Dans les rues de Calais, défilé en soutien aux réfugiés

«UK, UK !» Dans les rues de Calais, les réfugiés scandent leur rêve, les habitants les regardent passer à leur fenêtre, certains en famille, avec le chien à côté d’eux. Samedi après-midi, 2 000 personnes ont défilé, de la jungle, ce bidonville où vivent 5 000 migrants, Irakiens, Syriens, Afghans ou Soudanais, à la place d’Armes, en plein centre-ville. Militants du NPA, de Solidaires, comités de sans-papiers de Lille et de Paris, bénévoles anglais et calaisiens, qui interviennent au quotidien dans la jungle, associations d’aide aux migrants, citoyens engagés, anti-fa, le mélange est hétéroclite, et joyeux.

Philippe Poutou, porte-parole du NPA, est présent, pour dénoncer l’ambiance de «repli sur soi et de xénophobie», et demander l’ouverture des frontières. Karima Delli, député européenne EELV dénonce l’inaction gouvernementale, et balaie d’un revers de la main les 1500 places d’accueil récemment ouvertes dans des containers : «C’est insuffisant.» Devant la statue du général de Gaulle et de sa femme Yvonne, Calaisienne d’origine, deux jeunes réfugiés prennent la pose, pour un selfie. Se croient trente secondes en voyage touristique.

Aucun incident n’est à déplorer, malgré des provocations des militants de Sauvons Calais, groupuscule d’extrême-droite. Le service d’ordre, militants associatifs et réfugiés mélangés, est vigilant, pour éviter tout dérapage, qui nourrirait les rumeurs. Romain, 20 ans, militant UDI, assiste à la manif : «Je suis là pour témoigner que les migrants sont capables de revendiquer leur cause, sans violences et sans dégradations. On entend trop de rumeurs à Calais», explique-t-il. Le sentiment à leur égard est mitigé.

Dans la jungle, «il y a trop de problèmes»

Manifestation pour soutenir le réfugiés.Calais.Le 23 janvier 2016

Certains, comme Jean-Marc, 54 ans, boucher-charcutier, compatissent : «Ce sont des malheureux, je pense qu’ils n’ont pas de bol, et on ne sait pas vraiment quoi faire pour les aider.» D’autres les trouvent trop nombreux : «Il y a trop de chômage à Calais, on ne peut pas absorber autant de migrants», explique Daniel, 62 ans, cadre de l’Education nationale. «Il suffirait qu’on les dispatche entre plusieurs villes et qu’on ne garde qu’un petit quota ici.» Un homme, à qui on n’a rien demandé, dégorge sa haine raciste : «Il faut les renvoyer dans leur pays !»

300 personnes sont descendues de Paris en bus pour l’occasion : elles découvrent, un peu éberluées, la forteresse qu’est devenue le port. Rolande, 70 ans et belle prestance, bardée d’autocollants «Refugees Welcome» et «Stop Tafta», retraitée de l’Education nationale, fulmine : «On ne dit pas assez que ce sont les suites des guerres menées par monsieur Bush, et on n’en assume pas les conséquences, ces populations obligées de quitter leur pays.»

A deux pas d’elle, deux jeunes Afghans, Hassan, 22 ans, et Hadjiram, 18 ans, marchent, tranquilles. Ils voudraient que Cameron, le premier ministre anglais, ouvre les frontières, car, disent-ils, dans la jungle, «il y a trop de problèmes». Malgré le froid des derniers jours, avec des températures à 0°, ils dorment dans une tente, sans couverture. «La mienne était trop sale, je l’ai jetée», soupire Hassan. Mélanie, 32 ans, agent territorial, qui est là pour «se confronter au réel», apprécie de les voir à ses côtés : «Il ne faut pas qu’il n’y ait que nous, installés dans nos petits conforts.»

Stéphanie Maurice Calais, de notre correspondante

Logements sociaux : une enquête ouverte pour «provocation à la discrimination» par des élus FN

Un juge d’instruction de Nanterre a été saisi d’une enquête pour «provocation à la discrimination» dans l’attribution de logements sociaux. Deux plaintes avaient été déposées contre X, en mai 2014 et mars 2015, par La Maison des potes, un réseau d’associations spécialisées dans la lutte contre les discriminations.

