mal », la « ghettoïsation, l’isolement des territoires ruraux », le député des Yvelines a assuré: « les vraies questions sont méthodiquement évitées par les différents gouvernements qui se sont succédé ». « C’est aussi notre modèle démocratique qui est en crise », a-t-il déploré, parce que « les Français vivent dans une démocratie intermittente », et « ont le droit de vote tous les cinq ans mais sont sans voix entre deux scrutins ». « La Ve République, ce modèle démocratique, c’est une machine à trahir », a-t-il insisté, rappelant que le gouvernement avait imposé au Parlement, et aux Français, une loi travail très décriée, et appelant à « une sixième République ».

Burkini : Chevènement prône « la liberté sauf nécessité d’ordre public »

Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l’islam de France, s’est dit mardi favorable à une « liberté » de tenues à la plage, mais estimé que les maires sont « fondés » à interdire le burkini en cas de « nécessité d’ordre public ». « Les gens sont libres de prendre leur bain costumés ou non. (…) Ma position, c’est la liberté sauf nécessité d’ordre public. Quand il y a la possibilité de heurts, comme il a pu s’en produire à Sisco en Corse, le maire de Sisco, comme le maire de Cannes, sont fondés à prendre des arrêtés. Ça fait partie des pouvoirs des maires qui sont chargés d’assurer la tranquillité publique », a déclaré l’ancien ministre de l’Intérieur sur Europe 1. « Il ne faut pas flatter les communautarismes (…). Il faut plus d’amitié civique », a-t-il ajouté.

Le maire PS de Sisco (Haute-Corse) Ange Pierre Vivoni a interdit le port de burkini après qu’une rixe a éclaté samedi sur la plage alors que, selon des témoins, des touristes prenaient en photo plusieurs femmes qui se baignaient en burkini. Le 28 juillet, le maire Les Républicains (LR) de Cannes, David Lisnard, avait également pris un arrêté similaire, suivi le 5 août par le maire (LR) de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), Lionnel Luca.

Une « polémique subalterne et stupide »

Jean-Pierre Chevènement a également déploré la « polémique subalterne et stupide » suscitée par son conseil de « discrétion » aux musulmans. « On a demandé aux catholiques, aux juifs, aux protestants de faire preuve aussi d’une certaine discrétion parce que dans l’espace public, c’est l’argumentation raisonnée qui l’emporte », a-t-il affirmé. « Toutes les vagues antérieures de l’immigration en France, d’Europe centrale – Polonais, Ukrainiens, Russes, Arméniens, Juifs – ou venant d’Asie du Sud-Est ont fait quelques efforts pour adopter nos us et coutumes. Ce même effort est requis de tous. Il faut que chacun cherche à s’intégrer à la société française. L’intégration n’est pas un gros mot, ça veut dire avoir accès aux codes sociaux qui permettent l’exercice des libertés », a-t-il poursuivi.

« L’identité française est mouvante, elle s’enrichit de leurs apports (des immigrés), mais eux-mêmes, et chacun, doit faire un effort pour que, dans le cadre de la république laïque, ce soit la paix civile qui l’emporte ». Aux critiques concernant sa possible nomination à la tête de la Fondation de l’islam de France, l’ancien ministre de l’Intérieur a répondu : « Je ne suis pas candidat, je suis disponible. Je ne me déroberai pas à cette demande. »

Limiter drastiquement les cabinets ministériels, quelle bonne idée !

Idée. À chaque nouveau gouvernement, le pouvoir, main sur le cœur et sur le portefeuille public, promet de limiter les effectifs des cabinets ministériels. Des chiffres fusent : dix conseillers maximum pour les ministères de faible envergure, vingt conseillers pour les ministères importants. Or trois conseillers par ministre suffiraient. Cette règle, absolument impérative, encadrée par un texte, redessinerait les cabinets et l’action publique. Voici ce que pourrait être un cabinet : un directeur chargé des dossiers, un chef de cabinet pour les affaires courantes, un conseiller politique ou stratégique (le ministre choisira le nom de son collaborateur). Il faut, par ailleurs, se défaire des chauffeurs, cuisiniers et autres intendants qui seront plus utilement employés à d’autres tâches dans les administrations. Il n’y a pas, avec cette idée, saignée, mais souci d’exemplarité. Les cabinets ne sont pas des lieux de gabegie, mais d’effervescence improductive. Un premier sujet relève du mode de vie et du train de vie. Qu’un ministre ait un chauffeur, cela peut se comprendre. Mais, pour ses collaborateurs, cela n’a plus de sens. Qu’ils prennent les transports en commun ou le vélo. Ce serait exemplaire. Mais le principal sujet est celui de l’efficacité de l’action gouvernementale. Or les cabinets ont souvent une fonction d’écran entre le ministre et l’administration qu’il dirige. En gros, on trouve un conseiller pour chaque directeur d’administration centrale, ce qui alimente les doublons.

Mode d’emploi. De façon pragmatique, il faudrait que les directeurs d’administration centrale soient le cabinet, en lien direct avec le ministre. Bien entendu, la proposition est problématique, car le ministre peut ne pas avoir confiance en ses directeurs. Il faudrait donc qu’il ait la possibilité de les changer rapidement. Une telle orientation ne s’inscrit pas dans la tradition française. Ça pourrait donc être une réforme d’ampleur. De fait, la réforme des cabinets ministériels n’est pas une mini-réforme, c’est un changement profond. Si l’on veut transformer l’action publique, il est bon de réformer l’ensemble, en commençant par la tête.