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Test thérapeutique de Rennes : «Un accident rarissime»

Nom de code : BIA 10-2474. C’est la molécule testée dans le laboratoire Biotrial, à Rennes, où un patient est mort dimanche à la suite d’un essai clinique avec ce médicament, cinq autres étant toujours hospitalisés. Un événement rarissime. Trois enquêtes sont désormais en cours, pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer.

Des perquisitions ont eu lieu ce week-end. En particulier dans les locaux du centre de recherche Biotrial, où étaient menés les essais pour le compte du laboratoire pharmaceutique portugais Bial. Les lots de médicaments incriminés ont été saisis. «A l’heure qu’il est, nous restons toujours dans un cadre d’événements imprévisibles, inexpliqués et inexplicables», a déclaré le directeur général de Biotrial, François Peaucelle.

Dans cet essai dit de phase 1 (1), les choses se sont déroulées selon un «process» classique. Les volontaires étaient rémunérés un peu plus d’un millier d’euros. Les six victimes sont des hommes, âgés de 28 à 49 ans, faisant partie d’un groupe de 108 volontaires sains : 24 ont reçu des placebos, et 84 autres personnes cette molécule. «La dose maximale autorisée dans cet essai était loin d’être atteinte, a précisé François Peaucelle, aucun effet d’alerte particulier n’a été observé chez les patients qui ont reçu des doses inférieures.» Les premiers symptômes du patient aujourd’hui décédé sont survenus dimanche 10 janvier. Il a alors été hospitalisé d’urgence au CHU de Rennes. «C’est lundi matin que son état de santé s’est dégradé subitement», a détaillé le directeur de Biotrial, entreprise spécialisée dans les essais cliniques. Des essais que lui commandent des industriels pharmaceutiques pour leur mise au point de nouvelles molécules.

Le professeur Bernard Bégaud connaît bien le monde des tests thérapeutiques. Pharmacologue, il dirige à l’université de Bordeaux la plus importante unité en France de pharmaco-vigilance, et est, de ce fait, devenu un des meilleurs connaisseurs des médicaments, tant dans leur mise au point, que lors de leur arrivée sur le marché.

Quand vous avez appris ce qu’il s’est passé au laboratoire Biotrial, avez-vous été surpris ?

Oui, car un accident de cette gravité est rarissime. Je le pense d’autant plus qu’entre 1994 et 2008, j’ai présidé le groupe d’essais cliniques à l’Agence du médicament qui suivait les effets indésirables des nouvelles molécules en lien avec les promoteurs de l’essai. Nous n’avons jamais eu à gérer d’accidents aussi graves. Je me souviens d’un mort en Grande-Bretagne, après un essai de phase 1, mais le patient en question avait caché qu’il participait parallèlement à un autre essai, et c’est l’interaction inédite de ces deux agents qui a provoqué le décès.

Cet essai de phase 1 s’est déroulé de façon apparemment classique…

Oui. Mais ma deuxième surprise est une apparente contradiction sur le fait que cet essai de phase 1 – d’analyse de toxicité du produit – a concerné, selon l’entreprise, 128 sujets, dont 90 ayant reçu cette molécule. D’ordinaire, ces essais de phase 1 concernent moins de patients. Mais précisons tout de suite que ces essais de phase 1 sont indispensables, car il faut bien commencer à un moment ou à un autre de tester le produit sur l’homme : il n’y a pas d’autre alternative.

Et sur la méthodologie de l’essai ?

On n’en sait pas encore grand-chose. A entendre les déclarations du laboratoire, ce sont uniquement des hommes qui seraient concernés, certains ayant reçu des doses répétées de cette molécule, avec des dosages différents, d’autres ayant pris un placebo, ce qui est également inhabituel dans un essai de ce type. Les essais de phase 1 sont normalement basés sur une augmentation progressive des doses, avec un contrôle le plus strict possible, de manière à atteindre le niveau qui reste non-toxique, la dose maximale tolérée. La règle, évidemment, est de suivre au plus près l’apparition de tout signe avant-coureur d’effets indésirables. On ne sait pas, dans le cas de Rennes, quel est exactement le protocole suivi. Est-ce un protocole classique, où l’on monte progressivement la dose, en attendant de voir s’il se passe quelque chose ? Ou bien a-t-on fait, comme cela se pratique de plus en plus, des groupes parallèles, où l’on donne simultanément des dosages différents, voire pour certains des dosages élevés d’emblée ? Cette pratique se développe aujourd’hui, et pour certains experts, ce genre de méthodologie peut poser problème. Dans l’histoire de Rennes, si tel est le cas, cela nécessitera peut-être d’encadrer plus fortement ces nouvelles méthodologies.