L’association met en cause «les personnes qui ont publié» le «Petit guide pratique de l’élu municipal Front national», estimant qu’il «incite» les élus FN à «mettre en place la discrimination dans l’accès au logement social en réservant la priorité» aux Français. Dans ce guide de recommandations édité avant les municipales 2014 et rédigé par le secrétariat national aux élus, le FN exhorte ses futurs élus à «réclamer l’application des nombreux points du programme Front national» et notamment la «priorité nationale dans l’accès aux logements sociaux». Il a été préfacé par Steeve Briois, alors secrétaire général du parti pendant la campagne.

«Nous souhaitons que toutes les personnes responsables des formulations de ce guide soient entendues par un juge d’instruction et éventuellement poursuivies», a indiqué l’avocat de la Maison des Potes, MLéon-Lef Forster, regrettant que «des poursuites ne soient pas suffisamment entamées en France sur la base de loi contre les discriminations».

«Ainsi, un parti politique ne pourrait plus enjoindre ses élus à promouvoir des propositions politiques au motif que celles-ci seraient interdites par la loi», a réagi le Front national dans un communiqué, dénonçant «une dérive très inquiétante du pouvoir».

Dans un sondage Harris Interactive pour la Maison des Potes rendu public mercredi et réalisé sur un échantillon de 1 050 personnes en France, 75% des interrogés se disent favorables aux recours collectifs en justice (class actions) pour les victimes de discriminations liées à l’origine, la couleur de peau ou la religion.

AFP

Sur le e-sport, France 3 multiplie les erreurs

INTOX. Dans le cadre du projet de loi pour une République numérique, le Premier ministre, Manuel Valls, a chargé le député centriste Rudy Salles d’une «mission temporaire ayant pour objet de proposer un cadre législatif et réglementaire favorisant le développement en France des compétitions de jeux vidéo». Pour illustrer cet intérêt du gouvernement pour le e-sport, France 3 a donc décidé de réaliser un reportage, diffusé mercredi dans son journal télévisé.

Pour cela, «une équipe de France 3 est partie à la rencontre de professionnels du milieu» et s’est donc rendue dans les locaux de Millenium, un site internet dédié aux jeux vidéo (également ancien blog Libé) et qui a sa propre structure de e-sport. Les journalistes ont pu rencontrer différents gamers, parmi lesquels Torlk, de son vrai nom Jérémie Amzallag, qui semble être un joueur extraordinaire, selon le portrait fait par France 3.

«Jérémie Amzallag est l’un des rares à avoir un CDI. A 21 ans, il est dans les 10 meilleurs mondiaux sur le jeu Hearthstone. […] Jérémie ne se plaint pas ; il gagne 4 000 euros par mois, en partie grâce à ses 600 000 abonnés sur YouTube».

DESINTOX. Fier de ce premier passage sur une chaîne de télévision nationale, le joueur a reposté l’extrait qui le montre à l’écran sur sa page Facebook, accompagné de ce commentaire, où il s’amuse des imprécisions du commentaire audio : «J’ai appris que j’avais 600 000 abonnés et j’étais top 10 mondial sur Hearthstone et que je gagnais 4 000 euros. Kappa ! C’est grave cool et drôle quand même aha !»

Dans les commentaires, ses fans se moquent également des énormités présentées dans le reportage et se demandent même si la chaîne est aussi sérieuse lorsqu’elle traite de sujets plus graves. On imagine que la qualification de «cyber addicts», en fin de sujet, n’a pas dû leur plaire.

Si Jérémie Amzallag travaille bien en CDI chez Millenium, les autres informations ne sont pas correctes. Tout d’abord, il n’est pas dans le top 10 mondial des joueurs de Hearthstone, jeu vidéo dérivé de l’univers Warcraft, mais «seulement» 45e selon le site Gosugamers, qui réalise ce classement.

Deuxième erreur, Jérémie Amazallag n’a pas 600 000 abonnés sur sa chaîne YouTube, qu’il partage d’ailleurs avec un certain Marmotte, alias Bertrand Fagnoni. Ensemble ils avoisinent les 116 000 fans sur YouTube, soit cinq fois moins que le chiffre de France 3.

