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«Rien ne bouge sur les contre-discours à la radicalisation»

N’est-ce qu’un «fail» anecdotique ou bien la révélation (confirmation ?) d’une stratégie de communication à côté de la plaque ? Le tweet douteux du compte gouvernemental «StopDjihadisme», publié dimanche soir, a immédiatement déclenché les ricanements des internautes. En cause, ce message de moins de 140 caractères, censé dissuader d’apprentis jihadistes de rejoindre l’Etat islamique : «Arrivée à Raqqa [fief militaire de Daech en Syrie, ndlr], aussitôt veuve, enceinte, elle cherche depuis à se faire sauter.»

Après les moqueries graveleuses, viennent les interrogations sur l’efficacité de ce «contre-discours» officiel à la propagande terroriste. L’arsenal gouvernemental pour dire «stop au jihadisme» (site Internet, comptes Twitter et Facebook) est en place depuis un an. Pour quelle efficacité ?

Un ex-détenu français de Guantanamo, Mourad Benchellali, le 13 mai 2015 à GennevilliersMourad Benchellali, un Français qui a passé deux ans à Guantánamo après un séjour en Afghanistan, tente aujourd’hui, en racontant son parcours, de dissuader des jeunes de rejoindre Daech. Pour lui, les initiatives du gouvernement sont bien trop institutionnelles pour être efficaces. (Photo Francois Guillot. AFP)

Au-delà du tweet de dimanche soir, que pensez-vous de l’initiative «Stop Djihadisme» et de ses effets ?

J’ai eu l’occasion de donner la parole à des jeunes de Vénissieux à ce sujet. Tout d’abord, ils ne connaissaient pas le site Internet, alors qu’ils sont bien, a priori, le public visé. Ensuite, je leur ai demandé s’ils avaient désormais envie de le visiter. Encore une fois, ils ont dit non. Ils étaient convaincus qu’ils y trouveraient davantage de la propagande que de l’information, selon leurs mots. Je leur ai aussi montré l’infographie censée aider à repérer les signes de radicalisation. Ils s’en sont moqués, ils la trouvaient caricaturale. Pour eux, les indicateurs sur l’apparence, l’habillement ou les fréquentations pour déduire si une personne est jihadiste ou non étaient des raccourcis. Cela risquait, à leurs yeux, de faire d’une personne pratiquante un terroriste potentiel.

Plusieurs vidéos ont été produites par ce portail. La plus regardée l’a été près d’un million de fois, mais les autres n’ont eu une audience que très modeste…

Les jeunes que j’ai interrogés n’ont pas pris ces vidéos au sérieux. Comment deux ou trois minutes peuvent-elles faire contrepoids aux centaines de vidéos que l’Etat islamique diffuse tous les mois ? C’est un peu faiblard. Quant au compte Twitter, je le suis depuis sa création. On a davantage affaire à de la communication gouvernementale, qui relaie divers communiqués, qu’à un contre-discours.

Avez-vous été sollicité par les autorités pour intervenir à leurs côtés ?

J’ai rencontré il y a quelques mois Christian Gravel, le patron du Service d’information du gouvernement. A l’époque, ils réfléchissaient à la création de vidéos, mais j’ai refusé d’y collaborer parce que le support en lui-même, le fait que ce soit un site gouvernemental, me posait problème. Je ne suis pas sûr que se mettre face à une caméra pour dire «le jihad, c’est pas bien» soit très efficace. Autre problème : sur ce site, il n’y a pas de jeunes, alors que c’est eux qu’on veut toucher.

Que préconisez-vous ?

La prévention de la radicalisation se fait sur le terrain. Pour que ça marche, il faut que les intervenants soient écoutés. Je comprends la méfiance, voire la réticence que peuvent avoir les autorités par rapport aux «repentis», car il subsiste toujours la crainte qu’ils se retournent la France. Mais en même temps, un discours de vérité passe par un vécu. Il faut savoir de quoi on parle. Or, qui mieux qu’un repenti du jihad peut dire ce qu’est la réalité de vivre sur une terre de jihad, ce que ça implique ?

Etes-vous en mesure aujourd’hui de partager votre expérience ?

J’ai encore beaucoup de difficultés à intervenir dans les écoles ou les prisons. Les rectorats freinent, l’administration pénitentiaire dit que c’est compliqué avec mon casier judiciaire. C’est bizarre, parce que c’est précisément ce qui donnera de la légitimité à mon discours. Les rapports [notamment celui d’une commission d’enquête sénatoriale ou du député Pietrasanta, ndlr] disent tous la nécessité de s’appuyer davantage sur la société civile. Mais dans la pratique, rien ne bouge. Il va falloir se décider. Je suis plus que jamais convaincu de la nécessité d’effectuer ce travail, pour faire contrepoids à la propagande de Daech. En 2001, si on était venu me voir, peut-être que je ne serais pas parti en Afghanistan.

