Lisbonne: polémiques communautaires

A moins que vous n’ayez passé vos vacances en orbite, vous savez certainement qu’il y a depuis peu une polémique à propos du burkini. Je ne souhaite pas revenir sur la controverse , mais je voudrais revenir sur ce qu’elle raconte de la sphère politique. Cette polémique a expressément illustré la mesquinerie qui domine. A l’occasion d’un séminaire à Lisbonne, j’ai eu l’occasion d’en discuter avec quelques participants, et si nous n’étions pas d’accord sur le débat lui-même, tout le monde était d’accord pour dire que les politiques ne sont pas ressortis grandis. Et c’est rien de le dire ! Le pire est à mon sens Nicolas Sarkozy. Le responsable de cinq années d’échec préconise de rénover la Constitution pour réglementer la taille du maillot de bain. Cela dit tout à fait sérieusement. Si l’on en venait à mettre de tels détails dans la Constitution, le monde dans lequel nous vivrions aurait un goût amer. Le burkini a en tout cas mis en évidence la nullité de la sphère politique. Ce maillot de bain a exalté nos politiciens, qui se sont tous sentis obligés d’y aller de leur petit mot. Cependant, ce petit chiffon leur convient : elle évite d’avoir se mesurer aux véritables problèmes. Pour autant, je ne dis pas que le burkini est bénin. Je pense qu’il est un vrai problème. Mais pas en tant que signe provocateur d’appartenance à une religion. Le problème réside dans le fait que là où il s’implante, il finit par être une obligation sociale. Les plages au Maroc en est le parfait exemple. Si on a voulu que burkini et bikini puissent cohabiter sereinement sur les plages, pour que chacun puisse exprimer sa sensibilité, force est de constater que c’est le burkini qui l’emporte, tandis que le bikini disparaît, car les plagistes qui le portent se sentant trop regardées. Mais se concentrer sur le burkini revient à observer le monde en fermant les yeux sur l’essentiel. Et l’attention que gauche et droite portent au détail nous indique leur incompétence à prendre en charge les vrais questions de société. Soit dit en passant, et même si les débats ont été plutôt mouvementés, ce séminaire  s’est avéré particulièrement agréable. Voilà le site de l’agence qui s’en est occupé.A lire sur le site de In Lisbonne.