Quant aux 4 000 euros de salaire mensuel, le joueur a profité de cette estimation pour demander une petite augmentation sur Twitter à Cédric Page, directeur général gaming de Webedia et fondateur de Millenium.

Du coup @M_Cedrix est que tu peux me payer 4000euros comme a dit @France3tv !

— Torlk (@MillTorlk) 20 Janvier 2016

Comme d’habitude, il est difficile de connaître le véritable salaire des YouTubeurs, mais au vu de l’hilarité du joueur, on imagine qu’il n’en est pas encore là.

Jacques Pezet

Agression de pompiers à Ajaccio : un homme mis en examen

Un homme a été mis en examen lundi à Ajaccio pour association de malfaiteurs dans le cadre de l’enquête sur un guet-apens tendu à des pompiers le soir du 24 décembre. Cet homme de 27 ans, connu de la police pour divers faits de délinquance, avait été interpellé lundi avec l’un de ses frères dans le quartier des Jardins de l’Empereur, sur les hauteurs d’Ajaccio, où s’étaient déroulés les incidents. Son frère, âgé de 23 ans, et également connu de la police, a été relâché, mais deux autres habitants des Jardins de l’Empereur étaient toujours en garde à vue mercredi.

L’un d’eux, âgé de 20 ans, avait aussi été interpellé lundi. Il est soupçonné d’avoir asséné des coups de club de golf sur le camion de pompiers, brisant les vitres et blessant plusieurs occupants. Un club de golf a été découvert par les enquêteurs de la sécurité publique et de la police judiciaire au domicile du jeune homme. Le camion de pompiers, appelé à intervenir sur une fausse alerte au feu, avait été caillassé par plusieurs dizaines d’hommes cagoulés et armés de gourdins et de clubs de golf criant, selon les témoignages des sauveteurs, «Corses de merde, vous n’êtes pas chez vous !». Deux pompiers et un policier avaient été blessés dans les incidents.

Le lendemain, jour de Noël, plusieurs centaines de personnes avaient dénoncé ces violences devant la préfecture d’Ajaccio. Certains manifestants s’étaient ensuite rendus aux Jardins de l’Empereur et dans d’autres quartiers à forte population maghrébine, scandant pour certains «Les Arabes, dehors !». Des déprédations avaient été commises, sans faire de victime, notamment dans une petite salle de sport servant aussi de lieu de prière pour les musulmans.

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Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait assuré le 30 décembre que toutes ces violences ne resteraient pas impunies et que la sécurité serait renforcée aux Jardins de l’Empereur, notamment contre le trafic de drogue.

Deux habitants du quartier âgés de 18 et 19 ans ont été mis en examen dans une enquête incidente sur l’allumage d’un bûcher de palettes de bois et le saccage d’une école le 24 décembre, avant l’agression des pompiers.

AFP

La mère d’une victime du 13 novembre veut porter plainte contre la Belgique

La mère d’une victime des attentats jihadistes du 13 novembre a accusé lundi l’Etat belge d’«inaction» dans la surveillance de leurs auteurs et annoncé son intention de porter plainte contre lui. «Tout le monde connaît maintenant le nom de la commune de Molenbeek. Qu’a fait l’Etat belge avant ? Des procès par contumace ? Des parades ? Je vais attaquer parce qu’on a promis d’être courageux et pour Valentin, on le fera», a déclaré sur BFM TV Nadine Ribet-Reinhart, dont le fils Valentin a été tué au Bataclan. «Il était avocat, quand il a prêté serment le 24 septembre 2014, c’est pour que la justice soit rendue. Nous, avec sa famille, avec Eva (sa fiancée blessée au Bataclan, ndlr), on va se donner les moyens, on ira jusqu’au bout», a-t-elle ajouté.

«Ce qui m’a décidée, c’est quand j’ai compris que le dixième (suspect) identifié (…) était en lien» avec l’auteur de la tentative d’attentat en août contre le Thalys. «Je vais demander, en lien avec notre avocat, de se retourner contre la Belgique parce que ça s’appelle de l’inaction et derrière l’inaction il y a des familles décimées», a-t-elle poursuivi. «Où sont les responsabilités ? (…) Certains (auteurs des attentats, ndlr) sont morts sur place, on en a arrêté, on en trouve encore un, encore un… Est-ce qu’on aurait pas pu les arrêter avant ? Est-ce qu’on aurait pas pu repérer ces ramifications (…) On les retrouve seulement après qu’il y a eu 130 décès, des blessés, des familles décimées», a-t-elle lancé.