Sylvain Mouillard

Cahuzac, année du singe, victoires de la musique… l’actualité de la semaine à venir

Lundi

Un ex-ministre au tribunal. C’était un pilier du gouvernement, une étoile montante de la gauche. L’ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac est jugé pour avoir dissimulé un compte à l’étranger, mensonge qui a provoqué sa chute en 2013 et fait trembler le quinquennat de François Hollande.

Jérôme Cahuzac

(Photo AFP)

Nouvel an chinois. L’année du singe de feu débute ce mardi, elle laissera place le 27 janvier prochain à celle du coq de feu. Au fait, comment on dit «bonne année» en chinois ? Comme ça 新年快乐 (Xinnian Kuaile) ou comme ça 新年好 (Xinnian Hao). Le site Chine informations vous propose d’entendre comment ça se prononce et liste le programme des festivités prévues en France à cette occasion. Notre journaliste Emmanuèle Peyret, qui s’est penchée sur l’horoscope chinois, nous prévient qu«il sera possible d’accomplir certaines choses durant cette année mais cela sera surtout grâce à des efforts personnels ou individuels». Bigre, c’est intrigant, et à lire ici.

Voilà du boudin. Interpellé samedi pour sa participation à la manifestation, interdite, contre les migrants, à Calais, Christian Piquemal, ancien patron de la légion étrangère, passe en comparution immédiate. Sylvain Mouillard a retracé le parcours de ce nostalgique de la France éternelle, qui enflamme déjà la toile. 

Mardi

Etat d’urgence au Sénat.Après l’Assemblée, c’est au tour du Sénat de se pencher sur le projet de réforme constitutionnelle qui fait débat depuis plusieurs mois et déchire gauche et droite au sujet en particulier de l’extension de la déchéance de nationalité. Vous êtes perdu dans le feuilleton déchéance ? Lisez notre article qui retrace 3 mois de volte-face.

Manuel Valls à l'Assemblée le 27 janvier lors de son audition par la commission des lois sur le projet de déchéance de la nationalité.

Manuel Valls à l’Assemblée le 27 janvier lors de son audition par la commission des lois sur le projet de déchéance de la nationalité. Photo Marc Chaumeil pour Libération

Notre dossier Déchéance de nationalité, la polémique

Les dépenses de la République passées au crible. La Cour des comptes présente son traditionnel rapport annuel, qui décerne les bons et mauvais points aux gestionnaires des finances publiques. Au menu cette année : la maintenance des centrales nucléaires, l’Institut français du cheval, la politique de lutte contre la fraude dans les transports urbains en Ile-de-France ou encore l’inspection du travail et la gestion des théâtres nationaux.

Mauvais signal. Symbole des menaces de l’érosion côtière sur l’habitat humain sur le littoral aquitain, l’immeuble le Signal de Soulac-sur-Mer (Gironde) est déjà condamné. Avec ses quatres étages, il trônait à 200 m de l’Atlantique voici 50 ans, et n’est aujourd’hui plus qu’à 20 mètres des vagues, à la lisière d’une dune qui risque de s’effondrer. Il a été définitivement évacué lors des violentes tempêtes de janvier 2014. Mardi, ses 75 copropriétaires, qui doivent pour l’instant se contenter d’une enveloppe de 1,5 million d’euros à se partager, sauront si la Cour administrative d’appel de Bordeaux leur ouvre droit à une indemnisation digne de ce nom.

Vue aérienne de la côte aquitaine près de Lacanau (Landes) aux plages truffées de baïnes.

Hôtel New Hampshire. Une semaine après le coup d’envoi donné dans l’Iowa, le Barnum des primaires américaines fait étape dans le New Hampshire où, dans le camp démocrate, le «socialiste» Bernie Sanders est donné gagnant devant Hillary Clinton. Vous ne comprenez rien au système des primaires américaines, nous avons pensé à vous et vous proposons un mode d’emploi et un dossier spécial.

Hillary Clinton et Bernie Sanders, lors d'un débat pour les primaires démocrates, à Charleston (Caroline du Sud), le 17 janvier.

Hillary Clinton et Bernie Sanders, lors d’un débat pour les primaires démocrates, à Charleston (Caroline du Sud), le 17 janvier.