Dans ces essais de phase 1, sait-on pour quelles indications la molécule est essayée ?

Non, car ce n’est pas le but. La seule question, c’est de savoir si la nouvelle molécule se révèle ou pas toxique chez l’homme. Ce n’est qu’ensuite, lors des essais de phase 2 ou 3, que l’on met le produit au regard d’une indication précise.

Mais connaît-on, même un peu, l’utilité de cette nouvelle classe de médicaments potentiels ?

Ce BIA 10-2474 fait partie d’une nouvelle classe, qui agit sur le système endocannabinoïde. Des molécules qui peuvent agir via des récepteurs cellulaires sur l’humeur, la douleur, mais aussi sur la protection des cellules nerveuses. Elles sont aussi expérimentées contre le vomissement, en particulier pour des patients qui en souffriraient au cours d’une chimiothérapie. Ces molécules sont, de fait, encore mal connues, mais elles sont assez prometteuses.

Un mort donc. Est-ce que cela veut dire que le patient avait des antécédents cliniques particuliers ?

Les effets indésirables révèlent toujours une particularité du sujet, connue ou pas par celui-ci. Mais dans le cas présent, le fait que cinq voire six patients soient touchés exclut aussitôt cette explication. Et renvoit à l’effet toxique.

Certains observateurs se sont étonné que le laboratoire ait prévenu si tardivement les autorités sanitaires, soit cinq jours après l’accident…

Si tel est le cas, oui. Tout promoteur, tout investigateur d’un essai doit en effet déclarer les effets indésirables nouveaux, et le faire «immédiatement», selon la loi, en cas d’effets graves. Reste qu’il y a une certaine ambiguïté sur le terme «immédiatement». Pour autant, dans les faits, cela ne change pas grand-chose. Face à un événement indésirable grave, le promoteur doit tout arrêter sur le champ et rappeler les patients du test. Le bon sens veut qu’il n’attende pas la réaction des autorités. C’est ce qui semble avoir été fait.

Dans ces essais, peut-on évacuer la question de l’argent et, entre autres, la rémunération que touche le patient ?

Cette question est importante. En France, la rémunération est plafonnée à 4 500 euros par an. Une limite que l’on retrouve dans tous les pays européens, car cette mesure découle d’une directive européenne, transposée en 2004. Ce texte prévoit aussi la création d’un registre des volontaires sains, cela pour éviter la professionnalisation de ceux qui y participent. Des limites claires et saines.

Mais que se passe-t-il ailleurs ? En Inde, par exemple ?

II faut arrêter de toujours citer l’Inde comme un pays à part. Dans quelques années, avec la Chine, ce seront les deux plus grands producteurs mondiaux de médicaments. Ce ne sont pas, loin s’en faut, des amateurs. Pour autant, c’est exact, les essais dans ces pays coûtent beaucoup moins chers aux grandes firmes pharmaceutiques, qui ont tendance à les délocaliser. Cela concerne aussi bien les essais de phase 1 que ceux de phase 2 ou 3, qui coûtent beaucoup plus cher et nécessitent davantage de patients. Aujourd’hui, la réglementation est normalement unifiée au niveau mondial, des garanties existent. Sont-elles toujours appliquées ? C’est moins sûr.

(1) Avant toute autorisation de mise sur le marché, un nouveau médicament doit passer trois types d’essais. D’abord, un essai dit de phase 1 sur la toxicité, puis de phase 2 et 3 concernant l’efficacité devant une pathologie et le bon dosage.

Eric Favereau

Rennes : pour Biotral un accident «imprévisible et inexplicable»

L’accident d’essai clinique qui a provoqué la mort cérébrale d’un patient et des troubles neurologiques chez quatre autres hospitalisés à Rennes ? «A l’heure qu’il est, nous restons toujours dans un cadre d’événements imprévisibles, inexpliqués et inexplicables», a affirmé François Peaucelle le directeur général du centre de recherche Biotrial qui menait l’essai clinique pour un laboratoire portugais. «Il reste, je crois, encore quelques personnels de la police ou de la gendarmerie qui sont sur place», a-t-il ajouté, précisant qu’il n’attendait pas de retour des inspecteurs des autorités de santé dans les jours prochains. 

«Les inspecteurs ont passé un certain nombre d’entretiens, ils ont interrogé un certain nombre de personnes qui étaient intervenues dans le projet, ils ont regardé un certain nombre de documentation, pour analyser la façon dont les process de déroulement de l’étude avaient été suivis, a-t-il détaillé. La police a saisi hier des matériels pharmaceutique, les lots de médicament incriminé».