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«On aurait pu et dû éviter la présence sur le territoire national de dix terroristes ce soir-là en toute impunité, qui ont circulé comme ils voulaient en métro, en voiture avec leurs portables», a-t-elle estimé. L’enquête a établi de nombreuses connexions des auteurs des attentats avec la Belgique.

Abdelhamid Abaaoud et Chabib Akrouh, tués dans l’assaut de la police contre un appartement de Saint-Denis, étaient des Belgo-Marocains, tout comme Mohamed Abrini, toujours recherché. Les frères Abdeslam, Brahim (kamikaze mort au «Comptoir Voltaire») et Salah (recherché), habitaient la commune bruxelloise de Molenbeek. Dix autres hommes suspectés d’être en lien avec les attentats ont été inculpés en Belgique dans le cadre de l’enquête. Les autorités marocaines ont également annoncé lundi l’arrestation d’un Belge d’origine marocaine «lié directement» aux auteurs des attentats.

AFP

Test thérapeutique de Rennes : «Un accident rarissime»

Nom de code : BIA 10-2474. C’est la molécule testée dans le laboratoire Biotrial, à Rennes, où un patient est mort dimanche à la suite d’un essai clinique avec ce médicament, cinq autres étant toujours hospitalisés. Un événement rarissime. Trois enquêtes sont désormais en cours, pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer.

Des perquisitions ont eu lieu ce week-end. En particulier dans les locaux du centre de recherche Biotrial, où étaient menés les essais pour le compte du laboratoire pharmaceutique portugais Bial. Les lots de médicaments incriminés ont été saisis. «A l’heure qu’il est, nous restons toujours dans un cadre d’événements imprévisibles, inexpliqués et inexplicables», a déclaré le directeur général de Biotrial, François Peaucelle.

Dans cet essai dit de phase 1 (1), les choses se sont déroulées selon un «process» classique. Les volontaires étaient rémunérés un peu plus d’un millier d’euros. Les six victimes sont des hommes, âgés de 28 à 49 ans, faisant partie d’un groupe de 108 volontaires sains : 24 ont reçu des placebos, et 84 autres personnes cette molécule. «La dose maximale autorisée dans cet essai était loin d’être atteinte, a précisé François Peaucelle, aucun effet d’alerte particulier n’a été observé chez les patients qui ont reçu des doses inférieures.» Les premiers symptômes du patient aujourd’hui décédé sont survenus dimanche 10 janvier. Il a alors été hospitalisé d’urgence au CHU de Rennes. «C’est lundi matin que son état de santé s’est dégradé subitement», a détaillé le directeur de Biotrial, entreprise spécialisée dans les essais cliniques. Des essais que lui commandent des industriels pharmaceutiques pour leur mise au point de nouvelles molécules.

Le professeur Bernard Bégaud connaît bien le monde des tests thérapeutiques. Pharmacologue, il dirige à l’université de Bordeaux la plus importante unité en France de pharmaco-vigilance, et est, de ce fait, devenu un des meilleurs connaisseurs des médicaments, tant dans leur mise au point, que lors de leur arrivée sur le marché.

Quand vous avez appris ce qu’il s’est passé au laboratoire Biotrial, avez-vous été surpris ?

Oui, car un accident de cette gravité est rarissime. Je le pense d’autant plus qu’entre 1994 et 2008, j’ai présidé le groupe d’essais cliniques à l’Agence du médicament qui suivait les effets indésirables des nouvelles molécules en lien avec les promoteurs de l’essai. Nous n’avons jamais eu à gérer d’accidents aussi graves. Je me souviens d’un mort en Grande-Bretagne, après un essai de phase 1, mais le patient en question avait caché qu’il participait parallèlement à un autre essai, et c’est l’interaction inédite de ces deux agents qui a provoqué le décès.