Mercredi

Vote solennel. Le débat sur l’état d’urgence et la déchéance de nationalité touche à sa fin, avant une éventuelle réunion du Parlement en Congrès, avec le vote solennel à l’Assemblée nationale de ce texte de seulement deux articles qui a empoisonné la classe politique depuis les attentats du 13 novembre.

Récidiviste. Ces propos avaient contribué à sa mise à l’écart, par sa fille, du parti d’extrême droite qu’il a fondé. Jean-Marie Le Pen est jugé pour avoir réaffirmé que les chambres à gaz étaient selon lui un «détail» de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, des déclarations qui ont déjà valu des condamnations à l’ex-leader du Front national.

Jeudi

Uberprocès. Déjà riche en rebondissements judiciaires, le dossier des VTC revient devant le tribunal : la filiale française du géant des véhicules de transport avec chauffeur Uber et deux de ses responsables sont jugés pour UberPOP, l’application désormais suspendue qui mettait en relation, moyennant paiement, des passagers avec des conducteurs non professionnels.

Le phénomène uber a donné naissance au néologisme uberisation, dont Libération vous enseignait, en juin 2015, les dix leçons, tout en décrivant ce que pourrait être une journée uberisée.

Vendredi

En avant la musique. Aux victoires de la musique, 2014 avait été l’année Stromae et 2015 celle de Christine and the Queens. Et 2016 ? Verdict sur la scène du Zénith de Paris et en direct sur France 2 avec parmi les nommés quelques vedettes des charts – Kendji Girac, Louane, Maître Gims, Nekfeu – des jeunes pousses ambitieuses – Jeanne Added, Jain, Feu! Chatterton – des valeurs sûres de la chanson – Véronique Sanson, Dominique A, Yael Naim, Les Innocents – et le patron Johnny Hallyday.

Vous trouvez qu’il n’y pas assez de chansons françaises à la radio, on vous explique pourquoi dans une enquête que nous avons publiée en septembre dernier.

Samedi

Revanche.Une semaine après son entrée mitigée dans le Tournoi des six nations face à l’Italie, le XV de France affronte l’Irlande au Stade de France (15h25). Un match au goût de revanche pour les Français, balayés (24-9) par le XV du Trèfle en Coupe du monde en octobre. Cette défaite avait envoyé les Bleus à l’abattoir contre les Blacks en quart de finale : pour revivre le calvaire du coup de pied contré de Michalak, la chistera de Carter, les charges de Savéa…

Dimanche

Le match de toutes les stars. Toronto accueille tout le week-end le 65All Star Game, le premier organisé hors Etats-Unis. Mais, surtout, le dernier disputé par Kobe Bryant, un mythe du basket américain, l’homme d’une seule franchise (les Lakers de Los Angeles) qui prendra sa retraite à la fin de la saison.

 

LIBERATION

Calais : «Nord Littoral» porte plainte après des menaces de mort

«J’espère qu’il va vous arriver comme à Charlie Hebdo en pire. Fils de pute. On va violer vos enfants », peut-on lire dans un des commentaires. «Vous méritez la guillotine», écrit un autre internaute. Le quotidien de Calais Nord Littorala annoncé vendredi avoir porté plainte contre des internautes auteurs de messages menaçants à son encontre.

«Notre journal a été la cible de plusieurs menaces de ce type sur les réseaux sociaux au cours des derniers jours», explique le quotidien local dans un article. Il affirme avoir déposé«plusieurs plaintes au commisariat de Calais» contre les auteurs de ces propos.

Des commentaires publiés sous un post Facebook de Gilbert Collard

Les commentaires en question ont été publiés sous un message publié le 29 janvier par Gilbert Collard, député Rassemblement Bleu Marine et proche du Front national, sur Facebook. L’élu et avocat y dénonçait la une de l’édition du 29 janvier de Nord Littoral, la qualifiant d’«abjecte». «Gilbert Collard défendra les deux fachos calaisiens», avait titré ce jour-là le quotidien, en référence à un père et son fils impliqués dans une violente altercation avec des migrants lors d’une manifestation quelques jours plus tôt à Calais.

Interviewé dans l’hebdomadaire très à droite Valeurs Actuelles cette semaine, Gilbert Collard a réitéré ses attaques contre Nord Littoral, qualifiant le quotidien de «journal de propagande», ayant «des procédés de collabos» et faisant «du journalisme de haine». Il a fait savoir que ses clients envisageaient de porter plainte contre Nord Littoral à la suite de cette une.

Un des journalistes de Nord Littoral, interviewé par France tvinfo, a rappelé que le quotidien de la Côte d’Opale avait déjà fait l’objet de menaces en novembre dernier, après avoir dévoilé l’identité d’auteurs de commentaires anti-migrants sur les réseaux sociaux. Nord Littoral avait également porté plainte.

