David Cormand, 41 ans, a été élu nouveau patron du parti Europe Écologie-Les Verts. Il occupait déjà ce poste depuis le départ d’Emmanuelle Cosse en février. Il a été choisi par 60,05 % des voix, a annoncé le parti, qui tient son congrès à Pantin. David Cormand sera accompagné d’un duo de secrétaires nationaux adjoints, Sandrine Rousseau et Alain Coulombel. Cette configuration est le résultat de la fusion de leurs listes, arrivées première et deuxième chez les adhérents lors du congrès décentralisé du parti.
Le reste du congrès a permis de trouver un accord in extremis au sein d’Europe Écologie-Les Verts. Son congrès fédéral se tient à Pantin (Seine-Saint-Denis) et doit désigner un nouveau patron sur une ligne de rupture avec le Parti socialiste. Pour parvenir à ce résultat, sa motion Réinventer-Horizon 2025, signée notamment par Cécile Duflot et qui avait réuni 35 % des votes deux semaines plus tôt, s’est associée avec celle coconduite par l’actuelle porte-parole Sandrine Rousseau et Alain Coulombel. Cette motion, Écologie en commun, avait recueilli le 28 mai, lors du Congrès décentralisé, le deuxième meilleur résultat (24 %).
Écologie utopiste et réaliste
Au terme de cette fusion actée dans les dernières heures de négociations, outre l’écriture d’un texte de synthèse (« Réinventer l’écologie en commun »), un nouvel organigramme a été convenu, dans lequel Sandrine Rousseau et Alain Coulombel seront tous deux « secrétaires nationaux adjoints ». « Notre idée était de sortir d’un fonctionnement très personnalisé du parti pour aboutir à un fonctionnement collégial », s’est réjouie Sandrine Rousseau, affirmant avoir obtenu « des gages très forts ». Alors que EELV, pourtant tout jeune parti créé en 2010, sort de mois de déchirements individuels et politiques, elle a souhaité que « cette séquence très tournée sur l’interne s’ouvre maintenant vers l’extérieur ».
Sur le fond, le texte appelé à devenir majoritaire défend une « écologie singulière », à la fois « utopiste et réaliste », et prévoit une réforme du fonctionnement du parti afin que l’ensemble des adhérents soit consulté sur « les décisions stratégiques » au lieu du seul bureau exécutif auparavant. Il acte noir sur blanc la rupture totale avec le PS. À propos des prochaines échéances électorales, il promet de soutenir « un candidat émanant d’EELV ou de la société civile » sur la base d’un projet pour la présidentielle. Aux législatives et aux sénatoriales, il promet « une stratégie claire, validée par les adhérents, excluant tout accord, même technique, avec l’appareil du PS ».
Dizaines de départs fracassants
Trois autres listes vont également être redéposées au second tour, dont celle de l’aile gauche du parti (L’Imprévu, 17 %), qui a brocardé samedi « l’échec du renouveau, la firme numéro 2 », en référence au « clan » que formaient, selon leurs détracteurs, Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé et leurs proches. « On a tenté jusqu’au bout de construire une alternative, ça a buté sur la reconduction de l’équipe sortante et sur la question de l’autonomie d’EELV », a regretté Élise Lowy, qui a essayé de s’allier avec Écologie en commun. Elle n’a pas eu de mots assez durs pour « l’équipe Duflot qui est là depuis 10 ans ».
La liste de l’aile droite, menée par Henri Arevalo (Europa, 17 % aussi), n’a elle pas négocié d’alliances, puisqu’elle est la seule à ne pas prôner la rupture avec le PS. Pour le sénateur EELV Ronan Dantec en effet, une primaire très large de la gauche et des écologistes, incluant François Hollande, reste « le meilleur des scénarios pour la présidentielle ». Le parti a été très affaibli par les divisions internes depuis la décision de Cécile Duflot et de Pascal Canfin de ne pas intégrer le gouvernement Valls en mars 2014. Des dizaines de départs, souvent fracassants, d’élus et de figures du parti, se sont succédé ces derniers mois, jusqu’à la décision surprise d’Emmanuelle Cosse d’accepter un ministère.
La récente explosion du groupe écologiste à l’Assemblée nationale a achevé d’acter la désunion.