Il y a quelques temps, j’ai suivi un séminaire à Colmar où j’ai eu l’occasion de discuter d’un problème que je trouve de plus en plus préoccupant dans notre société : celui des fake news. Car celles-ci sont bien plus dangereuses que tout ce qu’on peut imaginer. Si elles sont longtemps restées cantonnées dans la frange du web, elles se sont depuis peu répandues à tous les étages de la société. Elles ont aujourd’hui pignon sur rue et peuvent faire basculer les élections d’une grande puissance en faveur d’un milliardaire populiste. Ce problème a d’ailleurs été identifié par les géants du web tels que Facebook, qui a décidé de vérifier l’exactitude des informations relayées sur sa plateforme avec le concours de rédactions partenaires. Le 29 juin 2017, ce fléau a franchi une nouvelle étape. Un représentant de la NASA a dû démentir la rumeur selon laquelle il existerait des enfants esclaves sur la planète Mars. Une fake news popularisée par une émission du site complotiste américain, InfoWars. Ce média web est connu pour raconter absolument n’importe quoi. Son présentateur phare, Alex Jones, est d’ailleurs le docteur ès fake news. Il a par exemple invité Trump lors des primaires américaines et est depuis l’un de ses fans inconditionnels. Cette émission a donc accueilli un certain Robert David Steel qui affirmait l’existence d’une colonie martienne peuplée d’enfants kidnappés et envoyés dans l’espace il y a une vingtaine d’années. Il y a encore quelques années, une rumeur comme celle-là aurait juste prêté à sourire. Mais il faut croire que les temps ont sérieusement changé : la NASA a décidé de répondre à ces accusations, et rappeler que seuls des rovers vivent actuellement sur Mars… Cela dit, cela pourrait changer sous peu. La société SpaceX espère y envoyer les premiers colons à partir de 2023. Mais il est peu probable que ce soit des enfants…Sinon, j’ai beaucoup apprécié ce séminaire à Colmar. Vous pouvez trouver quelques photos de l’événement sur ce site, si ça vous intéresse. Pour en savoir plus, je vous recommande la lecture du blog sur l’organisation de séminaire en Alsace qui est très bien élaboré sur ce sujet.
Mois : juillet 2017
Couture : un peu d’audace
Vendredi 23 juin, entre adoucissement des températures, barouf autour de la candidature de Paris aux Jeux olympiques de 2024 et embouteillages de toutes sortes, la fashion week masculine s’est étirée au rythme d’un joyeux bazar. Les défilés ont défendu des visions dynamiques et sensibles d’un vestiaire masculin qui n’est plus condamné à l’unique fonctionnalité. Et ce qui distingue Paris des autres capitales de la mode, c’est justement cette diversité des possibles. Quand Londres est en force sur le créneau jeune et excentrique et Milan sur celui d’un style plus normé et sérieux, à Paris, il y en a pour tous les goûts. Ce champ d’expression libre est idéal pour la géniale Rei Kawakubo avec sa ligne Comme des Garçons Homme Plus. Les jeunes mannequins qui déboulent sur la scène inondée de lumières disco ont mis leurs vestes à l’envers, pour une collection dont le thème est « ce qui compte c’est l’intérieur ». Dans ce charmant désordre, tout fonctionne : shorts à paillettes, tee-shirts imprimés, longues chemises rayées, mosaïques de tartan, de peluches panthère, sculptures en « morceaux » de poupée de l’artiste Mona Luison incrustées dans des vestes (à l’endroit, celles-ci), gilets à broderies indiennes posées sur des vestes de banquiers… C’est farfelu et réjouissant, toutes les silhouettes font envie, de manière presque contre-intuitive tant chacune d’entre elles va puiser loin des codes de la mode masculine. Chaque pièce fait sens et porte en elle une poésie bizarre. La collection célèbre l’imagination, l’envie d’oser, de s’amuser, de s’exprimer autrement avec les vêtements sans passer pour un dingue. Et sinon, tant pis. Dans un monde qui se corsète toujours davantage, cette liberté est plus indispensable que jamais. Mais à part l’énigmatique Japonaise, qui est capable, en l’absence de Martin Margiela, de concilier ainsi concept et vrais vêtements ? Le compatriote de Rei Kawakubo, Junya Watanabe, cultive une fausse banalité et donne une leçon de style sur le vêtement de travail. Pour l’exercice, il s’est assuré la collaboration de spécialistes du genre : Carhartt, le tailleur anglais Turnbull & Asser pour les chemises, ou encore Karrimor (marque britannique spécialisée dans les tentes et autres matériels de camping) dont deux sacs disséqués s’incrustent comme des carapaces sur des manteaux. Délavages, coupes strictes et millimétrées, multiplications de poches, combinaisons de toiles classiques et techniques donnent à ce vestiaire de « basiques » une élégance contemporaine et pratique à la fois. Au premier coup d’œil, on sent un supplément d’âme derrière l’apparente simplicité, une impression renforcée par un casting d’hommes de différents âges, origines et gabarits. L’ambiance est plus solaire chez Loewe. Les images qui accompagnent la collection ont été réalisées à Cadaqués, dans la maison de Salvador Dali et le vestiaire imaginé par Jonathan Anderson baigne dans une atmosphère « bord de mer » et « jeunesse libre ». La collection explore pourtant avec nuance plus d’une facette de la masculinité : shorts et mocassins brodés, porte-clés en cuir en forme de coquillages et crustacés pour les plus modes, sacs marins rayés et mailles à motif ancre, magnifiques chemises amples en lin rayé, en cuir couleur fauve ou en jersey bord côte pour des goûts plus classiques. Une veste-blouson en twill lilas ou un trench en gabardine peau de pêche décoré de patchs complètent cet ensemble plein de trouvailles et de textures, susceptible de provoquer, peut-être, des envies insoupçonnées.