LIBERATION

Tollé après les propos de Sarkozy sur le paquet de cigarettes neutre

Les propos Nicolas Sarkozy, répétés jeudi soir sur France 2, contre le paquet neutre et la comparaison des cigarettes avec bouteilles d’eau et fromage ont provoqué l’émoi, notamment chez des spécialistes de la santé et au gouvernement. 

«Si nous acceptions le paquet de cigarettes neutre, dans six mois , on vous proposera la bouteille de vin neutre et c’en sera fini de nos appellations, de nos terroirs (…) Vous auriez demain des intégristes qui vous demanderaient la bouteille neutre, puis le fromage neutre», avait-il déclaré mercredi à l’issue d’une table ronde sur l’agriculture au siège de son parti. Lors d’un meeting à Nîmes le 21 janvier, il avait déclaré: «Si on laisse faire, dans deux ans, ils interdiront qu’on étiquette les bouteilles d’eau.»

Invité à repréciser sa position sur le sujet sur France 2 jeudi soir, Sarkozy a poussé la comparaison plus loin. «Les voitures, ca peut tuer, la voiture, donc je vous propose dans la logique de Mme Touraine de supprimer les marques aussi pour les voitures», a-t-il lancé, jugeant plus efficace d’augmenter le prix du paquet de cigarettes.

Ces propos ont suscité l’ire des deux animateurs du Magazine de la Santé sur France 5, jugeant «irresponsables» ces propos. «Le tabagisme, on le rappelle à l’ancien président de la République, tue 73.000 personnes par an dans notre pays, a lancé Marina Carrère d’Encausse. Alors, M. Sarkozy, sachez que le tabac tue, que l’alcool ne tue qu’en cas de consommation excessive mais que le fromage ne tue pas, s’est-elle indignée. En France, la culture de tabac ne représente que 200 hectares, il est très étrange d’associer la protection du territoire à un produit mortifère», a-t-elle ajouté, estimant par ailleurs «blessant» pour les médecins de se faire traiter «d’intégristes».

Michel Cymes a enchaîné avec une parodie assassine d’un clip de campagne présidentielle: «Si, vous aussi, vous rêvez de vous voir retirer un poumon et profiter d’une vie raccourcie, alors soutenez mon action pour le tabagisme». Clip s’achevant par: «Vive le tabac et vive la France».

Interrogé par France Info, le président de l’Office français de lutte anti-tabac, Bertrand Dautzenberg, avait jugé cette semaine ces propos «inappropriés et inacceptables» et avait accusé l’ancien chef de l’Etat d’être un «super lobbyiste du tabac».

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, initiatrice de la loi instaurant le paquet neutre, avait jugé de son côté sur i-TELE «indignes» ces «formules». «Les petites blagues, la veille de la journée mondiale de la lutte contre le cancer, c’est à la fois médiocre et déplacé», a-t-elle commenté.

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Sondages de l’Elysée sous Sarkozy : le publicitaire Jean-Michel Goudard mis en examen

Le publicitaire Jean-Michel Goudard, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, a été mis en examen ce mercredi pour favoritisme dans l’affaire des sondages et dépenses de communication de l’Elysée lors du dernier quinquennat. Sollicité, son avocat, Me Mario Pierre Stasi n’a pas souhaité faire de commentaires.

L’enquête sur les études d’opinion commanditées par la présidence Sarkozy s’est accélérée depuis la semaine dernière avec la mise en examen de plusieurs ex-collaborateurs de l’ancien chef de l’Etat : celle de sa directrice de cabinet, Emmanuelle Mignon et de son conseiller «opinion», Julien Vaulpré, poursuivis également pour favoritisme dans ce dossier.

A lire aussi, en édition abonnés : Sondages de l’Elysée: Nicolas Sarkozy dans l’échantillon ?

Jean-Michel Goudard, 76 ans, conseiller en stratégie de Nicolas Sarkozy, avait signé en avril 2009 la reconduction de la convention passée en 2007 entre l’Elysée et le cabinet Publifact de Patrick Buisson.

Quelques mois plus tard, un rapport de la Cour des comptes avait épinglé sévèrement ce contrat «très succinct», qui n’avait pas été soumis aux dispositions du code des marchés publics. La Cour relevait que ce document donnait à Patrick Buisson, l’un des conseillers les plus proches de Nicolas Sarkozy à l’époque, «une totale liberté d’appréciation» sur les dépenses à engager. L’association de lutte contre la corruption Anticor avait porté plainte en 2010.