Cet essai de phase 1 s’est déroulé de façon apparemment classique…

Oui. Mais ma deuxième surprise est une apparente contradiction sur le fait que cet essai de phase 1 – d’analyse de toxicité du produit – a concerné, selon l’entreprise, 128 sujets, dont 90 ayant reçu cette molécule. D’ordinaire, ces essais de phase 1 concernent moins de patients. Mais précisons tout de suite que ces essais de phase 1 sont indispensables, car il faut bien commencer à un moment ou à un autre de tester le produit sur l’homme : il n’y a pas d’autre alternative.

Et sur la méthodologie de l’essai ?

On n’en sait pas encore grand-chose. A entendre les déclarations du laboratoire, ce sont uniquement des hommes qui seraient concernés, certains ayant reçu des doses répétées de cette molécule, avec des dosages différents, d’autres ayant pris un placebo, ce qui est également inhabituel dans un essai de ce type. Les essais de phase 1 sont normalement basés sur une augmentation progressive des doses, avec un contrôle le plus strict possible, de manière à atteindre le niveau qui reste non-toxique, la dose maximale tolérée. La règle, évidemment, est de suivre au plus près l’apparition de tout signe avant-coureur d’effets indésirables. On ne sait pas, dans le cas de Rennes, quel est exactement le protocole suivi. Est-ce un protocole classique, où l’on monte progressivement la dose, en attendant de voir s’il se passe quelque chose ? Ou bien a-t-on fait, comme cela se pratique de plus en plus, des groupes parallèles, où l’on donne simultanément des dosages différents, voire pour certains des dosages élevés d’emblée ? Cette pratique se développe aujourd’hui, et pour certains experts, ce genre de méthodologie peut poser problème. Dans l’histoire de Rennes, si tel est le cas, cela nécessitera peut-être d’encadrer plus fortement ces nouvelles méthodologies.

Dans ces essais de phase 1, sait-on pour quelles indications la molécule est essayée ?

Non, car ce n’est pas le but. La seule question, c’est de savoir si la nouvelle molécule se révèle ou pas toxique chez l’homme. Ce n’est qu’ensuite, lors des essais de phase 2 ou 3, que l’on met le produit au regard d’une indication précise.

Mais connaît-on, même un peu, l’utilité de cette nouvelle classe de médicaments potentiels ?

Ce BIA 10-2474 fait partie d’une nouvelle classe, qui agit sur le système endocannabinoïde. Des molécules qui peuvent agir via des récepteurs cellulaires sur l’humeur, la douleur, mais aussi sur la protection des cellules nerveuses. Elles sont aussi expérimentées contre le vomissement, en particulier pour des patients qui en souffriraient au cours d’une chimiothérapie. Ces molécules sont, de fait, encore mal connues, mais elles sont assez prometteuses.

Un mort donc. Est-ce que cela veut dire que le patient avait des antécédents cliniques particuliers ?

Les effets indésirables révèlent toujours une particularité du sujet, connue ou pas par celui-ci. Mais dans le cas présent, le fait que cinq voire six patients soient touchés exclut aussitôt cette explication. Et renvoit à l’effet toxique.

Certains observateurs se sont étonné que le laboratoire ait prévenu si tardivement les autorités sanitaires, soit cinq jours après l’accident…

Si tel est le cas, oui. Tout promoteur, tout investigateur d’un essai doit en effet déclarer les effets indésirables nouveaux, et le faire «immédiatement», selon la loi, en cas d’effets graves. Reste qu’il y a une certaine ambiguïté sur le terme «immédiatement». Pour autant, dans les faits, cela ne change pas grand-chose. Face à un événement indésirable grave, le promoteur doit tout arrêter sur le champ et rappeler les patients du test. Le bon sens veut qu’il n’attende pas la réaction des autorités. C’est ce qui semble avoir été fait.

Dans ces essais, peut-on évacuer la question de l’argent et, entre autres, la rémunération que touche le patient ?

Cette question est importante. En France, la rémunération est plafonnée à 4 500 euros par an. Une limite que l’on retrouve dans tous les pays européens, car cette mesure découle d’une directive européenne, transposée en 2004. Ce texte prévoit aussi la création d’un registre des volontaires sains, cela pour éviter la professionnalisation de ceux qui y participent. Des limites claires et saines.

Mais que se passe-t-il ailleurs ? En Inde, par exemple ?