«Les représentants de la société Bial (le laboratoire pour lequel s’effectuait cet essai) ne sont pas en mesure d’intervenir (devant la presse, ndlr) aujourd’hui parce qu’ils sont pris par les besoins de l’enquête et notamment des auditions mais ils ont l’intention de communiquer prochainement», a-t-il ajouté. «Ça fait six ans qu’on travaille avec le laboratoire Bial, c’est un laboratoire sérieux, reconnu».

Le patron de Biotral s’exprimait peu après le départ, en milieu d’après-midi, d’inspecteurs de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) «comme annoncé par la ministre» de la Santé Marisol Touraine vendredi avaient précisé ses services.

L’inspection menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) était aussi sur place ce samedi, selon la même source. L’ANSM avait entamé dès vendredi sur place une «procédure d’inspection technique» du laboratoire.

Le ministère de la Santé et des Affaires sociales avait indiqué vendredi avoir saisi l’Igas afin de mener «une inspection sur l’organisation, les moyens, et les conditions d’intervention du laboratoire Biotrial dans la réalisation de l’essai clinique».

Les six patients dans un état «stable»

Par ailleurs, l’état de santé des six patients hospitalisés à Rennes est «stable», a indiqué samedi après-midi le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de la ville. Parmi ces six hommes, âgés de 28 à 49 ans et hospitalisés dans le courant de la semaine, l’un est dans un état de mort cérébrale, quatre ont des troubles neurologiques et un sixième, hospitalisé par précaution, ne présente pas de symptômes.

«La prise en charge des patients et des familles de ces derniers fait l’objet d’une mobilisation totale et constante des équipes médicales et soignantes du CHU. Un accompagnement social et psychologique a également été mis en œuvre», précise le communiqué selon lequel «un accompagnement juridique sera proposé aux patients et à leurs familles».

«L’ensemble des volontaires est en train d’être contacté», fait encore savoir le CHU. Les six personnes hospitalisées faisaient partie d’un groupe de 90 «volontaires sains», originaires de l’ouest de la France. Chaque année, des milliers de volontaires participent à des essais cliniques et les accidents recensés sont très rares.

AFP

Dieselgate : panique à la Bourse après des perquisitions chez Renault

Ségolène Royal, sapeur-pompier. La ministre de l’Ecologie est venue le dire, jeudi, en conférence de presse : «Il n’y a pas de logiciels de fraude sur les véhicules de marque Renault qui ont été testés.» Une sortie destinée à vite calmer les places boursières qui ont fait dégringoler l’action du constructeur français. «Les actionnaires peuvent être rassurés, les salariés peuvent être rassurés», a-t-elle affirmé.

Recul de 10,2%

Le vent de panique s’est levé en fin de matinée jeudi, après la diffusion d’un tract de la CGT Renault à Lardy (Essonne), où le syndicat s’inquiétait de l’intervention des agents de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) sur différents sites du constructeur, le 7 janvier. Les secteurs ciblés («homologation et mise au point des contrôles moteur») «laissent fortement penser» que ces «perquisitions» sont «liées aux conséquences de l’affaire des moteurs truqués de Volkswagen», écrit le syndicat. «Ils ont récupéré les PC de plusieurs directeurs», précise le tract. L’information a ensuite été confirmée par la direction du groupe : «La DGCCRF s’est rendue au siège social, au centre technique Renault de Lardy et au Technocentre de Guyancourt.»

Résultat : l’action a salement dévissé, perdant jusqu’à 20% en séance, avant de se reprendre et de terminer en recul de 10,2%, à 77,70 euros. Le fait que Renault ne vende pas de véhicules aux Etats-Unis – où l’allemand VW risque des dizaines de milliards de dollars d’amende pour avoir trafiqué ses voitures et passé sans encombre les tests d’émissions polluantes – n’a pas été pris en compte par les opérateurs de marché qui ont vendu massivement les actions du constructeur. Depuis le 1er janvier, l’action de la marque au losange a entamé une descente de 16%. Et alors qu’aucune perquisition n’a été menée chez PSA Peugeot Citroën, l’autre constructeur français a aussi pâti de ce vent de panique, cédant pour sa part plus de 5%. Les grands constructeurs européens n’ont pas été épargnés non plus par le risque d’un «Renaultgate» : à l’image des allemands BMW, Daimler et bien sûr Volkswagen, qui ont lâché chacun près de 3,5% à Francfort.