Par la suite, les investigations avaient été étendues à l’ensemble des contrats de conseil ou de sondages commandés durant le précédent quinquennat, chiffrés à plus de 9 millions d’euros par Anticor.

L’enquête a fait apparaître qu’à lui seul Patrick Buisson, via ses cabinets Publifact et Publiopinion, avait gagné plus d’1,4 million d’euros en seulement deux ans, selon une source proche du dossier. Il a été mis en examen pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics par un particulier. Pierre Giacometti, dont la société Giacometti-Peron a signé pour 2 à 2,5 millions d’euros de contrats avec l’Elysée entre 2007 et 2012, est également poursuivi pour recel de favoritisme.

Toute la question dans cette affaire est de savoir si le code des marchés publics devait s’appliquer à l’époque aux conventions passées par la présidence de la République.

AFP

Manif de chauffeurs : «Laissez-nous bosser, on ne veut pas retourner au RSA»

Les organisateurs souhaitaient une marche «silencieuse». C’est raté. Ils la voulaient aussi «pacifique et non violente». Un mot d’ordre pas toujours respecté. Quelques centaines de chauffeurs spécialisés dans le transport collectif se sont rassemblés à 11 heures, ce mercredi, sur le boulevard du Montparnasse, avant de s’ébrouer vers les Invalides, à 12h30, dans un cortège de klaxons. Cet appel à la mobilisation a fait suite aux mesures annoncées par le Premier Minisitre, confronté à la colère des taxis la semaine passée. Des mesures destinées notamment à lutter contre l’utilisation détournée des licences de chauffeurs Loti (transports collectifs à la demande, appelés aussi «capacitaires») par les plateformes de réservation.

Le secrétaire d’Etat aux Transports a envoyé vendredi des mises en demeure à une vingtaine de ces plateformes (Uber, SnapCar, Chauffeur-Privé, etc.) pour leur rappeler que les licences Loti, plus rapides à obtenir que les cartes de chauffeur VTC, s’appliquent au transport collectif, c’est-à-dire pour deux passagers minimum, et non au transport particulier. Or, une très grande part – difficile à chiffrer – des chauffeurs présents sur les applications sont titulaires de licences Loti et chargent régulièrement des clients seuls. Les sociétés de réservation sont désormais poussées à faire respecter la loi et veiller à ce que ces chauffeurs transportent deux passagers minimum. Ce qui semble difficile à appliquer rapidement, d’où la crainte de cette profession de se voir écarter des plateformes d’ici la fin du mois. A partir du 28 février, les plateformes ont l’obligation de se mettre en conformité avec la loi. 

«On ne veut pas gratter l’Etat»

«Cela fait quatre ans que je travaille sur les plateformes avec cette licence et, depuis la semaine dernière, tout d’un coup, on nous dit qu’on est dans l’illégalité», s’emporte Redouane Kharej, chauffeur Loti, qui avoue ne pas pouvoir s’en sortir sans les applications. «On a fait confiance à un système, on s’est lancé sans se poser de questions. Si on avait su que c’était illégal, vous pensez vraiment qu’on se serait endetté pour monter notre affaire ?» Les manifestants réclament le droit de rester sur les applications et de pouvoir transporter un seul client. Ils demandent au gouvernement de modifier cette loi qui impose les deux passagers minimum, soit de leur accorder automatiquement et à tous la licence VTC. Hachani Bassem revendique le «droit de travailler». «On n’est pas des victimes, on ne veut pas gratter l’Etat. Mais on ne veut pas retourner au RSA, on ne veut pas revenir à la maison.» Derrière les pare-brise ou sur la plage arrière de leurs voitures, les manifestants affichent leur slogan : «Valls m’a tuer», «Manu fait Vallser mon emploi» ou encore «Déconne pas Manu, ça sert à rien la haine. Un taxi de perdu, c’est dix chauffeurs qui reviennent.» Le communiqué de presse du Premier ministre publié jeudi dernier leur reste en travers de la gorge. «Valls, il ne veut pas appliquer la loi, il veut juste calmer les taxis, poursuit Redouane Kharej. Mais on ne peut pas déshabiller les capacitaires pour rhabiller les taxis.»

