Le Parti socialiste n’a pas toujours été le premier parti de gauche en France, loin s’en faut. Des élections législatives de 1945 aux élections législatives de 1973 incluses, les socialistes ont été systématiquement devancés par les communistes dans les urnes. La domination actuelle du Parti socialiste s’est construite à partir de la refondation du congrès d’Épinay en 1971. Il a d’abord rééquilibré le rapport de forces en bénéficiant de l’arrivée dans le corps électoral des « nouvelles classes moyennes salariées », avant de prendre le leadership à gauche suite au premier effondrement du Parti communiste lors de la présidentielle de 1981. Depuis son retour au pouvoir national avec l’alternance de 1981, le Parti socialiste obtient des résultats extrêmement fluctuants (Rey, 2007). Il a atteint son plus haut niveau au premier tour de la présidentielle de 1988, avec plus de 10 millions de voix et près de 34 % des suffrages, mais il est également passé deux fois sous la barre des 15 %, aux européennes de 1994 et de 2014. Une fois écartées ces variations conjoncturelles, le Parti socialiste se situe en général aux alentours des 25 % (figure ci-dessous). Mais surtout, il réunit régulièrement plus de 50 % des voix de gauche. Les exceptionssont rares : européennes de 1994, présidentielle de 2002, européennes de 2009, européennes de 2014. Certains types d’élections lui sont en général assez favorables, la présidentielle notamment, et d’autres souvent défavorables, les européennes en particulier, mais le tableau général est bien celui d’une nette domination sur les autres forces de gauche. L’hégémonie du Parti socialiste sur la gauche n’a jamais été remise en cause, en dépit d’un léger tassement lors du second quinquennat de François Mitterrand. Les élections régionales de décembre 2015 ont confirmé cette situation. Malgré des résultats électoraux en retrait sur les précédentes régionales (23,5 % contre 29,5 % en 2010), le Parti socialiste a capté plus de 60 % des voix de gauche. L’effondrement aux européennes de 2014, qui avait un temps laissé penser à un possible retournement du rapport de force interne à la gauche, était une déviation conjoncturelle liée à l’absence de tout enjeu de pouvoir pour ce type de scrutin. De fait, le Parti socialiste est en général d’autant plus fort au sein de la gauche que l’enjeu de pouvoir est important.
Une revue de presse politique