Coup de théâtre au sein du Parti communiste français. La conférence nationale du parti a voté samedi contre un ralliement à Jean-Luc Mélenchon en vue de l’élection présidentielle, contre l’avis du secrétaire national du PCFPierre Laurent.
Sur les 519 votants qui se sont exprimés sur la stratégie à adopter, 274 (55%) ont choisi l’option d’une candidature communiste pour la présidentielle. L’option appelant à voter pour Jean-Luc Mélenchon, qui était portée par Pierre Laurent, n’a recueilli que 218 voix. Mais ce sont les quelque 50 000 militants qui prendront la décision finale lors d’un scrutin prévu du 24 au 26 novembre et organisé dans chaque section ou fédération du PCF.
« Une belle leçon de démocratie »
« Je crois qu’il est important que nous soyons comptables de la poursuite démocratique de ces débats et que l’ambiance qui a prévalu, d’écoute et de respect, soit maintenue pour la période qui s’ouvre », a exhorté Pierre Laurent, évoquant « une belle leçon de démocratie » malgré ce revers personnel. Vendredi, le secrétaire national avait effectivement témoigné de sa préférence à un ralliement à Jean-Luc Mélenchon, qui avait déjà remporté la consultation interne du PCF en 2011 et avait, avec cet appui, été candidat à l’élection présidentielle de 2012 sous la bannière du Front de gauche.
« Les camarades ont bien vu que ce que portait Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui n’était pas ce qui faisait notre campagne commune en 2012 », a déclaré à l’Agence France-Presse Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. « Il y a peut-être dans le vote de la conférence nationale l’expression de cela », a-t-il poursuivi. Durant la journée de débats à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris, plusieurs secrétaires fédéraux ont fait part de leurs sérieuses inquiétudes concernant le cadre proposé par le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise.
« Vous croyez que je fais tout ce que j’ai fait pour aujourd’hui (…) me plier aux injonctions de La France insoumise ? Vous rigolez ! » avait tenté de rassurer depuis la tribune Pierre Laurent, promettant que le PCF garderait son « autonomie d’initiatives ». Parmi les opposants au ralliement à Jean-Luc Mélenchon, le député du Puy-de-Dôme, André Chassaigne, a dit ne pas croire qu’« au sein d’une campagne menée par Jean-Luc Mélenchon, on puisse porter (leurs) propres idées, ce n’est pas possible ». « Je pense donc qu’il nous faut notre propre candidat », a-t-il ajouté, suivi en ce sens par la majorité de la salle.
Un soutien à Arnaud Montebourg ?
En 2011, Jean-Luc Mélenchon avait largement remporté la consultation interne du PCF et avait, avec cet appui, été candidat à l’élection présidentielle de 2012 sous la bannière du Front de gauche, une coalition qu’il a quittée pour créer en février dernier son propre mouvement, « La France insoumise ». Lâché en rase campagne, le PCF cherche à clarifier un positionnement décidément bien flou pour la présidentielle, puisqu’il a été aussi fait allusion plusieurs fois cette semaine à un possible soutien à Arnaud Montebourg s’il gagnait la primaire de la gauche organisée par le PS.
Ce dernier, interrogé sur le vote des cadres du PCF, a refusé « par délicatesse » de commenter. Arnaud Montebourg a néanmoins prôné à nouveau « l’union des gauches ». « Les partis politiques s’autodéterminent librement. Je n’ai pas à intervenir dans les choix des autres partis de gauche ». Dans un entretien au Journal du Dimanche la semaine dernière, Arnaud Montebourg s’était dit prêt à faire l’union avec le PCF dès le premier tour, et il avait dénoncé la « radicalité » de Jean-Luc Mélenchon.