Reste à savoir si leurs revendications seront entendues. La manifestation est organisée par l’association Alternative mobilité transport (AMT), qui regroupe une dizaine de sociétés Loti. «On a informé nos chauffeurs [de la mobilisation] et on leur a dit que ce serait très bien s’ils pouvaient y participer», a indiqué Yves Weisselberger, PDG de SnapCar. Mais de nombreuses organisations de VTC n’ont pas appelé à manifester. Soit parce que l’AMT, créée en janvier, les rend soupçonneux – c’est une «association fantôme», dénonce Helmi Mamlouk, président de l’Union des chauffeurs capacitaires et VTC. Soit parce que cette mobilisation est soutenue par l’ensemble des plateformes de réservation, alors qu’un mouvement de gronde grimpe au sein des VTC contre les conditions imposées par ces applications, Uber en tête. Dernière raison : plusieurs chauffeurs VTC ne sont pas contre un respect strict de la loi, ce qui leur permettrait de récupérer une bonne part des clients captés par les chauffeurs Loti. Au final, environ 550 voitures, selon la préfecture de police, étaient présentes dans le cortège. Alors qu’il y a, selon différentes sources, environ 70 000 chauffeurs Loti en France et environ 10 000 d’entre eux sur les plateformes à Paris et en région parisienne. L’un des chauffeurs présents est perplexe. «On n’est pas assez solidaires, on n’y arrivera pas.»

Pluie d’œufs

C’est peut-être la raison pour laquelle une poignée de manifestants s’enflamme après une demi-heure de mobilisation, trop calme à son goût. Alors que les organisateurs leur ont demandé de venir avec une bouteille d’eau, symbole du service rendu aux clients, des chauffeurs ont préféré amener des œufs qui, immanquablement, finissent sur les vitres des quelques taxis venus s’aventurer à Montparnasse. «C’est que comme ça qu’on nous entendra», hurle un chauffeur. Un jeune se met en travers de la route d’un taxi et lui lance un «nique ta mère». Les «fils de pute» volent au rythme des lancers d’œufs. La violence de quelques taxis lors des précédentes manifs fait grimper le son. «Ils m’ont niqué trois bagnoles, tu crois que je vais fermer ma gueule ? se justifie un chauffeur. C’est comme dans les cités, lâche un autre. Si tu les écrases pas, c’est eux qui t’écrasent !» La grande majorité des manifestants multiplient les appels au calme. «Pas de violence», «on n’est pas comme eux», «ne donnons pas une mauvaise image de nous», lancent-ils en boucle. «Faut les comprendre, explique Mohamed Aoun, chauffeur capacitaire. Ceux qui lancent des oeufs, ils se sont fait agresser à Orly, Roissy et dans les manifs. Les oeufs, ça fait pas de mal par rapport à ce qu’ils nous ont fait.»

Après leur arrivée aux Invalides, Matignon devait recevoir une délégation de chauffeurs. Mais sans attendre, plusieurs dizaines de manifestants se dirigent à pied vers l’Assemblée nationale en début d’après-midi. Gendarmes et policiers interviennent vite. Ils encerclent le groupe sur le pont séparant la place de la Concorde de l’Assemblée nationale. Mohamed Aoun est parmi eux : «On est venu faire un coup de poing, devant l’Assemblée, pour montrer que nous aussi, on pouvait faire comme les taxis. Mais sans violence.» Une cinquantaine d’entre eux sont embarqués dans les fourgons. Les autres sont relâchés. En début de soirée, les chauffeurs qui étaient restés place des Invalides attendent encore le retour de la délégation, sous la pluie. Ils se racontent leur quotidien, leur confrontation avec les taxis, se demandent quelle suite donner au mouvement. «Les taxis, ils se font entendre, nous on dort !»s’énerve l’un d’eux. Ils parlent de poursuivre la mobilisation jeudi matin à Roissy. Sans un geste du gouvernement, assurent certains, le mouvement pourrait vite se durcir. «S’il y a pas d’accord, demain on va revenir, promet Mohamed Aoun. Et après-demain on va revenir. Parce qu’à la fin du mois on va nous retirer notre boulot, alors on n’a plus rien à perdre.» 

Aoun Mohammed

Richard Poirot

Amélioration de la durée de vie pour les trois cancers les plus fréquents

La durée de vie à moyen terme des patients adultes atteints des trois cancers les plus fréquents en France – prostate, sein, côlon-rectum,- a sensiblement augmenté ces dernières années, selon un rapport rendu public mardi. Disponible en ligne, le rapport intitulé Survie des personnes atteintes de cancer en France métropolitaine 1989-2013 est divisé en deux parties : la première consacrée aux tumeurs solides, la seconde aux hémopathies malignes.

«Les tendances observées sont encourageantes» ont estimé les auteurs de ce rapport réalisé par quatre institutions, tout en déplorant que le cancer du poumon, le quatrième cancer le plus fréquent, reste la première cause de mortalité par cancer chez l’homme et la deuxième chez la femme.

