Idée. À chaque nouveau gouvernement, le pouvoir, main sur le cœur et sur le portefeuille public, promet de limiter les effectifs des cabinets ministériels. Des chiffres fusent : dix conseillers maximum pour les ministères de faible envergure, vingt conseillers pour les ministères importants. Or trois conseillers par ministre suffiraient. Cette règle, absolument impérative, encadrée par un texte, redessinerait les cabinets et l’action publique. Voici ce que pourrait être un cabinet : un directeur chargé des dossiers, un chef de cabinet pour les affaires courantes, un conseiller politique ou stratégique (le ministre choisira le nom de son collaborateur). Il faut, par ailleurs, se défaire des chauffeurs, cuisiniers et autres intendants qui seront plus utilement employés à d’autres tâches dans les administrations. Il n’y a pas, avec cette idée, saignée, mais souci d’exemplarité. Les cabinets ne sont pas des lieux de gabegie, mais d’effervescence improductive. Un premier sujet relève du mode de vie et du train de vie. Qu’un ministre ait un chauffeur, cela peut se comprendre. Mais, pour ses collaborateurs, cela n’a plus de sens. Qu’ils prennent les transports en commun ou le vélo. Ce serait exemplaire. Mais le principal sujet est celui de l’efficacité de l’action gouvernementale. Or les cabinets ont souvent une fonction d’écran entre le ministre et l’administration qu’il dirige. En gros, on trouve un conseiller pour chaque directeur d’administration centrale, ce qui alimente les doublons.
Mode d’emploi. De façon pragmatique, il faudrait que les directeurs d’administration centrale soient le cabinet, en lien direct avec le ministre. Bien entendu, la proposition est problématique, car le ministre peut ne pas avoir confiance en ses directeurs. Il faudrait donc qu’il ait la possibilité de les changer rapidement. Une telle orientation ne s’inscrit pas dans la tradition française. Ça pourrait donc être une réforme d’ampleur. De fait, la réforme des cabinets ministériels n’est pas une mini-réforme, c’est un changement profond. Si l’on veut transformer l’action publique, il est bon de réformer l’ensemble, en commençant par la tête.