«Dépassements de normes»

L’opération de sauvetage de Ségolène Royal suffira-t-elle à redorer la cote boursière des constructeurs ? Une commission technique indépendante, dite «commission Royal», a été mise en place par le ministère de l’Ecologie dans la foulée du scandale Volkswagen. Elle a commandité des contrôles en condition réelle de conduite afin de relever les émissions réelles de COet de polluants, les tests d’homologation des véhicules étant connus pour être, en Europe, très en dessous de la réalité.

Vingt-deux voitures ont été testées sur les 100 prévues. Si ces tests «confirment l’existence de logiciels de fraude sur les deux véhicules Volkswagen testés» et pas sur les autres marques contrôlées, ils révèlent cependant «des dépassements de normes, pour le COet les oxydes d’azote» sur plusieurs modèles étrangers et chez Renault, a confirmé la ministre. «Il s’agit d’écarts importants, inexplicables», insiste le Réseau action climat, membre de cette commission. «Nous allons demander aux constructeurs de venir expliquer ces écarts devant la commission», prévient Lorelei Limousin, de l’ONG environnementaliste.

Quel lien avec les perquisitions de la DGCCRF ? Aucun, assure le ministère de l’Economie, dont dépend le service de répression des fraudes. «Il s’agit d’une autre enquête, précise Bercy, pour savoir s’il y a eu tromperie des consommateurs», c’est-à-dire une fraude organisée. Pourquoi des perquisitions chez Renault et pas chez PSA ? «Elle avait besoin d’éléments complémentaires», se borne à dire le ministère. Difficile pourtant de ne pas lier les deux enquêtes : la DGCCRF fait également partie de la commission Royal.

Richard Poirot , Jean-Christophe Féraud

Isère : trois morts dans une avalanche

Une dizaine de lycéens lyonnais et leur professeur, ainsi que des tiers, ont été emportés mercredi par une avalanche aux Deux Alpes (Isère), sur la commune de Mont-de-Lans. Un adolescent de 14 ans et un Ukrainien extérieur au groupe sont décédés, bilan auquel s’est ajouté ensuite un deuxième élève. On ignore si celui-ci faisait partie des quatre autres skieurs grièvement blessés : trois adolescents retrouvés par les secours en arrêt cardio-respiratoire et leur professeur, polytraumatisé, qui a été transporté au centre hospitalier de Grenoble. Un des élèves a été retrouvé indemne par les secours, selon la gendarmerie, tandis que le sort de ses autres camarades, toujours ensevelis ou sains et saufs également, était encore incertain en début de soirée.

Les élèves appartiennent au groupe scolaire (collège-lycée) Saint-Exupéry de Lyon (IVarrondissement) et sont en cursus sport étude, selon France Bleu Isère.

Selon le Dauphiné libéré, l’avalanche s’est déclenchée sur une piste fermée aux skieurs, la piste noire de Bellecombe. Elle n’était pas damée et a été recouverte de poudreuse dans la nuit. La coulée serait due «sans doute au passage du groupe», indiquent des témoins contactés par France Bleu Isère.

D’importants moyens de secours ont été mobilisés : le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) du Versoud, 30 secouristes de la station, la compagnie de gendarmerie de La Mûre, trois chiens, ainsi que trois hélicoptères, dont un équipé d’une caméra thermique pour repérer d’éventuelles autres victimes. La brigade de recherches de La Mûre a été chargée de l’enquête.

#Avalanche au #DeuxAlpes : une trentaine de secouristes sondent la neige →https://t.co/1Va8LCizoR#Isèrepic.twitter.com/iWDtrnuQoT

— France Bleu Isère (@bleu_isere) 13 Janvier 2016

Une cellule de rise a été ouverte.

❗️ #Avalanche aux #DeuxAlpes (#Isère). Numéro de la cellule de crise du rectorat de Lyon 04 72 80 60 60 cc @Prefet38@academielyon

— GendarmerieNationale (@Gendarmerie) 13 Janvier 2016

 

LIBERATION avec AFP

Pour une primaire à gauche, violences à Cologne et Golden Globes : le point sur l’actu de ce lundi

Appel pour une primaire à gauche.«Nous refusons la passivité face à l’abstention, au vote Front national et à la droitisation de la société». Une quarantaine d’intellectuels, comme l’économiste Thomas Piketty ou le sociologue Michel Wieviorka, et de politiques, tels que Daniel Cohn-Bendit et Yannick Jadot, lancent aujourd’hui un appel dans Libération Libération pour l’organisation d’une primaire à gauche en vue de la présidentielle de 2017. L’organisation d’un vote à gauche incluant François Hollande aurait des conséquences défavorables sur la primaire de la droite.