Selon le rapport, la survie à cinq ans est passé de 72% pour les cancers de la prostate diagnostiqués au cours de la période 1989-1993 à 94% pour ceux diagnostiqués entre 2005 et 2010, soit une hausse de 22 points. La survie à cinq ans du cancer du colon-rectum a pour sa part augmenté de 9 points, passant de 54% à 63% au cours de la même période. L’augmentation de la survie du cancer du sein, qui passe de 80% à 87% (+7 points), est attribuée aux progrès thérapeutiques majeurs réalisés au début des années 2000 et à une plus grande proportion des cancers découverts à un stade précoce en lien avec le développement des pratiques de dépistage, d’après l’étude.

Toutefois, si le cancer du sein fait partie des cancers de bon pronostic, il reste, du fait de sa fréquence, la première cause de décès par cancer chez la femme. En 2012, la France comptait près de 57 000 nouveaux cas de cancers de la prostate, plus de 48 000 cancers du sein et environ 42 000 cancers colorectaux, d’après l’Institut national du cancer (INCa). L’amélioration du pronostic du cancer colorectal s’explique essentiellement par la réduction de la mortalité lors de l’opération chirurgicale et les progrès des prises en charges, selon les responsables de l’étude.

En revanche, le pronostic du cancer du poumon, le 4e cancer le plus fréquent en France (plus de 39 000 nouveaux cas par an) reste parmi les plus sombres, avec une augmentation de survie faible sur la période observée (17% contre 13%). Ce troisième rapport sur la survie des adultes atteints de cancer en France métropolitaine a été publié conjointement par l’Institut de veille sanitaire (InVS), le réseau Francim des registres des cancers, l’Institut national du cancer (INCa) et les Hôpitaux de Lyon.

LIBERATION avec AFP

L’affaire Merah, «pas un attentat» : vives condamnations après les propos de Woerth

Les propos de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth, selon lesquels l’affaire Merah n’est «pas un attentat» mais simplement «le crime d’un furieux», ont été vivement condamnés samedi par le père de l’une des victimes, par des organisations et des responsables politiques.

«Ce sont des propos tout à fait choquants vis-à-vis des victimes» de Mohamed Merah, a déclaré à l’AFP le vice-président du Front national, Florian Philippot.

Sur le plateau d’i-TÉLÉ jeudi soir, alors qu’il débattait avec M. Philippot, Eric Woerth avait affirmé: «Il n’y a pas eu d’attentats terroristes sous Sarkozy. Le niveau de sécurité sous Sarkozy n’a jamais été aussi élevé».

En mars 2012, Mohamed Merah avait perpétré plusieurs attentats à Toulouse et Montauban, au nom de l’islam radical, tuant sept personnes (trois militaires ainsi qu’un professeur et trois enfants d’une école juive) avant d’être abattu alors qu’il était retranché à son domicile, d’où il avait ouvert le feu sur les forces de l’ordre.

Le père d’un des militaires assassinés, Albert Chennouf, a également dénoncé les propos d’Eric Woerth: «votre stratégie à nier l’attentat de 2012 à Toulouse pour nettoyer votre bilan est absurde», a-t-il réagi sur Twitter.

Alors que l’eurodéputé FN lui rappelait les attentats de Mohamed Merah, M. Woerth avait rétorqué: «c’est pas un attentat, c’est le crime d’un furieux. C’est pas Daech, c’est pas un réseau international». Il avait également affirmé, à propos de Merah: «il a été arrêté».

M. Chennouf et sa famille avaient déjà exprimé en décembre, via leurs avocats, leur «indignation» après des déclarations de Nicolas Sarkozy expliquant qu’il n’y avait eu «aucun attentat en France» entre 2002 et 2011, période où il était aux affaires. «Dans le bilan qu’il présente, Nicolas Sarkozy omet à dessein de mentionner que son quinquennat s’est terminé par les tueries atroces» de Merah, s’étaient-ils offusqués.

Carole Delga, présidente PS de la région Midi/Languedoc, a demandé pour sa part «des excuses publiques» à Eric Woerth. «Cette volonté de Nicolas Sarkozy et de ses amis de masquer la terrible vérité constitue une véritable insulte à la mémoire des sept victimes, dont trois enfants, à leurs familles et, au-delà, à nos deux villes marquées à jamais par cet acte terroriste», a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Condamnation également du CRIF, qui souligne que «l’enquête judiciaire a démontré qu’il s’agissait bien d’attentats terroristes».