II faut arrêter de toujours citer l’Inde comme un pays à part. Dans quelques années, avec la Chine, ce seront les deux plus grands producteurs mondiaux de médicaments. Ce ne sont pas, loin s’en faut, des amateurs. Pour autant, c’est exact, les essais dans ces pays coûtent beaucoup moins chers aux grandes firmes pharmaceutiques, qui ont tendance à les délocaliser. Cela concerne aussi bien les essais de phase 1 que ceux de phase 2 ou 3, qui coûtent beaucoup plus cher et nécessitent davantage de patients. Aujourd’hui, la réglementation est normalement unifiée au niveau mondial, des garanties existent. Sont-elles toujours appliquées ? C’est moins sûr.

(1) Avant toute autorisation de mise sur le marché, un nouveau médicament doit passer trois types d’essais. D’abord, un essai dit de phase 1 sur la toxicité, puis de phase 2 et 3 concernant l’efficacité devant une pathologie et le bon dosage.

Eric Favereau

Rennes : pour Biotral un accident «imprévisible et inexplicable»

L’accident d’essai clinique qui a provoqué la mort cérébrale d’un patient et des troubles neurologiques chez quatre autres hospitalisés à Rennes ? «A l’heure qu’il est, nous restons toujours dans un cadre d’événements imprévisibles, inexpliqués et inexplicables», a affirmé François Peaucelle le directeur général du centre de recherche Biotrial qui menait l’essai clinique pour un laboratoire portugais. «Il reste, je crois, encore quelques personnels de la police ou de la gendarmerie qui sont sur place», a-t-il ajouté, précisant qu’il n’attendait pas de retour des inspecteurs des autorités de santé dans les jours prochains. 

«Les inspecteurs ont passé un certain nombre d’entretiens, ils ont interrogé un certain nombre de personnes qui étaient intervenues dans le projet, ils ont regardé un certain nombre de documentation, pour analyser la façon dont les process de déroulement de l’étude avaient été suivis, a-t-il détaillé. La police a saisi hier des matériels pharmaceutique, les lots de médicament incriminé».

«Les représentants de la société Bial (le laboratoire pour lequel s’effectuait cet essai) ne sont pas en mesure d’intervenir (devant la presse, ndlr) aujourd’hui parce qu’ils sont pris par les besoins de l’enquête et notamment des auditions mais ils ont l’intention de communiquer prochainement», a-t-il ajouté. «Ça fait six ans qu’on travaille avec le laboratoire Bial, c’est un laboratoire sérieux, reconnu».

Le patron de Biotral s’exprimait peu après le départ, en milieu d’après-midi, d’inspecteurs de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) «comme annoncé par la ministre» de la Santé Marisol Touraine vendredi avaient précisé ses services.

L’inspection menée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) était aussi sur place ce samedi, selon la même source. L’ANSM avait entamé dès vendredi sur place une «procédure d’inspection technique» du laboratoire.

Le ministère de la Santé et des Affaires sociales avait indiqué vendredi avoir saisi l’Igas afin de mener «une inspection sur l’organisation, les moyens, et les conditions d’intervention du laboratoire Biotrial dans la réalisation de l’essai clinique».

Les six patients dans un état «stable»

Par ailleurs, l’état de santé des six patients hospitalisés à Rennes est «stable», a indiqué samedi après-midi le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de la ville. Parmi ces six hommes, âgés de 28 à 49 ans et hospitalisés dans le courant de la semaine, l’un est dans un état de mort cérébrale, quatre ont des troubles neurologiques et un sixième, hospitalisé par précaution, ne présente pas de symptômes.

«La prise en charge des patients et des familles de ces derniers fait l’objet d’une mobilisation totale et constante des équipes médicales et soignantes du CHU. Un accompagnement social et psychologique a également été mis en œuvre», précise le communiqué selon lequel «un accompagnement juridique sera proposé aux patients et à leurs familles».

«L’ensemble des volontaires est en train d’être contacté», fait encore savoir le CHU. Les six personnes hospitalisées faisaient partie d’un groupe de 90 «volontaires sains», originaires de l’ouest de la France. Chaque année, des milliers de volontaires participent à des essais cliniques et les accidents recensés sont très rares.

