À La Baule, Alain Juppé trace sa route

Un petit tour et puis s’en va ! Arrivé à 13 heures à La Baule, le candidat à la primaire Alain Juppé en est reparti deux heures plus tard. Le temps de faire quelques selfies avec de jeunes supporteurs, de serrer quelques mains, y compris celles de ses adversaires François Fillon et Bruno Le Maire, de prononcer son discours et le voilà qui filait direction Bordeaux.

Le campus des Républicains ne semblait pas une priorité pour l’ancien Premier ministre, toujours favori des sondages malgré une remontée de Nicolas Sarkozy. Ses principaux lieutenants n’étaient d’ailleurs pas présents. Ni Édouard Philippe, ni Benoist Apparu (pourtant tous deux porte-parole), ni Jean-Pierre Raffarin (qui avait tapé fort le week-end dernier à Chatou), ni même Virginie Calmels n’avaient fait le déplacement. Pour son directeur de campagne, Gilles Boyer, ce n’est pas un problème. Celui qui se décrit comme « le bras gauche » d’Alain Juppé préfère « quadriller le terrain », « répartir les forces » plutôt que de rester groupé en toutes occasions. Il faut dire que Alain Juppé mise sur une primaire la plus ouverte possible, qui ne se limite pas aux seuls adhérents LR. Le maire de Bordeaux sait que son positionnement peut plaire aux centristes et aux « déçus du hollandisme » qu’il a clairement cherché à courtiser dans son discours samedi après-midi.

« Un peu fade, un peu tiède »

En chemise blanche, manches retroussées, sous un soleil de plomb, et visiblement en forme, il a rappelé que « tout le monde (pouvait) voter ». À la suite des attaques lancées par François Fillon et Nicolas Sarkozy le week-end dernier, Alain Juppé a voulu se présenter en maître zen. Il souhaite « un vrai débat, pas un mauvais pugilat », et a même plaidé pour un « code de bonne conduite ». « Le Bonze de Bordeaux » (comme on le surnomme) compte bien continuer à faire preuve de « sang froid et de sérénité », sûr que cette attitude plaira aux Français.

Pourtant, ici, de nombreux militants misent davantage sur l’énergie et l’outrance d’un Nicolas Sarkozy. Cette retraitée sarthoise, qui arbore une croix de Lorraine sur son chemisier, trouve Alain Juppé « un peu fade, un peu tiède ». Son voisin d’Avrillé, lui, est convaincu que les Français ont besoin d’un « bulldozer » comme l’ancien président.

Qu’importe, Alain Juppé trace sa route, plus décontracté que jamais, et déroule son programme. « On ne va pas changer de stratégie maintenant, ça n’aurait pas de sens, assure Christophe Béchu, le maire d’Angers et soutien de Alain Juppé. La primaire ne doit pas être une foire aux promesses, nous resterons sur une ligne raisonnable. » Entre raison et passion, certains militants hésitent encore…