Nouvelle manifestation à Ajaccio : «On est chez nous»

«On est chez nous», «Arabes dehors», «On est toujours là», ont scandé samedi après-midi quelques centaines de manifestants venus protester pour la seconde journée consécutive dans plusieurs quartiers populaires d’Ajaccio contre l’agression de deux pompiers et un policier la nuit de Noël. «Je suis contente qu’ils soient là», a témoigné une habitante des Jardins de l’Empereur, une cité populaire des hauteurs de la ville, interrogée par l’AFP : «ça fait cinquante ans que je vis là et ce n’est plus possible».

Au lendemain du saccage d’une salle de prière musulmane en marge d’une première manifestation, un dispositif conséquent de gendarmes mobiles et CRS veillait à empêcher tout débordement dans ce quartier où les manifestants sont arrivés en milieu d’après-midi, avant de se diriger vers les quartiers voisins de Saint-Jean et Sainte-Lucie.

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Les portes vitrées de trois halls d’entrée du quartier de l’Empereur ont été brisées à coups de pierre par un manifestant, a constaté une journaliste de l’AFP qui n’a noté aucune violence à Sainte-Lucie, où un fumigène a simplement été lancé.

Le cortège commençait à se disperser vers 18 heures.

«Un véritable guet-apens», selon un pompier blessé

Ces manifestations visent à dénoncer les agressions dont ont été victimes deux pompiers puis un policier dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon la préfecture, un incendie avait été «volontairement allumé» dans les Jardins de l’Empereur «pour attirer les forces de l’ordre et les pompiers dans un guet-apens».

Selon le témoignage de l’un des deux pompiers blessés dans cette agression, ils sont d’abord tombés sur cinquante à soixante individus qui se trouvaient autour d’un feu et leur ont lancé des projectiles : pierres, parpaings, barre de fer. Puis, alors qu’ils rebroussaient chemin, les pompiers ont a nouveau été pris à partie par un petit groupe : «Nous avons été pris dans un véritable guet-apens par une vingtaine de personnes armées de barres de fer, de battes de baseball, cagoulées. Ils ont essayé de nous porter des coups, d’ouvrir le camion, ils ont réussi à briser les vitres», a relaté le pompier sur i-Télé.

«C’est un tout petit groupe de jeunes», a nuancé Mehdi, un autre habitant des Jardins de l’Empereur, âgé de 35 ans. «Les parents abandonnent, le problème c’est l’éducation. Mais nous, nous voulons tous vivre ensemble, sans problème.»

«Arabi fora», «On est chez nous !», «Il faut les tuer»

Vendredi, une première manifestation pacifique de soutien aux pompiers et au policier a rassemblé quelque 600 personnes devant la préfecture d’Ajaccio mais, en fin de journée, environ 300 d’entre elles ont rejoint le quartier des Jardins de l’Empereur. Ces manifestants ont d’abord affirmé vouloir retrouver les auteurs de l’agression de la veille, scandant pour certains «Arabi fora (les Arabes dehors, ndlr) !» ou «On est chez nous !».

Une vidéo – non authentifiée – publiée sur Twitter fait aussi état de manifestants criant «Il faut les tuer» :

Les corses scandent  » Il faut les tuer  » pendant l’attaque de la salle de prière musulmane #Ajacciopic.twitter.com/XbKRWrNACQ

— Nacéra (@NasNacera) 26 Décembre 2015

Un petit groupe s’est ensuite détaché pour saccager une salle de prière musulmane. Les casseurs ont tenté de mettre le feu, puis n’y arrivant pas, ont cherché à brûler une cinquantaine de livres, dont des exemplaires du Coran. Un restaurant kébab a été également dégradé. 

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LIBERATION avec AFP