AFP

Dieselgate : panique à la Bourse après des perquisitions chez Renault

Ségolène Royal, sapeur-pompier. La ministre de l’Ecologie est venue le dire, jeudi, en conférence de presse : «Il n’y a pas de logiciels de fraude sur les véhicules de marque Renault qui ont été testés.» Une sortie destinée à vite calmer les places boursières qui ont fait dégringoler l’action du constructeur français. «Les actionnaires peuvent être rassurés, les salariés peuvent être rassurés», a-t-elle affirmé.

Recul de 10,2%

Le vent de panique s’est levé en fin de matinée jeudi, après la diffusion d’un tract de la CGT Renault à Lardy (Essonne), où le syndicat s’inquiétait de l’intervention des agents de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) sur différents sites du constructeur, le 7 janvier. Les secteurs ciblés («homologation et mise au point des contrôles moteur») «laissent fortement penser» que ces «perquisitions» sont «liées aux conséquences de l’affaire des moteurs truqués de Volkswagen», écrit le syndicat. «Ils ont récupéré les PC de plusieurs directeurs», précise le tract. L’information a ensuite été confirmée par la direction du groupe : «La DGCCRF s’est rendue au siège social, au centre technique Renault de Lardy et au Technocentre de Guyancourt.»

Résultat : l’action a salement dévissé, perdant jusqu’à 20% en séance, avant de se reprendre et de terminer en recul de 10,2%, à 77,70 euros. Le fait que Renault ne vende pas de véhicules aux Etats-Unis – où l’allemand VW risque des dizaines de milliards de dollars d’amende pour avoir trafiqué ses voitures et passé sans encombre les tests d’émissions polluantes – n’a pas été pris en compte par les opérateurs de marché qui ont vendu massivement les actions du constructeur. Depuis le 1er janvier, l’action de la marque au losange a entamé une descente de 16%. Et alors qu’aucune perquisition n’a été menée chez PSA Peugeot Citroën, l’autre constructeur français a aussi pâti de ce vent de panique, cédant pour sa part plus de 5%. Les grands constructeurs européens n’ont pas été épargnés non plus par le risque d’un «Renaultgate» : à l’image des allemands BMW, Daimler et bien sûr Volkswagen, qui ont lâché chacun près de 3,5% à Francfort.

«Dépassements de normes»

L’opération de sauvetage de Ségolène Royal suffira-t-elle à redorer la cote boursière des constructeurs ? Une commission technique indépendante, dite «commission Royal», a été mise en place par le ministère de l’Ecologie dans la foulée du scandale Volkswagen. Elle a commandité des contrôles en condition réelle de conduite afin de relever les émissions réelles de COet de polluants, les tests d’homologation des véhicules étant connus pour être, en Europe, très en dessous de la réalité.

Vingt-deux voitures ont été testées sur les 100 prévues. Si ces tests «confirment l’existence de logiciels de fraude sur les deux véhicules Volkswagen testés» et pas sur les autres marques contrôlées, ils révèlent cependant «des dépassements de normes, pour le COet les oxydes d’azote» sur plusieurs modèles étrangers et chez Renault, a confirmé la ministre. «Il s’agit d’écarts importants, inexplicables», insiste le Réseau action climat, membre de cette commission. «Nous allons demander aux constructeurs de venir expliquer ces écarts devant la commission», prévient Lorelei Limousin, de l’ONG environnementaliste.

Quel lien avec les perquisitions de la DGCCRF ? Aucun, assure le ministère de l’Economie, dont dépend le service de répression des fraudes. «Il s’agit d’une autre enquête, précise Bercy, pour savoir s’il y a eu tromperie des consommateurs», c’est-à-dire une fraude organisée. Pourquoi des perquisitions chez Renault et pas chez PSA ? «Elle avait besoin d’éléments complémentaires», se borne à dire le ministère. Difficile pourtant de ne pas lier les deux enquêtes : la DGCCRF fait également partie de la commission Royal.

