«Il faut trouver une solution, en particulier pour ces enfants. C’est choquant de se dire que si près de Londres et de Paris des gens, et surtout des centaines d’enfants non accompagnés, vivent dans une situation aussi épouvantable. Les deux tiers de ce lieu doivent être évacués, et on ne sait pas ce qu’ils vont devenir.» L’acteur Jude Law, tout simple, et presque méconnaissable avec son bonnet gris-bleu sur la tête, était dans la «jungle» de Calais dimanche après-midi pour soutenir les associations de soutien aux migrants qui se battent pour que le bidonville ne soit pas évacué comme prévu mercredi matin par les autorités préfectorales. La jungle compte quelque 4500 migrants, dont environ 400 enfants et adolescents, pour la plupart sans leurs parents selon les ONG présentes sur place. Huit d’entre elles ont assigné l’État en référé mardi pour tenter d’éviter l’expulsion.
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Sous le dôme plein à craquer du Good Chance Theater, un lieu culturel installé dans la jungle depuis octobre, Jude Law a lu une lettre à David Cameron d’associations britanniques (Help Refugees, Citizen UK) qui demandent au Premier ministre britannique d’accueillir sur son sol les mineurs isolés qui ont de la famille au Royaume Uni, comme la loi le permet, et de s’assurer que les autres mineurs soient protégés par la France, et enfin de faire en sorte que la zone sud de la jungle ne soit pas détruite avant ces deux «urgentes tâches».
«La mort me suit comme une ombre»
À ses côtés, l’humoriste Shappi Khorsandi, l’acteur de sitcom Matt Berry, Toby Jones – le Claudius de Hunger Games, le chanteur Tom Odell -qui a chanté du Nina Simone, Tom Stoppard – le réalisateur de Rosencrantz et Guildenstern sont morts -, et les comédiennes Harriet Walter et Juliet Stevenson.
Matt Berry a lu la lettre d’un Iranien de 38 ans, Ebrahim : «Je suis dans la jungle depuis 7 mois. J’ai quitté mon pays, il y a 16 ans, et je n’ai pas revu ma famille depuis. En 16 ans, je n’ai pas été traité en humain.» Une militante britannique a lu celle d’un autre Iranien, arrivé désormais à Croydon, dans la banlieue de Londres : «Je ne veux que vivre. La mort me suit comme une ombre dans cette infernale jungle d’espoirs.» Un musicien afghan, Esmaïl Nazari, 29 ans, qui a «fui les Taliban» et vit dans la jungle avec sa femme et ses trois enfants, a mis le feu au public avec «Madar, Madar», une chanson sur sa mère. Des exilés ont mimé des moments de leur vie. «Ah, ils passent dans le tunnel sous la manche, s’écrie un Afghan dans le public, que Dieu les protège!»
Haydée Sabéran (à Calais)