Violences sexuelles à Cologne. Le nombre de plaintes pour violences lors de la nuit du Jour de l’An à Cologne a explosé, accroissant la pression sur la chancelière Angela Merkel et son ouverture envers les réfugiés. Quelque 516 personnes ont porté plainte, dont environ 40% pour des faits d’agression sexuelle.

Emploi. Les principaux leaders syndicaux et patronaux ont rendez-vous aujourd’hui à Matignon, pour échanger avec Manuel Valls et tenter de glaner quelques précisions sur le plan d’urgence pour l’emploi que détaillera François Hollande le 18 janvier.

Golden Globes. The Revenant et Seul sur Mars, ont triomphé cette nuit aux Golden Globes et s’annoncent comme les grands favoris pour les prestigieux Oscars le mois prochain.Brie Larson a obtenu le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique pour son rôle dans Room. Côté masculin, c’est Leonardo DiCaprio qui rafle la récompense pour son interprétation du trappeur Hugh Glass dans The Revenant.

Scénario hollywoodien. Avant que le plus gros trafiquant mondial de drogues mexicain soit arrêté vendredi, l’acteur Sean Penn avait secrètement rencontré El Chapo pendant sa cavale, en octobre. Il raconte tout dans un interminable article façon journalisme gonzo, publié samedi par le magazine américain Rolling Stone.

Météo. Douze départements des côtes atlantiques et méditerranéennes sont placés depuis cette nuit par Météo France en vigilance orange pour vagues-submersion et vent violent.

Ticket pour le second tour

Édito

Cet appel peut changer la donne de la présidentielle. Il peut surtout rendre au débat électoral sa pertinence et sa force démocratique. C’est pourquoi Libération a décidé de le publier en lui donnant tout la place qu’il mérite pour vivifier le débat civique en France. Déjà, en 2011, le journal avait initié la mécanique de la primaire au côté de l’association Terra Nova. Organisé à la fin de l’été, le scrutin avait remporté un grand succès démocratique. Il s’impose encore plus cette fois-ci. La force du Front national a bouleversé les règles du jeu. Un tiers des Français environ le soutiennent : énorme succès pour Marine Le Pen, qui lui assure en principe la présence au second tour d’une présidentielle. Mais comme l’a montré le scrutin des régionales, les deux autres tiers des Français ne veulent surtout pas d’un exécutif lepéniste. Le premier tour de 2017 sera surdéterminé par ce refus inquiet. Tout candidat minoritaire, toute voix discordante ou originale se retrouvera suspecte aux yeux d’une partie de l’électorat. Celui-là, ou celle-là, divise son camp ! Danger ! Craignant de voir le champion de la droite ou celui de la gauche éliminé dès le premier tour, l’électeur dissident abandonnera celui qui représente ses idées et rejoindra celui qui paraît le mieux à même de figurer au scrutin final. Le «vote utile» se concentrera sur un candidat par défaut, qui rendra la contestation oiseuse mais représentera mal ceux qui voteront pour lui. Et si le vote utile ne se manifeste pas, la gauche sera éliminée comme en 2002. Le débat se retrouvera encadré, étouffé, anémié par les calculs froids des acteurs et des électeurs, enfermés dans cette mécanique bizarre qui veut faire entrer le tripartisme dans un système conçu pour le bipartisme. Le camp qui se divisera au premier tour disparaîtra et, avec lui, les idées qu’il représente.