«Les assassinats commis ont été planifiés et soigneusement conçus par une organisation terroriste. Les cibles n’ont pas été choisies par hasard. Un soutien logistique lui a fourni les moyens nécessaires», écrit le Conseil représentatif des institutions juives de France dans un communiqué. Pour le CRIF, «M. Woerth s’engage dans une voie dangereuse» qui «risque d’être utilisée à des fins de propagande par ceux qui soutiennent le djihadisme».

AFP

Test thérapeutique de Rennes : «pas de faute identifiée» selon le patron de Biotrial

«Nous n’avons pas identifié de faute». C’est ce qu’assure le directeur général de Biotrial,a tourné au drame avec le décès d’un volontaire, dans un entretien au Figaro mis en ligne vendredi soir.

«Pour l’instant, nous n’avons pas identifié de faute (…). . Nous n’avons observé aucun comportement qui ait pu être la cause de ce qui s’est produit», déclare François Peaucelle.

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Outre le décès d’un homme de 49 ans, l’essai de la molécule a occasionné cinq autres hospitalisations, quatre en raison de troubles neurologiques, et une par précaution. Tous ces volontaires sont rentrés chez eux, indique-t-il en se disant rassuré à leur sujet. Mais il est «trop tôt pour parler de séquelles» car «il est possible qu’il n’y en ait pas», d’après lui.

Les premiers troubles sont apparus au cinquième jour d’administration de 50 mg de la molécule testée «BIA 10-2474» du laboratoire portugais Bial. Une 6e dose a été donnée aux cinq autres volontaires du groupe alors que l’homme de 49 ans était hospitalisé depuis la veille.

«Le volontaire hospitalisé le dimanche 10 janvier présentait ce jour-là des symptômes qui n’alarment pas dans la vie quotidienne, notamment des maux de tête. Mais nous l’avons envoyé aux urgences vers 20 heures pour des explorations complémentaires, à titre de précaution», explique le patron du laboratoire. «Le lendemain, nous administrons le médicament testé aux autres volontaires alors que nous attendions son retour à Biotrial». «Puis, en fin de matinée, on apprend qu’il a fait un AVC, ce qui nous semble assez déconnecté de l’essai clinique. Mais, par mesure de précaution, nous suspendons l’administration du produit, lundi en fin d’après-midi», ajoute-t-il.

Biotrial n’avait, selon lui, aucune raison de prévenir dès le lundi 11 janvier l’agence du médicament ANSM «car le diagnostic d’AVC était éloigné de l’étude menée» et que l’administration du produit avait cessé. «Nous n’avons fait le lien avec l’essai clinique que lorsque d’autres volontaires ont eu eux aussi des troubles, le mercredi matin (13 janvier)», note-t-il. La ministre de la Santé et l’ANSM avaient été informées seulement le jeudi 14 janvier de l’aggravation de l’état de l’homme depuis décédé.

La vraie question, selon le directeur de Biotrial, reste «pourquoi cette molécule, qui n’avait rien produit sur personne (les volontaires précédents de cet essai), a eu d’un seul coup cet effet». Des enquêtes judiciaires et sanitaires sont en cours, dont celle de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui doit remettre un pré-rapport en début de semaine prochaine. 

AFP

Jacqueline Sauvage, Jacques Rivette, arrondissements parisiens : le point sur l’actu de ce vendredi

Quand Mark Zuckerberg l’a annoncé en septembre dernier, beaucoup ont cru que Facebook allait finalement ajouter un bouton «J’aime pas». Mais il évoquait en fait l’arrivée de différentes réactions possibles aux côtés du célèbre «like» qui a fait son apparition il y a sept ans sur le réseau social et, plus tard, un peu partout sur le web. Le pouce vers le haut bleu en est devenu depuis un des signes les plus emblématiques du réseau. Ces nouvelles réactions, au nombre de six, sont en phase de test depuis quelques mois dans plusieurs pays dont l’Espagne, les Philippines ou encore la Colombie. Un test semble-t-il concluant puisque les réactions vont débarquer partout dans le monde dans «quelques semaines», a expliqué Chris Cox, directeur produit de Facebook, à Bloomberg Business WeekBusiness Week.

Bientôt, donc, sur l’application mobile de Facebook, en laissant son doigt appuyé sur le «J’aime», qui restera la réaction par défaut, on pourra choisir entre les emoticons animés «angry» (colère), «sad» (triste), «wow», «haha», «yay», et «love». Si du côté du réseau social, on parle volontier de «l’expression d’une empathie» pour renforcer les liens, l’enjeu est aussi, évidemment, économique. Ces six réactions permettront, si elles sont adoptées massivement, de cibler encore un peu plus leur 1,55 milliard d’utilisateurset déterminer encore plus finement les affinités de chacun.