Ambiance barricades cette nuit à Paris. Suite aux arrestations survenues pendant la manifestation lycéenne contre la loi Travail, plus de 150 personnes se sont mobilisées pour exiger la libération des interpellés. Alors qu’au même moment la sixième édition du mouvement Nuit debout bat son plein, plusieurs individus rejoignent le boulevard Saint-Germain. Au programme : formation de barricades, concerts improvisés et manifestation sauvage.
De République à st Germain
Sur la place de la République mardi soir, les «Nuits Deboutistes« sont plus d’un millier. Depuis près d’une semaine, le mouvement s’est structuré à mesure que les sympathisants affluent. Vendredi soir, une sono défaillante était montée sur des palettes pour transmettre la parole des manifestants. Mardi soir, plusieurs enceintes sont disposées pour une assemblée générale en stéréo. De nouvelles tentes sont montées en l’absence de celles du Droit au logement (DAL). La nouveauté : on y accueille des sans papiers. Des stands de restauration poussent également aux quatre coins de la place, alors que les commissions continuent leur travail dans un esprit démocratique.
L’événement de la soirée, c’est la projection du film Comme des lions qui retrace la lutte des salariés de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois. Alors que l’assemblée générale réunit une foule impressionnante, un message circule entre les manifestants : «Il paraît que ça bouge devant le commissariat». En effet, sur le boulevard Saint-Germain, plusieurs individus se massent pour bloquer la circulation et «demander la libération des camarades». L’assemblée générale terminée, les organisateurs projettent une vidéo du site Taranis sur les violences policières de la veille. Une femme prend le micro : «Vous pouvez soutenir les interpellés en vous réunissant devant le commissariat comme beaucoup sont en train de le faire, où rester ici pour regarder le film. Faites comme vous voulez !.»
Les «Nuit Deboutistes» se concertent. Ceux qui assistent au film restent en contact par téléphone avec les manifestants de Saint-Germain. Le rassemblement est aussi suivi sur Periscope par plus 1500 internautes. Des rumeurs circulent selon lesquelles certains interpellés auraient été libérés. L’excitation gagne les manifestants, renforcée par l’histoire du combat des «lions» de PSA. Le film est interrompu au bout de 40 minutes pour «motiver les gens à voir la suite dans les salles de cinéma». Pour beaucoup c’est le signal qu’il faut partir : «Allez on se motive !»
«Des barricades partout !»
Sur le boulevard Saint Germain, on accueille les nouveaux venus avec des cris de joie. «L’ambiance est superbe» décrit un témoin. Les manifestants chantent la libération de leurs camarades alors que la police les encercle. La foule les interpelle : «CRS avec nous !» Un concert de trompette est improvisé. Des barricades se forment à l’aide de barrières de chantier et de poubelles. Des manifestants entament un concert de percussions en chantant «On n’a pas peur !»
Le bd St Germain est complètement bloqué #NuitDeboutpic.twitter.com/jvMDru39AA
— Arnaud Contreras (@ArnaudContreras) 5 avril 2016
En réaction, les CRS interviennent «à coup de matraques et de lacrymo à bout portant», rapporte un témoin. Les négociations commencent finalement avec les forces de l’ordre, qui décident de les laisser retourner vers République «à condition qu’ils soient escortés par la police». Une manifestation sauvage s’organise alors que la police accompagne les militants. Même si beaucoup d’interpellés sont encore retenus, les «Nuit Deboutistes» se réjouissent «Il y a eu beaucoup de libérations c’est génial.» Alors que le mouvement Nuit debout gagne de plus en plus de villes en France, d’autres actions sont encore prévues dans la semaine.
Cyril Castelliti