Comme la gauche en 2012, la droite a trouvé la parade : le débat aura lieu au cours d’une primaire libre, qui désignera le candidat commun, Sarkozy, Juppé ou un autre, dont le camp conservateur espère qu’il pourra ensuite franchir sans encombre l’obstacle du premier tour. L’appel pour une primaire à gauche que nous publions peut rétablir l’équilibre. Divisée, la gauche court grand risque d’être effacée d’emblée. Unie, elle gagne son billet pour le second tour. Dotés chacun d’un seul candidat désigné dans un vote démocratique, les deux camps, droite et gauche, auront alors les mêmes chances. Ils peuvent même, rêvons un peu, surclasser tous deux Marine Le Pen et assurer la présence et de la droite et de la gauche républicaines au second tour. Pour garantir le débat et sauver la gauche, donc, il faut une primaire de toute la gauche. Il ne s’agit pas seulement de logique électorale. Les décisions sociales-libérales et régaliennes prises par le gouvernement Valls, autant que l’agressivité stérile de Jean-Luc Mélenchon, ont gelé le débat de fond à gauche. Les uns sont accusés de trahir, les autres de jouer le pire. Il y a là une querelle doctrinale et programmatique à vider. Pourquoi ne pas le faire au grand jour ? D’autant qu’au second tour de 2012, Mélenchon, aussi critique fut-il envers Hollande, avait appelé à voter pour lui sans une hésitation. Il y a donc bien quelque chose de commun à toute la gauche, qu’il faut définir, au-delà des divergences légitimes. Programme de réforme ou programme de rupture ? Transformation sociale et écologique ou bien aménagement réaliste et social du système de marché ? Europe orthodoxe ou Europe sociale ? Macron ou Duflot ? Mélenchon ou Valls ? Dans un premier tour dominé par la peur du FN et le péril de l’élimination, ce débat sérieux ne pourra avoir lieu. Il faut le lancer avant. Et Hollande, faisant le geste démocratique, quoique président sortant, de se soumettre à un scrutin préalable, en tirera, quel que soit son destin, un bénéfice moral. Il laissera le débat se développer et l’électeur choisir lui-même son champion sans passer par le tamis incertain des partis. Décidément, il faut une primaire de toute la gauche.

Laurent Joffrin

Taubira : l’unité pour justifier l’incohérence ?

Peut-on encore défendre Christiane Taubira ? Certes, on conviendra que sa position est aujourd’hui sinon intenable du moins baroque. D’abord, voilà une ministre de la Justice qui va se présenter devant l’Assemblée pour défendre le projet d’inscrire dans la Constitution l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français jugés coupables de crime terroriste, tout en déclarant ouvertement que cette mesure «n’est pas souhaitable», car son «efficacité» dans la lutte contre le terrorisme est «absolument dérisoire». Il y a dans cette absolue contradiction quelque chose qui vient heurter le bon sens démocratique. Sauf à finir de discréditer la politique pour de bon, le minimum que l’on est en droit d’exiger d’un ministre est qu’il soit en accord avec le texte de loi qu’il défend dans l’hémicycle.

Ensuite, pour reprendre la bonne vieille jurisprudence Chevènement, appliquée avec le départ d’Arnaud Montebourg, «un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne». On peut comprendre (voire souhaiter) que les argumentaires d’un débat qui divise un gouvernement puissent être rendus public. Mais une fois l’arbitrage tombé, le minimum est d’attendre des ministres de la discipline. A l’aune de cette double exigence, on ne comprend pas pourquoi Christiane Taubira ne démissionne pas. Jeudi soir, elle a eu ces mots : «J’entends que j’avale des couleuvres, mais moi je pense qu’il est bon qu’on ait du respect pour les institutions. […] Vous entendez des paroles de parlementaires qui sont aussi loyaux au président de la République et même au gouvernement et qui disent leur sentiment, leur conviction. Donc, nous sommes à un moment où nous pouvons exprimer cela.»

Christiane Taubira ne pouvait trouver à cette mesure des vertus qu’elle lui a toujours refusées. Cela aurait été pire que tout. Pour justifier sa non-démission, la garde des Sceaux avait pourtant un argument qui lui tendait les bras et qui lui permettait de retrouver une (petite) cohérence politique : invoquer l’impératif d’unité nationale. Car si ce gouvernement hérite d’une mesure que la gauche a toujours combattue, c’est que la droite a exigé que cette déchéance de nationalité soit intégrée à la révision constitutionnelle. Et comme Hollande a besoin des voix de l’opposition pour trouver une majorité des trois cinquièmes pour graver l’état d’urgence dans le marbre, Taubira serait devenue la ministre du sacrifice et non celle de la contradiction.

Grégoire Biseau

Valls: «Nous ne pouvons pas créer des apatrides»

Il l’enterre. Depuis son bureau de Premier ministre à Matignon, Manuel Valls a refusé ce mercredi soir d’étendre la déchéance de nationalité à «tous les Français» jugés coupables pour crimes terroristes, solution proposée ces derniers jours par certains socialistes pour éviter de stigmatiser les seuls binationaux. Dans une interview à BFM TV, le chef du gouvernement a ainsi estimé que si le Parlement pouvait faire évoluer le projet de loi constitutionnelle adoptée en conseil des ministres le 23 décembre, il y avait «une condition […] très claire»: «La France ne peut pas créer des apatrides, c’est-à-dire des personnes sans nationalité, a-t-il lancé. Cela ne serait pas conforme à l’image, ni aux valeurs, ni surtout aux engagements internationaux de la France. C’est pour ça que nous n’avions pas retenu l’idée de pouvoir déchoir tous les Français de leur nationalité. Je veux être là-dessus extrêmement clair».