Richard Poirot , Jean-Christophe Féraud

Isère : trois morts dans une avalanche

Une dizaine de lycéens lyonnais et leur professeur, ainsi que des tiers, ont été emportés mercredi par une avalanche aux Deux Alpes (Isère), sur la commune de Mont-de-Lans. Un adolescent de 14 ans et un Ukrainien extérieur au groupe sont décédés, bilan auquel s’est ajouté ensuite un deuxième élève. On ignore si celui-ci faisait partie des quatre autres skieurs grièvement blessés : trois adolescents retrouvés par les secours en arrêt cardio-respiratoire et leur professeur, polytraumatisé, qui a été transporté au centre hospitalier de Grenoble. Un des élèves a été retrouvé indemne par les secours, selon la gendarmerie, tandis que le sort de ses autres camarades, toujours ensevelis ou sains et saufs également, était encore incertain en début de soirée.

Les élèves appartiennent au groupe scolaire (collège-lycée) Saint-Exupéry de Lyon (IVarrondissement) et sont en cursus sport étude, selon France Bleu Isère.

Selon le Dauphiné libéré, l’avalanche s’est déclenchée sur une piste fermée aux skieurs, la piste noire de Bellecombe. Elle n’était pas damée et a été recouverte de poudreuse dans la nuit. La coulée serait due «sans doute au passage du groupe», indiquent des témoins contactés par France Bleu Isère.

D’importants moyens de secours ont été mobilisés : le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) du Versoud, 30 secouristes de la station, la compagnie de gendarmerie de La Mûre, trois chiens, ainsi que trois hélicoptères, dont un équipé d’une caméra thermique pour repérer d’éventuelles autres victimes. La brigade de recherches de La Mûre a été chargée de l’enquête.

#Avalanche au #DeuxAlpes : une trentaine de secouristes sondent la neige →https://t.co/1Va8LCizoR#Isèrepic.twitter.com/iWDtrnuQoT

— France Bleu Isère (@bleu_isere) 13 Janvier 2016

Une cellule de rise a été ouverte.

❗️ #Avalanche aux #DeuxAlpes (#Isère). Numéro de la cellule de crise du rectorat de Lyon 04 72 80 60 60 cc @Prefet38@academielyon

— GendarmerieNationale (@Gendarmerie) 13 Janvier 2016

 

LIBERATION avec AFP

Pour une primaire à gauche, violences à Cologne et Golden Globes : le point sur l’actu de ce lundi

Appel pour une primaire à gauche.«Nous refusons la passivité face à l’abstention, au vote Front national et à la droitisation de la société». Une quarantaine d’intellectuels, comme l’économiste Thomas Piketty ou le sociologue Michel Wieviorka, et de politiques, tels que Daniel Cohn-Bendit et Yannick Jadot, lancent aujourd’hui un appel dans Libération Libération pour l’organisation d’une primaire à gauche en vue de la présidentielle de 2017. L’organisation d’un vote à gauche incluant François Hollande aurait des conséquences défavorables sur la primaire de la droite.

Violences sexuelles à Cologne. Le nombre de plaintes pour violences lors de la nuit du Jour de l’An à Cologne a explosé, accroissant la pression sur la chancelière Angela Merkel et son ouverture envers les réfugiés. Quelque 516 personnes ont porté plainte, dont environ 40% pour des faits d’agression sexuelle.

Emploi. Les principaux leaders syndicaux et patronaux ont rendez-vous aujourd’hui à Matignon, pour échanger avec Manuel Valls et tenter de glaner quelques précisions sur le plan d’urgence pour l’emploi que détaillera François Hollande le 18 janvier.

Golden Globes. The Revenant et Seul sur Mars, ont triomphé cette nuit aux Golden Globes et s’annoncent comme les grands favoris pour les prestigieux Oscars le mois prochain.Brie Larson a obtenu le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique pour son rôle dans Room. Côté masculin, c’est Leonardo DiCaprio qui rafle la récompense pour son interprétation du trappeur Hugh Glass dans The Revenant.

Scénario hollywoodien. Avant que le plus gros trafiquant mondial de drogues mexicain soit arrêté vendredi, l’acteur Sean Penn avait secrètement rencontré El Chapo pendant sa cavale, en octobre. Il raconte tout dans un interminable article façon journalisme gonzo, publié samedi par le magazine américain Rolling Stone.

Météo. Douze départements des côtes atlantiques et méditerranéennes sont placés depuis cette nuit par Météo France en vigilance orange pour vagues-submersion et vent violent.