Pour les parents et enseignants du Collectif Castellane, l’évaluation a assez duré : le groupe, fédéré dans le nord de Marseille pour dénoncer le manque de moyens des écoles de la ville, lance ce dimanche une invitation pour la tenue d’états généraux de l’éducation, le 23 mars. Objectif, «maintenir la pression sur les responsables politiques pour ne pas qu’ils oublient leurs promesses, sitôt les médias partis», indique l’appel, envoyé aux directeurs des 444 établissements du premier degré que compte la ville.
Au programme de ce rendez-vous, la mise en place «d’actions collectives» pour maintenir la pression alors que les équipes du préfet doivent présenter fin mars des solutions pour les écoles de la ville, après un mois d’évaluation sur le terrain.
Etablir un programme de travaux
Cet état des lieux, confié début février par les ministères de l’Education nationale et de la ville au préfet de région et au recteur, avait été commandé pour répondre à la polémique déclenchée par la médiatisation de la lettre ouverte d’une enseignante du XVe arrondissement de Marseille. Dans son courrier, Charlotte Magri interpellait la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, sur l’état calamiteux de son école, loin d’être une exception dans la ville. Bâtiments vétustes, fournitures rationnées, classes en surcharge, organisation ubuesque des services techniques… Un tableau noir, dénoncé depuis longtemps par les acteurs de l’éducation à Marseille, que Libération avait qualifié à la une de «honte de la République» dans son édition du 2 février.
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La municipalité menée Jean-Claude Gaudin (LR), responsable de l’état et de l’entretien des bâtiments scolaires, avait alors hurlé au scandale, s’insurgeant contre une cabale politicienne et préférant minimiser la situation. Depuis, la ville a revu sa copie en toute discrétion, réalisant immédiatement un certain nombre de travaux et annonçant le déblocage de 9 millions d’euros sur trois ans pour répondre à l’urgence. Surtout, ses services semblent désormais collaborer pleinement avec la préfecture pour cette mission d’évaluation, dont l’objectif est d’établir un programme de travaux à moyen et long terme, alors que des retards importants ont été pris au cours des trois précédents mandats de Gaudin.
«Gigantesque cahier de doléances»
«De la poudre aux yeux pour gagner du temps, évacue Pascal Pons, enseignant et membre du Collectif Castellane. Il est rageant de voir que l’on refait l’inventaire d’une situation connue depuis longtemps. Pourquoi cette fois ce serait suivi d’effets ? Ces états généraux que nous proposons, ce n’est pas pour dire ce qui se passe, c’est pour faire.» Chaque école est invitée à envoyer une délégation composée de parents, d’enseignants et de personnels municipaux. Sans établir de programme, l’appel fixe quelques pistes de réflexions, comme la rénovation des bâtiments, l’embauche de moyens supplémentaires et un contrôle de l’utilisation des fonds publics dédiés à l’école.
Le collectif a également invité syndicats et parents d’élèves, ainsi que des personnalités publiques pour nourrir la réflexion. Et surtout, imaginer de futures actions. «Sans rapport de force, il n’y aura pas de victoire, plaide Pascal Pons. Il faut se fédérer pour mieux peser.» Le collectif a déjà prévu de s’associer à l’autre action collective déjà programmée, au côté d’une intersyndicale d’enseignants et des principales associations de parents d’élèves : un rassemblement pique-nique est prévu le 30 mars devant la préfecture de région, pour remettre au préfet un «gigantesque cahier de doléances des écoles marseillaises».
L’appel du Collectif Castellane pour des états généraux de l’éducation :
Stéphanie Harounyan correspondante à Marseille