Convaincu d’une «large majorité» au Congrès

Cette sortie de Valls vient après la décision du bureau politique de Les Républicains (LR) qui avait, plus tôt ce mercredi après-midi, refusé cette hypothèse d’une «déchéance pour tous» avancée par certains dirigeants socialistes. Le parti de Nicolas Sarkozy s’est dit prêt à voter la révision constitutionnelle telle que présentée par François Hollande lors du Congrès à Versailles le 16 novembre. Mais pas si l’article 2, celui sur la déchéance de nationalité, est étendu à tous les Français.

Retour donc à la case départ pour des socialistes qui tentent depuis plusieurs jours de se sortir du piège d’une déchéance qu’une très grande majorité d’entre-eux ne peut accepter. Certains d’entre-eux devraient donc avancer l’idée d’une «déchéance de citoyenneté» qui, pour le coup, les rassembleraient. Mais malgré les voix socialistes qui, tous les jours, se prononcent contre une déchéance de nationalité qu’ils ont combattue par le passé, le Premier ministre en est «convaincu»: «La révision constitutionnelle sera adoptée à une très large majorité».

«Conjurer» le «péril» de la «désunion»

En pleine semaine marquée par les commémorations des attentats de janvier et les 20 ans de la mort de François Mitterrand, Manuel Valls supplée ainsi le président de la République dans la défense de sa politique. François Hollande a fixé les lignes lors de ses vœux télévisés du 31 décembre, le Premier ministre s’exécute sur le terrain de la sécurité et du «patriotisme nouveau». Ce mercredi, il reçoit donc BFM-TV à domicile, depuis Matignon et prend la plume dans une tribune à paraître dans l’Obs cette semaine et reçoit . Et le chef du gouvernement, face à «la menace du terrorisme islamiste […] omniprésente» de formuler une «exigence d’unité et de sécurité».

Ainsi, après avoir souligné combien «l’école républicaine», la «laïcité» et le projet de loi égalité et citoyenneté à venir doivent «conjurer» le «péril» de la «désunion», Valls défend dans son texte signé dans l’Obs les mesures de sécurité prises par son gouvernement depuis un an («moyens supplémentaires» pour les forces de l’ordre, «deux lois antiterroristes», «loi sur le renseignement», «suivi des jeunes radicalisés»…). Il défend aussi – et surtout – la révision constitutionnelle proposée par le chef de l’Etat et dénonce les «faux débats, fondés sur des allégations trompeuses». Qui viennent pourtant de son propre camp. Et pas forcément des traditionnels opposants au Premier ministre.

«Etre français, binational ou pas»

«Il peut y avoir des débats. Ils sont légitimes, en convient Valls. Mais […] il faut remettre les choses à leur place. La déchéance de nationalité ne porte pas atteinte au droit du sol ni à la binationalité. Elle vise exclusivement des terroristes, condamnés pour crime, des Français qui ont fait le choix de frapper des Français». Comme il l’avait fait après Noël dans un post sur Facebook, le chef du gouvernement invoque les anti-esclavagistes de 1848 pour justifier qu’on puisse enlever la nationalité française à quelqu’un : «Cette mesure […] rappelle qu’être français, binational ou pas, naturalisé ou de naissance, par le sang ou par le sol, c’est partager les mêmes valeurs, une même espérance, se retrouver dans l’épreuve et dans les souffrances.»

Lilian Alemagna

Attentats de janvier, un an après

Suivez une semaine de commémorations, un an après les attentats qui ont bouleversé la France en janvier 2015.

L’essentiel

• Le 7 janvier 2015, 12 personnes étaient abattues par les frères Kouachi, à la rédaction de Charlie Hebdo rue Nicolas Appert, dans le XIe arrondissement de Paris. Le 8, une policière était tuée à Montrouge par Amedy Coulibaly, et le 9, quatre autres personnes ont trouvé la mort dans la prise d’otages du magasin Hyper Casher, de la Porte de Vincennes (Paris). 

• Un an après, la France se souvient. Mercredi, un numéro hommage de Charlie Hebdo sort ; jeudi, le président de la République s’exprime devant les forces de sécurité, et dimanche, un rassemblement est prévu place de la République, à Paris. 

13:07 Hélène Fresnel, après Bernard

Après Charlie.

