Français de l’étranger : le BP vote à l’unanimité pour le compromis

Les Français de l’étranger habitant loin des grandes villes pourront voter par Internet, les autres devront se rendre dans des bureaux de vote dont l’implantation aura été soigneusement choisie au préalable par le comité et la Haute autorité de la primaire. Voilà donc le compromis choisi par l’ensemble du bureau politique de LR ce mardi 17 mai. Mais chez les Républicains comme dans une grande famille, avant de tomber d’accord, on se taquine, on s’emporte, on s’engueule. Morceaux choisis d’un BP gentiment agité.

« Cours d’école »

Une minute d’avance. A 17 h 59, le top départ du bureau politique est donné par Nicolas Sarkozy. Signe d’une grande ponctualité ou d’une inquiétante fébrilité ? « Quand des sujets importants vont être évoqués en BP, il aime démarrer pile à l’heure, c’est sa manière à lui de prendre les gens de court, d’installer de la gravité », juge un participant. Et de l’avis de plusieurs membres du bureau, aujourd’hui « Sarko était tendu ». Tendu parce que quelle que soit l’issue du vote, en ouvrant ce bureau politique il sait, il flaire, en fin politicien, que son image sortira écornée de cette bagarre ubuesque à laquelle les électeurs ont assisté avec désolation.

A peine prend-il la parole qu’il s’emmêle les pinceaux et parle de « la primaire de la gauche ». Pas question d’en rester là, Sarkozy saisit l’occasion pour lancer une blague en forme de pique à son rival Alain Juppé assis juste à sa droite : « Pardon, je voulais parler de la primaire de la droite mais comme je regardais Alain… » Rires dans l’assistance. Le maire de Bordeaux – « qui a beaucoup d’humour », martèlent souvent ses proches – esquisse le petit sourire de celui qui prépare un bon mot. Le voici qui élève la voix : « Cher président, moi qui suis à ta droite aujourd’hui et pour l’instant… » Nouveaux gloussements dans la salle. Et le favori des sondages de reprendre, plus sérieusement : « Le travail de Thierry Solère était précis. On aurait pu se passer de la semaine de psychodrame autour de ça, l’argument d’un scrutin inégalitaire était inutile. » Première flèche envoyée.  Réponse immédiate et agacée de Sarkozy : « Pas la peine d’être agressif Alain, tout va bien, aucun débat n’est ridicule. » « Non j’ai pas dit que c’était ridicule, j’ai dit que c’était inutile, ne changeons pas les mots. » L’échange – de haute volée – sera qualifié à la sortie du BP de « truc de cours d’école » par un participant consterné qui conclue :« Tout le monde veut garder la face »

Sarkozy : « Ne nous lions pas les mains »

Quelques minutes plus tard, c’est au tour des Nathalie Kosciusko-Morizet de prévenir : « Il faut que ce soit la dernière modification de la charte. » Sauf que Nicolas Sarkozy n’entend pas s’engager sur ce point. « Non, il ne faut pas qu’on dise que c’est la dernière modification de la charte, rétorque-t-il. On va potentiellement continuer à modifier la charte, imaginons qu’il y ait des conditions sécuritaires graves dans le pays, ne nous lions pas les mains. »

Le numéro 1 et son ancienne numéro 2 auraient pu en rester là mais Eric Woerth chargé du projet des Républicains décide de profiter de ce BP où l’entente règne pour s’attaquer à NKM. « Nathalie, tu vas sur toutes les radios et les télés pour dire qu’on tripatouille la charte, c’est faux, tu peux pas faire ça, tu discrédites la primaire. » Réponse de l’intéressée : « Tu te trompes, on a effectivement changé la charte, il y a un an on avait décidé qu’on faisait le même système de parrainages pour les élus que pour la présidentielle. »

Heureusement, après quarante minutes d’échanges stériles, dans un coin de la grande salle de la rue de Vaugirard, Christian Jacob, patron du groupe LR à l’Assemblée, semble revenir à la raison. A ses comparses, il lance : « Bon, comme on a l’air tous d’accord on va peut-être arrêter les débats maintenant et passer au vote. »  A l’unanimité, tout ce petit monde d’accord sur rien a donc voté pour un compromis sur le vote des Français de l’étranger. Le mot de la fin revient à ce député non-aligné qui déplore, lucide : « Personne n’en sort grandi mais tant pis. »