Les institutions ne sont plus adaptées et ralentissent le processus décisionnel : c’est l’avis du chef de l’État à l’approche de l’élection présidentielle de 2017. Dans sa ligne de mire : le poste de Premier ministre dont il souhaiterait la suppression. Une idée ambitieuse et de plus en plus partagée au sein de la classe politique, mais qu’il n’aura sans doute pas le temps de concrétiser avant la fin de son mandat. Une simple opération de communication sur le chemin des élections ?
La Ve République, régime parlementaire à tendance présidentialiste, dote pourtant le chef du gouvernement d’un rôle important. Il assure la mise en oeuvre des orientations politiques, la coordination de l’action gouvernementale, dispose du pouvoir réglementaire et joue un rôle central dans la procédure législative. Mais, comme l’explique François Hollande en privé, dans son projet, « tout remonte au président ».
La Ve République évolue
Pourquoi vouloir la peau de ce Premier ministre ? L’idée défendue par le chef de l’État reflète la transformation de notre système politique vers une « hyper-présidentialisation », liée à la modification du calendrier électoral avec le passage du septennat au quinquennat (2002). La simultanéité des élections présidentielle et législatives diminuant fortement les risques de cohabitation. Le président prend donc aujourd’hui de plus en plus de place dans le règlement des affaires intérieures. Cela est apparu clairement sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
Il apparaît donc aujourd’hui important, pour François Hollande, de prendre en considération ces évolutions pour une « présidence forte ». Claude Bartolone plaide depuis plusieurs années pour ce même projet. François Fillon l’avait également suggéré alors qu’il était encore à Matignon, soutenant l’idée d’un président gouvernant seul face à une Assemblée aux pouvoirs renforcés. Nathalie Kosciusko-Morizet a rejoint le mouvement en mai dernier. Pour elle, « notre régime s’est présidentialisé. Autant en prendre acte en supprimant le Premier ministre. »
Un seul homme fort
Malgré la progression du présidentialisme, la suppression de l’homme de Matignon ne fait pas l’unanimité. Cela aurait pour conséquence de nier l’un des principes au coeur de toute démocratie : la responsabilité. Actuellement, l’Assemblée nationale, élue au suffrage universel direct, détient le pouvoir de sanctionner le gouvernement avec la motion de censure. Mais, cette dernière ne peut peser sur le président, car cela rendrait le régime fortement instable. De plus, l’essentiel du pouvoir serait ainsi détenu entre les mains d’un seul homme. Une problématique qui avait été dénoncée par Georges Pompidou dans son ouvrage Le Noeud gordien (1974).
François Hollande n’est aujourd’hui pas le seul à vouloir réformer la Ve République pour rendre le pays plus gouvernable. Réduire le nombre de parlementaires pour Bruno Le Maire, donner plus de pouvoirs au Parlement pour Cécile Duflot, redonner le pouvoir aux citoyens par le référendum pour Jean-Luc Mélenchon sont quelques-unes des multiples propositions. Un classique avant chaque élection présidentielle.