Journaliste, la dernière compagne de Bernard Maris cosigne un documentaire, en hommage à l’économiste iconoclaste tué le 7 janvier dernier. Nous l’avons rencontrée. (photo Sabrina Mariez)

Hélène Fresnel, après Bernard

11:48 Pascal Ory : «Le terrorisme 2015 est très individualiste, la réaction de la société l’a été tout autant»

Pour réfléchir.

L’irruption fracassante de la violence dans nos sociétés, qui avaient jusqu’alors pris soin de garder la guerre à leurs confins, a été sidérante en 2015 (photo F. Stucin). Pour l’historien Pascal Ory, il ne faudrait pourtant pas perdre de vue que le terrorisme est aussi le produit de son époque. Lire la suite

Pascal Ory : «Le terrorisme 2015 est très individualiste, la réaction de la société l’a été tout autant»

11:21

Paradoxe.

«Aux chiottes l’armée», «merde à l’armée», «plein le cul de l’armée»… Un ex-collaborateur de Charlie Hebdo republie sur Twitter ces quelques unes antimilitaristes du journal satirique, alors que le chœur de l’armée française doit se produire dimanche lors du rassemblement place de la République en hommage aux victimes des attentats de janvier dernier.

« Le chœur de l’armée française en concert place de la République le 10 janvier pour rendre hommage à Charlie Hebdo. »

04.01.16Olivier Cyran. @OlivierCyran Suivre

10:59

Mémoire.

Un an après la mort de plusieurs membres de la rédaction de Charlie Hebdo dans l’attentat des frères Kouachi, un documentaire fait le portrait des victimes en se plaçant à hauteur de ceux qui restent. Du côté des vivants, réalisé par Bruno Joucla, sera diffusé demain sur France 5, mais il est visible en avant-première ici.

10:37 Un Dieu assassin en une de «Charlie Hebdo»

Hommage.

Dans le numéro de Charlie Hebdo qui sortira mercredi, un an après que la rédaction a été victime d’un attentat, le directeur du journal Riss écrit :«Les convictions des athées et des laïcs peuvent déplacer encore plus de montagnes que la foi des croyants. En 2006, quand Charlie publia les caricatures de Mahomet, personne ne pensait sérieusement qu’un jour tout ça finirait dans la violence. […] On voyait la France comme un îlot laïc, où il était possible de déconner, de dessiner, de se marrer, sans se préoccuper des dogmes, des illuminés», écrit Riss. «Dès cette époque, beaucoup espéraient qu’un jour quelqu’un viendrait nous remettre à nos places. Oui, beaucoup ont espéré qu’on se fasse tuer. TU-ER».Lire la suite

Un Dieu assassin en une de «Charlie Hebdo»

Attentats de Paris : une dixième personne inculpée à Bruxelles, pour «assassinats terroristes»

Une dixième personne, un jeune homme de 22 ans, a été placée en détention préventive à Bruxelles pour «assassinats terroristes et participation aux activités d’un groupe terroriste» dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris, a annoncé ce jeudi le parquet fédéral belge.

Ayoub B., un Belge né en 1993, a été interpellé mercredi au moment d’une perquisition dans la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean. «Le juge d’instruction a délivré ce matin (jeudi) un mandat d’arrêt à son encontre du chef d’assassinats terroristes et participation aux activités d’un groupe terroriste», selon un communiqué.

Une dizaine de téléphones portables, «en cours d’examen», ont été saisis au cours de la perquisition, qui a eu lieu selon les médias belges dans la même maison déjà fouillée trois jours après les attentats du 13 novembre. A l’époque, l’opération avait donné lieu à un spectaculaire déploiement des forces de l’ordre au coeur de Molenbeek, d’où est originaire Salah Abdeslam et qui a servi de port d’attache à plusieurs membres de cellules jihadistes.

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La maison d’une famille proche de Salah Abdeslam

Selon des informations de la chaîne publique RTBF, des «traces» du passage de Salah Abdeslam, un des principaux suspects en fuite, avait été détectées lors de cette première perquisition. La RTBF en tirait comme conclusion qu’il avait été extrait par des complices avant l’intervention des forces de l’ordre.

Le quotidien Het Laatste Nieuwsa rapporté jeudi que la maison était celle d’une famille proche de Salah Abdeslam, dont cinq membres sont partis en Syrie. Ni armes ni explosifs n’ont été découverts lors de la perquisition de mercredi, a précisé le parquet.

Selon la procédure judiciaire belge, ce nouveau suspect devra comparaître dans les cinq jours devant un juge qui décidera de son maintien ou non en détention préventive.

AFP