Les quatre candidats à la primaire écologiste ont montré beaucoup de similitudes et quelques différences mardi dans leur premier débat télévisé, les trois députés européens se flattant de venir « du terrain » face à la « politicienne » Cécile Duflot. « Je veux absolument porter nos idées au premier tour parce que les Français sont prêts, ils sont écolos », a déclaré en introduction la benjamine de l’élection, Karima Delli, 37 ans, sur le plateau de LCP-Public Sénat. « Alors, pourquoi ils ne votent plus pour nous ? Parce qu’ils ne veulent plus de tactiques politiciennes ni de stratégies totalement illisibles », a poursuivi la députée européenne, plantant le décor.
« Je suis de toutes ces familles de la solidarité internationale, de l’altermondialisme, de l’écologie associative, de l’écologie politique et c’est pour ça que je pense que je suis le mieux placé pour toutes les rassembler et rassembler au-delà », a conclu de son côté une heure et demie plus tard Yannick Jadot, donné comme le concurrent principal de Mme Duflot. De son côté, l’ancienne secrétaire nationale des Verts, qui fut ministre dans le premier gouvernement du gouvernement Hollande, s’est efforcée au contraire de souligner ses points d’accord avec ses adversaires. « Nous avons besoin d’un cap, et c’est celui de la République écologique. (…) Nous avons besoin aussi d’une méthode, d’un savoir-faire, de pouvoir dérouler les propositions, de les mettre en oeuvre », a-t-elle résumé.
Quant à la troisième députée européenne, Michèle Rivasi, elle a demandé aux votants à la primaire – plus de 10.000 personnes mais les inscriptions sont closes samedi – de choisir en fonction de « la personnalité, l’implication pour porter l’écologie politique, la crédibilité, l’authenticité des combats ». Sur la lutte contre le chômage, les quatre se sont accordés sur le programme d’Europe Ecologie-Les Verts: créations d’emplois par la transition écologique, passage aux 32 heures et revenu universel de base. Accord également sur la sortie du nucléaire, et contre le diesel.
Suppression du poste de Premier ministre
Sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme, thèmes sur lequel on reproche volontiers aux écologistes d’être « naïfs », selon Yannick Jadot, ils ont convenu de la nécessité d’une meilleure coopération européenne dans la police, le renseignement et la justice. Ce sujet a aussi été l’occasion pour Yannick Jadot de réclamer plus de cohérence en politique étrangère: pour lui, il ne faut pas être « copain-copain avec l’Arabie saoudite et le Qatar qui exportent une vision fascisante de la religion », même s’ils sont des clients de l’industrie de défense française, même s’ils fournissent la France en pétrole.
La question de la réforme des institutions a été l’occasion pour Karima Delli de pointer sa différence. « On a la République écolo de Cécile Duflot : tout à l’heure, Cécile a dit qu’on ajoute dans la Constitution le mot réchauffement climatique, ce n’est pas du tout le projet de société que j’ai envie de proposer ». Elle a plutôt plaidé pour une « Constitution participative » et la suppression du poste de Premier ministre, au profit d’un « vice-président chargé des Affaires européennes ».
Taxer « jusqu’à 90% » les plus riches »
Cécile Duflot a défendu l’introduction du terme « climat » dans la Constitution, afin de « se doter d’un cap et ce cap se décline dans des politiques publiques ». De son côté, Yannick Jadot a proposé d’inscrire dans la Constitution la lutte contre les discriminations, notamment au travail. Sur la fiscalité, Cécile Duflot propose la « mise en oeuvre du facteur 12: on ne peut pas gagner plus en un mois que ce que d’autres gagnent en un an », afin de déboucher sur « une fiscalité très redistributive ».
Karima Delli propose de taxer « jusqu’à 90% » les plus riches », et la fin de l’évasion fiscale. Pour elle, « l’écologie, ce n’est pas un luxe pour les bobos mais une réponse aussi pour les classes populaires ». « Je suis assez traumatisée par le fait que les Français ont un rejet de la politique (…) Je me suis dit: +il y a des politiques qui veulent faire bouger les lignes+. Et notamment pour moi, l’écologie est incontournable », a conclu pour sa part Mme Rivasi, ancienne députée PS, pour justifier son engagement à EELV.